Chapitre 5
Ecrit par Djelay
Ce dernier est de mauvais poil aujourd’hui. Et ç’a empiré depuis l’arrivée de Mike. Cette quoi cette mine ? Pourquoi est-il en colère ?
- Euh Mike, je te présente Ricky notre meilleur ami. Déclare Emy en désignant monsieur grognon.
Je remarque le changement soudain de l’expression de Mike. Il darde un regard noir sur Ricky. Mais c’est quoi le souci avec ces-deux-là ? C’est un combat de coqs ou quoi ? Ai-je manqué un épisode ? On dirait qu’ils se détestent pourtant ils ne se connaissent pas. C’est chelou les mecs quand même.
- Euh que fais-tu ici Mike ?
J’arrive à détourner son attention de Ricky. Ouf ! J’en suis soulagée. Ça devenait vraiment tendu.
- Je suis venu te chercher. Viens je te ramène chez toi.
- Mais…(je lance un regard à Emy et Ricky)…je ne peux pas laisser mes amis ici.
- Alors on les emmène avec nous. Je les dépose chez eux puis on part chez toi.
- C’est ok pour moi. Dit Emy.
- Et toi Ricky ? Questionne-t-elle ensuite.
- J’ai encore deux ou trois trucs à faire ici. Partez. Je rentrerai plus tard.
Mike a un sourire satisfait. Non mais… c’est sûr, j’ai dû rater quelque chose. Ricky fait toujours la tête. Et en plus il ne cesse de scruter Mike d’un regard mauvais.
- Mais je croyais qu’on devait rentrer tous les trois. A aucun moment tu n’as fait mention de ces deux ou trois trucs. Qu’est ce qui a …
- Lili ! Il a dit qu’il avait des obligations alors n’insiste pas. Me coupe Mike.
Non mais je rêve. Ricky est mon ami, j’insiste si je veux. De quoi je me mêle. Je m’apprête à rétorquer mais son regard m’en dissuade. Mike commence à me faire flipper là. Pour éviter de créer des ennuis je laisse tomber.
- Très bien Ricky. Dans ce cas passe à la maison quand tu auras fini.
- D’accord ma belle. Répond-il avant de m’embrasser sur la joue.
Je guette la réaction de Mike. Il bout de colère. Ça se voit dans ses yeux. Ricky nous fausse compagnie après avoir embrassé Emy.
- C’est bon ? Nous pouvons y aller à présent ?
Mike n’attend pas notre réponse déjà il part. J’adresse un regard perdu à Emy. Elle aussi a remarqué ce qui vient de se passer. A voir son expression, elle est tout aussi étonnée que moi. Nous suivons Mike jusqu’à sa voiture.
- Oh mon Dieu ! S’émerveille Emy. C’est ta voiture ?
Il hoche sèchement la tête. Quoi ? Il est toujours en colère ? D’abord pourquoi l’est-il ? Je décide de ne pas y accorder trop d’importance. J’admire la voiture. Elle est superbe. Mike a bien réussi sa vie on dirait. De toute façon, sa famille vivait aisément donc ça ne m’étonne pas vraiment. Mike est monté à l’arrière alors j’ouvre la portière avant.
- Vous montez à l’arrière mademoiselle et votre amie à l’avant. M’annonce le chauffeur en me tenant la portière arrière.
- D’accord.
Je préfère ne pas faire de commentaire. Mike n’est pas de bonne humeur. Je ne voudrais pas l’énerver d’avantage. Une seconde… Pourquoi est-ce que je me préoccupe de son humeur ? Je me fiche pas mal de ce qu’il ressent. Après tout il n’est rien pour moi. AB.SO.LU.MENT rien. Néanmoins j’accepte de m’assoir à côté de lui sur la banquette arrière tandis qu’Emy s’installe devant.
- Kevin ! Dit Mike sous forme d’ordre.
