Dans la tête de Maira

Gandhi a eu à dire : « Si nous entretenons dans notre cœur la malice et la haine et que nous faisions semblant de ne pas vouloir la vengeance, celle-ci devra faire retour sur nous, et elle nous conduira à notre perte ». Je pense sans cesse à cette citation et je crois qu’elle m’a permis de voir les choses vraiment autrement. Je me souviens que j’avais beau crier que je haissais Malia, que je me foutais de ce qui pouvait bien lui arriver mais j’ai en fait découvert que je l’aime énormément et que pour elle je pourrai tuer. Nous avons le même sang dans les veines. Elle est ma sœur. Quoi qu’on fasse et quoi qui se passe, elle reste ma sœur et cela restera ainsi. Même si je refusais de me l’avouer consciemment, Malia j’ai toujours pensé à elle. J’ai toujours espéré la revoir un jour pour qu’on puisse se parler, mettre les choses à plat. J’ai tellement espéré qu’on voit les choses de la même façon mais pas qu’on soit ce qu’on a toujours été : des contraires. Quand j’ai entendu Malia discuter avec Cynthia, je me suis sentie mal. Elle a vécu des choses terribles et elles risquent encore d’en vivre. Pas que j’ai eu pitié d’elle mais je me suis juste dit à ce moment là que je devais être là pour elle. Nous sommes sœurs, on se doit d’être présentes l’une pour l’autre. On doit se soutenir mutuellement et si je peux l’aider en cas de problème, je dois le faire.

J’ai compris le problème de Malia bien tard. Elle a toujours eu l’impression d’être en compétition avec moi et je n’ai rien vu venir. Cela a été le déclenchement de toute cette histoire déjà. Je parie qu’il y a du Rêve là-dessus mais je ne veux pas replonger dans ce type de souvenirs. Et j’aimerai surtout pouvoir faire un trait sur ce passé lugubre de ma vie et ne penser qu’à l’avenir. Mais j’ai toujours malgré cela une énorme blessure sur le cœur. Je suis peut-être une femme forte aujourd’hui aux yeux de certains, mais il y a un événement dont je ne me suis pas encore remise. Un événement qui a provoqué un grand vide en moi. J’ai encore du mal avec la perte de mon enfant. Une enfant que je n’ai même pas su protéger. Je devais être maman aujourd’hui avec une petite fille ou un petit garçon qui ressemblerait à ses deux parents. J’ai laissé mon chagrin se transformer en haine. Je cherchais à tout prix un responsable à cette situation. Mais je me rends que quoi je fasse ou que je dise, cela ne me ramènera pas mon enfant.

J’ai compris très tard que grandir c’est sans doute aussi savoir pardonner les blessures qui nous sont faites par inadvertance et dont on est le seul à pouvoir mesurer la profondeur. Mais je me dis qu’il faut positiver. L’Amour est un pouvoir très puissant à lui tout seul et il nous permet d’accomplir des choses qu’on aurait crû inimaginables :"Le temps est très fort, il est capable de tout faire même de faire oublier les gens leur haine. On peut toujours pardonner et oublier, tant que l'amour existe. Rien ne vaut un moment de haine, il faut toujours se rappeler des bonnes choses. "Et c’est ce que j’ai décidé de faire ou que j’essaye de faire.

Dieu a accordé à ma famille une incroyable chance. Il nous a permis de pouvoir améliorer les choses, de pouvoir les changer. On a la possibilité de réécrire l’histoire de la famille KOUASSI et on devrait saisir cette chance pour être enfin complètement heureux. Et j’ai aussi pris la décision de penser à moi un peu, d’être heureuse. Et aujourd’hui, au stade où je suis, je suis loin d’être heureuse. J’ai certes une famille, je suis entourée, j’ai des amis formidables mais il me manque cette personne qui me fasse perdre tous mes moyens. Cette personne qui m’a toujours fait perdre mes moyens. Cet homme que j’ai aimé follement, qui a toujours été là pour moi, dans les bons et mauvais moments, qui m’a soutenu face à mes ennemis, qui a lavé mon honneur et que j’aime toujours malgré tout. Je refusais de voir cette vérité mais je ne peux plus mentir . je dois avouer que je l’aime toujours et que je souffre horriblement aujourd’hui. Je ne me pardonne pas d’avoir contribué à son malheur. Je ne me pardonne pas de l’avoir accusé à tort. Si je n’étais pas autant possédée par la haine qui m’habitait à ce moment là, j’aurai certainement pu avoir une discussion sérieuse avec lui et comprendre qu’il a été piégé comme moi. Mais je ne l’ai pas fait et on s’est fait souffrir mutuellement. Aujourd’hui je m’en veux amèrement suis seulement vous saviez.

