CHAPITRE 56: ÊTRE ABOMINABLE
Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 56 : ETRE ABOMINABLE.
**MARWANE MEZUI**
J’ai énormément réfléchi à la conversation que j’ai eue avec Loyd le mois dernier et il a raison de dire que je ne saurai jamais rien si je ne demande pas alors j’ai décidé d’aller au Ghana, d’abord pour les revoir tous car depuis un an que je suis parti, je n’ai pas eu la possibilité d’y retourner. Ensuite parler avec Mommy pour lui demander si elle serait d’accord que j’envisage un mariage avec Bless et enfin parler de mon passé avec la concernée avant de lui demander si elle voulait nous donner une chance. J’ai pris mon billet et je pars la semaine prochaine. Mais avant ça, j’ai l’intention d’emmener Loyd à parler de sa situation à Arsène et Leslie. À chaque fois il sort des excuses, je sais qu’il a peur mais surtout avec tous les mensonges qu’ils ont déjà dit sur leur relation, ils ne savent plus par où commencer pour dire la vérité et ils sont bloqués. On est censé aller chez ya Leslie aujourd’hui pour aider tonton Arsène avec le rangement de son bureau, je compte créer une situation qui l’obligera à parler.
Je rentre dans ma chambre pour m’apprêter et 30 minutes plus tard, je prends la route du fromager. Quand j’arrive, Loyd est déjà sur place avec le concerné et les jumeaux. Je les salue et on raconte une minute avant de tous aller comme un seul homme nous occuper du bureau en question sous la supervision de ya Leslie qui ne fait que contredire son mari.
Arsène : Finalement le bureau là c’est le tien ou le mien ?
Nous : (En chœur) Vraiment.
Leslie : C’est ton bureau mais n’empêche que c’est moi qui le nettoie et le range. Je sais ce qui est mieux. De plus je vous connais, si on ne vous dit pas quoi faire, le travail d’un jour fera 2 jours.
Arsène : Hum.
Aimé : Elle t’a convaincu aussi vite ?
Amour : Tu ignores quoi ?
Arsène : (Souriant) Vous apprendrez avec le temps et l’âge que la paix est meilleure que la raison et une multitude d’arguments.
Loyd/Moi : (Riant) C’est sûr.
Leslie : Archy je t’apporte une boisson ?
Arsène : Oui stp ma douce.
Leslie : Tout de suite mon chéri.
Elle est sortie.
Arsène : (Regardant son fils) Tu comprends maintenant ?
Nous avons éclaté de rire et elle lui a apporté à boire à lui seul. De temps en temps elle lui épongeait le visage et le massait. Nous autres on se débrouillait. À la fin, il était le seul à sortir encore frais pendant que nous autres étions défraîchis. Nous sommes allés nous asseoir à la terrasse après avoir lavé les mains et ce n’est que là que nous avons eu droit à un semblant de vrai traitement.
Arsène : (À son fils) Sur les questions de rangement et décoration de la maison, madame a toujours raison. Retiens le pour la vie.
Aimé : Je ne risque pas de l’oublier cette leçon, je l’ai vue à l’œuvre. D’abord discuter légèrement et ensuite capitulé devant tous, tu seras traité comme un roi.
Arsène : (Souriant) Exactement.
Nous même avons retenu la leçon pour un jour peut-être. Les garçons sont allés prendre leur douche et nous sommes restés à trois.
Moi : (Regardant Arsène) J’aimerais avoir ton avis sur une histoire que j’ai lue sur Facebook ce matin.
Arsène : De quoi s’agit il ?
Moi : En fait c’est l’histoire d’un homme qui dit être amoureux de la fille de son frère.
Arsène a froncé les sourcils pendant que Loyd s’est mis à me fixer intensément.
Moi : J’explique la situation. Le gars dit que la fille en question n’est pas la fille biologique de son frère, c’est une fille du village que son frère et sa femme ont en quelque sorte adopté sans passer par les voies légales pour l’élever comme leur propre fille et effectivement c’est ce qu’ils ont fait. Mais lui il a vu cette fille et elle l’a plu. Il dit l’aimer et vouloir l’épouser pour faire d’elle sa femme. Je précise que la fille est maintenant une adulte.