Et aussitôt une vitre de séparation opaque fait son apparition. Emy et le chauffeur ont disparu de notre angle de vision. Je suppose qu’ils ne peuvent plus nous entendre non plus. L’habitacle me paraît soudainement plus petit. Je suis dans la tente du loup, à sa merci. Je commence à trembler de peur. Mike a quelque chose d’effrayant. Il ne dit rien mais j’entends ses reproches silencieux. Qu’ai-je fait de mal ? Que lui ai-je fait ?
- Ce Ricky ! Dit-il soudainement d’une voix calme. C’est ton petit ami ?
Alors c’est ça ? Il est en colère parce qu’il croit que je sors avec Ricky ? Serait-il jaloux ? Il n’en a pas le droit puisque nous ne sommes pas ensemble lui et moi.
- Pourquoi cette question ? Dis-je pour l’énerver.
- Réponds juste. C’est ton petit ami oui ou non ?
J’échange ma place contre une autre. L’arrière de la voiture est une sorte de salon comme dans les avions privés. Il y a quatre sièges d’un confort irréprochable qui se font face. Et moi j’occupe justement celui qui fait face à Mike. Je veux pouvoir le regarder dans les yeux. Je ne sais d’où me vient ce courage mais j’en profite.
- Oui c’est mon petit ami.
Il veut jouer à ça alors on va jouer. Je vois sa mâchoire se crisper, son regard durcir. C’est quoi son problème ? Croit-il avoir des droits sur moi ? Techniquement, on ne se connait que depuis deux jours. Alors que je pensais mener la danse je suis subitement prise de frayeur. Mike darde sur moi un regard assassin. Instinctivement je recule mais je me bute au dossier du siège. Mike se penche en avant. Son visage est à seulement quelques centimètres du mien. Je tremble tellement que je crains de me pisser dessus.
- Et depuis combien de temps sortez-vous ensemble ?
Sa voix est si calme que j’en ai des frissons. Et son silence juste avant, on aurait dit ce fameux calme précédant la tempête. J’aurais peut-être persisté dans mon mensonge si je n’étais pas aussi froussarde.
- J’ai menti.
- Pourquoi ? Enchaîne-t-il immédiatement.
- Par…parce que…
Je ne sais pas quoi dire ? J’ai bien envie de lui avouer la vérité comme quoi je voulais lui faire comprendre qu’il n’a aucun droit de se mêler de ma vie privée. Mais j’ai peur que ça ne m’attire des problèmes. Il pourrait s’énerver et…Je n’ose même pas imaginer ce qu’il pourrait me faire. Mike me fixe droit dans les yeux et moi je peine à soutenir ce regard terrifiant. Comment puis-je l’aimer en cet instant précis alors qu’il me fout la trouille ? Sa bouche est si… Oh bon sang ! Qu’est-ce qui m’arrive ? Tom aurait-il raison ? Suis-je masochiste ? Mon esprit refoule cette idée. Bien sûr que non. Je ne le suis pas. Dans ce cas pourquoi suis-je excitée alors qu’il me fait flipper ? Je ne devrais ressentir que de la peur, pourquoi les deux ?
- Aurais-tu avalé ta langue petite poupée ?
Je tressaille en entendant sa voix. Son expression a de nouveau changé. Son regard est plus doux. Je remarque même une ombre de sourire apparaître sur son visage. Serait-il bipolaire ?
- Pourquoi as-tu menti Lili. Insiste-t-il.
- Juste pour voir comment tu réagirais. Balbutiai-je.
- Pourquoi ?
Pourquoi quoi ? Que veut-il que je dise ? Seigneur sortez-moi d’ici, je vous en prie. Je ferme les yeux un instant. Quand je les rouvre Mike est de nouveau bien installé sur son siège. Je souffle soulagée. Je ne m’étais pas rendu compte que la voiture s’était arrêtée. Deux secondes plus tard nous repartons. Je regarde par la vitre et je vois la maison d’Emy s’éloigner. Quoi Emy est descendue sans même me dire au revoir. Inutile de faire de commentaires car je ne sais pas de quelle humeur est Mike présentement. Nous arrivons chez moi. J’attrape la poignée de la portière pour l’ouvrir mais Mike m’arrête.
