Chapitre 45 : Vanessa, morte ou en vie ?
Ecrit par Sandy BOMAS
STANLEY
Quand j’arrivais à la clinique, j’étais complètement essoufflé, en sueur, paniqué. J’avais une énorme boule au ventre que je n’arrivais pas à faire disparaitre. Il fallait que je sache si Vanessa s’en était tiré ou pas.
Je me ruais à l’accueil, en espérant avoir très vite les informations dont j’avais besoin.
- ….Oui Monsieur il y a bien une accidentée qui a été enregistrée, mais je ne peux pas vous en dire davantage. Etes-vous de la famille proche ?
-Oui….Je suis…Je marquai une pause. Je suis son mari…..dis-je avec assurance.
-Ah ok…Vous ne pourrez pas la voir pour le moment car on l’a amenée au bloc opératoire... Par contre vous pouvez rentrer chez vous et revenir demain matin très tôt….
-Il est hors de question que je parte d’ici sans l’avoir vue….Je dormirai à même le sol s’il le faut…Est-ce qu’il y a quelque chose à régler ?
-Non Monsieur un médecin de l’hôpital qui n’était pas loin des lieux de l’accident s’est porté garant pour qu’on s’occupe d’elle sans avoir à régler quoique ce soit. On verra pour les frais un peu plus tard….Tout ce que vous pouvez faire pour l’instant Monsieur c’est patienter ….
Les heures étaient interminables. Je ne saurais dire depuis combien de temps j’étais assis sur ce banc froid. Plusieurs scénarios animaient mon esprit. Et si seulement j’avais réussi à la rattraper tout ceci ne serait pas arrivé…..Je n’aurais jamais du accepter de recevoir Estelle chez moi, c’est à cause de cette sorcière que cet accident est arrivé ! « Si Vanessa ne s’en sort pas…..Je préfère ne même pas penser à ce que je pourrais lui faire à Estelle…».
« Il faut que je prévienne Victoria et aussi Cynthia ».
Je composais le numéro de la sœur puis de la meilleure amie de Vanessa. Je leur avais demandé de venir me retrouver d’urgence à la clinique El Rapha.
Victoria et Cynthia étaient arrivées une heure après mon appel. Je n’en savais toujours pas plus sur l’état de santé de ma chérie. Attendre : c’est tout ce qu’on nous demandait de faire pour le moment et ça devenait insupportable…
-Mais comment ça se fait que Vanou soit rentrée de France aujourd’hui ? Me demanda Victoria, les yeux boursoufflés et le nez rougi pour avoir pleuré quand elle a su que sa sœur était entre la vie et la mort. Elle ne devait pas rentrer avant mardi ! Elle ne m’a rien dit ! Ce n’est pas du tout genre de faire les choses sans prévenir…Sans les planifier….Elle calcule tellement tout…
Victoria me regardait et attendait que je lui donne une réponse. Je m’arrêtais de tourner en rond comme un lion en cage. Je ne savais pas quoi lui dire. J’avais été moi-même surpris de la savoir ici, à Libreville d’autant plus surpris qu’elle et moi nous avions échangé le matin même puis en début de soirée, sans qu’elle ne m’ait dit à aucun moment qu’elle rentrerait plus tôt que prévu. Mon regard se porta vers Cynthia qui avait adopté la posture du deuil. La main sur la joue, elle fixait le sol depuis plusieurs minutes sans rien dire. Elle qui habituellement était bavarde, n’avait pas dit un seul mot depuis qu’elle était arrivée à la clinique.
J’étais partagé entre l’envie de leur expliquer la situation, et celle de me taire. Finalement, je me gardais de dire quoique ce soit. Si Vanessa ne m’avait pas cru, ce n’est pas sa sœur et sa combi qui croirait qu’il ne s’était rien passé entre Estelle et moi hier soir. Et puis pour l’instant les scénarios de coucheries éventuelles et les accusations à tord n’avaient pas leur place dans mon esprit, ça m’épuiserait plus qu’autre chose. Et ça ne nous ferait pas non plus revenir en arrière et éviter l’accident. Le plus important pour le moment était que Vanessa s’en sorte.
Victoria et Cynthia s’étaient endormies toutes les deux, épuisées par l’attente sans fin. Le jour se levait il devait être pas loin de cinq heures du matin, le ballet des allées et venues aux urgences n’avaient pas cessé de la nuit.
Un médecin parlait avec la personne de l’accueil qui me fit signe d’avancer.
-Vous êtes le mari de Mademoiselle Pambou Vanessa ?
Le timbre de sa voix était grave, son visage fermé. Mon cœur battait à tout rompre, j’avais du mal à respirer. Je redoutais le pire. « Tu es un homme Stan ! Allez du courage ! »
-Oui….Répondis-je en essayant de contenir mes émotions.
-Je suis le Docteur Patrick. C’est moi qui me suis porté garant pour que l’on puisse conduire immédiatement votre femme ici et l’opérer d’urgence. Elle a perdu beaucoup de sang, nous avons eu beaucoup de mal à la stabiliser. Mais Dieu merci, elle est hors de danger à présent... Le fœtus est viable, c’est un vrai miracle vu le choc de l’accident...Mais on note un décollement du placenta qui rend sa grossesse très précieuse…On a fait le nécessaire, on remet à présent tout à Dieu… On la gardera en hospitalisation pendant un bon moment…
Une fois que le risque de fausse couche sera écartée et son anémie résorbée, elle pourra sortir…
« Le fœtus ?!!! Il a bien dit fœtus ? Je n’ai pas rêvé ? J’ai bien entendu ? Vanessa est enceinte ? Serait-ce pour ça qu’elle est rentrée plus tôt de son voyage ? Est-ce pour ça qu’elle était venue à la maison ?...Pour m’annoncer l’heureuse nouvelle ?…»
Le médecin continuait de me donner des explications sur les soins et l’état actuel de Vanessa, pendant que dans ma tête j’essayais de positionner chaque pièce du puzzle au bon endroit.