Je me suis tu et je l’ai regardé, Loyd aussi l’a fait et à voir comment il était droit sur sa chaise, il devait avoir le cœur battant. Arsène est resté silencieux un long moment avant de prendre la parole.
Arsène : De deux choses l’une, soit cet homme a un truc qui ne va pas dans le cerveau, soit c’est un sectaire qui trempe dans des pratiques bizarres car il n’y a pour moi que ces 2 choses qui peuvent justifier ses propos.
Loyd a fermé les yeux en baissant légèrement la tête.
Arsène : Comment comprendre qu’il dise lui-même ‘’la fille de son frère ‘’ et penser avoir une relation avec elle ? La famille va au-delà des liens de sang ou même les considérations légales. Dès l’instant que les choses sont organisées de sorte à ce que notoirement les gens disent que tel est l’enfant de tel, tu ne peux décemment pas dire que tu vas essayer d’avoir une relation avec la personne. C’est un peu comme si toi ou Loyd par exemple se levait un matin pour venir me dire une connerie comme quoi il serait amoureux de Lucrèce. Tu t’imagines une telle abomination ? Cet homme est un criminel qu’il faudrait faire enfermer car avec de tels dangers dans la nature, nos enfants ne sont pas en sécurité.
Moi : Je vois.
Leslie : Archy tu ne prends pas ta douche maintenant ? Tu sais qu’après on doit sortir.
Arsène : Si je viens. (Se levant) Excusez moi.
Moi : (Esquissant un faible sourire) Non t’inquiètes.
Il est parti et j’ai regardé Loyd dont il était évident qu’il luttait pour ne pas pleurer. Il faisait peine à voir et moi-même j’avais mal pour lui.
Moi : Loyd.
Loyd : (Silence)
Moi : Loyd.
Il s’est levé et a pris ses téléphones.
Loyd : (Articulant difficilement) Tu leur diras que j’ai eu une urgence.
Deux larmes ont fini par couler le long de ses joues et il les a rapidement essuyés avant de se retourner pour aller monter dans sa voiture. Il a immédiatement démarré et est parti.
Leslie : (Sortant de la maison) C’est Loyd qui est parti hein ?
Moi : Oui, il a eu une urgence. D’ailleurs il faut que moi aussi j’y aille. Il faut le dire à tonton.
Leslie : D’accord.
Je me suis levé, j’ai pris mes téléphone et je suis parti de là pour chez Loyd que j’ai trouvé assis sur les marches de sa terrasse, les deux mains sur la tête en train de pleurer. J’ai coupé le contact et je suis descendu en marchant lentement jusqu’à lui. Je me suis assis à ses côtés en silence.
Moi : (Après un long moment) Je suis vraiment désolé Loyd, je n’imagine même pas ce que tu ressens.
Loyd : (Dans la même position) Non, tu n’imagines pas. Tu ne peux pas savoir ce que je ressens actuellement. De savoir que ma relation est une abomination. Tu ne le sais pas. Je n’ai pourtant pas fait exprès. Je n’ai pas fait exprès de l’aimer. J’ai essayé de résister, j’ai essayé avec une autre femme et je suis même allé jusqu’au Ghana pour m’en éloigner mais cela n’a rien donné.
Moi : Je sais. Que compte tu faire ? L’épouser malgré son refus ?
Il a mis sa tête sur le côté.
Moi : À part renoncer à elle, c’est la seule chose à faire si tu veux être avec elle. Aller directement vers sa famille biologique et demander sa main là-bas sans passer par Leslie et Arsène.
Loyd : Faire une telle chose serait brisée à tous jamais la relation de Lucrèce avec eux et je ne veux pas arriver à cet extrême. L’image de Lucrèce sera détruite.
Moi : Pourtant il faudra bien détruire quelque chose soit sa relation avec eux soit c’est la vôtre.
Loyd : (Silence)
Nous sommes restés sans parler pendant un long moment et c’est Lucrèce qui est venue briser ce silence en venant nous trouver visiblement en colère avec quelques traces de griffures sur le corps. Loyd avait déjà fini de pleurer depuis un moment et ses yeux avait repris une couleur normale.
