Chapitre 4 : Mougou pan

Ecrit par Mayei

Chapitre 4 : Mougou pan 

 

Désirée

 

A peine deux mois que j’étais rentrée du Togo que je devais encore me préparer pour un autre évènement qui cette fois ci se tiendra ici même en Côte d’Ivoire. Il s’agissait du salon international du tourisme d’Abidjan.  C’était un évènement ou les richesses touristiques du pays étaient mises en évidence, richesses touristiques mais aussi la mode du pays. Je n’avais pas hésiter à réserver un bon stand afin d’y exposer mes créations. Je ne ratais aucune occasion de me faire connaitre. L’on ne savait d’où pourrait venir une gloire inattendue alors je mettais toutes les chances de mon côté.

Mes créations ne se faisaient qu’avec du pagne. J’avais toujours adoré le pagne. J’étais celle qui trainait toujours dans les magasins de maman et s’occupait d’arranger la vitrine. J’avais un coup d’œil pour ça et les pagnes que je mettais en avant attirait toujours la clientèle. Maman disait que j’étais son porte bonheur lol. Même quand j’étais allée poursuivre mes études en programmation informatique aux Etats Unis, elle m’appelait toujours lorsqu’elle devait passer la commande de nouveaux pagnes pour que je donne mon avis. 

Je ne faisais pas que des tenues mais aussi des accessoires, que ce soit des chaussures, des sac ou pochettes, des boucles…enfin je touchais à presque tout en y apportant une touche de pagne. Pour le moment je travaillais avec Lydie et Mardochée que j’avais embauchés pour m’aider sinon je faisais tout moi seule. J’avais appris toute seule d’ailleurs lorsqu’aux Etats-Unis, j’étais épuisée de toujours voir les mêmes vêtements en magasins. Puis mes vêtements faits pour moi-même étaient appréciés tout autour et mes premiers clients se sont montrés. 

Tout le monde m’a encouragée dans ce projet sauf ma sœur Christiane. Aujourd’hui, je suis celle qui coud les habits pour toute la famille, de papa à Missiba en passant par maman mais jamais, je dis bien jamais, Christiane n’avait laissé un pagne à mon atelier. Je n’ai même pas ses mesures. Je ne comprenais pas son acharnement sur ma personne mais bon…je me faisais tout de même de l’argent sans elle.

 

Mardochée : madame j’ai fini les tenues hommes pour l’exposition.

Moi : fais-moi voir s’il te plait. 

 

Il a tiré le porte vêtements vers moi et je me suis mise à regarder les vêtements un par un en faisant attention à chaque détail. Chez Desy Couture, c’était avant tout la qualité. Je m’assurais donc que les ourlets étaient bien faits, qu’il n’y avait pas de fils qui trainaient un peu partout. Je tirais même sur les vêtements pour être sur qu’ils ne lâcheraient pas. Ma marque devait être rattachée à la grande qualité. Ce fut ainsi que je passais toute la journée à m’assurer que tout était en point, dans un très bon état. Samedi était déjà arrivé et il fallait que je fasse le maximum de ventes possibles. Lorsque ce fut le moment de rentrer, j’appelais Melaine pour qu’elle passe me récupérer ma voiture étant encore chez le mécanicien. C’est au bas de la rue qu’elle m’attendit. 

 

Moi : Traore c’est comment ?

Melaine : tu as assisté à mon mariage depuis quand ? quelqu’un que j’ai frappé ?

Moi : et tu n’as même pas honte de dire ça (mettant ma ceinture) si sœur Christiane apprend ça mon vieux ! tu auras l’homélie de ta vie. 

Melaine (éclatant de rire) : je ne te le fais pas dire ! mais c’est comment avec ta voiture ? il serait peut-être temps que tu la changes. 

Moi (la regardant) : mais ma chère concessionnaire de sœurpourquoi ne pas offrir une voiture à votre petite sœur que je suis. 

 

Mélaine : je dis va voir ton père et venez remplir ma caisse. 

 

Moi : mais en attendant samedi c’est toi qui passe me chercher pour me conduire à l’exposition. Sinon je ne saurai comment faire ! 

 

Mélaine : pas de soucis. 

