Chapitre 6 : Raissa Alias Raoul
Ecrit par Mayei
…Désirée Fadiga…
J’avais passé toute ma nuit à faire des croquis de tenues pour le rendez-vous de ce matin. J’étais tellement excitée à l’idée de pouvoir fournir des articles à la famille. Toute la haute société allait être présente à ce mariage. De nos jours le mariage coutumier n’avait plus ses mêmes caractéristiques. Ça se faisait en grandes pompes maintenant. Si mes modèles étaient fantastiques, des personnes allaient poser des questions et j’allais élargir ma clientèle. J’étais déjà prête et n’attendais plus que le coup de fil de maman. Elle devait passer me récupérer avec le chauffeur. En attendant, je prenais mon petit déjeuner tranquillement. Je terminais mon pot de yaourt lorsque la femme de Wombama me fit finalement signe.
Moi (m’installant à l’arrière de la voiture) : Madame Fadiga comment allez-vous ?
Maman : bien mademoiselle Fadiga. J’espère que tu as de très beaux modèles.
Moi : serais-tu en train de douter de ta fille maman ?
Maman : pas du tout ! (Riant) comment oserais-je ?
Je me suis penchée pour lui faire un gros bisou et nous avons continué jusqu’au domicile des Amichia. Nous n’avons pas eu à être contrôlés lorsque maman indiqua être l’épouse de l’ex ambassadeur Fadiga. De toutes les manières c’était même un des corps habilles de l’état qui conduisait maman. Ils se sont salués comme ils avaient pour habitude de faire. C’était tout de même la maison pour ne pas dire demeure du premier ministre. Nous avons été accueillies par madame Amichia et celle que je devinais être sa future belle fille. Je ne connaissais pas encore son prénom.
Madame Amichia : Cendrine ne me dit pas que c’est ta dernière fille ? Désirée ?
Maman : eh oui c’est elle !
Madame Amichia : mais on vieillit vraiment. (S’adressant à moi) comment vas-tu Désirée ? tu as quel âge maintenant ? la dernière fois que je t’ai vue, tu étais beaucoup plus jeune.
Moi : Juste 28 ans madame Amichia.
Madame Amichia : mais appelle moi Annick. Alors fiancée ? Mariée ?
Moi : au…
Maman (me coupant) : son chéri vient tout juste de nous demander la permission alors je pense que la demande ne va plus tarder.
Je regardais maman avec de gros yeux après ce qu’elle venait de dire ! à quoi jouait-elle ? elle fit celle qui m’ignorait. J’attendais seulement que nous soyons toutes les deux dans la voiture. Nous allions en reparler.
Madame Amichia : J’ai hâte alors, vue comment tu organises les évènements, ce sera du lourd. (La jeune fille toussant) (madame Amichia roulant des yeux) Excusez mes manières, je vous présente Leila Aboua, la fiancée de Daryl. Leila, tu as devant toi Cendrine Fadiga et sa fille Désirée. Je ne sais pas si tu connaissais l’ambassadeur du Ghana…
Leila : son excellence Wombama Fadiga ! comment ne pas le connaitre. Son Fils Philippe est marié au coach Axelle. J’ai tous ses livres et je suis ses conseils à la lettre. Je sais que mon mariage se portera mieux avec tout ce que j’ai lu.
Nous avons souris face à son enthousiasme. Je savais que ma belle-sœur était suivie mais pas autant. Ça me faisait tout drôle d’entendre des personnes dire coach en parlant d’elle. Pour moi elle était tout juste Axelle. Pour les conseils elle savait s’y faire. Il n’y avait qu’à voir son couple avec mon frère. On aurait dit qu’ils ne se chamaillent jamais. Ils ont toujours le sourire et s’aiment comme au premier jour.
Je sortis tous les croquis que j’avais et les présentais à Leila. Elle avait l’air d’apprécier certains modèles que Madame Amichia finissait par désapprouver. Sa belle-mère a fini par donner son accord sur ce qu’elle trouvait beau. A voir le visage de Lélia, cela ne lui plaisait pas. Je me demandais bien pourquoi cette dernière ne faisait pas tout ça avec sa mère. Leila a demandé que nous nous éloignions dans une pièce pour prendre ses mensurations laissant les deux autres femmes entre elles.
