chapitre 40

Ecrit par leilaji

Chapitre 40 


***Mickael***


Lorsque je viens chercher les parents de Lola, je trouve la crainte dans leurs yeux fatigués par l’usure de la vie. Heureusement pour nous que les policiers ne les ont pas frappés juste bousculés un peu. Mais je suppose que le simple fait qu’une personne puisse avoir assez de pouvoir pour les faire enfermer par caprice est assez dérangeant à accepter pour eux. Je les fais sortir du bâtiment en prenant garde à ne pas tomber sur Jenny. A bien y penser, j’espère rencontrer le moins possible ce genre de fantôme du passé maintenant  que je suis avec Lola. Les ex, ça n’a jamais donné rien de bon dans une relation surtout quand dès le départ, elle est compliquée comme la notre. Connaissant Lola très passionnée, je ne suis pas sûre que ce soit le genre de casseroles qu’elle aimerait me voir traîner.  


Mes pensées reviennent sur le couple qui marche devant moi. Ces gens ont vu leur fille de 12 ans tomber enceinte. Je n’aurai voulu être à leur place pour rien au monde. Quel sentiment de perte ce doit être. Car c’est un peut comme si on voyait sa fille être enterrée sous ses yeux pour voir naître à la place une autre personne, une maman. Et ils ont tenu bon. Ils ont pris leur responsabilité et ont continué du mieux qu’ils pouvaient d’être les parents de leur fille. Ça a dû être dur. Vraiment dur. Surtout que ça ne s’est pas passé maintenant en 2014 mais il y a douze ans de cela. 


Une fois hors du bâtiment je les conduis à la voiture de madame Khan. Elle est encore abîmée à l’arrière et j’essaie de les rassurer. 

Mais ils sont tellement heureux de s’en aller qu’ils montent tout de même. Je démarre et on s’en va. 


- Toi tu es l’enfant de qui ? demande la mère de Lola en me fixant droit dans les yeux dans le retroviseur. 


Sans quitter la route, je lui réponds que je suis le frère de celui pour qui elle travaille. Ca la rassure. Elle tourne la tête vers son mari et se met à lui parler mais il ne répond rien. 


- Samuel ça va ? 

- Je suis fatigué. 

- Bientôt on sera à la maison. Je vais te faire à manger et tu vas dormir. Ah n’oublie pas tes médicaments. 

- Hum. 


Lola qui avait dû récupérer son fils le temps de l’incarcération de ses parents l’a déjà fait redéposer chez eux par son taxi. Elle continue de le regarder. 


- Samuel ça va ? 

- Quand l’enfant n’est pas reconnu par son père, il y a toujours un proche de la mère qui le reconnait à sa place : un oncle, un frère… C’est la tradition. Et on vient me dire que j’ai fait faire de faux documents. Que voulait-il que je fasse, que je laisse « de père inconnu » sur son acte de naissance. On n’est pas chez les blancs ici. 

- Ah Samuel laisse cette histoire, c’est terminé. 

- Tu as vu comment ils nous ont emmenés ? Comme si on avait volé quelque chose. Toute ma vie j’ai travaillé sans jamais faire le moindre problème. Je n’ai jamais rien demandé à personne. Tu as vu comment ils sont venus nous emmener devant tous les voisins ! Raphael c’est mon sang ! pas celui de son père indigne … Si c’était à refaire je le referai encore !


Pendant qu’il parle il détourne aussi la tête et regarde les voitures défiler… Puis sa voix se brise quand il pose à nouveau ses yeux sur sa femme. 


- J’ai cru … qu’ils allaient te faire … du mal. 


Ses yeux humides ne quittent pas sa femme qui comprend enfin son désarroi. Il ne s’est pas inquiété pour lui-même alors qu’il est malade ! Il s’est inquiété pour elle. Je détourne mes yeux vers la route non pas sans avoir souri de la voir le prendre dans ses bras pour le rassurer... 


Cette famille ne mérite pas tout ce qui est en train de se passer…


***Leila Khan***


Une fois mes yeux fermés et Xander sorti de notre chambre, je me précipite sur mon téléphone pour continuer ma discussion avec Maitre Bertrand. Elle a fait vraiment du bon boulot, je suis en train d’ouvrir sur la tablette, les différents documents qu’elle a envoyés sur mon mail. 