 

La route jusqu’à chez moi s’est faite dans une très bonne ambiance. Mélaine pouvait être très franche, crue sans se soucier de si elle blessait ou pas mais elle restait la meilleure. Sache que tu auras toujours le vrai en lui parlant. Elle n’était pas là pour caresser dans le sens du poil, 

 

{Samedi}

 

Tout s’est passé tellement vite. Il fallait être prêt rapidement avant que le monde commence à arriver. Mon espace se trouvait tout près du climatiseur ce qui était une aubaine pour laquelle j’avais dû dépenser un peu plus. J’ai sauté au coup de Melaine lorsqu’elle a terminé la décoration de mon stand. Elle savait s’y faire dans la déco. C’était également elle qui avait fait la décoration de mon appartement. Elle avait plus d’une corde à son arc. Elle est restée avec moi jusqu’à ce que les premiers passants arrivent. J’avais déjà vendu des sacs et accessoires. J’avais envoyé Mardochée partager des prospectus du stand tandis que Lydie et moi recevions le monde. Il y avait de la musique, une très bonne ambiance. 

 

Lydie : madame ?

 

Moi : oui ?

 

Lydie : je peux aller me balader un peu pour voir les autres stands ?

 

Moi : mais bien sûr vas-y ! 

  

Elle me remercia avant de disparaître. J’interpellais du mieux que je le pouvais les passants. J’avais plusieurs cartes de visites sur moi que je laissais à tous ceux qui s’arrêtaient devant moi. Je venais de mettre l’article d’une jeune dame dans l’emballage lorsqu’un monsieur avança vers moi. La première chose qui me marqua chez cet homme fut son teint ébène. Comme j’aimais les hommes noirs...bien black comme on le dit. Du pur chocolat noir 90%, très concentré. Il ne passait pas inaperçu de par sa taille et son corps parfaitement sculpté. Il portait une culotte en pagne kita et un t-shirt blanc. Il était frais. 

 

Lui (avec un très fort accent anglophone) : bonsoir madame...le chemise est très beau. 

 

Moi (souriant de toute mes dents): we can switch to English if you like. (on peut parler en anglais si vous le desirez)

 

Lui (surpris): oh my God! I’m so relieved to finally meet someone speaking English. Not that I don’t like French but it’s too complicated. (Oh mon Dieu ! Je suis tellement soulagé de rencontrer quelqu’un qui parle anglais. Pas que je n’aime pas le français mais c’est quand même compliqué)

 

Moi : you tell me ! How may I help you today euuh (Je ne vous le fait pas dire? Comment puis-je vous aider aujourd’hui…)

 

Lui : Calvin 

 

Moi : nice to meet you Calvin (enchantee Calvin)

 

Alors qu’il était au départ intéressé par des chemises nous avons plutôt passé notre temps à échanger. J’ai appris comme ça qu’il était féru de tourisme et qu’il ne ratait aucune occasion d’en faire. Il était originaire de notre pays voisin le Ghana et résidait à l’hôtel non loin de l’aéroport Felix Houphouët Boigny. Je l’ai ensuite aidé à choisir plusieurs tenues qu’il avait appréciées pour lui-même mais aussi pour des membres de sa famille comme il l’a souligné. A la fin de notre discussion j’avais sa carte et un rendez-vous était calé pour demain. Il était totalement mon genre et je me voyais déjà dans son lit. 

 

A ce niveau j’étais complètement libérée comme on le dit. J’étais sortie de toutes les contraintes imposées par la société. C’était écrit ou qu’une femme ne pouvait pas coucher le premier soir ? Ou qu’une femme ne pouvait pas faire de « mougou pan » à un homme ? J’allais me le faire et prendre la tangente sans qu’il ne s’en rende compte. Je riais intérieurement en pensant à ce moment que j’allais passer le lendemain !

 

A la fin de cette journée, j’avais fait une bonne recette et pris beaucoup de photos pour ma page Facebook et Instagram. J’allais aussi actualiser mon compte Snapchat. Lorsque je retrouvais mon lit, j’étais complètement fatiguée. La journée avait été rude alors sans grand soucis je me suis endormie lourdement. 

 

... ...

