Chapitre 48

Ecrit par Jennie390

⚜️Chapitre 48⚜️


Landry Ratanga


 Je cligne des yeux en regardant l'ordonnance que j'ai entre les mains. J'ai l'impression de vivre un cauchemar, un véritable cauchemar éveillé. Il s'agit bel et bien de mon nom, ma signature et mon cachet. l'Epipen est un puissant stimulant du système cardiovasculaire. Il contient de l'adrénaline. Cette hormone, normalement sécrétée par la glande surrénale, contracte les vaisseaux sanguins et accélère le cœur. Comment penser que j'aurais pu conseiller ce médicament à un patient dont le cœur bat anormalement vite ? C'est évident que ça allait le tu*er. Même un étudiant en première année de médecine générale n'aurait pas fait une telle erreur. Vu les faits, ce n'est pas une erreur, c'est un meurtre prémédité.


一Docteur Ratanga, nous attendons toujours vos explications, s'impatiente le directeur. C'est bien l'ordonnance que vous avez prescrite, n'est-ce pas ?


一J'ai prescrit Lopressor LP à monsieur Mondjot pour baisser la pression artérielle et le rythme cardiaque. À aucun moment, je ne lui aurais donné de l'epipen sachant que ça allait faire battre son cœur deux fois plus vite et le mener à un arrêt cardiaque.


一Ce n'est pas ce que dit l'ordonnance que vous tenez en main, réplique le docteur Nelson.


一C'est vraisemblablement ma signature, mon cachet et même mon écriture, dis-je, dépassé. Mais étant donné que je suis sûr et certain à 100 % de ne pas avoir prescrit ceci, ça signifie que c'est l'œuvre d'une personne mal intentionnée qui veut me nuire.


Les deux se lancent un regard de travers avant de me regarder à nouveau. Je sais très bien que c'est un piège et je connais une seule personne dans tout Saint-Honoré qui me déteste suffisamment pour me faire un tel coup.


一Êtes vous en train d'insinuer que quelqu'un dans cet hôpital a intentionnellement falsifié vos informations pour donner une ordonnance "mort*elle" à un patient ? demande le directeur. Ce n'est pas la première fois que vous avancez de telles allégations envers les employés de cet hôpital.


一Oui mais...


一Il n'y a pas de mais Docteur Ratanga, me coupe le directeur sur un ton virulent. Je commence à en avoir par-dessus la tête de vos histoires de conspiration, de pièges, d'assassinat, etc.


Il est visiblement très en co*lère.


一Sachez que cette histoire ne va pas être sans conséquences, renchérit-il. Il est très probable que la famille engage des poursuites judiciaires contre l'hôpital et contre vous pour réparation de ce dommage.


一Je vous assure que je ne ferai jamais rien qui pourrait mettre en question l'honneur et l'intégrité de cet établissement. Dans mon ordinateur, j'ai un dossier avec les différentes ordonnances que j'ai prescrites. Vous pourrez voir que je n'ai jamais recommandé de l'Epipen.


Les deux messieurs et moi, nous nous rendons dans mon bureau. J'allume mon ordinateur et je fouille le dossier des ordonnances. Dès que j'ouvre le fichier de Monsieur Mondjot, mon cœur rate un battement. C'est bien écrit EPIPEN. Elle a vraiment fait attention à tous les détails jusqu'au point de changer l'ordonnance original dans mon ordinateur. Le directeur me lance un regard empli de déception. Quant au docteur Nelson, il me regarde avec ni plus ni moins qu'un dédain profond.


一C'est vraiment une honte que le chef de département de cardiologie ait pu prescrire une telle ordonnance, lance-t-il avec condescendance.


Je le regarde sans rien dire. Je suppose qu'il va profiter de cette histoire pour espérer obtenir le poste de chef du département.


一J'aurais une entrevue avec la famille du monsieur, dit le directeur. Le PDG et les associés ont horreur des scandales, donc, tenez-vous prêt à ce qu'ils convoquent une réunion d'urgence et qu'ils prennent des décisions drastiques envers vous. J'espère que vous comprenez, docteur.


