Chapitre 5: Le déjeuner

Ecrit par MTB

Là, il avait honte et était confus en même temps. Il fait un accident et c’est Odette qui gère ce qu’il aurait dû gérer ? Elle doit être géniale et attentive cette fille. Maintenant il pouvait comprendre pourquoi tout le monde l’appréciait.

·         Merci. C’était très aimable à vous.

·         Entre nous, invite-moi juste à déjeuner pour me remercier. Je suis fauchée ce midi.

·         Euh ! Ok. Mais votre fiancé ne sera pas jaloux j’espère.

·         On verra.

Puis s’en rajouter un mot, elle tourna sur elle-même comme si elle avait des roulettes et s’était déjà retrouvée dans son bureau face à son ordinateur. Comment fait-elle ? Et puis, que lui arrivait-il ? Avait-il besoin de faire référence à son fiancé ? En avait-elle vraiment ? Il leva les yeux et croisa une fois encore son regard vu que les bureaux ici étaient cloisonnés et séparés par des vitres transparentes. Passait-elle donc son temps à l’observer ? Ou bien c’est plutôt lui qui commence par l’espionner ? Ils ne purent s’empêcher de se sourire encore.

Il était encore perdu dans ses réflexions quand on sonna encore à la porte.

·         Eric, il est l’heure !

·         L’heure de quoi ? répondit-il

·         Mais l’heure de la pause déjeuner. Ne me dis pas que tu veux me laisser tomber…

·         Euh non. C’est juste que je n’ai pas vu le temps passer. Excuse-moi

·         Ouf ! Sinon un instant j’ai cru que j’allais jeûner vu que j’ai appelé la maison pour décommander le repas de ce midi. Alors, tu m’emmènes où ?

·         Où tu voudras. Je te laisse choisir.

Puis ils sortirent ensemble. Elle semblait comblée de sortir déjeuner avec lui. Pouvait-il lui avouer qu’il la trouvait élégante et belle ? Non. Il ne pouvait pas juste en une journée se laisser troubler par sa collègue. Elle avait rendu ce déjeuner vraiment agréable tant elle n’a pas cessé de parler, de lui poser des tas de questions. Finalement, avec un seul déjeuner, elle en savait plus sur lui que lui-même. Mais de son côté, il n’a osé poser aucune question se contentant de répondre plutôt aux curiosités d’Odette. En quittant le bureau ce soir, tard comme d’habitude, il marqua un arrêt devant le bureau vide d’Odette et remarqua un rangement impeccable. Tout était en ordre comme un bureau inoccupé. Quelle organisation de sa part ! Sur ce point, il reconnut qu’il avait trouvé plus organisé que lui. Il descendit puis repris le chemin de la maison dans la bonne humeur.

Les jours passèrent depuis ce déjeuner et Eric se réveillait toujours avec de la bonne humeur. Il avait même repris le sport avec un groupe d’amis alors que depuis son recrutement, il avait opté pour une salle de gym afin de ne pas trainer dans un bar après une bonne séance d’entretien du corps. On dit souvent que les jours se suivent et se ressemblent mais plus maintenant pour Eric. Il lui arrivait même d’avoir la tête en l’air en pleine réunion et dû s’excuser un jour à trois reprises pour que ses collègues lui répètent ce qu’ils venaient de dire. Enfin, on dirait qu’il devenait un homme normal qui pouvait sourire à ses collègues de bureau et lancer quelques blagues. Au départ, cela avait paru bizarre pour ses collègues mais ils s’y sont habitués maintenant. Ceux-ci ne manquaient pas aussi de le taquiner pour savoir le nom de la demoiselle qui l’avait transformé ainsi. Mais lui se contentait de dire qu’il n’y avait personne.

Et c’était là maintenant son souci. Le fait de n’avoir personne avec qui partager ses soirées une fois le boulot terminé. Comme c’était à la fois agréable de se sentir libre de faire tout ce qu’on veut et à la fois déprimant de se sentir seul, assis devant la télévision parce qu’on n’a personne ! La vie est bien capricieuse. Mais était-ce la faute de la vie s’il n’avait pas de petite amie ? Avait-il réussi à pardonner vraiment la trahison de Clara qu’il avait surpris en train d’embrasser un autre garçon au cours du bal de promo à l’université ? Et même là, avait-il réussi une fois à lui avouer ses sentiments ? Non, il ne lui avait pas dit ouvertement mais elle aurait pu comprendre qu’il en pinçait pour elle. La douleur qu’il ressentit le fit revenir sur terre. Il n’est plus au campus et cette histoire date de bientôt trois ans déjà. Aujourd’hui, il était différent mais n’avait toujours pas d’expérience de la vie. Pourrait-il se mettre en couple avec une fille et lui faire confiance ? N’était-ce d’ailleurs pas pour cette raison qu’il avait choisi la vie de célibat jusqu’à ce qu’il se sente vraiment prêt ?


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