 

Je suis passée chez Mélaine me servir dans sa penderie. Des chaussures elle en avait à foison. Heureusement que nous avions la même pointure. J’ai pris une dangereuse paire qui allait mettre du peps dans ma tenue de ce soir qui au passage était une dangereuse robe droite. Mes fesses et mes seins allaient parfaitement se dessiner. Je n’étais pas là pour plaisanter mais pour un but précis et il fallait qu’il le sache dès le début. Je n’ai pas oublié de me servir dans sa trousse à maquillage aussi. 

  

Mélaine : tu ne veux pas que je te file un préservatif en même temps ?

 

Moi : je vais me déchaîner ce soir ! Ça fait quand même longtemps ou bien ?

 

Mélaine : la dernière fois c’est avec moi que l’as fait ? Ou bien j’ai un cahier ou je note tes actions de pute ?

 

Moi (éclatant de rire) : laisse-moi partir. La pute va travailler ce soir. Le coup à 100 mille 

 

Mélaine (riant) : tu n’auras pas de clients !

 

Moi (criant en m’en allant) : tu es vaincue !

  

Je suis rentrée me faire une beauté et volontairement j’ai quitté mon appartement à l’heure même du rendez-vous ! Il fallait que j’arrive tout de même en retard. Il fallait que je me fasse désirer un tout petit peu. Il fallait que de loin il me dévore du regard jusqu’à ce que je rejoigne la table. La robe de que portait me collait à la peau et pouvait être transparente à certains endroits. J’ai emprunté le taxi jusqu’au restaurant et ai réglé la course. Comme je le souhaitais de loin, je voyais Calvin me dévorer du regard. Il bavait presque. Je sais ! Je suis belle, j’ai un corps de rêve. Même si je ressemblais à mon père, j’avais les formes de ma mère...un canon ! Il s’est levé pour me tenir la chaise alors que je lui sortais mon plus beau sourire.

 

Calvin: you are stunning! (tu es magnifique)

 

Moi: oh thank you handsome. (merci bel homme)

 

Calvin: I better be careful of other guys in this place (je dois faire attention aux autres hommes de ce restaurant )

 

Moi (le regardant droit dans les yeux) : tonight I only wantyou...nobody else (ce soir, je ne veux que toi, personne d’autre)

  

Je vous avais dit que je pouvais me montrer directe. Pendant qu’il me regardait je souriais et portais mon attention sur la carte menue. Je lui traduisais tout ce qu’il y avait décrit afin qu’il puisse faire son choix. Une fois la commande passée, nous avons discuté de tout et de rien. Nous sommes parties des situations économiques de nos deux pays jusqu’à ma passion en passant par son activité à lui. Le serveur a mis un peu de temps avant de nous apporter notre commande et s’en était excusé. Tant mieux ! Je commençais à perdre patience. Je ne badinais pas avec la nourriture lorsque j’avais très faim. Je jetais un coup d’œil furtif à Calvin qui était concentré sur son assiette. J’entrepris de le déconcentrer en ramenant mes pieds vers son membre. 

 

Calvin (laissant tomber sa fourchette): Jesus!

 

Moi (sourire narquois): what’s wrong? (qu’est-ce qu’il y a)

 

Calvin: you are playing a dangerous game sweetie. Can you handleme? (tu joues dangereusement jeune fille! Pourras-tu assumer ? )

 

Moi: can you handle me Mr Mensah? (pouvez-vous m’assumer monsieur Mensah?)

 

Calvin: you are playing with fire. (tu joues avec le feu)

 

Moi (me mordant la lèvre): let the fire burn inside me. (Alors que le feu brule en moi)

 

Calvin (se Levant) : let’s go (on y va)

 

Moi : the bill! (La facture)

 

Il a sorti une liasse de sa poche et sans compter, laissa les billets sur la table. Il y en avait largement pour couvrir notre consommation. Il me tirait presque vers la sortie. Il m’installa confortablement dans la voiture qu’il louait pour son séjour puis nous nous sommes rendus à son hôtel. Dans la voiture déjà je l’avais bien chauffé en retirant mon dessous devant lui et en le lui jetant en plein visage. Je savais qu’il me désirait...je voyais comment l’avant de son pantalon était gonflé à en faire sauter la fermeture éclair. J’ai marché devant lui dans le hall pour lui servir de couverture. Déjà dans l’ascenseur nous nous embrassions comme des assoiffés. Mon Dieu ! Il embrassait comme un dieu je n’avais aucune envie que ça sarrette ! J’ai poussé un grognement de frustration lorsque l’ascenseur s’est ouvert. Il m’a portée en pressant le pas jusqu’à sa chambre. C’était la première fois qu’un homme osait me soulever. Certains avaient peur de se casser le dos. 