一Oui monsieur.


Je me passe la main sur le visage, totalement dépassé par la situation. Ovono m'a vraiment eu. Je préparais un plan contre elle que j'avais l'intention de mettre en marche aujourd'hui, mais elle m'a devancé. Elle m'a coupé l'herbe sous le pied.


Après le départ du directeur et du docteur Nelson, je reçois un appel d'Hortense.


一Alors tu as pu placer le micro ?


一Je n'ai eu ni le temps ni l'opportunité de le faire.


一Ta voix est... lourde. Il y a un souci ?


Je lui raconte en détail les derniers événements et elle est sans surprise, totalement choquée.


一Mais cette femme est une meurt*rière chronique !, dit-elle, indignée. C'est une tue*use en série ! C'est quoi cette facilité qu'elle a à ôter la vie des innocents ?


一Moi même, je suis dépassé Horty ! Elle est médecin et en tant que tel, elle a prêté serment comme nous tous dans le domaine de protéger, de soigner, de sauver des vies. C'est vraiment un élément dang*ereux !


一Et donc quelle est la suite ? Tu es viré ?


一Pas pour l'instant. Mais je peux très bien me retrouver avec de gros problèmes judiciaires si la famille décide de me porter plainte. Et d'ici quelques jours, il est très probable que les grands patrons convoquent une réunion pour décider de mon sort au sein de la polyclinique.


一Bon il faut que je te laisse, j'ai une urgence. Tout à l'heure, on s'appelle. Ne t'inquiète pas, on va trouver une solution.


一Merci Horty.


Je raccroche et je tombe sur le docteur Élisa Sergent, spécialisée en pédiatrie. Elle prend de mes nouvelles et nous discutons en marchant dans les couloirs avant de s'arrêter devant le bureau du docteur Ovono.


一Vous avez pris ton petit déjeuner ?


一Je n'ai pas spécialement faim surtout pas avec ce qui vient de me tomber dessus. 


一Docteur Ratanga, ce n'est pas en vous privant de nourriture que vous allez résoudre votre problème, me dit-elle. J'ai prévu d'aller prendre le petit-déjeuner avec le docteur Ovono et le docteur Mezui. Vous allez vous joindre à nous, ça vous fera du bien. 


Je n'ai pas faim et je n'ai pas du tout envie d'aller manger avec cette sorcière. Je n'ai pas le temps de décliner l'invitation du docteur Sergent que cette dernière me prend par la main et me tire jusque dans le bureau d'Ovono. En y entrant, on trouve cette pintade en pleine discussion avec un autre collègue. On discute cinq minutes de mon problème et en voyant la réaction d'Ovono, j'ai juste envie de bondir sur elle.


一C'est vraiment dommage qu'une chose pareille vous tombe dessus, docteur Ratanga, fait-elle, faussement compatissante. Mais je suis sûr que tout va rentrer dans l'ordre.


一Vous êtes un excellent médecin, renchérit le docteur Sergent. Nous savons tous ce que vous valez. Ce n'est qu'une question de temps pour que tout ça s'arrange.


Je fais vraiment de mon mieux pour garder mon calme face à Ovono. 


一Merci beaucoup.


一Bon on peut aller déjeuner, c'est moi qui invite, déclare Ovono.


On sort de son bureau et je trouve une raison pour ne pas les accompagner. Je ne suis vraiment pas d'humeur à faire semblant. Ce n'est jamais facile pour un médecin de perdre un patient. Ça fait trop mal, surtout en pensant que ce n'est pas une quelconque maladie qui a emporté ce patient, mais plutôt les agissements d'une vulg*aire crimi*nelle déguisée en blouse blanche.


Je ne suis pas d'humeur à travailler, j'annule mes rendez-vous de la journée et je rentre à la maison.