- J’ai préparé tout le dossier comme tu me l’as demandé et j’aimerai que tu valides l’option qui te plait pour que je travaille un peu plus la dessus. Heureusement que la plus part des pays africains francophones se sont inspirés  sur nos lois. C’est quasiment la même chose. Mais il va falloir que tu trouves un avocat du barreau d’ici pour représenter valablement Lola, en tant qu’avocate française je ne pourrai pas plaider les dossiers. 

- Oui ça je le savais depuis le début. 

- Ah j’ai failli oublier. Par rapport au scandale publié, on a un droit de réponse dans le même journal. C’est prévu par l’article 107 du code de la communication … Mais Eloïse fera paraitre aussi demain un article dans l’Union pour que le public puisse s’imprégner de cette histoire. Le juge qui s’occupera de l’affaire sera moins tenté de lui retirer en douce son enfant.  J’ai lu l’article et il est magnifique, je t’assure. Cette fille est douée pour ça, je l’embaucherai bien si la France la tente. 

- Pardon Bertrand, tu n’es pas là pour me piquer des éléments que j’ai dans mon collimateur. La France ne l’intéresse pas. Elle est aussi maniérée que toi ça ne va pas le faire. Dis-je pour la taquiner. 


Elle rigole puis continue de m’exposer ses idées. Il y a tellement de plans d’attaque que je pense qu’on sera en procès pour te très longues années encore ! Hugues n’est pas prêt de quitter le pays avec Raphael. 


- … Alors tu en dis quoi ? … Tu m’écoutes Leila ? 


Sa question me tire de ma rêverie. Quelque chose me turlupine mais je ne sais pas encore quoi…


- A vrai dire, à moitié. J’ai des documents devant mes yeux et mon cerveau est en train de tourner à vive allure. J’essaie de comprendre ses motivations. On ne peut pas persécuter ainsi une personne juste pour un enfant dont on se fout complètement. 

- Ecoute, les gens n’ont pas besoin de raison pour être méchants les uns avec les autres. En tant qu’avocate je suis bien placée pour le savoir.

- Moi aussi on s’en est pris à moi à cause de Xander mais j’avais de quoi me battre. Elle, ce n’est qu’une gamine. 

- Non Leila ! La fille que moi je perçois depuis le début de cette histoire n’est plus une gamine depuis bien longtemps…


Je l’entends boire quelque chose…


- Toi tu es encore en train de boire du champagne. 

- La vie ne vaut pas la peine d’être vécue sans les bulles du champagne ni le rouge des Louboutin (chaussure de marque aux semelles rouges). Dit-elle doctement.


On éclate toutes les deux de rire. C’est son grain de folie qui me plait chez elle. 


Quelques minutes après, on finalise les dossiers et Bertrand se propose de choisir elle-même l’avocat qui prendre le dossier en charge pour que je puisse m’occuper d’autre chose. On se dit au revoir et je raccroche en soupirant. On a vraiment un adversaire de taille ! Mais la victoire n’en sera que plus valable à la fin. 


Je descends retrouver Xander à la bibliothèque. Je me compose une mine sage et reposée. Normalement, il en faut plus pour m’abattre mais je voulais donner le temps à mon mari de se calmer. Il fallait que je lui laisse le temps de se calmer. 


Xander est quelqu’un de calme et réfléchi. Mais ses colères changent totalement sa personnalité ! C’est un trait de caractère dans sa famille. Son père était ainsi et son grand père aussi et tous les hommes premiers nés avant eux depuis le début de la génération Khan. 


Il a tendance à perdre la tête et à ne plus du tout se maitriser, surtout si ce qui l’énerve me touche de trop près 


Je me rappelle encore comme si c’était hier du jour où il a fracassé avec une batte la voiture d’un homme qui lui avait dit qu’il allait me b*** et que j’allais adorer ça. Non seulement il a complètement démoli la voiture mais en plus il s’apprêtait à lui exploser la tête quand je suis intervenue.  Moins un, il le tuait. Pour une simple phrase. La scène était horrible parce que contrairement à ce qu’on voit dans les films, il faut vraiment une force monstre pour démolir ainsi la carrosserie d’une voiture. 