 

Il me jeta carrément sur le lit n’arrachant un sourire. Nos vêtements se retrouvèrent au sol. Calvin n’avait pas menti lorsqu’il demandait si j’étais à même de le supporter. C’était un troisième pied qu’il traînait avec lui. Ma nuit n’avait pas été tendre. Il m’avait tourné et retournée comme une crêpe. J’avais senti son sexe très loin en moi et sa langue aussi avait fait des merveilles. C’était le niveau supérieur. Il était du coup dans mon top 3 pour ne pas dire le à la première place. Il m’avait chauffé l’entrejambe et j’avais demandé encore et encore. Il s’est endormi repus. J’attendis un instant d’être sûre qu’il dormait profondément et ai pris son téléphone. 

 

Étonnant qu’il n’y ait pas de mot de passe exigé. J’effaçais mon numéro dans son téléphone et me rhabillais en silence avant de sortir de la chambre puis de l’hôtel. Il devait être 4 heures. Heureusement que l’hôtel avait des contacts de chauffeurs de taxi et l’un d’eux m’a déposée chez moi. C’est en me remémorant Calvin et à sa queue que je m’en dormi. J’avais eu ma dose et c’était un dossier clôt. 

  

…Murielle N’Dri…

 

Des heures, je passais devant mon miroir pour être plus belle que possible. Je n’allais pas au travail juste pour travailler. Mes intérêts étaient bien plus que ça. Je devais continuellement séduire mon patron afin de me l’avoir complètement dans la poche. Qui ne rêvait pas d’un homme comme lui ? il avait tout pour lui seul, beauté Argent et intelligence. Au lit, il était encore plus formidable. Quelle femme ayant toute sa tête lui résisterait ? ce n’était pas moi en tout cas. Après le maquillage, passons à la tenue. J’avais fait coudre plusieurs jupes droites et remplacer toutes mes ballerines par des escarpins. Même si souvent les pieds chauffaient, je supportais. J’avais remarqué comment monsieur Fadiga bavait sur mes jambes lorsque je m’habillais ainsi. Et bien il baverait tous les jours. Comme toujours, je ne pouvais sortir de ma maison sans prier le Seigneur. Je me mis sur mon lit, fit le signe de croix et élevait la voix. 

« Eternel, mon Dieu ! je te prie en ce matin pour te remercier pour le souffle de vie et te confier la journée. Je te prie aussi pour ma relation avec monsieur Fadiga. Seigneur fasse qu’il se lasse de sa femme et trouve en moi la femme qu’il lui faut…l’épouse qu’il lui faut. S’il ne le remarque pas encore, seigneur, fasse que sa femme tombe dans l’adultère et que monsieur Fadiga la vire de leur maison afin que je puisse m’y installer avec lui. Mon Dieu je sais que tu as entendu ma prière et que tu m’exhausseras. Amen »

Voilà qui était fait ! je pouvais maintenant m’en aller. Je n’avais pas encore la voiture donc c’est en taxi que je me rendais au boulot. Si j’étais madame Fadiga, depuis j’avais une voiture et même un chauffeur. En tout cas mon avenir est encore devant. Une fois au travail, je trouvais d’abord la bande de mégères et commères. Je suis passée sans saluer. De toutes les façons c’est mon dos qui les voyait. J’ai mis de l’ordre dans mon bureau et ai attendu que Philippe arrive. 

 

Philippe (ouvrant la porte) : bonjour mademoiselle N’dri !

Moi : bonjour monsieur Fadiga ! bonne arrivée. 

Philippe : quel est mon programme aujourd’hui ?

Moi : vous devez vous entretenir avec les auditeurs internes et il y a aussi le meeting du département de finance a 14h30. 

Philippe : ok ! dès que je finis avec Monsieur Ehilé, rejoignez-moi avec le programme.