Lucrèce : (Énervée) Comment tu vas laisser des gens te marcher sur les pieds comme ça comme si tu étais une sans famille.
Moi : Ça c’est qui ?
Lucrèce : Si ce n’est pas tata Luce c’est qui ? Sa façon de ne pas parler même quand on fait les conneries m’énerve. Jusqu’à une imbécile comme Stella qui n’a ni devant ni derrière se permet de venir la narguer en la traitant de bois sec ? Que leur héritier naîtra bientôt ? Là où je n’ai pas envoyé la connasse là à l’hôpital c’est parce que son rigolo de grand frère est venu nous trouver là-bas. Je jure que je l’aurais tuée aujourd’hui et j’allais voir sa sorcière de mère là venir me toucher. Et je dis même à tantine Lucia qu’on part, elle refuse pour continuer à se faire insulter. J’ai décidé de ne plus mettre mes pieds là-bas au risque de tuer quelqu’un. Une bande de sorciers et sorcières cette famille. (Nous dépassant pour rentrer dans la maison) Mon cœur chauffe seigneur, je sens que je vais appeler mamie pour lui dire, trop c’est trop. On peut regarder les bêtises comme ça jusqu’à les couvrir ? Tu es une sans famille pour que les Obiang te traitent comme leur torchon ? Ô seigneur attrape mon cœur et ma bouche, attrape oh.
Elle est rentrée et nous a laissés là en train de nous regarder.
Moi : (Esquissant un faible sourire) Je crois que tu as une crise à gérer là.
Loyd : (Se levant) Je sais.
Moi : (Me levant à mon tour) Je vais y aller. On s’appelle.
Loyd : Ok.
Je suis allé monter dans ma voiture et je suis parti de là pour la maison où j’ai pris une douche avant d’appeler Blessing(…)
Julia : ( courant se jeter dans mes après m’avoir vu) Marwane oh, tu es revenu.
Moi : (Souriant en la serrant dans mes bras) Je te l’avais bien dit, que je reviendrai.
Julia : Oui mais tu as duré, tu avais dit 2 mois.
Moi : C’est vrai mais sur place, j’ai trouvé un grand chantier qui m’a pris plus de temps que prévu. Mais je suis là maintenant.
Julia : Pour combien de temps ?
Moi : Deux semaines.
Julia : Seulement ?
Moi : C’est ce que le boulot me permets d’avoir. J’avais dit que je voulais rester sans travailler et vous aviez tous crié sur moi, voilà les conséquences.
Julia : Hum.
Moi : (Pinçant son nez en souriant) Allez, on y va.
Julia : (Se détachant de moi en riant) Ok.
J’ai tiré ma valise jusqu’à sa voiture, nous sommes montés et nous sommes partis. Je l’ai questionnée sur son mari et ses enfants, trois, et elle m’a dit qu’ils vont bien. C’est elle que j’ai contacté la veille pour dire que je venais et qu’elle devait venir me chercher. Je lui ai dit de ne rien dire aux autres car c’est une surprise. On a parlé de tout et de rien jusqu’à chez Mommy. Nous sommes rentrés dans la maison.
Julia : (Criant) Mommy , where are you ?
Silence.
Julia : Mommy Come, i’ve a surprise for you.
Mommy : (Apparaissant) What is…
Elle s’est arrêtée dès que son regard a croisé le mien et on a pu voir qu’elle était agréablement surprise. J’ai lâché ma valise et je suis allé la soulever en la serrant dans mes bras, elle s’est agrippée à moi en pleurant de joie.
Julia : (Souriant) Surprise.
Mommy : Marwane.
Moi : Oui.
Mommy : Mais que fais-tu là ?
Moi : Je suis venu pour te voir, tu m’as trop manqué.
Mommy : Tu m’as manqué aussi. (Mettant une petite distance entre nous pour me regarder) Attend, c’est moi ou bien tu as maigri ?
Moi : (Souriant) J’ai maigri Mommy, là-bas on ne me nourrit pas bien.
Mommy : Hum. Je t’avais bien dit de te trouver une femme, tu vois maintenant les conséquences ?
Moi : (Souriant)
Mommy : (Attrapant mon bras) Allez viens t’asseoir. Julia apporte nous quelque chose à consommer là-bas, je vais manger avec mon fils.