Alors je ne veux vraiment pas qu’il se mêle de cette histoire. On est au Gabon et les choses commencent à changer. On pointe du doigt les étrangers qui ont réussi parce que beaucoup d’entre eux se sont enrichis aux dépends des autochtones. Xander va se mettre en colère et s’en prendre à Hugues. Les gens penseront : « pour qui se prend cet indien pour traiter ainsi un gabonais sans savoir pourquoi l’indien à réagi ». Hugues ne vaut pas la prison. Nous pouvons le battre avec nos têtes sans nous salir les mains et le renvoyer chez lui. 


Maintenant que j’y pense, j’ai une équipe formidable autour de Lola. Et mon travail sera de savoir utiliser chaque talent, au moment opportun. 


En avançant vers la bibliothèque, je croise Denis qui en sort. Il semble troublé. Je ne savais pas qu’il était là. J’espère que Xander ne s’est pas défoulé sur lui. Non ! Xander ne le ferait pas. Denis est son ainé et il a beaucoup de respect pour lui. 


- J’espère que tu ne t’es pas disputé avec lui. Dis-je en lui souriant.

- Non. Tu sais qu’on ne se dispute presque jamais. 


Il enfouit ses mains dans ses poches et me regarde. 


- Je suis heureux que tu n’aies rien eu de grave. 

- Il en faut beaucoup plus pour me déstabiliser crois-moi. J’étais secouée mais ça va. 


Il semble vraiment s’être inquiété. Je me rapproche de lui et pose une main sur le revers de sa veste. 


- Je vais bien Denis Louis. Je vais bien. 


Il sourit et m’embrasse délicatement sur la joue en me murmurant à l’oreille qu’un homme amoureux est capable de tout pour la femme qui incarne son rêve.  Je le regarde longuement essayant de comprendre ce qu’il essaie de me dire. Il ajoute autre chose et s’en va. 


J’entre dans la bibliothèque et je retrouve Xander perdu dans ses pensées. Il a l’air calme. J’espère qu’il l’est réellement. 


- Ca va bébé ?


Il lève la tête et tapote sa cuisse. Je le rejoins et m’y assois. Sans rien dire, il enfouit sa tête dans mon cou. 


- Bébé, laisse moi faire, ne te mêle pas de ça. 

- Je suis ton mari et il est de mon devoir de te protéger. Je ne peux pas le laisser faire. C’était une fois de trop. 


Je le dégage tendrement de mon cou et l’oblige à me fixer droit dans les yeux. J’aime le vert de son regard. Pour cet homme j’ai fait tellement de sacrifices que je ne pensais pas faire un jour pour quelqu’un d’autre que moi-même. Nous avons bataillé si dur pour avoir notre part de bonheur. 


- Laisse-moi faire Khan. 


Il sait que lorsque je l’appelle par son nom de famille c’est que je suis très sérieuse. 


- Mais s’il s’approche encore de toi, je ne réponds plus de rien. Finit-il par dire. 

- Mickael est là. Il est d’une efficacité redoutable. 

- C’est comme ça lorsqu’on fait partie de l’élite. Dit-il en passant la main dans mes cheveux défaits.


Oh, je connais ce geste par cœur surtout s’il est suivi d’une tempête dans son regard. 


- Monsieur Khan ! On est dans la bibliothèque et il y a encore des domestiques dans la maison. 

- Il me semble que cette bibliothèque se ferme à clef… me chuchote t-il d’une voix  lourde de désir.


Ca y est la couleur de ses yeux devient plus intense. Je me mordille la lèvre inférieure pour lui signaler que je suis tout à fait désireuse de faire ce qu’il a en tête. 


***Gabriel***


Mon rendez-vous avec le chef du cabinet du Ministre de la communication s’est bien passé. Mais il ne pourra pas réactiver mes autorisations dans l’immédiat. L’administration n’a jamais été connue pour sa célérité dans le traitement des dossiers. 

