Chapitre 40

Ecrit par YadRosa

                                            *Vanessa Houngbe*

 Ça fait des jours que mon mari m'a quitté. Il est retourné au village et refuse de prendre mes appels. Que faire ? Je ne peux rien sinon me morfondre. Me morfondre et prier Dieu pour qu'il me pardonne. J'ai entendu le père de Franck dire que Gildas pense que les autres enfants ne sont pas les siens. Mais c'est faux. Pourtant je le comprends. Il a raison de ne plus me croire. Depuis la sortie de Liliane de la clinique, j'ai du mal à aller lui rendre visite, trouvant à chaque fois des excuses pour me justifier. Je ne pourrai pas la regarder dans les yeux et continuer à lui mentir. Franck a décidé qu'on ne lui dise rien jusqu'à ce qu'elle se rétablisse complètement mais moi je ne peux continuer ainsi, raison pour laquelle j'ai décidé de lui rendre visite aujourd'hui et lui avouer toute la vérité. Avec un peu de chance, elle me pardonnera.   

 Je suis à l'entrée de leur maison me demandant si je devrais vraiment entrer. Mais bon, je suis déjà là. Le mieux serait de mettre un terme à tout ça une bonne fois pour toute ! Lorsque'elle me voit entrer dans le salon, elle s'élance vers moi et me serre longuement dans ses bras, en riant.

Liliane : tu m'as vraiment manqué maman ! Je suis vraiment heureuse que tu sois là ! Hum, je ne vous comprend pas hein. Donc vous vouliez que je meurs ? Pourquoi personne ne vient me rendre visite et Franck refusé en plus que je sorte.

 Moi : je suis venue te parler Lili. Asseyons nous s'il te plaît. Ton mari est là ?

 Liliane  : non, il est sortit m'acheter des vitamines. Je n'ai pas l'appétit et je n'arrête pas de vomir.

 Moi : ah bon ? Tu n'es pas....

 Liliane (riant) : non non, pas du tout ! C'est vraiment trop tôt. 

 Moi : OK. Elle plisse le front.

 Liliane : c'est quoi ce truc dont tu veux me parler et qui te rend aussi bizarre ? Ça a un rapport avec papa ? Il a un souci c'est ça ? 

 Moi : écoute, ce que je vais te dire est... c'est vraiment compliqué. Je sais qu'après ça tu ne me verras plus comme maintenant mais... si je ne le fais pas, une autre personne le fera et la douleur sera plus grande.

 Liliane : tu m'inquiète maman, qu'y a-t-il bon sang ?

Moi : nous les parents ne prenons pas toujours les bonnes résolutions et il arrive même que parfois nous agissons avant de nous rendre compte que notre acte n'aurait pas dû être fait. J'ai appris de mes erreurs et même si c'est au prix d'avoir brisé notre famille, j'assume pleinement. Il y a de cela quelques années, peu de jours après mon mariage, ton père a dû partir en voyage, disons dans un autre village.

 Liliane : et qu'est-ce qui s'est passé ? 

 Moi : ne m'interromps pas s'il te plaît. Liliane : hum, OK. Moi : Je devais rester chez ton oncle Komi pour une nuit, juste une nuit. Ma chérie, mon bébé. Je t'assure que je n'ai jamais eu l'intention de tromper Gildas mais je l'ai fait. Je ne sais pas ce qui m'a pris mais j'ai fait l'amour avec lui. J'ai voulu dire la vérité à Gildas mais j'avais peur. Il m'aurait mise à la porte et on m'aurait chassé du village. Je me suis donc tus et même lorsque quelques semaines plus tard je suis tombé enceinte, je n'ai rien dis. J'étais déboussolée Lili, je ne savais pas si tu était la fille de Gildas ou de Komi parce que j'ai eu à faire l'amour avec eux deux dans le même intervalle de temps. Ce n'est que la fois dernière, lorsque tu as dû être admise à l'hôpital que nous avons eu la confirmation. Tu n'as pas le groupe sanguin de Gildas mais celui de mon beau-frère. Komi est ton vrai père. Pardonne moi, je suis une mère indigne. Je m'en veux énormément.

Je versais de chaudes larmes tout au long de mon récit. Liliane est comme médusée, me regardant fixement, les yeux écarquillés. J'aurais aimé qu'elle dise quelque chose, qu'elle exprime sa douleur et ça colère mais non, elle ne disais rien.   Je commence par avoir peur tellement son silence devient pesant. 