            ***


Émile Biyoghe


Plusieurs heures après le départ de Vincent, je ne décolère pas. Mon agacement est toujours à son maximum. Ça s'est bien ressenti autour de moi parce que cet après-midi, j'ai distribué trois lettres de licenciement à des agents qui mangeaient dans le bureau au lieu de travailler. 


En quittant le bureau, je m'arrête au commissariat pour voir où en sont les policiers avec l'histoire de Mélissa. Il n'y a évidemment aucune nouveauté. Je commence moi aussi à penser qu'elle peut être décé*dée et cette idée me met en rogne. Après tout ce que j'ai fait et dépensé pour avoir cette petite !


Je suis tellement sous pression qu'il est impératif que je me libère. La tension se*xuelle et la frustration vont bientôt me faire exploser. Je ne peux pas marcher dans la rue et ramasser n'importe quelle folle qui traine. Ce genre de folles sont sales et je ne peux pas les emmener chez moi ou même dans un hôtel pour les laver ou je ne sais quoi. Donc quand je veux toucher à mes folles, je vais jusqu'à l'étranger, plus précisément en France, dans une petite bourgade près de Nice. Là-bas, les hôpitaux psychiatriques s'occupent bien des fous. Elles sont propres et tout.


Mais ce soir, je ne peux y aller parce que j'ai beaucoup de boulot. Je ne peux pas m'absenter du pays au moins pour les trois prochaines semaines. Voilà pourquoi l'alternative de Mélissa était parfaite pour moi. J'aurais eu une petite attardée, toute mignonne, toute fraiche dans ma maison. J'aurais pris mon pied non-stop et sans avoir peur du regard des gens.


Ça fait plus de sept mois que je n'ai pas eu de rapports se*xuels, ça commence à chauffer mon sang. Je suis une vraie cocotte minute actuellement et en un rien de temps, je peux péter les plombs. Je suis donc obligé de prendre une pros*tituée en route pour me vider les couilles très rapidement. Ce n'est pas ma préférence en matière se*xuelle, mais bon, je suis obligé de faire avec. Dans trois semaines, quand j'aurai fini avec mon contrat en cours, j'irai en France pour me faire plaisir comme il se doit.


Une fois terminé, je rentre à la maison et je monte déposer à Yolande un sandwich et de l'eau. Je la trouve allongée sur le lit, les yeux rivés au mur.


一Voici ton dîner, dis-je en déposant l'assiette et la petite bouteille d'eau.


Aucune réaction.


一Tu as entendu ce que j'ai dit ? Voilà ton repas du soir.


Aucune réaction. Même pas un battement de cils.


Je fronce les sourcils.


一Yolande ! dis-je en haussant le ton.


Elle sursaute et regarde de gauche à droite avant de poser les yeux sur moi. Elle me regarde, mais j'ai comme l'impression qu'elle ne me voit pas. Puis, elle cligne des yeux à plusieurs reprises.


一Qu'est-ce que tu as dit? demande-t-elle d'une petite voix enrouée.


一Je disais que ton repas est là, tu devrais manger.


Elle regarde l'assiette et s'assoit sur le lit. Elle prend une bouchée du sandwich et le dépose.


一J'ai... j'ai mal à la tête.


一Bah normal, je réponds agacé. Tu ne manges presque rien et tu passes ton temps à chialer. Je t'ai emmené trois croissants ce matin et un jus, tu n'as mangé qu'un seul. Tu veux mou*rir avant qu'on ait retrouvé ta sœur ?


Je sors de la chambre et reviens quelques minutes plus tard avec un paquet d'Ibuprofen que je dépose sur la tablette.


一Termine ton sandwich et après, tu bois deux comprimés. Maintenant, si la vie est devenue trop difficile pour toi, tu peux même boire toutes les trois plaquettes de comprimés. De cette façon, tu vas rejoindre ta sœur dans l'eau au-delà.


