Chapitre 5
Ecrit par Jennie390
Il a regardé son assiette un moment et pour la première fois depuis plusieurs années, il voulut autre chose pour le petit-déjeuner.
Une habitude, Lionel prenait des oeufs bouillis, des toasts de blé entier, du café et du jus d’orange pour le petit-déjeuner tous les jours depuis qu’il avait vingt ans. Il s’agissait d’un repas parfaitement adéquat, et il ne voyait pas l’intérêt d’avoir quelque chose de différent. Mais aujourd’hui, il n'en voulait plus.
Il est rarement entré dans la cuisine, mais pour la deuxième fois en moins de douze heures, il s’est retrouvé dans le domaine de Mme Akan. La cuisine spacieuse, bien équipée et accueillante était méticuleusement rangée mais pas de traces de Mme Akan.
Lionel: Mme Akan?
Cette dernière entra dans la cuisine en passant par le garde-manger.
Ses cheveux étaient séparés et ramenés dans un chignon sévère à la nuque. Comme d’habitude, elle ne se maquillait pas, mais aujourd’hui Lionel pouvait apprécier la peau lisse et sans défauts de son visage.
Elle portait son uniforme habituel: une longue jupe droite, noire qui lui arrivait aux chevilles; une longue chemise noire avec des manches en dentelles boutonnée jusqu'au cou on dirait un prêtre, un par-dessus en laine au-dessus; des mocassins cirés au pied.
Lionel(dans sa tête): Yé,quel look!
Mais là où, avant, il avait eu la facilité d’ignorer les profondeurs troublantes et sombres de ces yeux fabuleux, les longs et épais cils, la plénitude luxuriante de sa bouche en forme de cœur, il avait du mal à écarter cette beauté intrigante ce matin-là. Malgré la tenue de matrone, sa beauté était distincte et sans équivoque. Il est resté surpris de n’avoir pas du tout remarqué ça avant maintenant.
Cependant, sa réserve évidente et sa posture glaciale étaient suffisantes pour tenir n’importe qui à distance.
Ses yeux se sont abaissés jusqu’à son annulaire gauche - pas d'alliance -, alors il s'est vaguement rappelé que Jim, son avocat avait mentionné qu’elle était divorcée, ou était-ce veuve? Il ne s’en souvenait pas, mais pour la première fois, Lionel s’est demandé ce qui est arrivé à l’ex ou feu M. Akan.
Angèle: Aviez-vous besoin de quelque chose, Monsieur ? Son ton était aussi glacial que le climat en pleine Sibérie. Elle n’aimait pas qu’on envahisse son territoire.
Lionel: Oui. Des crêpes.
Angèle: Je vous demande pardon?
Lionel: Je veux des crêpes. Pas ce que vous m’avez donné.
Elle a ouvert la bouche quelques secondes avant de pouvoir déguiser sa réaction.
Angèle: Bien sûr, je vous fais ça tout de suite.
Angèle: Je vais apporter vos crêpes dans la salle à manger! Voulez-vous du bacon avec?
Lionel: Non juste des crêpes, pas de café, du thé plutôt et un jus de pomme! Tout ce que vous m'avez servi aujourd'hui ne me dit rien.Et ça ne me dérange pas d’attendre là. En fait, je pense que je vais manger ici le matin. Les repas ne doivent pas être trop formels, pas quand je suis le seul ici.
Si ses yeux à elle étaient des fusils il serait déjà mort.
Angèle: Mais…?
Pendant un moment elle avait l’air prête à riposter, et il se prépara. Mais elle hocha la tête brusquement.
Angèle: Comme vous voulez, monsieur.
Lionel était déçu qu’elle ne soit pas allée au bout de sa pensée. Ça aurait été drôle de voir Mme Akan (la sévère) contester ses ordres.
George, le chauffeur a choisi ce moment pour faire son entrée. L’homme est venu dans la cuisine par la porte arrière.
Georges: Êtes-vous sûre de vouloir sortir avec un temps pareil Mme Akan? Il pleut des cordes hein, et le vent...!
Lionel: Pour aller où?
Georges vraisemblablement surpris de sa présence: Bonjour Monsieur. Je ne vous ai pas vu.
Lionel était agacé que tout le monde semblait si troublé par sa présence dans la cuisine. C’était sa maison, ou bien?