Quand je pense à Ross aujourd’hui, je n’ai que des larmes. Mon cœur souffre vraiment et je m’en veux vraiment d’avoir compris les choses beaucoup trop tard. Que faire aujourd’hui ? J’ai perdu son amour. Je me suis amusée durant quatre ans avec des hommes en lesquels je recherchais toujours l’image de Ross. Je voulais l’oublier mais je me suis faite du mal. Quand j’ai vu Alex, je me suis dite qu’elle a vraiment de la chance. J’espère qu’elle saura lui donner ce que je n’ai pas su faire. J’espère qu’elle l’aime au moins autant que moi. Il mérite d’être heureux maintenant. Mais il faut que je le vois pour lui parler de Malia. Il est temps que nous laissions cette histoire derrière nous. Il est temps d’avancer.

Je suis sortie de mes pensées par des coups frappés à la porte et c’était Malia. J’ai décidé de passer la journée avec elle à la maison et c’est une occasion pour apprendre à mieux se connaître. Je devrais l’accompagner à l’église par la suite avec nos parents et le reste de la famille sauf Jason qui travaille. Malia devra séjourner là-bas durant 7 jours pour briser tout lien avec le mysticisme. Mais c’est pour elle qu’on fait ça. On partage tous ensemble le petit-déjeuner et le déjeuner avant de s’apprêter pour se diriger vers l’église Saint-Jean de Cocody.

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Dans la tête d’Alex

Je suis assise à la cuisine et je prends mon déjeuner avec Dia dans la cuisine. On s’entend très bien toutes les deux mais je suis un peu plus réticente envers Déborah. Je ne trouve pas cette dernière méchante mais il y a un truc qui me pousse à ne pas aller vers elle. Nous somme seules à la maison à cette heure-ci. Il est 14h30 et les garçons sont sortis tout à l’heure. Ross devait d’abord passer à la clinique pour changer son pansement et il a surtout reçu un appel d’une agence immobilière. En effet, il prévoit d’acheter une maison depuis fort longtemps du côté de la riviera (quartier abidjanais) pour être encore plus proche du domicile familial. Apparemment, il a déposé un dossier depuis des mois et il a eu des propositions. Donc il est parti avec Gabriel ce matin.

Dia et moi sommes entrain de discuter de tout et de rien et on en vient à parler de notre projet commun : rabibocher Maira et Ross. Eh oui. Pour ceux qui l’ont peut-être pensé, je ne suis pas du tout amoureuse de Ross. Quand nous nous sommes rencontrés tous les deux, nous traversions des éléments difficiles dans nos vies respectives. J’ai été avec un homme que j’aimais et il m’a trahie de la pire des façons. Quand on me fait du mal, je ne pardonne pas comme ça. C’est bien beau de dire qu’on s’excuse mais ça n’enlève en rien le mal qui a été causé. Pourtant mes ami(e)s m’avaient prévenue. Matthis était l’homme que j’aimais. J’ai sacrifié six ans de ma vie pour être avec lui. J’ai toujours été là pour lui. Quand sa mère est tombée malade, j ‘étais là et je l’ai toujours soutenue. J’ai fait tellement de sacrifices pour lui j’ai même refusé une bourse d’études pour le Canada car il traversait une passe difficile quand il a perdu sa sœur aînée. Pour récolter quoi au final : il me demande en mariage et couche avec ma propre sœur. Pas qu’on m’a rapporté les informations mais que je les ai surpris. Je me suis rendue chez lui pour lui faire une surprise et cette surprise fut de taille vraiment. Savez-vous ce que ça fait de surprendre l’homme que vous aimez avec une autre ? Savez-vous ce que ça fait de le voir à l’intérieur d’une autre ? Savez-vous ce que ça fait de voir les deux êtres pour lesquels vous avez tout sacrifié en train de vous trahir de la pire des façons ?