Elle me regarde avec une douleur dans les yeux. Avant de se remettre à manger. Je sors et je vais prendre une douche, puis j'avale une tasse de thé avant d'aller m'enfermer dans mon bureau. Je visionne rapidement les enregistrements des caméras de surveillance comme chaque semaine. Pour voir s'il n'y a personne qui a essayé de pénétrer chez moi en mon absence. Personne, évidemment. Je regarde également ce que Yolande a fait de la journée. Je constate qu'elle est restée couchée dans la position dans laquelle je l'ai trouvé pendant toute la journée tout en fixant le mur.


Je téléphone au médecin généraliste qui me suit depuis des années et je lui parle du comportement de Yolande. Après m'avoir écouté, il me fait savoir que de prime abord il semblerait que Yolande serait en train de faire une grosse dépression suite à la disparition de sa sœur. Il me conseille de l'observer encore quelques jours et que si ça ne s'améliore pas, il faudrait qu'elle soit mise sous traitement. Qu'elle prenne principalement des antidépresseurs et des anxiolytiques pour essayer de l'aider. Comme si je n'avais pas assez de problèmes comme ça, madame vient faire une dépression chez moi. Je n'aurais pas la patience nécessaire pour l'aider à aller mieux. Elle a intérêt à se ressaisir avant que je ne plonge sa tête dans les toilettes. Elle ira rejoindre sa sœur chez les mo*rts.


***


Marleyne Ovono


Landry Ratanga, petit joueur ! Il pensait vraiment que je l'avais oublié. Pourtant, c'est comme on dit : C'est l'oiseau qui oublie le piège, mais le piège n'oublie pas l'oiseau. Après l'échec de la tentative d'empoisonnement, j'ai essayé de faire profil bas, de l'éviter au maximum au sein de l'hôpital. J'étais certaine qu'il chercherait à se venger, donc il était impératif que je prenne les devants. 


En parallèle, je fais des affaires très lucratives avec un jeune du nom de Stompy. Le mec trempe dans des trucs pas très clairs qui rapportent beaucoup d'argent. Il s'avère que parmi ces gros talents, il est aussi excellent pour falsifier des signatures et des écritures.


J'ai donc facilement trouvé un document avec la signature et l'écriture de Ratanga que j'ai gardé avec moi dans mon bureau pour l'utiliser quand j'en aurai l'occasion. Je suis également allée dans une entreprise d'imprimerie pour confectionner un cachet identique à celui de Ratanga et je l'ai gardé avec moi. J'ai parlé de mon projet à Stompy qui m'a assuré qu'il me ferait un boulot propre et qu'il était prêt à tout moment.


*La veille*


Aujourd'hui, il y a beaucoup de boulot à Saint-Honoré, la salle d'attente est pleine à craquer. C'est le bon moment. Je repère un vieux monsieur qui entre dans le bureau de Ratanga accompagné d'une jeune fille. Mon instinct me dit que c'est la personne idéale. La victime collatérale de mon plan contre Ratanga. Dès que j'aperçois l'infirmière qui est au service de Ratanga pour la journée, je l'interpelle.


一Mademoiselle Ove, comment allez-vous ?


一Bonjour Docteur, je vais bien, et vous ?


一Ça va merci. J'espère que tu n'es pas déjà trop fatiguée, parce qu'aujourd'hui, ça se voit qu'on aura beaucoup de boulot.


一Oui, c'est vraiment bondé aujourd'hui, répond-elle avec un sourire.


一Maintenant que j'y pense, j'ai vu un vieux monsieur entrer à l'instant dans le bureau du docteur Ratanga. Il m'avait l'air complètement mal en point.


一Monsieur Mondjot, c'est un nouveau patient. Il fait une tachycardie sévère. Le docteur Ratanga est en train de lui faire passer un ECG et les résultats sont tellement critiques à tel point qu'on se demande comment ça se fait qu'il n'ait pas encore fait un arrêt cardiaque.


Ah ouais ?!


一C'est assez sérieux, tout ça ! je m'exclame.


一Très sérieux ! Le docteur veut même le faire hospitaliser, mais il refuse catégoriquement. On va au moins le garder ici pendant quelques heures afin de baisser un tant soit peu son rythme cardiaque, lui donner ensuite un traitement avant d'envisager une écho.


