CHAPITRE 49: TONTON ALVINE.

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 49 : TONTON ALVINE 


**ALVINE ABESSOLO**

J’ouvre les yeux ce matin et il me faut quelques minutes pour me souvenir de l’endroit où je suis, vu que je ne suis visiblement pas dans ma chambre mais chez Mfoula chez qui j’ai passé la nuit après qu’il soit venu me chercher à la maison hier dans la nuit. Ça ne va pas fort en ce moment mais sa simple présence m’a réconforté et conforté dans le fait que j’ai pris la bonne décision.

Après mon départ de chez Ebouma la dernière fois, je suis rentré chez moi et j’ai éteint mon téléphone pendant deux jours car je ne voulais pas répondre à qui que ce soit. Le troisième jour elle m’a écrit mais je n’ai pas ouvert car j’avais peur qu’elle me dise des déclarations à l’intérieur. Après un jour, je l’ai fait et heureusement ce n’était que des civilités. Toutefois je n’ai pas répondu. Elle m’a écrit d’autres messages mais je n’ai toujours pas réagi et elle est passée aux appels. Son instance m’a fait réaliser que je lui avais certainement créé des problèmes avec cette nuit que nous avions passé ensemble. Au fond de moi j’ai espéré que l’intensité avec laquelle elle s’était donnée à moi ce jour, ne cachait pas quelque chose de plus profond et que c’était simplement la fièvre du moment. Mais son insistance m’a fait réaliser que non, que j’avais commis la plus grosse erreur de ma vie en la touchant ce jour car j’avais réveillé des choses. En comprenant cela ma douleur est devenue deux fois plus grande et donc j’ai décidé de boire. Je sais que je ne peux pas être avec elle mais je n’ai pas le courage de me tenir en face d’elle pour le lui dire, je suis peut-être un lâche mais c’est ainsi. Je préfère qu’elle pense du mal de moi et tire des conclusions qui vont l’emmener à me détester et à me voir comme le pire des salops. C’est mieux que de la laisser venir à moi et flancher une fois de plus. Quand elle m’a écrit hier matin pour me dire qu’elle allait passer chez moi pour discuter, j’ai retenu Anita avec qui j’étais rentré dans la nuit alors que j’étais ivre et oui j’ai couché avec elle cette nuit. Elle allait partir chez elle ce matin mais après avoir lu le message de Reine quand je me suis réveillé autour de 11h, je lui ai demandé de rester et lui ai demandé de faire ce qu’elle a fait. Je ne suis pas fier de moi mais au moins je sais qu’avec ça, elle ne reviendra jamais vers moi. Après son départ, j’ai mis Anita à la porte et j’ai repris mes bouteilles pour noyer mon chagrin. 

J’aime Reine mais je préfère y renoncer quitte à souffrir. Je ne veux pas perdre mon amitié avec Mfoula, c’est mon frère et j’y tiens. En plus de perdre mon frère, je risque également de créer un problème entre les deux car Mfoula n’acceptera pas que je sois avec sa sœur, elle sera obligée de faire un choix entre lui et moi. Si par le plus grand des hasards, elle me choisit moi et renonce à son frère, ce sera un autre trouble qui touchera même leurs parents car leurs deux enfants seront en conflit. Est-ce que mon amour pour elle est suffisant pour lui infliger ce genre de chose ? Je l’aime oui et elle m’aime en retour, mais est-ce tout pour être heureux ? Non, je ne pense pas. Alors cette histoire restera comme ça, je sais que ça finira par me passer et je reprendrai ma vie comme avant et elle aussi même si cela implique que je n’aurais plus le droit de m’approcher d’elle. 

Je finis par quitter le lit et me rends à la douche où je me brosse et me lave avant de ressortir pour m’habiller. En ouvrant la porte de la chambre, j’entends des rires au salon et quand j’approche les escaliers, je me rends compte que Leslie et les enfants sont déjà là. Je descends et lance un bonjour à leur endroit. Les filles me répondent depuis leur place pendant que les jumeaux viennent me sauter dessus et manquent de me faire tomber. 


Eux : Tonton Alvine, tu nous as fui. 

Moi : (Souriant) Comment ça ?

Eux : Mais depuis là, on ne te voit plus alors qu’avant on te voyait tous jours avec papa quand on venait ici.

Arsène : (Souriant) Dites lui bien ça. Même moi son propre frère, il m’a fui. 

Moi : (Souriant) N’écoutez pas votre père, je ne vous ai pas fui, c’est le travail, j’étais occupé avec le travail.

Eux : Papa dit que tu vas rester avec nous pour le Weekend, c’est vrai ?

Moi : Oui. 