- C’est un vrai miracle car avec la violence du choc elle n’aurait pas survécue…Elle se repose. Vous pourrez la voir cinq minutes pas plus…
-Bien docteur…Merci infiniment.
-Ne me remerciez pas…Je n’ai fait que faire mon travail.
« Il n’a fait que son travail ? Mais cet homme est un véritable ange gardien. Prendre en charge une accidentée juste parce qu’on est médecin et qu’on est présent sur les lieux de l’accident. C’est la première fois que j’étais témoin d’une telle générosité et d’une conscience professionnelle aussi pointue à Libreville ».
Il me serra la main avant de tourner les talons. Je ne le remercierais jamais assez….
Dans sa chambre Vanessa dormait. Elle avait un énorme bandage sur la tête, une perfusion placée sur son bras, et tout plein de machines pour surveiller son rythme cardiaque, et je suppose la vie fœtale du bébé. Des tuyaux branchés de partout : de l’oxygène et plein d’autres produits dont j’ignorai les noms et les composants….
« Merci Seigneur de l’avoir épargnée… »
Elle était là dans ce lit, les yeux fermés, le visage tuméfié. Elle dormait. J’hésitais entre la toucher et risquer de la réveiller ou la regarder comme si c’était la première fois que je la voyais…
« Tu es une vraie miraculée ma Miss Choco noir….Et la petite graine que tu portes en toi aussi…. »
Je m’assis quelques secondes sur son lit. Je lui murmurais un million d’excuses et lui dit combien j’étais désolé de ce qui lui arrive.
-Je suis tellement content que tu sois en vie….J’implore Dieu pour que tu te remettes au plus vite…..Je t’aime Vanessa….
Je déposais un baiser sur son front avant de sortir et rejoindre Cynthia et Victoria en salle d’attente. Elles étaient réveillées toutes les deux et en me voyant arriver, elles se redressèrent comme des ressots les questions plein les yeux. Je ne leur laissais pas le temps de me demander quoique ce soit et m’empressai de leur annoncer la nouvelle que nous attendions tous :
-Elle est en vie !!!
-Merci mon Dieu ! Dit Cynthia qui se rassit en faisant le signe de croix.
-Merci seigneur ! On peut la voir ? Demanda Victoria
-J’ai pu la voir cinq minutes….Je crois qu’il faudra à nouveau demander au médecin….
-Ok je vais demander à la voir. Mais par contre…Il faudra informer les parents…Je n’ai pas voulu les appeler tant que je n’en savais pas plus sur l’état de Vanou…
-Oui c’est normal….Je comprends….
« C’est normal…Je comprends…. » Je n’avais rien trouvé de mieux à rajouter…. « S’il lui était arrivé le pire, comment l’aurai-je expliqué à ses parents ? Mon Dieu ! La fille d’autrui….Et dire qu’elle ne m’a pas encore présenté sa famille….On m’aurait fait épouser un cadavre ?! »
Epouser un cadavre ? Rien qu’à y penser ça me fait froid dans le dos. Dieu merci il ne se passera rien de tout ça.
Pendant que Victoria alla demander à voir sa sœur je m’assis à côté de Cynthia qui était toujours silencieuse. Elle avait sorti un chapelet de son sac et priait intérieurement. « Cynthia pieuse ? » En tant normal j’aurais rit, si on me l’avait dit, mais là, toutes les prières faites pour la guérison de Vanessa étaient bonnes à prendre.
Victoria était de retour. Elles pouvaient voir la malade toutes les deux mais pas plus de cinq minutes comme moi.
J’attendis qu’elles reviennent en salle d’attente avant de prendre congé. Il fallait que je récupère ma voiture, et ensuite que je pose ma journée. Je reviendrai rendre visite à ma chérie un peu plus tard. En espérant qu’elle soit réveillée cette fois-ci.
(...)
VANESSA
Où suis-je ? Suis-je morte ou en vie ? Non je ne suis pas morte. Je n’ai pas vu la lumière blanche et encore moins le Grand Barbu. Et puis j’ai mal. Si j’étais morte je ne ressentirais pas cette douleur atroce. Ma tête est compressée et j’ai mal partout. Je veux bouger mes bras mais je n’y arrive. Je suis allongée dans une chambre que je ne reconnais pas je regarde partout. J’entends le bruit des machines. J’ai des perfusions aux deux bras. Je suis dans un hôpital. Mais qu’est-ce que je fais ici ?
J’ai soudain des flashs. Mon retour, la visite surprise chez Stan, Estelle, l’accident….Le bébé ! Est-ce que mon bébé est toujours en vie ? J’espère que oui…J’ai mal partout dans mon corps, et aussi dans mon cœur….
Une infirmière passe dans ma chambre dit quelque chose à propos de mon accident. Je ne l’écoute que d’une oreille et lui coupe presque la parole en demandant si le bébé est hors de danger. Elle me rassure. Je suis toujours enceinte Dieu merci ! Je suis épuisée, je ferme les yeux, je me rendors.
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