Leila (déboulant dans la pièce) : à cette allure même ma tenue pour la nuit de noces elle va la choisir…c’est mon mariage bon sang mais elle n’en fait qu’à sa tête.
Moi : tu devrais peut-être lui faire comprendre que ça te dérange.
Lélia : j’ai essayé pourtant ! tu sais ce qu’on va faire ?
Moi : quoi ?
Leila (fouillant mes croquis) : tu vas prendre mes mesures et me faire cette tenue.
Avais-je mon mot à dire ? non ! j’étais là pour prendre les mesures et faire ce qu’on me demandait de faire. Du moment où l’on me paie, je n’ai aucun problème. J’ai pris ses mesures et ai mis de côté la tenue qu’elle voulait et qui au passage était très belle. En sortant de la pièce, Leila était au téléphone. Selon les bribes que j’entendais, elle devait surement parler à son service traiteur. Je l’ai suivi jusqu’au salon. Maman et madame Amichia était accompagnées du futur marié, Daryl. Ce dernier s’est levé en voyant Leila et alla vers elle. Lorsqu’elle eut raccroché, il l’embrassa tendrement.
Leila (A Daryl) : je pense que tu vas me remplacer dans la pièce pour prendre tes mesures et choisir ta tenue.
Madame Amichia : ne t’inquiète pas mon chéri, je t’ai déjà débarrassé de cette corvée. Va juste prendre tes mesures.
Leila : je vais y aller. Je dois croiser Titi pour voir le service traiteur et choisir le menu
Madame Amichia : de grâce prends nous des menus distingués...à l’image de nos invités.
Leila (à Daryl) : je suis partie. Je t’aime mon cœur
Daryl : je t’aime aussi ma puce.
Madame Amichia fit une grimace après la réponse de son fils à sa fiancée. Après cette observation c’était clair que la femme du premier ministre n’aimait pas sa bru. Daryl était dans mon dos pendant que je marchais vers la pièce de mesures. Je l’avais nommée ainsi dans mon esprit puisque c’était là que Leila m’avait trimbalée et que c’était encore là que je devais prendre celles de Daryl. Je ne savais d’ailleurs pas pourquoi l’on devait se mettre dans une pièce a part pour prendre les mesures. Surement parce que Leila voulait aller contre le choix du modèle de sa belle-mère.
Moi : approche s’il te plaît...
Daryl : ok
Je faisais de mon mieux pour prendre les mesures. La différence de taille ne m’aidait pas du tout. Je me baissais pour la mesure du pantalon. Je le sentis frissonner lorsque ma main se posa sur sa cuisse.
Daryl : tu sais l’effet que tu me fais, Daysie.
Moi : ton mariage est dans quelques jours Daryl.
Daryl (me caressant Le Bras) : dis-moi que tu n’as pas envie de moi...la...maintenant.
Oui nous nous connaissions ! Ce qu’il y a eu ou il a, entre Daryl et moi était purement charnel. C’était comme si nos corps étaient faits l’un pour l’autre. Il savait où toucher pour me faire frémir. Il connaissait chaque coin et recoin de mon anatomie. Je laissais tomber le mètre que j’avais entre les mains lorsque Daryl remonta ma chemise et me caressa le ventre. Assis sur la table il m’attira à lui et m’emprisonna avec ses longues jambes. Il déboutonna ma chemise de façon tellement lente que j’avais l’impression que le temps ne passait point…il n’avait pas détourné son regard du mien. Je me retrouvais les seins dehors devant Daryl dont les yeux brillaient d’envie. Il soupesa mes seins avec délicatesse et m’en caressa les bouts.
Nous n’avions pas tout le temps alors c’est rapidement que j’ai jeté mes convictions et que le pantalon de Daryl s’est retrouvé à ses chevilles. Il m’a retournée contre la table et s’est enfoncé en moi en grognant.
Daryl : merde ! C’est fou comme cette sensation m’a manquée Fadiga.
Je ne faisais que gémir sous son ardeur. Il n’y allait pas de main morte et me chauffait l’entrejambe. Il savait y faire. Nous avons changé de position. Il s’est assis dans le fauteuil de la pièce et sur lui je bougeais comme si ma vie en dépendait. Il me mordait la poitrine et me tapait les fesses. C’est en le mordant dans le cou que je suis arrivée à la jouissance, étouffant mes cris. Rapidement nous nous sommes rhabillés avant que quelqu’un ne trouve suspect notre absence prolongée. J’ai mis de l’ordre dans ma tenue. Heureusement que j’avais fini de prendre les mesures.