Je ne le souhaite à personne mais ça m’a brisé le cœur. Je me suis enfuie chez moi et j’ai longuement pleuré. Ces deux salauds n’ont pas arrêté de m’appeler mais je n’ai jamais décroché un seul de leurs appels. Le lendemain de cette histoire, j’ai rappelé l’organisme qui m’avait offert la bourse et chance pour moi, l’offre était toujours disponible. Je leur ai dit que je comptais bien bénéficier de cette bourse. L’interlocutrice m’a demandé de passer immédiatement au bureau avec tous les papiers demandés. Heureusement que je les avais au complet. Tout a été fait dans les règles et mon dossier validé.

En rentrant chez moi, je vis ma sœur sur le palier. J’entrai dans mon appartement et elle me toucha. Je sme suis retournée pour lui flanquer la gifle du siècle et lui dire surtout d’oublier qu’elle avait une sœur car elle n’en a plus. J’ai refermé ma porte. Elle n’a pas cessé de tambouriner dessus et de pleurer. J’étai au chaud chez moi et dans ma baignoire. J’avais décidé de ne plus pleure. Comment avaient-ils pu me trahir de la sorte tous les deux ? Elle est partie pour laisser la place à ce salaud mais j’augmentai encore plus fort le volume de la musique dans mon appartement. En sortant de chez moi le lendemain, je le vis endormi sur le palier mais je le réveillai en lui balançant sa bague de fiançailles s au visage et lui dire qu’il pouvait m’oublier. Il est revenu chaque jour me supplier mais il était multiplié par 0 tellement il ne valait plus rien pour moi. Je suis partie une semaine plus tard avec la bénédiction de mes parents et après leur avoir dit que j’ai rompu avec Matthis et les raisons de cette décision.

Je suis arrivée à Montréal et une autre vie à commencer pour moi. A chaque fois que j’avais mes parents en ligne, ils s’abstenaient de me donner des nouvelles de ma trainée de sœur. J’ai fini mes études brillamment. Je me suis toujours éloignée volontairement des hommes car Matthis m’a laissé un goût amer. Je suis arrivée à Paris où j’ai trouvé un bon boulot et je m’y suis installée. J’y ai rencontré des amis que je considère comme des frères : Ross et Gabriel. Quand un soir j’ai taquiné Ross sur le fait qu’il soit peut-être homo car je ne le vois jamais tourner autour des filles ni même en regarder une, il m’a raconté son histoire. Et je peux bien comprendre sa souffrance car j’ai presque vécu la même chose. Son histoire m’a émue et j’étais loin de me douter qu’il a eu à vivre un drame pareil dans sa vie : être piégé, perdre la femme qu’il aime et son enfant, perdre sa crédibilité……Il a trop perdu dans cette histoire et il est temps qu’il retrouve le bonheur dont il a été privé. Bon assez parlé de moi, allons sauver le couple Ross-Maira.

Je discute longuement avec Dia et je lui demande de m’amener chez Maira car il faut que je lui parle en tête-à-tête. Ross pense qu’elle a mal interprété les choses la dernière fois quand je suis arrivée à l’hôpital. Il pense qu’elle a peut-être cru que j’étais sa petite amie. Quelle horreur. Dia essaye de la joindre au téléphone et elle lui dit qu’elle sera chez elle en soirée. Donc on doit attendre le soir. Un autre problème cependant reste en suspens : « Aime-t-elle toujours Ross ? » Car lui il est fou amoureux de Maira et j’espère que c’est réciproque. Depuis qu’ils se sont séparés, il n’a laissé de place à aucune femme. IL n’a eu aucune relation car il n’en voulait qu’une Maira. Il a été la « diète » durant quatre ans et c’est louable chez un homme car on connaît les hommes d’aujourd’hui. Pardon je vais m’apprêtez si je ne veux pas qu’on tape sur ma petite bouche là.