- Tu ne bouges pas d’ici. Kevin va juste laisser un mot sous ta porte puis nous repartirons.
- Je te demande pardon ? Quel mot ?
- Pour prévenir ton frère que tu es avec moi. J’aurais bien voulu lui envoyer un message de mon portable mais je n’ai pas son numéro.
J’ouvre les yeux choquée. Il prend des décisions à ma place sans même m’en aviser.
- Et si je ne veux pas partir avec toi ?
- Tu ne veux pas partir avec moi ?
Je reste sans voix. Je suis prise à mon propre piège. J’espérais l’entendre me dire « tu n’as pas ton mot à dire ». Au moins de cette façon, j’aurais pu prétendre qu’il m’a obligé à le suivre. Mais il ne faut pas se voiler la face. Je crève d’envie de partir avec lui n’importe où. Ah Lili ! Tu es lamentable.
- Tu pourrais au moins avoir l’obligeance de me deman…
- Alors c’est réglé. Me coupe-t-il sèchement.
Mike
Ma petite poupée me regarde avec un air stupéfait. Eh oui Lili je suis comme ça. Autoritaire, macho, tout ce que tu veux. Alors, il va falloir t’y faire. Je veux bien faire des efforts avec elle parce que ce n’est pas n’importe quelle femme. C’est ma petite Lili. Mais ma nature prend le dessus à chaque fois. Pourquoi a-t-elle dit que ce crétin était son petit ami ? Qu’est-ce qu’elle cherche ? Me défier ? Me tenir tête ? Me contrarier ? Je ne tolère aucunement ce genre de comportement. Mike Ibara ordonne et tout le monde exécute. Ç’a toujours été comme ça depuis sept ans et ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer. J’ai des plans pour ma poupée et il faut que nous en parlions en privé.
- Où est-ce que tu m’emmènes ?
- Chez moi.
- Si tu crois que tu vas me traîner chez toi pour me sauter comme tu le fais avec tes amantes tu te trompes lourdement.
Ma petite poupée s’est de nouveau armée de courage. Il n’y a pas si longtemps elle tremblait de peur. J’ai même cru qu’elle s’évanouirait c’est pourquoi je m’étais éloigné pour la laisser souffler. Apparemment elle a déjà oublié. Mais je vais tout de suite me charger de le lui répéter. N’est-ce pas que la répétition est pédagogique ? Je me penche de nouveau vers elle. Bizzare, elle ne recule pas comme la première fois me défiant du regard. Ah Lili. Ne joue pas à ça avec moi. Je me rapproche un peu plus jusqu’à me retrouver la bouche collé à son oreille. Elle se tend aussitôt. Quoi ? Déjà ? Cet affrontement n’aura duré que quelques secondes seulement ? Je m’attendais à mieux Lili. Tu me déçois. Je n’aurais jamais cru que cette situation m’amuserait autant. C’est la première fois que j’apprécie qu’une femme me tienne tête de cette façon même si c’est pour une courte durée.
- D’abord, je ne ramène jamais de femmes chez moi… Murmurai-je à son oreille.
Je peux entendre les battements de son cœur. Je ne la touche pas, pas encore. Je veux que ce soit elle qui me supplie de la toucher, de l’embrasser. Et je sais qu’elle finira par le faire. Très bientôt. Elles finissent toutes par me supplier de les baiser.
- … Ensuite, c’est quoi ce langage ? Sauter ? Dorénavant je veux que tu t’exprimes correctement. Comme la jeune femme bien éduquée que tu es. D’accord ?
- D’accord ? Insistai-je plus fermement.