Daryl : dis juste un mot Désirée...
Moi : ait un bon mariage Daryl.
Daryl : je t’aime Fadiga
Moi : il n’y a que le sexe qui est bon entre nous. Ne confonds pas les choses. Allons-nous-en maintenant.
J’ai brusquement ouvert la porte et tombai sur la mère de Daryl. Mon cœur s’affola automatiquement. Et si elle avait entendu tout ce qui s’était passé dans cette pièce ? Je n’avais jamais eu aussi peur de toute ma vie. Maman avait laissé entendre que papa ne voulait aucun scandale. Et lorsque papa piquait une crise de colère, tout le monde y laissait des plumes.
Madame Amichia (large sourire) : je venais vous chercher comme ça. C’est bon les mesures ?
Daryl (dans mon dos) : oui maman !
Madame Amichia : ok (prenant la route du séjour) viens voir la tenue que j’ai choisi pour toi alors.
Moi (murmurant) : et tu te demandes encore pourquoi je ne veux rien avec toi ? Quittez les jupons de ta mère Daryl Amichia.
...Missiba Fadiga...
Pour la première fois de ma vie j’ai suivis ce que ma mère m’a conseillé à la lettre. C’est à dire attendre que la nuit passe avant d’échanger avec Audrey. Nous sommes dans le mois de septembre soit un mois depuis que je suis rentré des vacances. Tout mon esprit est occupé par Coria. Je ne sais pas ce qu’elle a bien pu me faire mais je pense constamment à elle alors qu’elle m’ignore complètement. C’est étonnant même que j’arrive encore à me concentrer en classe. Dès que je rentre, c’est trouver une solution pour parler à Coria qui m’anime. J’ai essayé sur WhatsApp et Messenger mais madame m’ignore et ça attise encore plus ce sentiment de la vouloir. Pour dire vrai Audrey est le cadet de mes soucis...elle m’encombre.
Je venais de me réveiller en ce dimanche. Après ma douche et un tour à l’église, j’ai pris la route de l’appartement de Audrey. Nous devions avoir une franche discussion. C’est Haley qui m’a ouvert la porte. Le regard qu’elle a lancé vers moi en disait long sur son ressenti. Comme dans chaque groupe de fille, Audrey avait déjà tout balancer à son amie. Pourquoi les femmes aiment courir aussi vite raconter leurs déboires ? Qu’est-ce que ça changeait ? Après elles avaient honte quand elles revenaient avec le même type.
Audrey : qu’est-ce que tu fais la ?
Moi : comment vas-tu ?
Audrey : parce que ça t’intéresse maintenant ?
Moi : Audrey il faut vraiment qu’on parle...
Audrey : de quoi Missiba ? Franchement tu es la dernière personne avec qui je souhaite échanger en ce moment.
Moi : crois-moi, si je pouvais faire sans cette discussion je l’aurais fait. Hélas ! Tu as dû t’en rendre compte...j’ai eu une relation à Abidjan. Nous avons eu des rapports. Je n’en suis pas fière mais c’est arrivé. Audrey, rester dans cette relation ne nous fera que du mal...à toi bien plus qu’à moi. Tu mérites d’être avec quelqu’un qui saura t’apprécier à ta valeur et non quelqu’un comme moi. Ne nous forçons pas dans cette relation. Il serait préférable que chacun prenne sa route avant qu’on ne se fasse terriblement mal. Je m’excuse pour tout le mal que j’ai pu te faire volontairement ou involontairement.
Audrey (en pleurs) : trois ans Missiba...
Moi : et ce serait une folie d’y ajouter encore plus de temps.
Audrey (les yeux larmoyants) : sors de chez moi...fiche le camp
Elle me faisait de la peine avec son visage déformé par la douleur. Je me rendais compte que je venais de lui faire mal avec cette décision. J’ai lutté contre l’envie de la prendre dans les bras et la consoler. Je me suis simplement levé et après un dernier coup d’œil, suis sorti de chez elle. Je me sentais libre ! J’avais l’impression de respirer à pleins poumons. Je me sentais vivre et bien dans ma peau. Ça faisait une éternité que je ne m’étais pas senti ainsi. Je voyais mon appartement d’une autre manière maintenant. Plus d’intrusion. Ce ne sera plus que moi seul et les folles que je prendrai avec moi le temps d’une soirée. J’ai retiré mes vêtements et me suis couché en culotte sur le lit. Je n’avais pas mal de messages dans le groupe des quatre loups.