Moi : bien monsieur !

 

Monsieur Ehilé était le chef comptable de la banque, d’où la formalité entre Philippe et moi. Et dire que je lui réservais un tout autre accueil ! j’attendais impatiemment qu’il s’en aille pour retrouver monsieur mon patron. C’est donc en joie que j’étais lorsque monsieur Fadiga raccompagna Monsieur Ehilé. Seulement à peine monsieur Ehilé s’en allait que la femme de mon patron arrivait. Mais qu’est-ce qu’elle venait faire par ici ? elle l’avait eu tout le week-end ! il fallait encore qu’elle se pointe au bureau ? mon territoire ?

 

Philippe (l’embrassant) : quelle surprise mon amour ! je ne t’attendais pas. 

Elle (souriant) : bonne ou mauvaise surprise ?

Philippe : est-ce une question ?

 

Il passa la main dans son dos et sans un regard pour moi, ils s’enfermèrent dans le bureau. J’avais tellement mal au cœur. Merde ! Dieu n’avait pas entendu ma prière ou quoi ? pourquoi permettait-il cela ? je quittais mon siège et collait mon oreille contre la porte pour entendre ce qu’ils se disaient. 

 

Philippe (ton dur) : qu’est-ce que tu fais ici Axelle ?

Elle : jette un coup d’œil à ses fiches. C’est une école que j’ai trouvée pour Owen !

Philippe : Owen ? il n’a que deux ans !

Elle : bientôt 3 ans ! je ne veux pas qu’il prenne sur sa quatrième année. Je veux que ça se fasse maintenant. 

Philippe : ça aurait pu attendre que je rentre à la maison pour se faire !

Elle : non ! il faut que ça se fasse maintenant ! c’est une école prestigieuse et les places disparaissent très vite. Je suis passée prendre l’argent pour régler l’inscription. 

Philippe : c’est combien ?

Elle : 320.000

Philippe : c’est 320.000 que tu n’as pas Axelle ?

Elle : c’est toi qui t’occupe de la scolarité.

Philippe : tu sais quoi ? je ne vais même pas chercher à discuter avec toi. Je te fais un chèque !

Elle : très bien !

 

Sentant qu’ils allaient bientôt sortir, je regagnais vite fait ma place pour ne pas me faire prendre. Lorsqu’ils sont sortis, ils avaient l’air complétement amoureux. C’était des je t’aime que j’entendais et des baisers que je voyais. On n’aurait pas dit qu’ils venaient de se disputer. Je comprenais maintenant. Ces deux la devaient avoir des problèmes mais savaient parfaitement jouer la comédie. Et moi qui pensait que c’était très collé entre eux. Tout compte fait, les prières montent vraiment. Si ce n’est pas un signe de Dieu pour me donner le feu vert, qu’est-ce que cela pourrait bien être ?

Il ne fallait pas que je rate ma chance. Peu de temps après que sa femme soit partie, je me suis enfin rendue dans son bureau. Sans mots, je me suis placée derrière son fauteuil et me suis mise à lui masser les épaules. Après une dispute, il en avait besoin. Au fur et à mesure mes lèvres ont remplacé mes mains dans son cou.Mes mains descendaient sur son torse tandis que mes lèvres effleuraient la peau de son cou. Je le sentais se détendre tout à coup. Je le connaissais. Je savais ce qu’il aimait. Il poussa son fauteuil et m’attira à lui. Il passa ma main sous ma jupe en maintenant fermement mes fesses. J’adorais lorsqu’il faisait ça. Il m’a fait assoir sur ses jambes en les écartant. Ses doigts fouillaient déjà dans mon dessous. 

 

Philippe : j’aime quand tu t’habilles ainsi.

Moi : je sais !

Philippe : tu vas ne sentir passer…

Moi : ça aussi je sais monsieur !