Elle sursaute avant de hocher la tête. Voilà qui est mieux. Je me redresse lentement et sors mon IPad comme si rien ne s’était passé. Je sens son regard sur moi. Je m’en réjouis intérieurement. Elle doit se poser toute sorte de questions. Ne t’en fais pas petite poupée. Ta lanterne sera très vite éclairée. Nous arrivons dans mon quartier. Là où je vivais avec ma famille : Marcory résidentiel. Ce n’est pas très loin de chez Lili. Raison pour laquelle à l’époque j’étais tout le temps chez eux. Peut-être suis-je revenu dans ce quartier pour être près d’elle. Savais-je inconsciemment qu’elle m’intéresserait ? Possible car je dois avouer qu’elle était plutôt mignonne à huit ans. Non, je ne suis ni un pédophile ni un pervers…Enfin un petit peu pervers j’avoue. Tout compte fait, il n’y rien de mal à trouver une gamine mignonne à moins qu’on ait des arrières pensées. Ce qui n’était absolument pas mon cas. Dieu m’est témoin. J’ai les yeux plongés dans mon IPad lorsque Kevin se gare au parking souterrain de mon immeuble. Je descends de la voiture après avoir rangé ma tablette dans mon attaché-case que je donne à Kevin. Lili reste plantée dans la voiture. Oh seigneur, armez-moi de patience.
- Tu descends ou préfères tu que Kevin te porte sur son épaule ?
Ma poupée ouvre grandement les yeux. J’ai dû la choquer à nouveau. Elle a sans doute pris ma menace au sérieux car elle se précipite immédiatement hors de la voiture. Nous entrons dans mon ascenseur privé qui nous mène directement au dernier étage. Seul mon appartement s’y trouve. Normal donc que j’aie mon propre ascenseur. J’aurais pu utiliser le même ascenseur que tout le monde et avoir un code mais j’aime l’extravagance qu’est-ce que j’y peux. Je remarque l’émerveillement de ma poupée lorsque nous pénétrons dans le hall de mon appartement. La laissant dans sa contemplation, je me rends dans la cuisine nous chercher à boire. Je reviens quelques minutes plus tard avec deux coupes et une bouteille de champagne.
- Suis-moi !
- Où ?
- Tais-toi et obéit.
Je la surprends me tirer la langue quand je jette un coup d’œil derrière moi. Elle fait comme si de rien était. Je suis de bonne humeur donc je ne m’y attarde pas. Nous arrivons au salon. Je pose le tout sur la table et je nous sers avant de lui tendre son verre.
- Non merci. Je ne bois pas
- Pourquoi ? Demandai-je surpris. Tu es majeur, tu en as le droit.
- Je sais mais je n’aime pas l’alcool.
Je lui demande de prendre place dans un fauteuil. Elle s’exécute. Je m’assois à mon tour en face d’elle. La table fait office de barrage entre nous.
- Quel genre d’alcool as-tu bu ? Ce n’était peut-être pas de bonne qualité. Dans ce cas c’est normal que dises ne pas aimer.
- Je n’en ai jamais bu.
- Et tu affirmes ne pas aimer ? Tiens goûte.
- Goûte je te dis. Ordonnai-je cette fois-ci.
Elle prend le verre et le porte à ses lèvres. J’attends qu’elle avale sa première gorgée. Je ris quand je la vois en avaler une autre.
- Et moi qui croyais que tu n’aimais pas l’alcool.
Elle est gênée. Je n’aurais pas dû faire ce commentaire mais ça été plus fort que moi. On ne prétend pas détester quelque chose sans y avoir même gouter. C’est absurde. Elle m’aurait dit que sa religion le lui interdit j’aurais compris. Là il ne s’agit ni de religion, ni d’allergie même pas de principe.
- Tu me diras quand tu auras fini de te moquer.
- Te fâche pas petite poupée. Dis-je en voyant sa mine contrariée. Sinon ça te plait ? Ajoutai-je en parlant du champagne.
- Oui. C’est très bon. Merci.
- Merci pour ta sincérité.
Elle semble surprise. Quoi ? Je sais être bien éduqué quand il le faut. Je jette un coup d’œil à son verre et constate qu’il est déjà vide, je le remplis à nouveau. Pas que je veuille la saouler. Je veux juste qu’elle se détende.
- - Ahh ! Je parie que c’est ton frère. Lui dis-je en sortant mon IPhone.
Fin du cinquième chapitre. Bizbi.