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Dans la tête de Jason

Je suis assis sous l’appatame auprès de la piscine à siroter un cocktail. Je repense à ma journée éreintante. J’entends le portail s’ouvrir et je vois la voiture de Maira entrer. Elle vient me saluer et s’éclipse dans la maison avant de revenir une demie-heure plus tard avec un cocktail. On discute en long et large jusqu’à ce que son téléphone nous interrompt. Elle raccroche et demande au gardien d’ouvrir le portail.

C’est l’une des sœurs de Ross qui arrive après avoir garé sa voiture. Elle descend avec une waouh : véritable beauté. J’en ai le souffle coupé. Je veux demander à Maira qui est cette femme mais elle a les sourcils froncés, signe qu’elle n’a pas l’air très contente.

-« Bonsoir » dirent-elles en même temps
-« Bonsoir »
-« Bonsoir »
-« Vous allez bien ? »
-« Oui et vous ? Installez-vous »
-« Au fait Alex je te présente Jason, le grand frère de Maira »
-« Ok. Enchantée »
-« Pareillement »
-Que racontez-vous les filles ? »
-« Je fais découvrir la ville abidjanaise à cette touriste là. Elle fait les choses comme si elle était ivoirienne alors que c’est une camer’ pur sang »
-« Dia c’est quoi ? J’aime le choc des cultures. Le brassage tu ne connais pas ? »
-« Pardon hein je n’ai rien dit après c’est pour aller me trahir chez mon frère »
-« Tu es bête toi la fille là »

Je remarquai qu’Alex me regardait aussi. Elle avait quelque chose que je voulais découvrir mais quoi ? Dia me sortit de mes pensées en me disant qu’elle voulait me demande un truc en privé. Et moi qui pensait que j’aurai pu passer un moment avec Alex c’est raté mais je prendrai son numéro avant qu’elle ne sorte d’ici.

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Dans la tête de Maira

Non mais là je ne comprends pas ce qui se passe là ? Dia me fait un sale coup là. Pourquoi elle la ramène chez moi ? Et en plus j’ai l’impression qu’elle a tapé dans l’œil de Jason. Pfff… Je sors de mes pensées car j’entends un énorme éclat de rire. Attendez elle se moque de moi là ?

-« Attends Ross avait raison en fait » dit-elle
-« Pardon ? »
-« Maira j’aurai juste une question à te poser stp et réponds moi franchement »
-« Et que veux-tu savoir ? »
-« Tu es jalouse là ? »
-« … »
-« Tu te demandes certainement ce que je fais là »
-« Effectivement »
-« Je suis venue te voir car je crois que tu t’es méprise lourdement sur ma relation avec Ross »
-« Comment ? »
-« Je ne suis pas avec Ross et je n’ai jamais été avec lui. »
-« Quoi ? »
-« Ross et moi sommes juste amis comme des frère et sœur vois-tu et je tiens à son bonheur »
-« Oh Mon Dieu »
-« Si tu l’aimes comme il t’aime fonce stp…Récupère-le avant que tu ne le perdes définitivement car il ne t’attendra pas toute la vie»
-« Oh Mon Dieu…Je dois m’en aller »
-« Mais où vas-tu ? »
-« Retrouver mon bonheur »

Ross oh Mon Dieu. Je lui ai fait un bisou pour la remercier et j’avais des larmes sur les joues. Des larmes de bonheur. Je montai rapidement me changer, pris mon sac et mes clés de voiture en disant à mon frère que je m’absentais. Je crois que Dia a compris. J’ai mis la clé pour démarrer la voiture et j’ai fait une petite prière avant de quitter la maison.