 Je suis frustré par cette situation qui fait tourner ma boite au ralenti. Je me pose des questions, beaucoup de questions sur le pourquoi du comment. Un homme veut récupérer son enfant et pour cela il fait tomber une à une toutes les pièces qui se dressent sur son chemin ! Je pensais ma famille à l’abri de ce genre de situation mais je nous découvre vulnérable comme tout le monde. Ni notre nom, ni notre argent ne nous a été utile depuis le début de cette histoire car cette fois ci il s’agit de pouvoir et d’influence. 


Apparemment je n’en ai pas !


Nadine une fois encore s’est occupée de libeller les chèques de paie et de déposer l’ensemble sur mon bureau pour que je les signe. Il va falloir que je discute avec Lola du paiement de sa part sur le contrat négocié avec la Fondation Khan. Je ne sais pas comment elle veut recevoir cet argent, par coupure mensuelle, trimestrielle ou annuelle ?  

Mon téléphone vibre. Je le sors de ma poche. C’est un e-mail de Bénédicte. J’hésite à l’ouvrir. J’ai beaucoup de boulot et de préoccupations en ce moment, je ne sais pas si j’ai encore envie d’une prise de tête avec elle. 

Je pose le téléphone sans ouvrir l’e-mail et allume mon ordinateur. Nadine frappe à ma porte. 


- Ouvrez l’e-mail Monsieur Valentine. 

- Comment…

- Elle me l’a envoyé aussi, coupe-t-elle. Elle se doutait bien que vous n’alliez pas l’ouvrir. Ouvrez-le. Insiste –t-elle en sortant. 


Finalement, j’ouvre l’e-mail et ses pièces jointes sur mon ordinateur pour découvrir une partition et les paroles d’une chanson


(VITAA : A fleur de toi)

Les jours passent mais ça ne compte pas j'ai tant de mal à vivre/ Ivre de ce parfum si différent du tien, pire/J'ai compté chaque minute qui me retient à lui/ Comme si j'étais ma propre prisonnière.

Ça fait bientôt un an qu'il m'a sauvé, de toi / Souvent je me demande où j'en serais, pour toi

Souvent je me demande ce que tu fais, où tu es, qui tu aimes/ Sors de mes pensées !

J'ai changé d'adresse, de numéro/ J'ai balancé tes lettres et tes défauts/ J'ai fais semblant d'avoir trouvé la force / Je garde au plus profond de moi/  Tout c'que tu m'as aimé


Refrain :

J'essaye de t'oublier avec un autre /Le temps ne semble pas gommer tes fautes,

J'essaye mais rien n'y fait/ Je ne peux pas, je ne veux pas, je n'y arrive pas

Je ne l'aime pas comme toi.

J'essaye de me soigner avec un autre,/ Il tente en vain de racheter tes fautes,

Il semble si parfait mais rien n'y fait/ Je capitule je ne peux pas

Je ne l'aime pas comme toi


2ème couplet :

Lui,/ Il a tenté de me consoler/ Même si il n'a pas tes mots ni ton passé/C'est vrai,

Mais il n'a pas ton goût pour la fête, pour la nuit, pour les zones/ Pour tout ce que je hais,

Il a séché toutes mes larmes tu sais/ Il a ramassé tes pots cassés

Et il a réglé tout, tes impayés, tes impostures, tes ratures/ Tout c'que tu m'as laissé,

Il m'aime comme un fou/ Il me connaît par cœur/ Il me dit je t'aime parfois durant des heures

Mais il ne sent pas ton odeur/ Pourquoi je te respire dans ses bras ?

Sors de mes pensées


Refrain 

3ème couplet 


Je ne l'aime pas comme toi/Dis moi seulement pourquoi./Tu me restes comme ça

Je veux t'oublier/Reprendre mes rêves/Et mes barrières/ Car je veux l'aimer comme toi

Refrain 

Je ne l'aime pas comme toi


Je n’avais encore jamais rien lu de si intense et la partition qu’elle m’a fait parvenir est juste … parfaite même si je ne sais pas si Lola est prête pour chanter une chanson aussi … douloureuse qui ne nécessite pas qu’elle danse. Il lui faudra tout exprimer par le visage et la voix et non par son corps. 


Bénédicte. Ce que j’ai découvert d’elle ses derniers temps ne cadre plus tellement avec le souvenir que j’ai gardé de la petite peste qu’elle était. Elle a grandi. Comme nous tous.  J’essaie de comprendre pourquoi elle m’aime autant alors que je n’ai fait que la repousser. 