 

C’est sur son bureau que nous nous sommes envoyés en l’air. Dès qu’il avait passé le préservatif, il avait plongé en moi. Ses coups de rein étaient vigoureux. Il déversait toute sa frustration sur moi. Je gémissais sans me retenir. Il releva l’une de mes jambes sur son épaule. Il se déchaina sur moi pendant de longues minutes. Malgré la climatisation nos corps étaient couverts de transpiration. Alors qu’il jouissait, il m’embrassa tendrement et resta couché sur ma poitrine jusqu’à ce qu’il décide de se lever. Il a remonté son pantalon et a ouvert les fenêtres pour laisser passer l’air tandis que je me dirigeais vers les toilettes pour me nettoyer un peu. C’est connu partout que le sexe entre deux personnes rapproche. Tôt ou tard je vous aurai monsieur Fadiga. Je serai moi aussi madame Fadiga. Je détrônerai l’autre. 

 

…Coria Ehouman

 

Moi (décrochant le téléphone) : Mbote mama

Maman : Sangonini ?

Moi : Sango te

 

La discussion a perduré un moment avant que je ne me réveille pour de bon. Je ne comprenais pas pourquoi ma chère mère insistait pour toujours me réveiller chaque matin, même a distance. J’étais issue d’une union entre un père Ivoirien (Agni) et d’une mère Congolaise. C’est lors d’une de ses missions de diplomate au Congo qu’il a rencontré ma mère et en est tombéraide dingue. Maman ne nous parlait qu’en lingala. Je me souviens encore de la tête de ma grand-mère paternelle lorsqu’elle nous parlait en Agni et que nous ne comprenions pas mais que nous répondions parfaitement en lingala à notre mère. Que voulait-elle ? son fils n’était jamais à la maison pour nous apprendre. 

Nous ne sommes que deux enfants. Mon grand-frère Timothée, marié, a quitté la maison depuis. Quant à moi, du haut de mes 18 ans, je venais de débuter les cours d’université dans une école Américaine du pays. L’école se trouvait à Bassam. J’étais en résidence et rentrais à la maison toutes les deux semaines. J’ai trainé un peu sur ce lit d’une place avant de prendre mes affaires de douche pour me diriger vers les douches communes des filles. A mon retour, Elise était devant ma porte déjà prête pour les cours. 

 

Moi : Kakou tu es déjà prête ? Pour le cours de 9h30 ? Il n’est que 8 heures.

 

Élise : mais il faut apprendre à être à l’heure toi aussi ! 

 

Moi : à cause de toi seule tout le monde saura ici que noussommes nouvelles. Ressaisis-toi oh !

  

J’ai inséré ma clé dans la serrure. C’est connu dans les internats on ne laisse pas sa porte ouverte. Si tu ne veux pas voir tes effets disparaître, sors toujours ta clé sur toi. Élise ma suivie. Élise était la fille de la seule amie que maman avait dans ce pays. Nous avons fait toutes nos classes ensemble depuis le primaire. Ces femmes la se débrouillaient pour nous mettre ensemble. Si ça ne tenait qu’à ma mère, elle aurait même demandé qu’on s’assoit ensemble pour partager le même livre. Plus pingre que madame Ehouman, il n’y en avait pas. J’ai fini de m’habiller et j’ai pris mon téléphone en attendant que l’heure des cours approche. J’ai fait un tour dans WhatsApp et là mon cœur a fait boom.

 

Moi : élise !

 

Élise : quoi ?

 

Moi : il vient de m’écrire sur WhatsApp !

 

Élise : qui ça ?

 

Moi : Missiba...il est parti, me laisse un message avant son départ puis me bloque. C’est maintenant qu’il va m’écrire ?

 

Élise : et qu’est-ce qu’il dit ?

 

Moi : juste salut !

 

Élise : hum...mais réponds alors 

 

Moi : j’ai envie de lui demander s’il s’est trompe de numéro et bien le laver mais ce serait le considérer. Je vais bien l’ignorer. Il n’a encore rien vue ? il est tombé sur la tête ? ou mon numéro et celui de sa copine sont les mêmes ?

 

Élise : Ehouman (se levant) je suis partie. C’est l’amour qui vate tuer un jour.

  

Je suis restée un bon moment à me demander si je devais répondre ou pas. J’ai décidé d’ignorer et même de laisser mon téléphone dans la chambre et aller au cours pour ne pas être tentée de répondre. Il m’avait plu dès que mes yeux s’étaient posés sur lui. Le type qui est beau et respire l’argent j’en connaissais et vue comme ils étaient pourris gâtés, je m’étais promis de ne jamais me mettre avec quelqu’un comme ça. Ne dit-on pas qu’on ne dit jamais « jamais » ? 