Nathan : ça vous dirait de passer les congés de Noël sur Dubaï ?
Vivian : donne une date ! Je serai au rendez-vous !
Loïc : comment je viendrai ? Déjà que Sophie (sa copine) m’a laissé aller sur Abidjan seul pour les vacances, elle ne me lâchera pas pour noël.
Vivian : tu n’as qu’à venir avec elle. De toutes les manières ce n’est pas Las Vegas pour dire qu’on rencontrera des filles à chaque coin de rue pour les sauter. C’est mieux d’éviter les problèmes à Dubaï.
Nathan : tu n’as pas tort en plus. Transformons ça en un voyage de couple alors.
Loïc : ça marche ! Où est ce con de Fadiga ?
Moi : je viens tout juste de rompre avec Audrey !
Vivian (dans une note vocale) : tu n’as pas peur de la prison Fadiga ?
Loïc : la MACA man ! C’est la fille du bief d’état-major. Il peut te faire disparaître en un claquement de doigt. Je n’ai pas envie de te pleurer mec.
Moi : ce n’est pas comme si j’avais demandé sa fille en mariage. De plus mon père était dans le system bien avant monsieur Yapo donc chacun connaît sa place. Bref ! Je suis partant pour Dubaïmême si je serai seul.
Nathan : on connaît ce genres d’histoires. D’ici une semaine voire deux nous allons vous revoir ensemble.
J’ai préféré ne rien ajouter d’autre à ce sujet. Nous avons commencé la recherche d’appartements sur Dubaï. Ce sont les vacances de noël des quatre loups. Nous n’allions pas dormir n’importe où ! Il fallait que le monde en souffre. Ça allait pleurer sur les réseaux sociaux. Nous allions en faire des haineux. Même si nous ne sommes qu’en septembre, nous prenions de l’avance dans les recherches. Le seul truc qui me dérangeait était que tous les autres seraient accompagnés. Je n’avais ni envie de tenir la chandelle, ni l’envie d’être là cinquième roue du carrosse. Comment j’allais m’éclater si j’y allais avec ma folle ! J’ai bondi sur mon téléphone. Je n’avais aucun message d’elle. J’ai essayé de la joindre, rien, rien du tout. Elle ne répond pas. Merde ! Je finirai par perdre la raison.
Je suis allée sur Google et dans la barre de recherche, entrais « comment utiliser un numéro de la Côte d’Ivoire en étant à l’étranger ? » c’est comme ça que je découvris une application qui permettait de le faire. Sauf qu’il fallait payer pour la consommation. J’ai rapidement installé la chose et ai suivi les instructions. Mon pouls s’accéléra lorsque la tonalité de fit forte à mon oreille.
Coria : allo ?
Moi : tu me fuis Coria ?
Coria : c’est qui ?
Moi : Missiba ! Missiba Fadiga !
Coria : que puis-je faire pour toi ?
Moi : depuis j’essaie de te joindre ! Tu vois mes messages, mes appels mais tu ne fais rien, tu m’ignores qu’est-ce qui se passe ?
Coria : cette histoire n’est aucunement sérieuse. J’ai ma copine et une relation sérieuse. Je n’ai pas de place dans mon cœur en ce moment pour toi. Je ne pense pas que j’aurais de place pour toi d’ailleurs. Si tu restes attachée à ces moments qu’on a partagés, tu te feras plus de mal que de bien. Nous avons passé un bon moment ensemble, ça s’arrête là.
Tu t’en souviens n’est-ce pas ?
Moi : ... ...
Coria : je vois que tu as perdu la langue. Bonne soirée ! Bye
Je n’en revenais pas. Elle venait de me sortir textuellement ce que j’avais eu à lui dire la dernière fois qu’on s’était vu. Qu’est-ce qu’elle avait la rancune tenace. Je n’avais jamais été confronté à ce genre de personnes au paravent. Seulement, il faudrait qu’elle sache que contrairement au fait que cela m’éloigne, ça m’attire encore plus vers elle. J’ai besoin d’elle et je finirai par l’avoir à force de persévérance. C’est avec elle que j’allais passer les vacances de noël à Dubaï. J’imaginais déjà comment j’allais la faire crier dans ma chambre d’hôtel. Elle ne l’oubliera pas d’aussi tôt.
