Chapitre 6

Ecrit par YadRosa

                            **Prisca**


  Je suis revenue dans la boutique une heure plus tard. Ce que j'ai vu m'a laissé sans voix. Liliane était dans une robe moulante noire qui lui dépassait un peu les genoux. Elle était de dos et le décolté de derrière s'arrêtait un peu plus haut de sa hanche. Une chaîne en or mettait en valeur sa taille fine. Et son derrière humm... J'ai une paire de fesses bien rebondie mais elle, c'est vraiment autre chose. Je ne peux m'empêcher d'avoir un pincement au coeur. 


Je n'ai pas reconnu ma cousine. Jamais je n'aurai imaginé qu'elle avait autant de rondeur vu qu'elle porte toujours de grand habits longs comme le Kalahari. Pour être franche, je suis un peu jalouse c'est vrai qu'avec la forme qu'elle a, je vais me faire un paquet d'argent mais je ne veux absolument pas qu'on me vole la vedette même pas ma cousine !

 Pour tous mes clients, je suis la plus belle et je ne me donne qu'aux ministres et grands hommes d'affaires et ça c'est uniquement sur commande spéciale. Je ne permettrai pas que Liliane me fasse de l'ombre, ça jamais ! Je me suis approchée en m'efforçant de paraître naturelle. 

Moi ( sifflant) : ah ça ! Je suis étonnée par ce que je vois. Je disais que tu es très belle mais là, je n'ai vraiment plus de mots. 


Elle a baissé pudiquement la tête en souriant. Ce geste ! On sent à des kilomètres qu'elle est vierge. Je sais parce que j'ai été comme ça moi aussi il y a un temps. Elle a des gestes puritains. Son innocence me fait mal au coeur, on aurait dis moi quand je suis arrivée en ville pour la première fois. 


Vous tous ici me traitez de monstre mais vous n'imaginez pas comment j'ai souffert avant d'arriver où j'en suis aujourd'hui. J'avais juste dix neuf lorsque je suis arrivée à Lomé. J'ai décidé toute seule de quitter la campagne pour avoir une vie meilleure. J'étais une vraie SDF. J'ai été obligée de faire du trottoir pour subvenir à mes besoins et j'ai connu le pire des traitements. Des années à souffrir en silence.

 J'ai rencontré Chief Olamide un soir alors que je n'avais eu aucun client. Il m'a tabassé comme une vraie chienne en me prenant. J'ai refoulé mais larmes et pris sur moi. Après être passé trois fois sur moi, il a laissé une enveloppe de deux millions de francs CFA. Jamais je n'avais vu autant d'argent. J'ai pleuré en comptant un à un les billets de dix mille.C'est devenu mon client fidèle au fil des années et si j'ai autant d'argent, c'est grâce à lui. J'ai commencé petit à petit à recruter des filles et aujourd'hui ni moi ni ma famille ne manquons de rien. Je ne suis pas fière de mon parcours mais je n'y peux rien. 

Dans la vie seuls les plus forts s'en sortent et moi j'ai été plus que forte. Je peux même dire que je me suis surpassée. 

J'ai dormi sous la pluie et mangé dans la poubelle pour ne pas mourir de faim. Mon père est fier de moi mais il ne sait pas ce que j'ai dû endurer pour amasser tout cet or. Aujourd'hui j'utilise le corps d'autres filles pour m'enrichir et je n'ai pas honte de ça. Elles devraient même m'être reconnaissante car c'est grâce à moi si elles ne mendient plus dans la rue. 


Revenons à nos moutons ! 


J'ai accompagné Liliane dans un salon de coiffure après lui avoir acheté un paquet de nouveaux vêtements. Les chiffons qu'elle a ramené du village, je me ferai un plaisir de les brûler. C'est pas avec ça qu'elle va attirer les clients.


Moi (à la coiffeuse) : faites lui un modèle sexy. Nous avons des origines peulh dans notre famille donc nos cheveux sont naturellement longs. Ne la défrisé pas. L'avez lui juste les cheveux et faites lui les soins. 


La coiffeuse : c'est d'accord. 


Moi : faites lui ensuite une pédicure manucure et un make up léger. Je serez dans un coin là-bas. 


J'ai pris un magazine et je suis allée m'asseoir. Une grande dame ça ne parle pas beaucoup. 


Après ne venez pas dire que je ne prends pas soin de ma cousine. 



                      **Liliane**


 Ça m'excite que m'a cousine m'emmène dans tous ces endroits mais je ne comprends pas pourquoi autant de pression. Elle m'a acheté pleins de vêtements, des chaussures, de la lingerie et autres. Nous voilà à présent dans un salon de coiffure.

Pour travailler il faut faire toutes ces choses ? Si c'est oui, laissez moi vous dire que c'est une vraie torture. Je commence déjà par avoir mal aux orteils. Trois personnes sont sur moi. Une me fait les doigts, une les cheveux et l'autre les pieds...c'est quoi tout ça !? 

La coiffeuse a fini après avoir torturé ma tête deux heures de temps. Elle m'a apporté un miroir et j'ai ouvert grandement les yeux. 


C'est moi ça !? 


Je ne me reconnais vraiment plus. Mes cheveux sont plus brillants, mes lèvres pulpeuses... je suis restée comme ça à me regarder pendant au moins cinq bonnes minutes. 


Prisca : tu aimes ? 


Je n'arrive plus à dire quoi que ce soit. Je suis très émue. On aurait dis une autre personne. 


Prisca( me secouant doucement l'épaule) : Lili ? 


Moi : ou... oui, désolée. C'est juste que je suis étonnée. C'est vraiment bizarre de me voir comme ça.


Prisca (riant) : c'est l'effet que ça fait la première fois. Je vais t'acheter une boîte de maquillage et te montrer comment l'utiliser. Comme ça tu pourras te faire belle toute seule. Viens, c'est l'heure de visiter l'endroit où je travaille. Ton prochain lieu de travail ! 


Mon prochain lieu de travail... j'ai hâte !!! 


....

Une vie de pute