Sa trahison avec Mickael. Je sais que c’est ça que je ne peux digérer… 


J’appelle Mickael. 


- Il faut qu’on parle…

- J’arrive. 

- Je  suis au studio. 

- Je suis en chemin. 

- Ok. 


Le temps qu’il arrive, je relis une nouvelle fois ses écrits et je ne sais pas pourquoi mais pour la première fois de ma vie, une chanson me touche profondément. 

Trente minutes plus tard, Mickael est dans mon bureau, debout comme à son habitude. 


- Tu pourrais t’assoir s’il te plait. 

- Non merci ça va. De quoi veux-tu qu’on parle ? 


Je le regarde dans les yeux. 


- De Bénédicte. 


Il semble agacé et prêt à repartir. 


- Ecoute Gabriel. Lola et sa famille sont ma préoccupation du moment.  Je n’ai pas le temps pour ça. 

- Tant mieux alors je vais être bref. Pourquoi tu cours toujours derrière les femmes que j’aime ?  Tu estimes que je t’ai piqué maman alors tu te venges c’est ça ? 

- Mais t’es con ou quoi ! La seule qu’on a tous les deux désiré c’est Lola. 

- Et Bénédicte. 


Il semble se demander de quoi je parle. Je hausse un sourcil et il soupire puis prend finalement place. 


- Ne me dis pas que tu crois que j’ai couché avec elle ce jour là. 

- Je l’ai trouvé à poil et … 

- Je pensais qu’après être partie, elle t’avait expliqué. 

- Je ne l’ai plus jamais revue après ce jour, elle a voyagé. 

- Je n’ai pas couché avec elle. Et il faut que j’y aille là. Lola m’attend. 

- Mickael, s’il te plait… Explique-moi. 


Ma voix est suppliante. J’ai besoin de savoir à quel point j’ai merdé avec elle. 


- A l’époque tu étais d’un égoïsme ! Tu lui as dit qu’elle devait prendre le bon Valentine comme si moi je n’étais qu’une merde. Et elle de son coté, était amoureuse de toi mais voulait m’utiliser pour te rendre jaloux. Sauf que j’ai vu en elle et j’ai compris. Pour vous deux c’est comme si je n’étais pas un être humain avec un cœur, comme si vous ne pouviez pas me blesser au passage. Vous avez fait comme si je n’étais qu’une balle que vous pouviez vous renvoyer l’un l’autre. Je n’ai jamais été intéressé par elle, même pas une fraction de seconde. J’ai juste saisi l’opportunité de vous donner à tous les deux une bonne leçon. Et elle a plongé comme l’idiote qu’elle était à l’époque et toi tu l’y as suivi.  

- Mais pourquoi tu ne m’as rien dit ? 

- Maman est morte et tu n’as plus jamais voulu me parler. 


Son ton est plein de reproche. Je l’ai accusé d’avoir tué maman. Il l’avait menacé à l’époque de révéler à papa le secret concernant Eloïse et elle est sortie de la maison en panique. Puis l’accident a eu lieu et plus rien n’a été pareil pour moi. 


J’ai perdu ma mère et j’avais besoin d’un coupable. 


- Je suis désolé pour tout ce qui s’est passé Mickael. 

- C’est du passé. Dit-il tout simplement. 


Je sens qu’il n’a plus envie d’en parler et que pour lui le sujet est clos. Je n’insiste pas. Mickael et moi avons raté trop d’occasion d’être des … frères et tout ce qui se passe en ce moment nous rapprochent vraiment. Lola nous rapproche. Nous avons tous les deux ses intérêts à cœur. 


Et il est avec elle et moi j’ai tourné la page. Peut-être que Bénédicte mérite que je réfléchisse à notre situation. Après tout nous avons déjà tous fait des erreurs dans notre jeunesse et aujourd’hui les autres nous ont pardonné. 


Au lycée je n’étais pas vraiment un saint. C’est vrai que j’étais raide dingue d’elle et de ses yeux en amande mais en même temps j’étais le mec le plus populaire et plein de filles me tournaient autour. Le sang chaud des Valentine a fait le reste et ça devait vraiment lui faire du mal puisqu’aujourd’hui encore elle en parle. 