... Barbara...
Ça faisait maintenant trois minutes...trois minutes que j’avais posé ce foutu test sur le rebord du lavabo. Il était temps pour moi de lire résultat. Même si je savais déjà ce qui m’attendait, je voulais tout simplement le vérifier. Je jetais un coup d’œil et les deux traits apparurent. Seigneur pourquoi me faisais-tu ça ? Étais-je la seule femme ? A ce que je sache il y a d’autres femmes qui cherchent à avoir des enfants. Pourquoi souhaites-tu m’en donner connaissant la situation dans laquelle je me trouve ? Dans d’autres circonstances c’est avec un large sourire que j’aurais pris cette nouvelle. Je pris une photo du test avec mon téléphone et l’envoyait par WhatsApp au numéro enregistré sous le pseudonyme de « Magasin ». Personne ne devait savoir qui il était.
Je me suis assise un instant sur le lit en comptant jusqu’à 9... je m’apprêtais à dire 10 lorsque mon téléphone sonna. Je savais ! Je le connaissais tellement.
Lui : peux-tu m’expliquer le sens de cette photo que tu m’envoies ?
Moi : je suis enceinte.
Lui : ... ...
Moi : allo ?
Lui : c’est quoi ton soucis Barbara ? N’es-tu pas allée à l’école ? Je crois que c’est en troisième ou quatrième qu’on vous apprendtoute cette affaire de cycle menstruel ! Tu étais où en ce moment ? Tu as décidé de ne pas prendre la pilule mais nous éviter des dépenses inutiles tu n’en es pas capable ??? A quoi ça rime ?
Moi : le préservatif était aussi une option. Est-ce que tu sais ce que les pilules font aux corps des femmes ?
Lui : ce n’est pas mon souci. Tu vas t’en débarrasser le plus vite possible.
Moi : ça va faire la troisième fois en deux ans.
Lui : donc ? Je t’envoie l’argent pour que tu fasses sauter ça.
Moi : je ne vais pas le faire...
Lui : je ne vais pas discuter avec toi Barbara. Tu ne veux pas le faire ? Très bien considère que tu seras l’unique parent de ce truc.
Clic !
Choquée ? Je ne le suis guerre ! Je m’attendais à cette réaction de toute les façons. Elle avait été la même la première fois que j’étais tombée enceinte, la seconde aussi alors la troisième fois ? Plus rien de surprenant. Les deux autres fois, j’avais cédé à la pression et avais commis l’irréparable mais cette fois, ce ne sera pas la même chose. Cette grossesse, je la porterai jusqu’à la fin. Mon enfant allait voir le jour coûte que coûte.
Ping ping
« Commence à vider la maison de tes affaires. Ne penses pas que je verserai des sous pour ton loyer encore. Bon vent avec ta grossesse »
Je souris ! Il était tellement prévisible ! Que pensait-il ? Que pendant ces deux années, j’avais dilapidé tout l’argent qu’il me donnait ? Ben non ! Avec cet argent, je venais tout juste de me construire un deux chambre salon. Ce n’était rien de très grand mais assez décent pour moi-même et l’enfant que j’attends. Avec le temps nous aviserons. Pour le moment j’ai mon travail qui paie 700 mille et une bonne assurance santé donc Dieu pourvoira. Ce genre d’histoire ne finit jamais bien. L’homme quitte rarement sa femme...lorsque dès le départ il te dit « je ne quitterai jamais ma femme » c’est qu’il ne la quittera pas. Considère son passage dans ta vie comme un investissement. Prends autant et tant que tu le peux. Je n’allais pas sortir sans rien de cette liaison.