一Hum... Je vois. Bon courage, hein !


一 Merci , docteur.


On se sépare et l'infirmière retourne dans le bureau de Landry. Le patient a un cœur qui bat trop vite, ce petit chien de Ratanga va certainement lui prescrire un beta bloquant pour ralentir la vitesse du cœur et la pression artérielle. Donc moi, je dois m'assurer de lui faire prendre un produit qui va faire tout le contraire et quoi de mieux que l'adrénaline ?


Je retourne dans mon bureau et je téléphone à Stompy. Puis je saisis EPIPEN sur une ordonnance avant d'imprimer le tout. Dès que Stompy débarque, il s'inspire d'un document de Ratanga pour imiter sa signature et son écriture sur l'ordonnance. Je pose le cachet et le tour est joué. Il ne me reste plus qu'à tout faire pour que le patient parte de l'hôpital avec mon ordonnance au lieu de celle de Ratanga.


Philomène Ndomby est une infirmière qui est mère célibataire avec plus de sept gosses. En grand besoin d'argent, elle me suit dans mes petites combines en échange de quelques billets. Je l'envoie toutes les dix minutes vérifier si le patient de Ratanga est sur le point de partir. C'est finalement à 15h que le monsieur est libéré.


一Docteur, le monsieur est assis à la réception, dit Ndomby. Sa fille est allée payer la facture à la comptabilité.


一Très bien ! Quand elle sortira de l'hôpital avec son père, tu la suis à l'extérieur et tu lui donnes cette ordonnance. Tu lui dis que le docteur Ratanga a changé l'ordonnance parce qu'il pense que ce serait plus approprié pour le cas de monsieur Mondjot. Précise qu'il devra prendre une injection toutes les six heures.


Elle me regarde de travers un moment avant de récupérer l'ordonnance.


一Que ce soit la première et la dernière fois que tu me lances un tel regard, si tu sais ce qui est bon pour toi.


一Je suis désolée, s'excuse-t-elle avant de s'en aller.


Elle revient 20 minutes plus tard pour m'informer qu'elle a bien remis l'ordonnance. Je suis soulagée, mais pas totalement. À l'heure de la pause, pendant que tous les médecins sont sortis pour aller déjeuner, je me glisse dans le bureau de Ratanga et je m'assois en face de l'ordinateur. Mon cœur bat à tout rompre, si on me trouve là, que vais-je dire ?

J'ouvre le dossier des ordonnances et je modifie celle de monsieur Mondjot. J'enregistre et je déguerpis sans demander mon reste. Toute la soirée, même après être rentrée chez moi, je suis anxieuse en attendant les résultats.


*Fin du flashback*


Quelle n'a pas été ma satisfaction quand j'ai appris que le patient est déc*édé ? Ratanga n'est pas prêt. Oui, je sais que pour un médecin, je ne devrais pas me réjouir de la mort d'un patient, mais je déteste tellement Landry Ratanga que je suis prête à tout pour le mettre hors d'état de nuire. Et de toutes les façons, comme dit le dicton, la meilleure défense reste l'attaque. Il me faut donc attaquer avant qu'il ne m'engloutisse.


*4 jours plus tard*


Je suis au top de ma forme, d'une humeur brillante. Mes petites affaires hors boulot se passent bien et je me fais beaucoup d'argent. Quant à Landry Ratanga, depuis que le patient est décédé, il ne vient plus travailler. Je jubile !


Toute la clinique est stressée parce qu'aujourd'hui, le PDG de l'hôpital, le grand boss, a convoqué une réunion extrêmement importante pour discuter des derniers événements de la clinique et accessoires. C'est un monsieur extrêmement occupé et qui est toujours entre deux avions. C'est très rare de le voir ici. Donc chacun a peur pour son poste. En arrivant devant la salle de réunion, mon cœur bondit de joie en voyant des agents de police. Ratanga ce n'est même pas seulement un licenciement qui t'attend, mais plutôt la prison.