Eux : C’est trop cool. On va s’amuser ensemble. On a emmené nos vélos et nos patins.

Moi : D’accord mes champions. 

Leslie : Laissez votre oncle tranquille, il vient à peine de se réveiller. Il va d’abord manger et se poser un peu avant que vous ne l’entrainiez partout. 

Eux : D’accord . 

Arsène : C’est toi qu’on attendait pour passer à table. Dans ma propre maison, on m’affame parce qu’on doit attendre l’invité qui dort comme un prince dans sa chambre et que personne ne doit réveiller.

Moi : (Souriant) Le gros cœur ne te réussit pas et effectivement, je suis un prince.

Arsène : N’importe quoi. 


C’est en riant que nous sommes tous passés à table. Nous avons mangé dans la joie et la bonne humeur avec beaucoup de papa et de maman de la part des enfants. J’ai remarqué que même Lucrèce le fait également et je n’ai pas pu m’empêcher de penser qu’ils formaient effectivement une belle famille. Ce rôle de papa lui va très bien. Nous avons mangé avant de nous poser quelques minutes puis Mfoula et moi sommes sortis à la cour avec les enfants pour faire le patin. Nous avons passé tout l’après dessus à rire et se charrier. Le soir après le bain et le repas, nous avons monté un petit camp dans le salon avec des tentes et tout, nous avons arrêté les lumières et allumé les torches. Il y avait trois tentes, j’étais avec un des jumeaux, Mfoula avec l’autre et les filles ensemble. Nous avons raconté jusqu’à très tard, avant de nous endormir tous au salon dans nos tentes. Le lendemain, après le petit déjeuner, Arsène et Leslie ont fait un tour je ne sais où et m’ont dit qu’ils devaient faire un tour chez elle pour prendre les affaires des enfants de l’école car finalement, ils vont passer la semaine ici. Je suis resté à la maison avec les enfants qui n’ont pas arrêté de m’emmerder en grimpant sur moi en désordre.


Lucrèce : (Riant) Les jumeaux, laissez déjà tonton Alvine tranquille, il va se reposer un peu.

Eux : Tonton Alvine, tu es fatigué ?

Moi : (Riant) Oui, vous m’avez fatigué.

Eux : Donc les tontons aussi se fatiguent ? Papa a dit que non.


Vous voyez les conneries de Mfoula ? Donc c’est ce qu’il raconte aux enfants ?Les tontons ne sont pas des humains ?


Moi : Les tontons se fatiguent aussi.

L’un des deux : Même ceux qui ont les muscles aussi ?

Moi : Oui. Surtout eux. J’ai d’abord un peu soif.

Eux : Tu veux boire le jus ?

Moi : Oui. Mais mon jus est amère et a un peu la mousse à l’intérieur.

Eux : (Faisant la moue) Ça c’est quel jus ?

Lucrèce : (Souriante) C’est la bière.

Eux : La bière aussi c’est le jus ?

Moi : C’est le jus des grands.

Eux : Les enfants ne boivent pas ça ?

Moi : (Souriant) Non. Il faut avoir au moins 30 ans et avoir un travail pour boire la bière.

Eux : Ceux qui n’ont pas 30 ans ne doivent pas boire ça ?

Moi : Non.

L’un des deux : Mais si tu as 30 ans et puis tu ne travailles pas ?

Moi : Tu ne bois pas parce que tu n’as pas l’argent pour t’acheter une bière. Quand on est fauché, on n’a pas le droit de boire la bière, on doit aller chercher un travail. 

Eux : Dans notre ancien quartier, il y avait les petits qui buvaient la bière, hein non Ya Lucrèce ?

Lucrèce : Oui.

Eux : Maman disait que c’était les délinquants et puis ils n’allaient pas faire les bonnes choses dans la vie.

Moi : Votre mère a raison, la bière pour les enfants ce n’est pas bien. Les enfants qui boivent ça font beaucoup de mauvaises choses. C’est pour ça qu’il faut avoir au moins 30 et un travail avant de boire la bière d’accord ?

Eux : D’accord tonton Alvine. 

Lucrèce : Je pars te chercher ta bière ? Y’en a au frigo.

Moi : Oui ma puce, donne moi une bouteille là-bas. Moi j’ai dépassé 30 ans et j’ai un travail.


Elle s’est exécutée et m’a ramené une bière. Elle a aussi apporté du jus aux enfants et elle-même. C’est dans ça qu’Ebouma est venu nous trouver avec Derrick. 


Lucrèce : Tonton Paul, Sasha n’est pas avec toi ?

Paul : Non, elle est partie avec sa mère. 

Lucrèce : Ce n’est pas juste, il n’y a que les garçons ici. 

Nous : (Riant) Vraiment pas de chance pour toi. 