Je n’avais que 29 ans...pourtant j’avais vécu tellement de choses...mené tellement de batailles que je n’avais pas peur de ce qui arrivait. J’avais été élevée par ma grand-mère car ma mère avait tout simplement disparu. Lorsque ma grand-mère était encore en vie, elle disait qu’un jour, ma mère avait frappé à sa porte et m’avait laissée entre ses mains. C’est seulement avant sa mort, sur son lit de mort qu’elle me confia qu’elle m’avait tout simplement ramassée dans les ordures. Elle ne voulait pas me blesser avec cette vérité lorsque j’étais encore petite. Cette dame que j’avais connue comme ma grand-mèreavait été tout pour moi. Elle m’avait mise à l’école et épaulée chaque fois que j’étais fatiguée. La perdre a été un coup dur pour moi. Depuis trois ans, et le temps n’avait toujours pas fait son effet.
Moi (à haute voix) : Barbara, tu es toute seule dans ce monde.
Je n’ai apporté aucune réponse à son message. Je pris juste une douche et sortis de la maison. Je devais songer à trouver des déménageurs pour transporter mes affaires jusqu’à mon nouveau chez moi. Je songeais également à vendre la voiture que j’avais, m’en acheter une plus petite et garder le surplus. Pas que j’avais tellement besoin d’argent mais l’on n’est jamais trop prudent. Je me suis promenée dans la ville sans destination fixe. Je n’avais pas d’amis en dehors des collègues que je ne considérais pas comme des amis d’ailleurs. J’étais plutôt solitaire et ma vie était monotone. Je me suis assise à la Terrace d’un café pour me mettre quelque chose dans l’estomac.
De retour à la maison, je fus surprise de voir la servante de mon voisin venir vers moi avec le sourire. Nous n’échangions que très peu, avec son patron également.
Elle : bonjour madame !
Moi : bonjour comment vas-tu ?
Elle : ça va oh ! Tout à l’heure il y’a un jeune à moto qui est passé frapper à ta porte jusqu’à fatiguer. Je suis sortie pour lui dire que tu n’étais pas là. Il a laissé cette enveloppe pour toi.
Moi (suspicieuse) : d’accord donne-la-moi !
J’ai pris l’enveloppe et après l’avoir remerciée, suis rentrée chez moi. Rapidement j’ouvris l’enveloppe kaki et tombait sur des photos de lui et moi. Je pris automatiquement peur. Quelqu’un nous suivait ! Quelqu’un savait pour nous deux. Des photos sur lesquelles nous nous embrassions. Si cette personne publiait ces photos, ça risquerait de faire les gros titres. Un scandale ! Une feuille de papier est tombée à mes pieds. Il y avait un numéro de téléphone. C’était évident qu’il fallait que j’appelle. Pendant un moment je réfléchis...partagée entre le fait d’appeler ou pas. La première option prit le dessus. La personne décrocha automatiquement mais ne parlait pas.
Moi : allo ?
« Comment vas-tu Barbara ? »
Moi : comment connaissez-vous mon prénom ?
« Je vois que tu as reçu mon colis. J’ai besoin de toi Barbara »
Moi : je ne sais pas ce que vous tramez mais laissez-moi endehors de ça. Je ne vous connais ni d’Adam ni d’Ève donc foutez moi la paix. Vos photos vous pouvez vous les garder. Je n’en ai pas besoin.
« J’ai besoin de vous pour le faire tomber. Je vous recontacterai. Bonne journée »
J’étais complètement perdue après cet appel. Qui lui en voulait au point de le faire tomber ? Qui se cachait derrière ça ? J’étais incapable de le dire...incapable d’identifier la voix car elle avait été même modifiée. Je ne connaissais personne de son entourage non plus. Après cet appel, j’avais insisté pour le joindre mais ne reçut aucune réponse de sa part. Mes appels passaient immédiatement sur la messagerie. Je m’étais résolue à laisser des messages en espérant qu’il les écoute et lise. Je restais inquiète un bon moment puis passais toute la journée devant une série pour passer le temps.
La nuit tombée, seule dans ma chambre, je réalisais que j’étais bel et bien enceinte et que j’allais garder cette grossesse. Comment allais-je m’en sortir ? Qui allait être près de moi pour me prodiguer de petits conseils ? Qui allait s’occuper de mon enfant et moi après l’accouchement ? Comme Nana me manquait ! Si seulement Dieu lui avait permis de rester près de moi encore longtemps. Ou allais-je prendre la force pour réaliser tout ça toute seule ? Je soufflais un instant entre ces larmes. Je devais me donner les moyens d’affronter cette situation. Je devais le faire.