Lionel: Mme Akan, où allez-vous?
Angèle: En ville pour les courses.
Lionel: Les courses? C'est pas nécessaire, on peut se débrouiller avec ce qu'il y a ici.
Je mangerai ce que vous mangez.
Angèle(avec son ton glacial légendaire): Mes provisions sont faibles, Monsieur. D’habitude, je fais les courses et je remplis les stocks quand je sais que vous venez... Là vous m'avez un peu prise au dépourvu.
Lionel(avec un sourire cynique): Heureusement pour moi, vous vous adaptez vite Mme Akan. Cela me réconforte de savoir que je peux me présenter CHEZ MOI à n’importe quel moment de mon choix et que je peux compter sur vous pour que cet endroit fonctionne parfaitement en un rien de temps!!!
En d'autres termes: c'est sa maison, il fait ce qu'il veut, quand il veut.
Elle a bien reçu le message vu qu'elle s'est armée d'un sourire de façade.
Angèle(sourire crispé): Évidemment Monsieur, vous pouvez compter sur moi! Dès que j’aurai fait le plein de provisions, tout sera en ordre.
Lionel: Je suis heureux que vous soyez ici, George, alors je n’aurai pas à me répéter.
Lionel détourna son attention sur le vieil homme, qui regardait avec intérêt son échange glacial avec Mme Akan.
Lionel: Mon séjour cette fois-ci sera quelque peu différent. J’ai été… malade, et je suis ici pour récupérer. Je ne quitterai pas beaucoup la maison, et je n’aurai donc pas besoin de vos services trop souvent. Cela dit, je préférerais que vous restiez accessible pour la durée de mon séjour ici. C'est clair?
George hocha la tête vigoureusement .
Lionel: Je prendrai le petit-déjeuner dans la cuisine. Le déjeuner et le dîner dans le salon au lieu de la salle à manger. Je préférerais des petits-déjeuners plus copieux que des œufs durs et des toasts. N’hésitez pas à me surprendre. Je suis venu ici pour la solitude et le repos. En tant que tel, je préférerais ne pas avoir la visite du service de nettoyage trop souvent pendant que je suis ici. Puisque je ne vais pas utiliser toute la maison, je suis sûr que vous pouvez gérer ça Mme Akan! N'est ce pas?
Angèle (le dos bien droit comme un balai): Évidemment Monsieur! Aurez-vous besoin de quelque chose de la ville? Le service météorologique dit que la pluie continuera pendant le reste de la semaine. Et cela signifie que nous ne serons probablement pas en mesure de faire d’autres courses pendant un certain temps.
Lionel: Pourquoi pas?
Angèle: La rivière va probablement déborder, ce qui peut mener à des inondations localisées.Le pont qui nous relie à la route principale pourrait être emporté. Et si cela arrive, nous pourrions bien être coupés de la ville pendant une ou deux semaines.
Lionel: Cela s’est-il déjà produit?
Angèle: Depuis que je travaille ici deux fois déjà.
Lionel: Et vous êtes restée ici toute seule, totalement isolée?
Angèle: Amos (le jardinier) passait souvent vu qu'il ne vit pas loin d'ici.
Lionel(murmurant): Donc vu les prévisions météorologiques, ça pourrait se reproduire et on serait tous les deux bloqués ici?
Angèle arqua les sourcils, n'étant pas sûre s'il fallait donner un sens caché à sa phrase.
Lionel(gêné): Enfin espérons que nous n'en arrivions pas là...
Angèle: Donc, aurez-vous besoin que je vous rapporte quoi que ce soit?
Lionel:Non merci.
Angèle: Avez-vous besoin, je ne sais pas moi, de médicament ou de quoi que ce soit concernant votre santé?
Il avait horreur de paraître faible ou que les gens sentent le besoin de lui venir en aide.
Lionel(d'un ton aussi tranchant qu'un rasoir): Mme Akan, j'ai dit n'avoir besoin de rien! Merci!
Angèle: Bien Monsieur Mebale.
Lionel: Tout compte fait, je vais me joindre à vous. On s'en ira quand j'aurai terminé de manger.
Elle sentait que ce séjour ne serait pas de tout repos, surtout s'il faille se retrouver isolée ici avec lui...