Chapitre 47 : Métamorphosée

Ecrit par Auby88

Margareth IDOSSOU

Je viens de rejoindre David. Je lui ai raconté mon entrevue avec Charles. Il ne s'est pas montré jaloux. Il est bien content que j'ai pu faire la paix avec mon passé. Nous déjeunons tout à l'heure avec ses parents, mes beaux-parents !
Ces deux vieux-là, je les aime énormément. Ils sont les meilleurs beaux-parents du monde. Je suis vraiment chanceuse, contrairement à Judith qui a une belle-mère "naja". (Rires)
J'étais au téléphone tout à l'heure avec mon amie et elle m'a raconté la dernière trouvaille de sa belle-mère : une deuxième femme pour son fils.
Heureusement qu'Arnaud a agit avec promptitude pour régler la situation.

Franchement, je félicite Judith pour sa patience à toutes épreuves. Moi, j'aurais déjà pété les plombs. Et cette soi-disante coépouse, je l'aurais bien corrigée à coups de pilon comme les mamans africaines savent bien le faire !

- Mélanie ! crie maman dès qu'elle m'aperçoit.
Je vais, comme d'habitude, me réfugier dans ses bras puis dans ceux de papa. David m'imite, mais avec moins d'entrain.
Nous nous asseyons. On nous apporte des boissons bien fraîches.
- C'est toujours un plaisir de vous revoir à chaque fois. Comment faites-vous pour rester aussi jeunes et aussi beaux ? dis-je, le sourire aux lèvres.
- C'est l'amour qui nous rend ainsi, me répond maman. D'ailleurs, c'est la même chose chez toi. Tu es rayonnante à chaque fois.
- Et ton boubou sénégalais te va à ravir ! renchérit papa. Tu devrais t'habiller ainsi plus souvent ainsi.
- J'en tiendrai compte papa. Promis.
- Je parie que ce boubou cache quelque chose en dessous !
David lève les yeux vers moi.
-  Pas encore, maman. Mais cela ne tardera pas.
- Je l'espère bien.
- Mais dis donc, reprend papa, vous attendez quoi pour mettre ce bébé en route ? Cela fait 5 mois déjà que vous êtes ensemble ! David, ne me dis pas que tu as besoin que je te coache sur la manière de "marquer des buts" !
David avale de travers et se met à tousser. Moi, je réprime mon envie de rire.
- C'est toujours ce que ce garçon fait à chaque fois qu'on parle de sexualité. Il se défile.
- Papa, arrête, s'il te plaît. C'est un sujet privé ! Cela ne concerne que Mélanie et moi.
- Et nous aussi, car nous attendons impatiemment un fils de vous deux !
- Cesse de le taquiner ainsi !
- Toi, tu prends toujours la défense de ton fils.

Et c'est reparti pour un cinéma "fata" (libre et gratuit en langue fongbé du Bénin). Trop drôle au final, surtout quand je vois la mine que fait mon homme. David est vraiment unique ! Dans l'intimité, il est un homme passionné, sans tabou ni complexe. Tandis que devant ses parents, il devient extrêmement timide quand on parle de sexe. Si seulement le père savait tout ce dont son fils est capable ; si seulement je pouvais lui raconter la moitié de ce que son fils me fait quand nous sommes à deux, ce serait plutôt lui qui voudra se faire former, se faire coacher par son fils. (Rires).

- Rassurez-vous, papa et maman. David s'occupe très bien de moi dans tous les domaines ? Vous voyez ce que je veux dire !
Je sens les yeux de David qui me lorgnent. Je n'y fais pas attention.
- Oui, évidemment, ma fille ! s'exclame  Papa. Là, je suis rassuré.

David secoue la tête. Je souris en sa direction. Il détourne son visage.
Maman parvient à changer le sujet de discussion. Nous parlons de l'actualité du pays, de mon boulot, de celui de David...

