Chapitre 5 : Penser autrement
Ecrit par kaynaliah
****Charles*****
Je suis arrivé en début d’après-midi à Cotonou. Un chauffeur
m’attendait dans le hall. Il a récupéré mes bagages et m’a accompagné à
l’hôtel. Il y avait une foule au niveau de la réception car il y avait
du monde à recevoir pour la conférence et la plupart est descendue dans
cet hôtel. L’hôtel « La Maison rouge » de Cotonou est juste un joyau
dans le milieu de l’hôtellerie. Il est
un véritable chef d’œuvre pour moi. On monte me bagages dans ma chambre
pendant que je traîne au niveau de la librairie pour me procurer les
magazines locaux. Je monte dans ma chambre et je trouve mes bagages
installés dans un coin au pied du lit. Il est déjà 15h30 à ma montre. Je
prends mon portable et appelle tous mes enfants pour leur signifier que
je suis bien arrivé à destination. Depuis le scandale qui a eu lieu à
son anniversaire, Naomie ne cesse de me demander quand est-ce elle
pourrait parler à sa sœur. Cette’ sœur qui l’ignore complètement. Je ne
peux que lui dire que c’est compliqué pour l’instant. Anaelle ne veut
rien avoir à faire avec moi de près ou de loin. Je parle aussi avec ma
sœur avant de raccrocher.
Je pose le téléphone sur la table et
m’écroule sur cet immense lit. Je me souviens à cet instant qu’Annick a
toujours apprécié sauter sur les immenses matelas comme celui-là comme
une enfant. S’en souvenir me fait sourire. C’était la belle vie. J’étais
surtout heureux. J’ai tout perdu du jour au lendemain à cause de ma
lâcheté. Je sors de ma rêverie par la sonnerie qu’émet mon téléphone. Je
viens de recevoir un message. Je prends mon téléphone et vois qu’il
vient d’Inès. Je soupire d’agacement et consulte malgré moi ce qu’elle
m’a envoyé : il s’agit de plusieurs mms. Je les ouvre les uns après les
autres mais j’aurai dû m’abstenir de le faire car ce que j’y vois me
rend fou de jalousie. Je me lève du lit tellement je suis encore sous le
choc. Je vois Annick assise à un bar que je connais bien vu qu’il est
situé à l’aéroport de Libreville. Elle mange et sourit à un homme. Elle
l’embrasse surtout et le tient par la main. Elle le serre dans ses bras
et ils se soufflent des mots à l’oreille. Je suis rongé par la jalousie.
J’ai mal. Je souffre de voir ce que je vois. Je souffre tellement que
mon cerveau refuse d’assimiler cette information.
Je reçois 5 minutes plus tard un message de sa part :
« C’est pour ça que tu veux divorcer. Cette femme t’a oubliée depuis
longtemps et je dois dire que j’ai bien réussi mon coup. Elle ne
t’attend plus et s’est reconstruite. Je te conseille de bien réfléchir à
cette histoire de divorce. Ce serait bête de détruire « notre famille »
pour une personne qui n’en a plus rien à faire de toi. Bonne soirée mon
chou »
La garce. J’ai failli exploser mon portable contre le
mur tellement je suis en colère. Contre Inès, Annick et moi-même. Mais
je dois reconnaître que je suis le seul à blâmer dans toute cette
histoire.
Je regarde encore les photos et je veux connaître
l’identité de cet homme. Il n’est pas juste un homme quelconque. Il y a
quelque chose dans son regard. Cet homme est spécial pour elle. Mais
qu’espérais-je donc ? Qu’elle me tombe dans les bras aussi facilement ?
J’ai tout perdu. J’ai tout raté. Au nom de quoi ? Je me sens juste de
plus en plus brisé et diminué. J’étais tellement mal que j’ai sauté mon
dîner. J’ai passé une nuit affreuse. En me réveillant ce matin, j’avais
une faim de loup sans nom. Je n’ai pas tardé à prendre ma douche et à me
rendre à la salle de petit-déjeuner.