 

Je venais du même milieu même si j’avais la tête sur les épaules. Mais mon côté borné surpassait tout. Lorsque je voulais quelque chose je m’en donnais les moyens. C’était avec lui que j’avais eu mon premier coup le jour même de la rencontre. Cette emprise qu’il avait sur moi était inexplicable. Je ne m’étais jamais retrouvée dans une situation pareille. D’habitude c’était moi qui imposais les règles mais cette fois-ci je devais marcher selon lui. Je devais mettre en tête qu’il avait une copine. Il n’était au pays que pour les vacances et ces vacances-là, étaient passées depuis. Alors pourquoi m’écrivait-il ?

 

« Mademoiselle Ehouman ! »

 

Moi (revenant brusquement à moi-même) : oui monsieur ?

 

Le prof : on ne vous dérange pas peut-être ?

 

Moi : ... ...

 

Le prof : can you answer the question ? (Peux-tu répondre à la question ?)

 

Moi : which question ? (Quelle question)

 

Le prof: I will ask you to focus! Next time I won’t be this kind. (Veuillez suivre le cours la prochaine fois je ne serai pas aussi tendre)

 

Moi : thank you and sorry sir. (Merci monsieur…et désolée.)

  

Je me suis assise toute honteuse. Je n’aimais pas être indexée de cette façon surtout en classe. Après le cours, j’ai préféré rester avec Elise dans sa chambre. J’évitais la mienne pour ne pas avoir à lire un des messages provenant de Missiba. Cependant, mes idées étaient constamment tournées vers lui. Au fond de moi, j’avais hâte de prendre mon téléphone et de découvrir s’il avait encore essayé de me joindre. Elise est descendue prendre notre nourriture au réfectoire et c’est à même le sol qu’elle et moi avons mangé. 

  

Elise : tu ne vas pas aller chercher ton téléphone pour répondre ?

 

Moi : pourquoi ? qu’est-ce qu’il y a ?

 

Elise : si tu pouvais voir ton visage en ce moment tu comprendrais ! c’est comme si tu avais tous les problèmes du monde. 

 

Moi : tu racontes n’importe quoi Elise !

  

Elle n’a plus rien ajouté et nous avons fini de manger. C’est connu qu’après avoir bien mangé, c’est le sommeil assuré. Surtout qu’on tendait vers 14 heures. 

 

Moi (tirant sur la couverture de Elise) : ah le sommeil !

 

Elise : tu viens faire quoi comme ça ?

 

Moi : mais dormir ?

 

Elise : pardon ce n’est pas possible…j’ai de la visite.

 

Moi : et c’est qui cette personne qui empêche mon sommeil ?

 

Elise (fuyant mon regard) : Nathan

 

Moi : oooooh Kakou !!! déjà ??? juste un mois que nous sommes ici ?

 

Elise : donc ?

 

Moi : et Tanguy dans tout ça ?

 

Elise : là-bas c’est Abidjan ! ici c’est Grand-Bassam

 

Moi (prenant mes affaires) : le jour Tanguy te surprends n’essaie pas de me joindre !

 

Elise : ça ne fait rien ! je salue Missiba quand tu répondras

 

Moi : tchrrrr

 

Les affaires dans les bras, comme une SDF, je me suis rendue dans ma chambre. Qu’avais-je d’autre à faire si ce n’était que de prendre mon téléphone ? mon cœur battait tellement fort. Je ne me souviens pas que mon cœur avait autant battu à l’annonce des résultats du bac. Missiba avait, je ne sais comment, retrouvémon profil sur Facebook. Nous n’avions que deux amis en commun. Il m’a envoyé une invitation. Là encore j’avais préféré ignorer. Il avait envoyé un message WhatsApp qui disait « tu me manques la folle ». bien que cette phrase m’ait arraché un sourire, j’ai laissé sans répondre. Comme ma mère le dit souvent, dans la vie, c’est l’homme même qui cherche ses problèmes. La comme c’était parti, je ne voulais pas de problèmes…je ne voulais pas me mettre dans un plan a trois. Je suis peut-être folle mais pas suicidaire.

 
Bienvenus Chez les F...