Est-ce qu’on peut aimer aussi longtemps ?


Elle a balancé mes lettres. Ca me fait doucement rire. Je lui en ai écrit des tas copiés dans des livres et je mentais que je les avais écrit tout seul. 


Peut-être est-il temps que j’explore cette possibilité de construire avec elle quelque chose. Après tout, je suis producteur de musique et elle parolière. Nous avons un passé commun et surement un avenir dans le même secteur d’activité ce qui aide beaucoup. 


Mes sentiments peuvent-ils renaitre après autant d’années ?

J’ai aimé Lola très fort je dois l’admettre. Et laisser une autre personne occuper sa place si peu de temps après n’est pas aussi évident que ça. 

Mais je dois le faire, ou je vais passer ma vie à contempler son bonheur avec Mickael sans jamais m’occuper du mien. 


- Je vais faire un bref voyage en Afrique du sud. 

- Maintenant ? Ecoute tu pourras régler cette histoire avec Bénédicte plus tard maintenant on a besoin de toi. Ici.

- Eloïse peut très bien se débrouiller sans moi. Et de toute manière Madame Khan maitrise la situation…

- Elle est très loin de la maitriser. On sort d’un accident …

- Quoi ? 


Il sait des choses. Il a  accès à elle ? 


- Elle essaie juste d’être courageuse. Ca ne veut pas dire qu’elle n’a pas la frousse. C’est juste qu’elle se le cache tellement elle-même qu’elle ne s’en rend pas compte. Ce n’est pas le moment de la lâcher surtout qu’en réalité il ne s’agit pas de sa vie mais de celle de Lola. 

- Je ne vais pas indéfiniment suspendre ma vie à celle de Lola, Mickael. Elle t’a toi maintenant alors c’est à toi de prendre soin d’elle. Je ne suis que son producteur et Raphael est une histoire personnelle pas professionnelle. J’ai une boite à diriger et des employés à payer… Je perds beaucoup. 


Mickael se lève. 


- J’y croyais vraiment. 

- A quoi ? 

- A ton changement. En réalité tu es toujours le même petit égoïste qu’auparavant. 


Je ne lui réponds pas et appelle Nadine par l’interphone. Je n’ai aucun compte à lui rendre c’est ma vie !


- Oui Monsieur Valentine ? 

- Un billet pour Johannesburg s’il vous plait. 

- OK.  


Le temps que je lève les yeux du téléphone, Mickael est parti. 


***Lorelei***


Raphael est allé voir papa et maman à la maison puis ils viendront tous chez moi pour fêter l’évènement. C’est son anniversaire et depuis qu’il est né, nous avons fêté tous les anniversaires à quatre. Rien qu’entre Békale. C’est notre petite coutume. Familiale et j’y tiens beaucoup. Ce n’est pas parce qu’on est dans la tourmente qu’on ne doit pas profiter de ces petits instants de bonheur. 


Tout est prêt pour les accueillir, un gâteau, des plats que j’ai préparés moi-même et un cadeau que j’ai hâte de lui offrir. 

 

Je sors à peine de la douche. J’enfile rapidement un mini short en jean avant de me demander ce que je vais bien pouvoir porter au dessus lorsque mon téléphone sonne. C’est la sonnerie attribuée à Raphael.  Je cours lire le message mais c’est un appel. Etrange. Je décroche. C’est maman en larme qui parle et parle et parle en fang.  Son flot continu de paroles m’embrouille le cerveau. 


- Qu’est-ce qui se passe ? 


Quelque chose au fond de moi est en train de se tordre à l’infini. 

 

- Mône aka (l’enfant est parti) Son père est venu le chercher. Et l’enfant est parti ohhhhh. Se lamente-t-elle. 

- Quoi ! 

- Raphael a dit qu’il veut partir chez son père. Il a dit qu’il veut partir chez son père. Ehhhhhh Mône aka. 


Mon cœur s’est littéralement arrêté de battre pour reprendre quelques secondes après une course effrénée. 

Le téléphone me tombe des mains et je m’adosse contre le mur de la chambre. 