Julia : (Souriant) Je suis maintenant la ménagère de ton fils ?
Mommy : Apporte nous les choses tu ne vois pas que mon fils est venu de loin ?
C’est en riant qu’elle s’est exécutée et nous a apporté à boire et grignoter. Mommy m’a questionné sur comment j’allais, le travail, la famille, Loyd et Rebecca et j’y ai répondu. Johanna est venue nous rejoindre et a également été contente de me voir puis ce fut autour de Blessing. Quand elle est arrivée parce que les filles lui ont dit qu’elles avaient une surprise pour elle, elles étaient déjà toutes à la cuisine et moi dans la chambre que je vais occuper. Alors je suis arrivé derrière elle discrètement.
Blessing : Vous allez me dire c’est quoi cette surprise ?
Johanna : (Souriant grandement) Ce n’est pas quoi, c’est qui ?
Elle a levé la main comme pour dire oui et ? Je me suis approché et j’ai tapoté son épaule.
Moi : Cc Elsa.
Elle s’est brusquement retournée et m’a regardé avec les grands yeux et la bouche ouverts. Lorsqu’on s’est parlé ce matin puis plus tôt dans la journée, je ne lui ai rien.
Moi : (Après un moment, souriant) Ça va toi ?
Elle est venue me sauter dessus en pleurant, son corps tremblait même. Elle était très émue de me voir et n’a pas pu le cacher. Elle avait les bras autour de mon cou et le visage dans le creux, ses jambes autour de ma taille et j’ai croisé mes mains dans son dos.
Moi : (Après un moment, voix câline) Ça va ?
Blessing : (Remuant négativement la tête) Non. Tu ne m’as rien dit.
Moi : Je voulais te faire la surprise qui apparemment a marché vu comment tu as sauté sur moi on dirait le singe sur sa banane.
Blessing : (Souriant et tapant sur mon épaule) Va là-bas, idiot.
Moi : (Souriant) Uniquement le tien. Tu vas mieux maintenant ?
Blessing : (Souriante) Oui, c’est passé. (Descendant) Tu es arrivé à quelle heure ?
Moi : Peu après 14h et Julia est venue me chercher.
Blessing : (Les yeux brillants) Je vois. Je suis contente que tu sois là.
Moi : (Essuyant son visage des larmes qui avaient coulé, souriant) Moi aussi.
Julia/Johanna : (Se raclant la gorge derrière nous) Hum-hum-hum-hum-hum.
Cela nous a fait sortir de la petite bulle qui venait de se créer et nous a rappelé en même temps qu’on n’était pas seuls. Nous nous sommes lâchés et avons mis de la distance entre nous.
Johanna : Mommy you’re seen ? Il y a quelque chose ici que les gens savent mais que nous ignorons.
Julia : C’est sûr.
Blessing s’est mordue la lèvre inférieure et moi je me suis gratté la tête en souriant légèrement. J’ai jeté un coup d’œil sur Mommy et elle avait un visage neutre et découpait ses tomates comme si de rien était et n’a fait aucun commentaire, cela m’a fait un peu peur et je me suis demandé si elle désapprouvait cette proximité.
Blessing : Il n’y a rien à savoir. J’ai juste été surprise de le voir et j’ai quelque peu été émue, c’est tout.
Les filles : Hum.
Blessing : Et puis c’est un idiot que je ne peux toujours pas voir en peinture.
Les filles : Mieux de toi, c’est pas la peinture qui est arrivée.
On s’est mis à rire et nous n’avons pas tardé à passer à table. Nous avons mangé dans la bonne humeur et elles m’ont demandé les nouvelles de ma sœur qui s’est récemment mariée et j’ai dit qu’elle allait bien. Johanna m’a demandé à propos du mariage de Loyd s’il était déjà en projet.
Moi : Pas encore.
Johanna : Rebecca a maintenant terminé les études et est rentrée non ?
Moi : Oui.
Johanna : Et alors ? Ils ne veulent plus se marier ?
Moi : Si mais c’est bien plus compliqué que cela. Il n’y a que Loyd qui soit en mesure de vous l’expliquer car je ne saurai le faire. Tout ce que je peux vous dire c’est qu’il y a un blocage au niveau des parents de Rebecca.