Lucrèce : (Se levant) Je m’en vais faire l’appel vidéo avec tantine Lucia voilà. 


Elle est partie et nous sommes restés en train de rire. Elle est revenue sur ses pas et a apporté une bière à Paul avant de partir se poser à la terrasse. Les trois gaillards sont également sortis pour aller jouer à la cour. Je suis resté avec Ebouma dans la maison. Il s’est mis à me fixer en silence.


Moi : Quoi ?

Paul : Tu comptes faire l’autruche encore longtemps ? Regarde comment tu as perdu du poids depuis la dernière fois qu’on s’est vu ? Tu as été incapable d’aller au boulot et tu t’es mis à boire plus que de raison. 

Moi : Hum. 

Paul : Tu ne veux pas parler ?

Moi : Ebouma, je n’ai rien à dire dessus. 

Paul : Tu sais que tôt ou tard cela se saura n’est-ce pas ?

Moi : À moins que tu ailles parler, je ne vois pas comment cela se fera. 

Paul : De quoi as-tu peur au juste ?

Moi : Tu sais très bien.

Paul : La fraternité oui je sais, mais je crois que ce n’est pas la seule chose. 

Moi : Si tu le dis. 

Paul : (Après m’avoir regardé pendant un moment) Je sais ce qui t’effraie autant. 

Moi : C’est bien.

Paul : Tu as peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas arriver à la rendre heureuse. C’est ça n’est-ce pas ?

Moi : (Buvant ma bière) Je n’ai pas envie de parler de ça Ebouma laisse tomber.

Paul : Tu sais que tu ne le sauras jamais si tu ne tentes pas ?

Arsène : (Apparaissant) Tenter quoi ?


J’ai fusillé Paul du regard comme pour lui dire qu’il n’a pas intérêt. Ils se sont salués.


Paul : Notre femme est où ?

Arsène : Dehors avec les enfants, elle arrive. Vous avez commencé les bières sans attendre le propriétaire de la maison ?

Paul : (Souriant) Heureusement qu’on a une vraie fille ici pour nous accueillir car toi franchement je ne sais pas de quel côté tu étais sorti. Et puis tu crois qu’on a besoin de toi pour boire dans ta maison ?

Moi : (Riant) Dis lui bien ça. Le gars croit qu’il est trop important. C’est quand on le mettra hors de sa propre maison un jour qu’il saura qu’il n’a aucun mot ici. 


Nous avons ri tous les trois.


Moi : J’attends de voir celui qui me mettra dehors. 


Leslie est rentrée et a salué Paul en échangeant quelques civilités avec lui. Arsène l’a débarrassé des affaires des enfants qu’elle avait et est allé tout mettre à l’étage . Elle s’est rendue à la cuisine. Brice, Terrence et Sosthène se sont pointés. Mfoula a fait les présentations avec Leslie.

Leslie : (Regardant Brice) On s’est vu quelque part n’est-ce pas ?

Brice : (Souriant) Oui, au commissariat de Nzeng-Ayong. 

Leslie : C’est vrai, vous êtes l’enquêteur que j’avais rencontré ce jour.

Brice : Oui. 

Leslie : Ah. 


Elle a paru légèrement gênée juste après.


Brice : Ne t’inquiètes pas ma belle. Si y a quelqu’un qui doit être gêné ici c’est moi car j’avoue que ce jour, je n’ai pas été très professionnel.

Leslie : D’accord . 


Elle a encore parlé avec nous avant de retourner à la cuisine. Elle leur a ramené des boissons avant de nous laisser entre nous. Nous avons rigolé ensemble avant qu’elle ne nous invite à table. 


Terrence : C’est la première fois depuis que je connais Mfoula, que j’ai été accueilli comme il faut.


Nous avons éclaté de rire.


Arsène : Tu veux dire quoi par là ?

Les hommes : (En chœur) Yaye laisse tomber, tout le monde sait que tu es un très mauvais hôte. Merci Leslie d’être venue pour le sauver. 

Arsène : C’est ça. Ebouma pardon prie pour le repas, on va manger et quitter ici. 


Il l’a fait. Nous avons mangé dans une bonne ambiance. Ils sont restés jusqu’à 20h avant de rentrer chez eux. Comme c’était dimanche, les enfants sont allés au lit très tôt. Les garçons ont décidé de dormir avec moi plutôt que dans leur chambre ou dans celle de leur sœur. Je n’ai pas tardé à les rejoindre. Le lendemain toute la troupe était debout à 6h. Après le petit déjeuner, je leur ai souhaité une bonne journée.


Arsène : Tu vas où ?

Moi : Comment je vais où ? Je retourne à la chambre.