Je suis remonté à ma
chambre pour me changer et me préparer. La conférence commence dans une
heure exactement et je suis prêt. Je classe les dossiers que j’ai
ramenés avec moi et je suis surtout anxieux de rencontrer Annick
aujourd’hui. J’essaye d’imaginer juste sa réaction. Je m’assois sur le
lit et j’appelle ma sœur comme pour essayer de me rassurer. Je ne tarde
pas trop avec elle et descends à la réception. Je fais la rencontre
d’autres conférenciers présents. Il y a beaucoup de personnes
intéressantes et qui pourraient vraiment être bénéfiques pour la
croissance de mon entreprise. On commence à s’installer lorsque
j’aperçois Annick de l’autre côté de la salle. Elle parle avec d’autres
personnes et ne m’a surtout pas vu. Je ne sais pas quoi faire. Dois-je
m’avancer vers elle et risquer de me faire humilier devant près de cent
cinquante personnes ou attendre patiemment le retour à l’hôtel ? Je
préfère choisir la première option avant de m’installer et d’écouter
religieusement les conversations.
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Quelques heures plus tard
Il est 16 heures et la première journée de la conférence vient de
prendre fin. Ce fut vraiment un supplice. Je discute un long moment avec
d’autres participants avant de prendre congé d’eux et de me rendre à
l’hôtel. Il fait très chaud. Je monte à ma chambre prendre une douche
avant de me mettre à réfléchir sur mon prochain divorce. Il est temps
que j’accélère vraiment les choses. Je m’installe sur mon bureau et
commence à travailler un petit peu sur mon ordinateur.
A 19
heures, je descends à la réception après avoir pris de nouveau une
douche. Je demande des informations sur le quartier quand j’aperçois de
dos Annick assise au restaurant de l’hôtel. Mon cœur a raté un
battement. Je crois qu’elle est au téléphone. Je prends mon courage à
deux mains et décide de me diriger vers elle en dépit de tout. Plus je
m’avance et plus j’entends sa voix si douce qui m’a toujours bercé. Elle
parle à notre fille. Je viens d’entendre son nom dans la conversation.
J’attends sagement qu’elle termine avant de prendre place face à elle.
-« Bonsoir Annick »
-« Bonsoir Charles » dit-elle étonnée en déposant son verre sur la table.
-« Je peux ? »
-« A quoi ça sert de ma demander vu que tu t’es déjà installé ? »
-« Touché »
-« Qu’est-ce que ce que tu veux ? »
-« Déjà passer un bon moment avec toi »
-« Qui t’a dit que j’étais intéressée par ton programme ? »
-« Tu as toujours aimé les restaurants. Avec moi »
-« Cette époque est révolue. Cette partie de ma vie appartient à un passé que j’ai oublié »
-« Tu es sûre que tu as mis une croix sur moi Annick ? »
-« Tu es pathétique Charles. Je te plains vraiment »
-« …. »
-« Tu as vraiment cru que tu avais affaire à la petite Annick que tu t’es amusé à briser en pièces ? »
-« Annick… »
-« Non Charles. La récréation est terminée. Je ne veux plus de toi. Est-ce clair ? Plutôt mourir que de revenir avec toi »
Koum koum koum
-« Tu n’es plus ma priorité depuis de longues années »
-« …. »
-« Arrête donc ton numéro car ça ne fonctionne pas avec moi »
-« …. »
-« Comment va Inès au fait?»
-« On divorce »
-« C’est votre problème en tout cas »
Sans demander son reste, elle se leva de table et alla régler son
addition avant de disparaître tout simplement. Je me sens vraiment comme
un idiot. Je me sens humilié et brisé. Même si je sais qu’elle n’est
pas célibataire, je ne peux m’empêcher de la vouloir pour moi Je finis
par rejoindre ma chambre et à m’asseoir à la terrasse face à la mer pour
prendre l’air car j’étouffe. J’ai tout perdu mais je refuse malgré tout
de l’admettre.
Je refuse de m’avouer vaincu. Je suis
désespéré. J’ai fait le choix de la raison : passer par la mère pour
récupérer ma fille. Je crois que je vais penser de façon inverse. Je
n’ai plus rien à perdre de toute façon. Anaelle est ma dernière option
pour essayer de récupérer Annick. Elle semble si inaccessible mais je ne
m'avoue pas vaincu. Je compte me battre. Elle le mérite et en vaut la
peine.