David finit par sortir de son mutisme. Nous papotons encore un peu, puis nous déjeunons. Après le dessert, je vais faire un tour avec maman. Elle en profite pour me montrer son jardin de fleurs et me parler d'affaires de femme, me donner des astuces pour vite tomber enceinte, comme par exemple garder les jambes en l'air après chaque rapport intime, privilégier la position missionnaire, consommer ci, consommer ça, faire ci, faire ça. Tant de trucs incroyables dont je ne pense pas pouvoir me souvenir, que je ne pense pas tester.

Je ris intérieurement, tout en hochant la tête. Je n'ai même pas eu besoin de tout cela avant de tomber enceinte de Charles. Si actuellement, bébé tarde à venir, c'est surtout à cause de la fréquence de mes contacts intimes avec David. De toute manière, nous avons décidé de ne pas en faire un souci dans notre couple. Tout arrive à point nommé à qui sait attendre. Et je suis certaine que Dieu y pourvoira.

Face à l'impatience des parents de David, je me rends compte de combien un enfant est important en Afrique. Ce n'est pas juste une question de couple, mais une affaire de famille. J'imagine combien cela a dû être dur pour Judith de ne pas pouvoir en avoir et d'être la risée de sa belle-famille. Heureusement, Sibelle est là pour lui donner de la joie au cœur...
 
A présent, David et moi regagnons la sortie. Nous venons de quitter mes beaux-parents​. Je le taquine autant que je peux sur son attitude de tout à l'heure.
- Tu ne peux savoir combien j'avais envie de te fesser quand tu as osé dire ceci à mes parents : "Rassurez-vous, papa et maman. David s'occupe très bien de moi dans tous les domaines ? Vous voyez ce que je veux dire !"

Il parle en imitant ma voix. Je pouffe de rire.
- De toute manière, tes fessées ne peuvent qu'être hmmm !
- Mélanie ! Ne me provoque pas !

Je lui vole un baiser rapide puis me mets à courir.
- Attrape-moi si tu peux !
Il me court après. Nous ressemblons à deux adolescents fous. Je finis par marquer un arrêt à la hauteur de notre "notre arbre".  David m'attrape par la taille et me colle contre lui, me donnant l'un de ses baisers mémorables.
- Si tes parents nous voyaient !
Il secoue la tête.
- Je n'ose même pas l'imaginer, Mélanie.
- Pourquoi es-tu autant réservé en leur présence quand on parle de sexualité alors qu'avec moi, c'est différent ?
- Ce sont mes parents, Mélanie ! Mes parents ! Je n'ai jamais aimé aborder ces sujets privés avec eux, même s'ils sont très ouverts d'esprit. C'est juste ainsi que je suis, conclut-il en haussant les épaules.
Je n'insiste pas davantage.
- J'ai compris, mon amour. Viens, j'ai quelque chose à faire sur notre arbre.
- Quoi ?
- Suis-moi et tu verras.
De mon sac, je sors un canif et dessine un coeur sous nos noms, en ajoutant l'année. David y ajoute le mot "FOREVER" (Pour toujours).
Nous nous regardons, sourions et nous nous embrassons. Puis, main dans la main, nous regagnons le beau 4x4 que David a acquis récemment.


**************
 Des jours plus tard.
Margareth IDOSSOU


Je marche sur la plage de Fidjrossè avec Sibelle. Nous y passons la journée en famille : elle, moi et David autour d'un pique-nique.
David nous rejoindra tout à l'heure. En attendant, je profite de ma fille.
J'adore la sentir tout contre moi, sentir son souffle, entendre ses rires d'enfant...
Entre Sibelle et David, tout va pour le mieux, excepté qu'elle continue de l'appeler tonton David. Moi j'aimerais bien qu'elle commence à l'appeler papa. Mais j'ai peur de la brusquer en le lui disant. Et puis David ne semble pas vexé. A chaque fois que j'aborde le sujet, il me répond en souriant : "J'ai beaucoup évolué dans le coeur de Sibelle. Je te rappelle que de docteur David, je suis passé à Tonton David. Alors je suis comblé, moi."