 Moi : dis quelque chose s'il te plaît...

 Elle se lève tout à coup et sort de la chambre. Je ne veux pas la suive. Elle  a besoin de temps pour digérer, je le comprends parfaitement. Je reste là, assise. Le regard vague. Même mais larmes refusent de couler.   C'est incroyable comment le mensonge peut détruire tout. Même la muraille la plus tenace. Mon histoire en ai la preuve. J'avais une famille unie, joyeuse et même si on était pauvre, on était vraiment heureux. Mais à présent... tout, tout est partie en fumée. Je ne sais pas combien de temps j'ai passé dans cette chambre, assise, à ruminer mes pensées. Lorsque je suis enfin sortie, je croise la mère de Franck qui sort d'une chambre d'amis. Cette sorcière...

Moi (fronçant les sourcils) : tu fais quoi ici ? 

 Maya : j'étais allée parler à Liliane. Je lui ai demandé de me pardonner. Et "ici" c'est chez mon fils !

 Moi : quoi ? Toi aussi tu es allé lui dire ce que tu as voulu lui faire ? Tu es devenue folle ?

 Maya : en arrivant, je l'ai vu entrer dans cette chambre et je l'ai suivi. Elle était de dos et j'ai profité pour tout lui avouer. Je ne pouvais pas garder ça plus longtemps sur la conscience. Je risque de mourir avec. 

 Moi : bravo ! Tu viens de l'achever ! Tu ne pouvais pas attendre un peu hein ? Je viens à peine de lui parler et toi aussi tu vas en rajouter ? Ça ne va pas non ? 

 Maya ( haussant le ton) : n'oses pas me parler de la sorte. Comment aurais je pu savoir que tu lui a parlé ?  Je te dis qu'elle était de dos et après tout ce que j'ai raconté, elle n'a pas daigné se retourner. J'ai donc jugé bon de sortir. Et d'ailleurs c'est moi qui t'ai dis d'aller coucher avec ton beau frère ? Au lieu d'aller te cacher dans un trou  tu viens crier sur les gens ici ! 

 Moi ( énervée) : et toi, sorcière. Tu voulais tuer ma fille hein ? Tu voulais la tuer ? Je savais que tu cachais quelque chose, je le sentais depuis le début !

Maya : Vanessa, fais attention à ce que tu dis sinon.... 

 Moi : tu vas m'envouter aussi ?

Maya : Vane....


 " Ohohoh ! Non mais c'est quoi tous ces cris ? "

 On se retourne toutes les deux et voilà Franck qui débarque, la mine serrée. 

 Franck : je peux savoir ce que vous avez à crier comme ça ? Et d'ailleurs vous faites quoi ici ? 

 Moi : j'étais venue parler à Liliane... 

 Maya : moi aussi.

 Franck : hein !? Que lui avez vous dis ? J'espère que ce n'est pas ce que je penses. 

 Je me tais, de même que maya.

 Franck : vous avez complètement perdu la tête non ? Elle sort à peine de l'hôpital et vous venez l'accabler ? N'avais je pas dis qu'on attende un peu ? Quel genre de mères êtes vous ? 

 Moi : je suis désolée Franck. Je n'arrivais pas à dormir sachant que Liliane n'était pas au courant. Je suis désolée. 

 Franck : vous avez pourtant pu dormir les vingt deux ans non ? Pourquoi pas quelques jours de plus ? Et toi maman, je ne veux plus te voir auprès de ma femme. Vous venez de me décevoir encore plus !

Maya : je suis désolée..

 Franck : soyez désolée pour vous même parce que jusque là, vous ne pensez qu'à vous et non à la douleur des autres. Maintenant laissez moi seul avec ma femme. 

 Maya et moi sommes sortie la tête basse. On a merdé c'est vrai. Mais comprenez nous. On arrive sous ma paillote et on s'assied au lieu de de débarasser le plancher comme Franck vient de l'ordonner. Il n'a jamais été aussi agressif mais bon, ça se comprend. 

 Moi : Franck a raison. Nous ne sommes que des égoïstes. 

 Maya : hum, tu as raison. Mais vite elle saura ce que nous avons toutes les deux fait, mieux ça sera.

 Moi : tu as en partie raison. Et dire que tout allait très bien il y a quelques jours seulement hum...