Julia : Ils ne veulent pas que leur fille aille en mariage ?
Moi : (Dans ma tête) Si seulement ils savaient qu’elle voulait le faire et avec qui ? (À haute voix) Ils ont surtout un problème avec qui elle veut aller en mariage mais bon il n’y a que Loyd qui peut mieux vous l’expliquer.
Julia : On va prier pour eux.
Moi : Ils en ont effectivement besoin.
Nous avons mangé et les filles ont débarrassé et lavé avant de prendre les emportés qu’elles ont fait pour leurs familles respectives et s’en aller . Blessing aussi qui est pour le moment chez Johanna a dû partir non sans me dire qu’elle abrégerait son séjour là-bas pour revenir à la maison, je suis resté tout seul avec Mommy et j’ai décidé de lui parler avant toute entreprise. Nous sommes allés dans le grand salon et je cherchais comment faire pour emmener le sujet.
Mommy : Les anges doivent d’abord descendre avant que tu prennes la parole ?
Moi : (Souriant faiblement en grattant ma tête) Non. Ce que je veux dire c’est que tu te rappelles que tu m’avais dit que je devais me chercher une femme ?
Mommy : (Me regardant en silence)
Moi : Eh bien j’ai décidé de suivre ton conseil et je crois l’avoir trouvée mais je ne sais pas si elle et sa famille seront d’accord pour me laisser être avec elle.
Mommy : C’est de Blessing qu’il s’agit n’est-ce pas ?
Moi : Oui.
Mommy : J’ai su que tu viendrais ici pour me parler à l’instant où j’ai vu cette vidéo de vous deux dans cet hôpital et que j’ai su qu’elle était partie d’ici pour aller t’accompagner rencontrer ta famille au Cap-Vert. Je savais que ce n’était qu’une question de temps.
Moi : (Silence)
Mommy : Aviez-vous discuté tout les deux sur ce dont nous savons ?
Moi : Pas encore, mais je suis venu pour ça, pour le lui dire et lui demander si malgré tout elle serait d’accord.
Mommy : Je vois.
Moi : Mais avant cela je voulais savoir si, (me triturant les doigts et baissant la tête) si ça te dérangerait d’avoir un gendre tel que moi ? Je, comprendrai tout à fait si, si ce n’est pas le cas et je m’éloignerai immédiatement de Bless.
Je suis resté là et j’ai fermé les yeux avec le cœur battant.
Mommy : (Après un long moment) Je t’ai dit quoi à propos des hommes ?
Moi : Qu’un homme ne baisse pas la tête et regarde dans les yeux quand il s’adresse à quelqu’un .
Mommy : Alors pourquoi tu me parles la tête baissée et ne soutiens pas mon regard ?
Moi : (Silence)
Mommy : Est-ce comme ça que tu comptes assumer ma fille ? À chaque fois que tu auras honte, tu baisseras le tête ?
Moi : (Silence)
Mommy : Si tu ne t’assumes pas alors qui le fera ?
Moi : Personne.
Mommy : Je ne donnerai jamais ma fille en mariage à un homme qui a la tête baissée et qui est incapable de regarder ses semblables dans les yeux, jamais.
J’ai relevé la tête et je l’ai fixée.
Mommy : Vous aurez des détracteurs Marwane, des gens qui sortiront de nulle part pour essayer de te détruire, détruire ta famille et tes enfants. Viendra un moment où tu verras des photos et des vidéos de toi placardées sur les murs ou circuler dans les réseaux. Ils te hueront, se moqueront de ta femme et railleront tes enfants partout où tu iras mais si tu n’as pas de morale et un cran d’acier pour le supporter et continuer à avancer malgré tout, tu te donneras la mort. Je te parle en connaissance de cause alors je te le redemande est ce que tu es prêt à t’assumer ? À assumer qui tu es dans ton entièreté devant la face du monde ? Est-ce que tu es prêt à ne pas baisser la tête et à fixer dans les yeux même un individu qui présentera une image de toi dans une posture dégradante ?
Moi : (La fixant) Je suis prêt à le faire.