- Puis-je me joindre à vous ?
C'est David.
- Papa ! crie Sibelle.
J'ai l'impression de rêver. Elle quitte mes bras et se jette au cou de David qui l'accueille avec joie.
- Sibelle, ma toute belle ! T'entendre m'appeler ainsi me réjouit énormément.
Elle lui dépose un gros bisou sur la joue.
- Et toi, Mélanie​, t'attends quoi pour te joindre à nous ? me lance David.

Je me remets de mes émotions et me joins à eux. Je suis si heureuse. Dans ma tête, je me rappelle la chanson de Ginette Reno, L'essentiel.

"L'essentiel
C'est d'être aimé
Le reste importe peu, la seule vérité
C'est compter pour quelqu'un
quoiqu'il puisse arriver
C'est entrer dans son cœur et n'en sortir jamais

C'est recevoir autant qu'on aimerait donner
Ne plus s'appartenir, en être rassuré
C'est voir la joie de l'autre et fondre de bonheur
Mériter sa confiance et devenir meilleur

L'essentiel
C'est d'être aimé
Contrairement à tout ce qu'on peut raconter
Ce n'est pas la fortune ou la célébrité
Qui ne sont que du vent et ne font que passer

Je crois que l'important est fait de petits riens
Être attendu le soir et courir en chemin
Un des plus beaux cadeaux
que nous ait fait la vie
c'est quand notre prénom
a l'air d'un mot gentil

L'essentiel
Jour à près jour
C'est le rire aux éclats d'un enfant qui accourt
Et qui nous saute au cœur en guise de bonjour
Que demander de plus
Quand ces bras nous entourent

Le reste importe peu, la seule vérité
C'est compter pour quelqu'un
quoi qu'il puisse arriver
être un jour exilé en pays étranger
et avoir, dans son cœur, quelqu'un à qui parler
C'est inspirer à l'autre un sentiment si fort
Qu'il pourrait nous survivre au-delà de la mort
C'est d'être aimé, encore et toujours
Mon amour...

L'essentiel, Ginette Reno"

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Judith da SILVA

Aux bras du Directeur Administratif et Financier, j'avance dans la grande salle de réception d'Azalaï Hotel. Je souris du mieux que je peux. Tous les regards convergent vers moi. Même la secrétaire d'Arnaud me regarde avec étonnement.

Pourquoi ? Sans doute parce que Margareth et Larissa m'ont métamorphosée pour la circonstance. Je porte une longue robe de soirée, avec de larges rayures blanches et  noires qui s'alternent. Elle a été conçue spécialement pour moi par Larissa. En dessous, j'ai mis un body gainant qui affine un peu ma silhouette et affiche moins mes bourrelets. Dans mes mains, je tiens une pochette noire. Mes oreilles et mes mains sont ornées de bijoux en or blanc. Comme coiffure, j'ai sur la tête de longues mèches brésiliennes peignées de côté. Margareth a insisté pour me faire un maquillage nude (neutre) qui au final m'a bien plu. C'est beau, discret et ça sublime vraiment mon visage.
Le plus étonnant, c'est que j'ai mis des chaussures hautes, ce qui reste contraire à mes habitudes. Il m'a fallu deux semaines d'entraînement sous la direction de ma coach Margareth pour arriver à être à l'aise. (Rires)

Mon homme, quant à lui, porte un smoking noir avec une chemise blanche et un noeud papillon noir.
Des chuchotements, des voix autour de nous.
- Votre femme est sublime ce soir, monsieur Arnaud da SILVA ! complimente un autre directeur de la banque.
Arnaud sourit fièrement.
- Ce n'est pas pour rien que je l'ai épousée ! Elle a toujours été splendide, une vraie déesse !
Je souris à mon tour. Je suis plus détendue.









 










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