Je pénètre dans la grande salle de réunion où je trouve ce petit pisseur de Ratanga assis, la mine déconfite. Tu n'as encore rien vu ! Nos regards se croisent, je vois un éclair haineux traverser ses yeux. Il sait que c'est moi. Mais dommage pour lui qu'il ne puisse le prouver. La salle se remplit très rapidement et on s'installe autour de la grande table de réunion. Monsieur le directeur et le directeur des ressources humaines aussi n'ont pas l'air très à l'aise. Quand monsieur le PDG fait son entrée dans la salle, l'atmosphère devient lourde. Il affiche un air impénétrable, il est venu pour en découdre ! Des têtes vont tomber aujourd'hui à Saint-Honoré.


Le grand écran de la salle est allumé et il y a Fred, l'informaticien de la clinique, qui va s'occuper des réglages en cas de projection. Les secrétaires distribuent des bouteilles d'eau et la réunion débute d'abord par des futilités sur l'organisation et le fonctionnement de la clinique. Au bout de trente minutes, le PDG plonge ses yeux froids dans ceux du petit pisseur.


一Docteur Ratanga, en ce qui vous concerne, vous connaissez parfaitement les raisons pour lesquelles nous sommes tous rassemblés ici. N'est-ce pas ?


一Oui.


一Vous avez certainement constaté que des agents de police sont postés hors de cette salle, dit-il. C'est tout simplement parce que la famille de monsieur Mondjot a décidé de ne pas laisser cette affaire dormir.


Landry regarde le PDG en baissant les yeux de temps en temps sur son téléphone. Mon petit, là tu n'auras pas des relations haut placées pour t'épargner la prison. Je ricane au fond de moi.


一Saint Honoré est une policlinique qui a une excellente réputation de plus de 25 ans aujourd'hui. Une erreur comme celle que vous avez commise est impardonnable. Ne saviez-vous pas que ce médicament serait mortel pour le patient ? Si c'est le cas, cela signifie que vous avez fait preuve d'une incompétence grave parce que même un étudiant en première ne l'aurait pas faite. Et sachez que même si la famille ne voulait pas vous poursuivre , c'est Saint-Honoré qui vous aurait porté plainte pour avoir souillé sa réputation.


Je lève la main dans une envie de bien enfoncer le clou dans la gorge de Ratanga. Le PDG me donne la parole.


一Avoir souillé Saint-Honoré avec son incompétence est très grave. Je pense qu'un licenciement et la prison ne sont pas suffisants. Il faudra même qu'on retire au Docteur Ratanga son droit d'exercer de la médecine. Ça servira de leçon à tous les médecins amateurs qui peuplent cet hôpital.


Landry me fixe, mais ce n'est pas mon problème. Je m'apprête à rajouter quelque chose lorsqu'un son provient subitement du grand écran et qu'un enregistrement commence à jouer sans qu'on ne s'y attende.


[一 Je t'assure que j'ai fait un boulot sans bavures. Il n'a rien vu venir, ce petit imbécile de Ratanga...

Oui, après avoir falsifié une ordonnance avec l'Epipen, je l'ai échangé avec celle qu'il avait réellement prescrite au patient...

Je t'avais dit que j'allais me débarrasser de lui. C'est vrai que ma tentative d'empois"onnement sur lui avait raté, mais là je suis sûre qu'il ne va pas échapper à la prison...

Je sais que Ratanga c'est le petit protégé du gros lard fumé qui nous sert de directeur. Mais même lui, il ne pourra pas sauver Ratanga de la taule!!]


Toute la salle est choquée. Tout le monde a les yeux rivés sur moi. Je suis comme pétrifiée, je n'arrive plus à bouger. Ma gorge est tout à coup très sèche. Je suis même sur le point de me faire pipi dessus. J'ai l'impression d'être dans un gros cauchemar. Ça, c'est la conversation que j'avais ce matin avec Émile au téléphone dans mon bureau. J'étais toute seule, qui m'a enregistré, mon Dieu ?

Dans le secret