Mommy : Tu en es sûr ?
Moi : Oui.
Mommy : (Après un long moment à me regarder dans les yeux, esquissant un faible sourire) Alors je serai très honorée que tu deviennes mon gendre.
J’ai souri soulagé et une larme de joie a coulé de mes yeux.
Moi : Merci Mommy.
Mommy : (Caressant mon visage et essuyant mes yeux en souriant tendrement) Tu me rappelles tellement mon mari. Quand je l’ai rencontré, il était boutentrain, emmerdeur avec un franc parler qui très souvent piquait quand il le faisait, il parlait à n’en point finir (touchant mes tresses) et avait ces choses sur la tête avec lesquelles il jouait le beau. Pour m’énerver, il me les tapait souvent sur le visage.
Elle le dit en riant l’air nostalgique et je souris de la voir ainsi.
Mommy : (Dans le même état) C’était un cas et il passait son temps à me rendre folle. Il fallait de temps en temps nous séparer des bagarres lui et moi exactement comme Blessing et toi. Mais il avait un cœur en or, tellement pur qu’une lumière irradiait de lui (posant son regard sur moi) Exactement comme toi. Blessing aura énormément de chance de t’avoir.
Moi : Je ne savais pas que j’avais autant de choses en commun avec ton mari.
Mommy : (Me caressant le visage, énigmatique) Ce ne sont malheureusement pas les seules. Viens là.
Elle m’a serré dans ses bras pendant un bon moment.
Mommy : Malgré ce qui va se passer, garde ton cœur d’accord ?
Moi : (Ne comprenant pas) D’accord.
Mommy : Je t’aime mon enfant.
Moi : Moi aussi Mommy.
Mommy : Prions car il se fait tard. Et demain j’aimerais que tu m’accompagnes dans un hôpital, nous prierons pour les malades.
Moi : Euh d’accord.
Nous avons prié et sommes allés nous coucher. Le lendemain comme elle l’a dit, nous sommes allés à l’hôpital pour prier. J’ai eu du mal à le faire parce que Blessing n’était pas là et j’ai fini par l’appeler au téléphone pour qu’elle chante depuis son lieu de travail, bien que surprise, elle l’a fait et j’ai prié. Nous l’avons fait un, deux, trois jours et le 4e Mommy m’a dit qu’il faut que je me détache, Blessing ne sera pas toujours là pour que je prie pour les gens. Du coup, j’ai prié le 5e et le 6e jours sans résultat. Elle m’a demandé de me concentrer et de chercher moi-même à créer l’atmosphère favorable pour le faire même si c’était pour le faire dans mon cœur mais il le fallait. Je l’ai fait du 7e au 12e jours et les résultats étaient en dents de scie. Elle m’a dit que Dieu fera grâce et la pratique fera aussi sa part. Comme la blague, j’ai passé presque 2 semaines au Ghana et je n’ai pas pu voir Blessing pour lui parler face à face même une fois. Mommy m’a embarqué dans ses programmes d’église jusqu’à moi-même j’étais dépassé. Elle a fait de moi son assistant personnel. Il fallait prier, exhorter et elle est même aller jusqu’à me faire prêcher dans une petite église dans un village de la région. Il fallait me voir en train de dire les bêtises tellement je ne m’y attendais pas et je n’étais pas préparé à le faire. Elle a filmé ça et est allée le montrer aux filles qui n’ont pas arrêté de se moquer de moi en m’appelant le révérend Marwane vu que c’est ainsi que celui qui m’avait présenté m’avait appelé. C’est l’avant dernier jour que j’ai pu caller un dîner avec Bless. Nous nous sommes tous les deux apprêtés et elle était magnifique dans sa tenue. Ce que je n’ai pas manqué de lui dire. Nous avons pris sa voiture, moi au volant et nous sommes allés au restaurant. Pendant qu’on était en chemin elle m’a dit.
Blessing : Tu sais pourquoi ils t’ont appelé le révérend ?
Moi : Non.
Blessing : Parce qu’un révérend est un homme qui a été approuvé par l’ensemble de ses pairs et que l’on pense qu’il est un homme de Dieu.