Arsène : Regardez moi le gars là. Tu as dit quoi à tes neveux ce weekend ?

Moi : (Le regardant confus) J’ai dit quoi ?

Arsène : Que tu devais aller les déposer et les récupérer à l’école cette semaine.

Moi : Oh. 

Les enfants : Tu as dit ça tonton Alvine. 

Moi : Mais on racontait non ?

Arsène : Tu apprendras à ne pas raconter les choses que tu ne peux pas faire. Allons, je vais te montrer leur école et te présenter comme leur oncle.

Moi : Tu es sérieux ?

Arsène : Tu vois mes dents dehors ?

Les jumeaux : Allons avec nous tonton Alvine, notre école est jolie, tu vas voir. 


Avant que je ne puisse répondre, ils m’ont attrapé par un bras chacun. C’est pas possible ça. C’est comme ça qu’on m’a entraîné à sotega puis à Mandela pour déposer Lucrèce. Il m’a ensuite laissé à un carrefour qui pouvait facilement me permettre de me rendre chez moi pour récupérer ma voiture vu que je n’étais pas véhiculé. Il y a bien une deuxième voiture chez lui mais j’ai appris que c’est pour madame et elle est encore enrubannée. Comme je dois récupérer les enfants ce soir, je suis obligé de prendre la mienne. Ce n’est pas facile d’être un tonton et avec ceux d’Arsène qui sont hyper actifs là, c’est terrible. Les petits enfants demandent énormément d’énergie. Respect à tous les papas qui jouent leurs rôles auprès de leurs enfants en étant présent non seulement financièrement et matériellement parlant, mais également en faisant don de leur temps. J’ai récupéré la voiture et je suis rentré chez Arsène. En soirée j’ai récupéré les enfants et nous sommes allés au restaurant tous les quatre. Nous avons passé un moment là-bas avant de rentrer, nous avons trouvé le couple en train de jouer aux amoureux au salon. Les enfants sont allés se changer avant de revenir avec leurs devoirs. Mfoula et moi avons traité ça avec eux.


Arsène : (Me regardant en souriant, un peu plus tard) Tu as ça dans le sang.

Moi : Quoi ?

Arsène : La fibre paternelle. Si jamais tu décides de te poser avec une fille, je crois que tu seras un bon papa si vous avez des enfants. 

Moi : (Silence)

Arsène : (Riant) Même si je plains la pauvre fille qui va décider de gâcher sa vie en t’épousant.

Moi : (Lui lançant un pouf en riant) Salop. Tu fais le malin parce que Leslie a eu pitié de toi.

Arsène : (Riant) Tu sais que j’ai raison. Dans la famille mauvais garçon, tu es le père. C’est chez toi que Paul et moi prenions les cours pour être djandjou. Le diable en chef. Tu as trop fait du sale bro.

Moi : (Souriant ) Et toi-même ? 

Arsène : (Souriant) J’étais à ton école et même là je n’ai fait que le 10e de ce que tu as fait. Je dirai aux parents de ta future femme de bien réfléchir avant de laisser leur enfant rentrer dans ta maison. Et d’ailleurs cette maison doit même être bénie car il y a trop de mauvais esprits des femmes que tu as ramené là-bas.

Moi : (Souriant) N’importe quoi.

Arsène : (Souriant) Tu sais que j’ai raison. Si jamais tu dois te poser et être avec une fille bien, je te conseillerais de changer de maison et acheter ou construire une neutre car celle là a trop vu des choses indécentes.

Moi : Hum. 

Arsène : Mais plus sérieusement, tu ne penses pas à t’arrêter ? Je veux dire te poser avec une fille et construire une vie de famille.

Moi : Toi-même tu as dit que les parents des filles doivent bien réfléchir avant de me laisser leurs enfants, comment je vais pouvoir me poser alors ?

Arsène : (Rire) J’ai dit que moi je le leur dirai parce que je te connais. Eux ils ne te connaissent pas, donc tu pourras les flatter en jouant les beaux fils modèles. 

Moi : Et si jamais tu devrais m’avoir pour beau-fils ou beau-frère ?

Arsène : (Souriant) C’est une éventualité inenvisageable, car si tu deviens mon beau-fils cela voudrait dire que tu m’as détourné ma fille qui est par ailleurs ta fille et serait un acte impardonnable. Si jamais, c’était ma sœur, cela signifierait que tu m’as trahi en rompant le pacte que nous avons signé tous les trois. Dans l’un ou l’autre des cas, je te tuerai de mes propres mains. Heureusement qu’on n’arrivera jamais à ce cas de figure. 

Moi : (Après l’avoir regardé un moment) Non, jamais… 


SECONDE CHANCE