Seigneur je vais mourir aujourd’hui. Il a pris mon fils et son téléphone est resté chez mes parents. Je ne sais même pas où ils sont… Raphael a dit qu’il voulait partir avec son père !!! Mais pourquoi ? 


***Mickael*** 


Je gare ma moto à l’entrée de chez Lola et pose mon casque sur ma moto. Je suis en colère contre Gabriel. Très en colère. Mais ce n’est pas le moment d’en parler. C’est l’anniversaire du petit et j’ai dû faire un tour avant de revenir ici. C’est la première fois que j’offre un cadeau à un enfant. J’espère que ça lui plaira. 


Je m’essuie les pieds sur le paillasson et rentre dans le studio qui est étrangement vide et silencieux. Il y a de la nourriture au salon mais personne n’y est assis. Ils sont peut-être en retard…


- Lola ?!


Elle ne répond pas et je me dirige vers la chambre où je la découvre silencieuse, les yeux perdus dans le vide, à peine vêtue.


- Qu’est ce qu’il y a ? 

- …

- Lola !?

- … 


Elle ne m’ignore pas c’est juste que j’ai l’impression qu’elle est déconnectée de la réalité. Je m’approche d’elle tout doucement. 


- Lola ? 

- …

- Lola. Dis-je une nouvelle fois en tapotant sa joue. 


Elle me regarde enfin, étonnée de me voir face à elle. 


- Si je meurs aujourd’hui, qu’est ce que ça va faire ? Hein… Si je meurs aujourd’hui qu’est-ce que ça va faire ? 

- Mais pourquoi tu dis ça ? Personne ne va mourir. 

- Raphael a préféré partir chez son père. 


Je ne sais pas quoi lui dire. 


- Réussir, gagner de l’argent, ce n’est pas pour moi, c’est pour lui. Alors s’il ne veut plus de moi qu’est ce que je vais devenir ? je vais faire quoi de ma vie sans mon fils . Seigneur si je meurs aujourd’hui qu’est ce que ça va y changer… Il n’a plus besoin de moi… Il … Son père… Seigneur je vais mourir… 


Elle parle, suffoque, pleure en même temps. Sa détresse est telle que je suis paralysée par la douleur que j’entends dans sa voix. J’ai l’esprit embrouillé et je commence moi-même à être psychologiquement à bout de souffle. Si j’ai dû quitter l’armée c’est aussi à cause de mon incapacité à supporter sur le long terme un stress prolongé. Et depuis que cette histoire a commencé, la tension ne cesse pas de monter. 


Mais Lola est là devant moi et je sais qu’elle a besoin de moi. Je ne peux pas flancher maintenant et la laisser dans sa douleur…  je dois me montrer plus fort encore. Dépasser les limites que je ne cesse de repousser. 


Allez Mickael tiens encore le coup. 


- Donne-moi ta peine, je vais la porter à ta place Lola. Donne-moi tout de toi… dis-je en l’embrassant. 


Elle s’accroche désespérément à moi. 


- Je te jure sur ma vie qu’il ne le gardera pas. Je préfère crever comme un chien plutôt que de le laisser repartir avec Raphael. Tu m’entends ? 


Elle semble comprendre à quel point je suis sérieux et essuie d’un geste nerveux ses larmes de son visage. 


- Même quand tu pleures t’es belle Lola. 

- Promets-moi que tout ira bien. 

- Tout ira bien. C’est promis. 


Je soupire et recouvre son corps du mien. Malgré le tissu de mon tee-shirt, je sens la douce chaleur de son corps m’envelopper.  Ses seins s’écrasent contre ma poitrine et me tentent délicieusement. Quand elle est proche de moi comme ça, je me sens étourdi… Son regard qui tout à l’heure était empli de larmes me parle, me dit des choses torrides, m’invite à lui faire oublier … 


Je défais ma ceinture tout en l’embrassant. Nos langues se mêlent et ses mains descendent vers le bouton de mon jean qui quelques secondes plus tard tombe à mes pieds. J’aime embrasser Lola. Ses baisers me font mourir et vivre en même temps. C’est incroyable.  Je mords tendrement la chair de son cou puis descends vers ses seins maintenant exposés à mon regard.  Elle soupire lorsque d’une langue experte, j’en taquine les pointes durcies par le désir. Je défais à mon tour  son jean et elle colle ses hanches aux miennes. 