 Maya : moi mon mari me boude. Il est même retourner à Abidjan. J'ai été monstrueuse c'est vrai mais au fond je ne voulais pas faire de mal à Liliane. Depuis la mort du vrai père de Franck, j'ai été la seule à le soutenir jusqu'à ce qu'il rencontre Diby. On a souffert ensemble et tu n'imagines pas à quel point c'était difficile. Je sais que ce n'est pas une excuse mais c'est ce qui fait que je vois toutes les femme qui s'approchent de Franck comme des arrivistes. Je n'ai pas cherché à voir Liliane tel qu'elle est et je le regrette.


Je la regarde un moment et je vois effectivement qu'elle regrette. Quelques larmes perlent au bord de ses yeux mais elle ne les laisse pas couler. Je pose une main sur son épaule. 

 Moi : je te comprends Maya et bon, inutile de te raconter ce par quoi je passe en ce moment... Liliane n'est pas rancunière et j'espère seulement qu'elle pourra nous pardonner.

 Maya : je l'espère aussi et je jure que plis jamais je n'essayerai de de lui faire de mal.     

        

                                                          **Franck Diby**

 Moi : chérie ouvre je t'en prie.

 Liliane : ...

 Moi : je te l'ai caché pour ton bien je t'assure. Je souffre autant que toi pour ce que ma mère a essayé de faire mais s'il te plaît écoute moi.... Si tu n'ouvre pas, je vais defoncer la porte. 

 J'attends quelques secondes et elle vient ouvrir. Ses yeux sont tellement rouges... J'ai de la peine pour elle. Elle me laisse entrer et va se rasseoir sur le lit. Je la suit après avoir fermer  la porte.

 Moi : chérie... je suis désolé.

 Liliane : pourquoi hein pourquoi ? Dis moi ce que j'ai bien pu faire de mal à ce monde. Ma soeur, ma propre soeur a failli me tuer ! Et ma belle mère a voulu me rendre stérile. Ma mère hum...

Liliane : non, je veux être seule. Moi : c'est dangereux. Laisses au moins un des gardes te suivre je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Liliane : qu'est ce qu'il peut m'arriver encore hein ? Avec tout ce que j'ai reçu depuis tout ces mois qu'est ce qui peut m'arriver de pire encore ? Franck, pousse toi je vais passer.

 Moi : hum. OK. Mais ne vas pas loin, je t'en supplie. 

 Elle me dépasse sans répondre et sort. Je l'entend ensuite claquer fortement la porte du salon. Seigneur !      

    


                                                                     **Liliane Diby** 

 Je suis anéantie. Jamais je n'aurais crû ça venant de ma mère, encore moins de ma belle mère. Donc... Prisca est ma soeur ? Est-ce pour ça qu'elle me haït autant ? Est-elle au courant ?   Je marche comme une âme en peine en direction de je ne sais où. Tout ce que je veux, c'est m'éloigner. Aller dans un endroit inconnu, le temps de digéré tout ça. L'être humain est imprévisible et ce qui le rend encore plus énigmatique est le fait qu'il est impossible de deviner sa pensée. J'aurais donné ma tête à couper pour la cause de ma mère. Oui, elle m'a déçu, énormément. Mais suis je la mieux placée pour la juger ? Lui jeter la pierre ? À sa place n'aurais je pas agis de la même façon ?Je suis bouleversée. Je ne sais plus quoi penser. Une nouvelle nausée s'empare de moi. Je me retiens tant bien que mal. Je n'arrive pas à comprendre ce qui m'arrive depuis quelques jours.

 Je vois soudain deux hommes s'approcher de moi. La scène d'il y a quelques jours me revient automatiquement en tête. Je me fige. Voix : suivez nous madame. 

 Moi : pourquoi ? Laissez moi tranquille !

 Voix : nous ne voulons pas vous faire de mal, suivez nous tout simplement s'il vous plaît. 

 Moi : je n'irai nul part avec vous. Éloignez vous tout de suite ou je crie à l'aide. Voix : écoutez. Nous ne voulons pas utiliser la force. Mais si vous refusez de nous suivre, nous serons obliger....

 Moi : je n'ai pas peur de vous. Qui vous envoie hein ? C'est Prisca non ? Elle veut en finir une bonne fois pour toute avec moi c'est ça ? Allez lui dire qu'elle peut aller en enfer. 


 Je me retourne vivement et j'essaie de m'en aller mais ils me rejoignent et me tire de force jusqu'à une camionnette.






A suivre....





Une vie de pute : To...