Moi : (silence)
Blessing : Les personnes devant lesquelles tu parlais dans cette église n’étaient pas des fidèles Marwane. (Je la regarde) Ce sont tous des hommes et des femmes à la tête des églises de renommées internationales qui organisent de grandes croisades dans les quatre coins du monde.
Moi : Tu me fais marcher n’est-ce pas ?
Blessing : (Silence)
Moi : (N’en revenant pas) Je n’arrive pas à croire que Mommy m’ait laissé parler et dire des bêtises devant ces gens (Me passant la main sur le visage) Et ils ont pris des notes et tout. Ils ont dû se foutre de moi en se disant mais qu’est-ce qu’il raconte celui là ? Et ils ont tous joué le jeu jusqu’à me laisser prier pour eux. Mommy n’est pas sérieuse, je n’irai plus nulle part avec elle désormais.
Blessing s’est mise à rire et nous sommes arrivés au restaurant. J’ai donné les infos et nous avons été conduits sur notre table. Après avoir commandé, on a parlé de tout et de rien. Le repas est arrivé et nous avons mangé dans une ambiance belle enfant. À la fin, j’ai pris la parole.
Moi : Je peux te poser une question ?
Blessing : Dis moi.
Moi : Que penses-tu des homosexuels ?
Blessing : Pourquoi cette question ?
Moi : Je veux juste savoir ce que tu en penses.
Blessing : Eh bien je pense que ce sont des animaux. Même les animaux sont mieux qu’eux parce qu’ils savent au moins qu’un mal c’est avec une femelle. Mais ces êtres abominables ne connaissent pas ça quand ils se livrent à leurs saletés. Ce sont de véritables erreur de la nature qu’il faudrait éliminer.
Moi : (Après un moment) Je vois. (Hésitant) Mais, consentirais tu à avoir pour ami quelqu’un qui a été homosexuel ?
Blessing : Jamais de la vie. Repentis ou non un homosexuel reste un homosexuel car il ne pourra jamais effacer tous les actes qu’il a posé. (Faisant une mine de dégoût) J’ai même du mal à imaginer ce genre d’individus alors les avoir dans mon entourage, jamais.
Moi : (Peiné) Ok. Tu as fini, on peut y aller ?
Blessing : C’est bon. (Souriante) Je n’ai plus de place dans mon petit ventre.
J’ai esquissé un faible sourire avant de demander la note que j’ai réglée et nous sommes partis. Le trajet retour s’est fait en silence car j’étais concentré sur la route et perdu en même temps dans mes pensées et ce jusqu’à ce que je gare dans la cour de Mommy.
Blessing : Qu’est-ce que t’a ?
Moi : Rien.
Blessing : Ne me dis pas rien parce que je vois bien que ce n’est pas le cas. Depuis que nous sommes partis du restaurant tu ne parles plus et je vois bien que tu es triste.
Moi : Ne t’inquiètes pas pour moi Bless, je pensais juste à mon voyage retour après demain (Esquissant un faible sourire en la regardant) je vais bien.
Blessing : (Posant sa main sur ma cuisse, voix câline) Qu’est-ce qu’il y a Efigénia ?
J’ai fermé les yeux en esquissant un faible sourire. Elle a posé son autre main sur ma joue pour essuyer la larme qui venait de couler. J’ai ouvert les yeux et j’ai plongé mon regard dans le sien.
Moi : Je suis un de ces êtres abominables dont tu as parlé tout à l’heure au restaurant.
Elle a retiré ses mains de moi et a eu un mouvement de recul.
Moi : J’ai été homosexuel quand j’étais plus jeune et ce pendant plusieurs années.
Elle m’a regardé et ses larmes n’ont pas tardé à couler.
Moi : (Essayant de prendre sa main) Bless.
Blessing : (Horrifiée et retirant sa main) Ne me touche pas.
Moi : (Silence)
Blessing : N’essaie plus jamais de me toucher, espèce d’animal. Ô mon Dieu quelle malchance ! Je n’arrive pas à croire que, que ô seigneur pardonne moi.
Elle est descendue de la voiture et a couru dans la maison après avoir craché au sol. Je suis resté dans la voiture en pleurant et en me demandant si je pensais vraiment qu’une femme aurait vraiment voulu de moi avec un tel passé…