Chapitre 5 : L’espoir.
Ecrit par Dalyanabil
Chapitre 5 : L’espoir.
Fadia
Je ne sais pas depuis combien de temps je cours, je suis partie avant la prière de la mi-journée dhouhr, je m’arrête pour vérifier que je me dirigeais bien vers mon ancien village, tout semble différent en même temps, rien n’a changé. Je sais que je suis tout près, refaire le chemin en sens inverse évoque en moi des souvenirs que je voudrais oublier. Mes poumons me brûlent, mes yeux piquent, j’ai l’impression de courir depuis des lustres, si je ne m’arrête pas pour boire je n’irais pas plus loin. Je m’affale sur le pied d’un d’arbre, place mon baluchon de fortune devant moi, y sors le bidon d’eau que je bois au goulot, ensuite un épi de maïs, pendant que je mange le jour où ‘’IL’’ m’as ramené chez lui me reviens.
Je n’avais pas très bien compris ce qui c’était passé avec le petit fils de Jida, je savais déjà que je ne valais rien mais de là à être vendu comme un vulgaire objet c’est quelque chose qui dépassait mon entendement. Grâce à mon étude du coran, j’avais une idée bien précise de ce qu’était l’esclavage, je savais aussi qu’elle n’avait ni complètement été abolie, ni complètement autorisée par l’islam mais elle avait été règlementée. Seul un prisonnier de guerre pouvait être considéré comme esclave, moi je ne l’étais pas, j’étais une survivante. L’islam interdisait formelle de prendre comme esclave toute personne de confession musulmane, les esclaves en islam avaient des droits et des devoirs comme tout citoyen à la différence près qu’ils avaient un propriétaire. Mais ce que j’ai vécu ces dix dernières années… Je secoue la tête prise nausée, je ne peux même pas le définir, les protestations de mon estomac attire mon attention, je reprends ma mastication et vide mon esprit.
Une fois que j’ai finie de manger je me remets en chemin, j’arrive à l’extérieur du village quand le muezzin fait l’appel de la prière de maghrib, ça me laisse juste assez de luminosité pour récupérer mon héritage et me rendre à la gare routière. Si je me dépêché je pourrais y être avant le départ du dernier bus pour Awash à partir de là je me débrouillerais pour arriver à la capitale Addis Abeba. Je ne sais pas encore très bien ce que j’y ferais, en fais si la capitale est immense s’y cacher sera facile je n’aurais qu’a prétexté avoir perdue tous mes documents dans un feu et n’avoir aucuns parents pour me faire des pièces d’identité. Ensuite je trouverais du travail ou une formation et ma nouvelle vie pourra enfin commencer. Cette pensée me donne la force nécessaire pour grimper au sommet des deux mètres que font l’arbre ou sont cachés mes biens, malgré les intempéries, le temps, mon paquet n’as pas été trop abîmé.
Bizarrement les vêtements bien que court me vont encore, comme si ma morphologie avait été stoppe sa croissance à l’âge de douze ans. Je décide d’utilise un de mes foulard en pagne et l’eau du bidon pour faire un brin de toilette, ça n’enlèvera pas complètement l’odeur mais au moins j’aurais l’air moins folle. Je commence par mon visage ensuite mes aisselles, mes jambes, mes bras, certaines parties de mon corps… Je grimace de douleurs à cause des courbatures, des plaies ouvertes et des bleus. Viens ensuite la partie que je redoute le plus de laver mon entrejambe, durant tout le trajet j’ai marche les pieds écartés comme quelqu’un qui avait deux plaies ouvertes sur l’intérieur des cuisses, c’est collant et c’est la partie de mon corps qui sent le plus mauvais. Je me courbe, me met en position assise pour faire mes ablutions et manque de crier de douleur quand ma main gauche sur laquelle j’ai versé de l’eau éclabousse mon vagin.
Mes yeux se remplissent de larmes et je suffoque de douleur, je serre les dents et recommence l’opération plusieurs fois, jusqu’à ce que je puisse du bout des doigts lavé l’intérieur de mes cuisses, ensuite délicatement je prends un bout de pagne propre. Du moi aussi propre qu’il pourrait l’être avec, Jida ne s’est contente de me léguer des vêtements mais aussi un linceul il a perdu un peu de sa blancheur, mais est propre, de toute façon je n’ai pas mieux. Je le déchire en six morceaux en tout avant de ranger le reste, je me sers de trois d’entre eux pour me faire des dessous sûrement comme au moyen âge, les trois restant me servent de bandage. Je m’habille rapidement, me pressé vers la gare juste à temps pour voir partir le dernier bus. En venant j’ai remarqué un groupement de voiture, avec des sigles AJH, je n’y prête pas attention, mon regard fouille le périmètre à la recherche d’un autre bus sur le départ car celui que je viens de voir partir ne peut pas être le dernier. Je pose la question à une dame qui essaye de maitrise son enfant trop turbulent, elle me confirme que c’est le dernier de la journée les autres ne partiront pas avant 6h00 du matin juste après la prière de fajr.