- Je ne sais pas s’il y a quelque chose en toi que je n’aime pas. J’aime ta bouche sensuelle. Dis-je en revenant vers ses lèvres que je suçote légèrement. J’aime les courbes de ton corps. J’ajoute en la caressant d’une main fébrile. 

- Aime-moi Mickael. Maintenant. 


Je la retourne vers le mur et pétris la chair ferme des ses cuisses. Ses fesses à elles seules sont une invite au péché. J’embrasse de nouveau son cou, son dos puis descends plus bas, mors là où la chair est ferme et tendre. Elle gémit plus fort. 


- Maintenant. Dit-elle encore en reculant vers moi. 


Je prends le temps de nous protéger et glisse en elle. Mon corps s’électrise complètement. Je  savoure le contact de ce fourreau étroit et chaud qui m’accueille et me retient.


- Donne-moi tout Lola.  Dis-je en commençant des va-et-vient en elle. Donne-moi tout de toi. 


Elle s’abandonne et me laisse tout prendre, son désir, son plaisir, sa jouissance. 

Elle me donne tout d’elle.  


***Le lendemain***


***Gabriel***


- C’est vrai que tu vas venir ? 

- Oui. On va se parler tranquillement et on verra … pour la suite. 

- Je n’espérais plus rien venant de toi. Je suis … heureuse que tu viennes. Je vais venir te chercher à l’aéroport. 

- Ok. 

- Mais Gabriel. Je … je suis avec quelqu’un depuis plus d’un an et si j’ai voulu venir à Libreville pour te voir une dernière fois c’est parce qu’il m’a demandée en mariage et que je voulais être sure qu’avec toi plus rien n’était possible. Tu sais je t’aime depuis tellement longtemps que je ne lui ai jamais vraiment donné de chance et ... La mariage est dans deux jours. Mais je vais tout lui expliquer et … Si … Tu nous donnes vraiment une chance, je te jure que tu ne le regretteras jamais. J’ai grandi et appris de mes erreurs, je ne suis plus une petite fille jalouse et maladroite … et … 

- Hé Bénédicte, calme-toi. Je comprends. J’arrive. On en parlera tranquillement… je comprends. 


L’aéroport est bondé cette nuit et je suis dans un état pas croyable. Eloise m’a appelé pour me demander de repousser mon vol. J’ai refusé. Et maintenant que Bénédicte me dit qu’elle va se marier je me dis que j’ai eu raison de vouloir partir la rejoindre. Avant qu’il ne soit trop tard. 

J’entends l’appel des passagers de mon vol. 


- Je serai bientôt là. 

- Ok. Je t’aime. 

- Bisou. 


Je raccroche et soulève mon bagage à main. Lorsque mon téléphone sonne de nouveau. Le nom de Madame Khan s’affiche sur l’écran. 


Je décroche. 


***Leila Khan***


On est prêtes pour le procès… Il va s’en morde les doigts !


*** Hugues***


On vient de me délivrer en bonne et due forme le nouvel acte de naissance de mon fils ainsi qu’une autorisation parentale légalisée à la mairie. Ah que j’aime le Gabon pour ce genre de petites falsifications qu’on peut aisément faire quand on y met le prix. 


Le procès ?! Mais je m’en fous complètement…

Je ne vais pas donner le pouvoir à un juge de me dire que je ne mérite pas cet enfant. Je ne suis pas un citoyen quelconque… 


Le plus drôle c’est de voir à quel point ils jettent leur force dans un procès dont l’issu finale m’importe très peu. Le procès n’est qu’un leurre. 


Je quitte très bientôt le pays avec mon fils, son nouvel acte de naissance où figure mon nom ainsi qu’une autorisation de sortie signée par Lola… enfin ce n’est pas elle qui l’a réellement signé mais qui s’en préoccupe ? Son nom est sur le document c’est tout ce qui intéressera  les autorités aéroportuaires.


J’aime le Gabon !!!!


Qu’ils aillent au procès, pendant tout le temps que mon avocat les embrouillera, je quitterai le pays avec mon fils. 


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ca me fera plaisir... c'est bientot la fin ohhhhhh

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