Ma vue se brouille, mes genoux heurtent le sol, mon cœur tambourine dans ma poitrine, tout, absolument tout me fait mal, je sanglote bruyamment au milieu de la route. IL FALLAIT QUE JE PRENNE CE BUS. L’avoir raté, augmente mes chances de me faire rattraper. Quelqu’un me parle mais je ne l’entends pas, ils vont me rattraper c’est sûr. C’est la seule pensée cohérente que mon cerveau semble à mesure de comprendre sur le moment. Je me le répète encore une fois : maintenant ils vont me rattraper et quand ça sera le cas ils me tueront. Des mains se posent sur moi. Des mains d’hommes, le choque, le dégoût ne dure qu’une fraction de seconde avant que je ne réagisse avec hystérie. Je frappe de toute mes forces avec mes bras, donnent des coups de pieds, crie tellement fort que maintenant un attroupement s’est formé autour de moi. « Ne me touchez pas. Plus jamais. Plus jamais. Plus jamais. »
Le type qui essayait de me parle est maintenant entoure par deux autres hommes qui eux veulent lui venir en aide mais je continue de le frapper sans recule. Plus il bat retraite plus je gagne du terrain, l’un de ceux lui venant en aide levé la main pour me frappe, mon sang se glacé, je suis de nouveau dans un coin de la cuisine et il est au-dessus de moi sa main levée prête à s’abattre. Je suis comme figé, mais la gifle ne vient pas j’entends une voix pleine de colère donné un ordre sec « viré le moi d’ici, je veux votre démission dès notre retour. » Je suis toujours tétanisé, j’ai du mal à comprendre ce qui vient de ce passé quand la même voix cette fois douce et basse s’adresse à moi « Mlle ? Regardez-moi, personne ne vous ferra de mal. Je m’appelé Amsetou Mamoud Hassan » elle me montre la voiture derrière elle, « je suis là avec ma fondation pour un projet. » elle marque une pause avant de reprendre « est-ce que je peux vous aider ? » Pendant tout le temps qu’elle a parlé, je l’ai observé, la première chose qui me frappe chez elle s’est ses yeux, ils sont tristes, tellement qu’on a l’impression qu’ils sont larmoyants.
Je fais un pas en arrière et secoue la tête en signe de négation, au lieu de s’avance vers moi comme l’aurait fait n’importe qui d’autre elle me laisse m’éloigne. Maintenant elle a les deux mains tendues vers moi, souris légèrement la tête penche sur le côté « vous avez besoin de quoi ? » Je l’observe plus attentivement, elle porte un pantalon fluide avec une tunique beige, la couleur crée un assez joli contraste sur sa peau chocolat, elle ne porte pas de maquillage, elle a les yeux cernés, son voile glisse à chaque coup de vent qui par la même occasion dévoile son ventre légèrement arrondi. « Je vous promets que si vous me laisser faire, je vous aiderai. »
« Comment ? » Ma voix est à peine un murmure, m’a-t-elle entendue ?
« Dites-moi ce dont vous avez besoin. » apparemment oui.
« Partir d’ici ? »
« Pour aller où ? »
Sa question me force à la regarde dans les yeux, elle semble être vraiment curieuse mais surtout sur son visage je ne lis aucune condescendance. Alors j’hoche les épaules avant de murmure encore « n’importe où »
Maintenant mes larmes coulent sur mes joues, je me sens idiote de pleure comme ça, je ne veux pas de sa pitié ni de celle de personne. Ce que je veux c’est partir, les yeux rives sur le sol j’essuies gauchement mes larmes, je ne saurais dire exactement ce qui chez cette femme me pousse à espère qu’elle m’en amené avec elle, peut-être sa voix quand elle a grondé le méchant monsieur pour me protéger, la même qu’elle utilise pour me parler remplir de douceur et de compréhension en ce moment ou bien est-ce ces yeux. Mais Ya Allah fait qu’elle m’amené avec elle stp.
« OK, venez avec moi je connais justement l’endroit parfait. »
C’est fou mais l’entendre prononcer ces mots avec un brin de mystère ne m’effraie pas, c’est tout le contraire je me sens poussé des ailes un peu comme si finalement j’allais pourvoir échapper à cet enfer qu’a été ma vie depuis ma naissance. Je ramasse mes affaires qui se sont éparpillés durant la bagarre, place ma main droite dans la sienne qui est toujours tendue vers moi, et avec ma main gauche je traine mon baluchon et la suis le cœur léger, la tête remplir d’espoir.