Chapitre 7 : Ce n'est pas si facile
Ecrit par Verdo
itre 7 : Ce n'est pas si facile.
Quelques semaines plus tard...
Aliwa n'échappa pas à la justice. Vu les charges qui étaient retenues contre elle, c'était très difficile de retourner la situation à son avantage. Elle écopa donc d'une cinquantaine d'années de prison ferme. Les relations de ma famille n'avaient pu rien faire concernant cette lourde peine. À chaque fois que j'allais lui rendre visite, je ne retenais pas mes larmes. Elle était tout le temps dans un état colérique et agressif et cela pouvait bien se comprendre car la prison n'est pas un endroit à souhaiter même à son pire ennemi.
Elle me répétait sans cesse qu'elle était innocente ; qu'elle n'avait rien fait de mal. Mais comment pouvais-je la croire? Dans ce cas ci, sa parole seule ne suffisait plus pour me convaincre.
Malgré les commérages et les mauvaises langues des uns et des autres, je m'engageai à ne pas la laisser tomber du moins pour l'instant. J'étais obstiné à vraiment comprendre le fin fond de cette affaire avant d'en tirer des conclusions.
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- Bonjour boutiquier. Comment vas-tu ? Ça fait un bon moment.
Il ne me répondit pas. Je crus qu'il n'avait pas entendu alors je le resaluai.
- Bonjour mon ami. Alors ça bouge?
- Qui est ton ami? Répondit-il avec hardiesse.
- Mais comment ça qui est mon ami? Y'a-t-il un problème ?
- Écoute, je ne veux pas avoir des problèmes. Le mieux est que tu t'en ailles et que tu ne me salues plus quand tu me vois. Est-ce clair? Je ne veux pas que les gens du quartier pensent que je fais aussi partie de votre bande de criminel.
- De quoi parles-tu ? S'inquiétai-je.
- Tu ne comprends toujours pas? Tu comprendras lorsqu'on te chassera d'ici à coups de pilon. Continue de faire semblant; voleurs comme ça !
- Hum. Écoute, je ne suis pas venu pour ces histoires. Je suis venu faire des achats. Laisse-moi acheter ce que je veux et m'en aller. Tu ne veux plus que je te salue ou que je sois ton ami, il n'y a pas de soucis.
- Tu es sourd ou quoi? Je t'ai dit de t'en aller et toi tu veux rentrer pour faire des achats ? Pour qui te prends-tu? Allez dégages! Je ne veux pas de criminels dans ma boutique.
- Tu n'es pas sérieux là! Depuis quand moi je suis un criminel ? T'ai-je une fois fait quelque chose?
- Je te dis de dégager devant ma boutique !
Les badauds commencèrent à envahir les lieux. J'eus honte alors je n'insistai plus. J'allai en direction de ma voiture lorsque j'entendis quelqu'un parmi la petite foule crier.
- Le mari d'une criminelle n'est pas aussi loin d'en être un. Peut être que c'est vous qui êtes responsables des cambriolages du quartier ici.
Je me retournai sans pouvoir retenir mes larmes. Je les fixai longuement en remuant la tête sans rien dire puis retournai à mon véhicule. Je démarrai et s'en allai. Le même scénario se reproduit avec la vieille Adjiya. Elle discutait à sa devanture avec une autre voisine lorsque j'arrivai. Elles ignorèrent aussi mes salutations. Je conclus à cet instant que tout le quartier avait décidé de nous boycotter. Toute personne a droit au bénéfice du doute dans cette vie et je pensais que mes actions nobles au quartier nous le favoriseraient à Aliwa et à moi. Hélas qu'ils pensent tous que je suis aussi un criminel.
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Un an plus tard...
Je vécus dans cette grande impasse pendant douze mois. Je n'avais pas vu le temps passer. J'avais consacré toute mon énergie à faire des enquêtes pour pouvoir prouver l'innocence d'Aliwa. Mais mes efforts étaient vains. J'étais même parti dans son village natal dans l'intention de recueillir si possible des informations sur elle ou sur sa famille mais apparemment, personne ne les connaissait. Cela m'amena à sombrer dans une noirceur dont je ne pouvais expliquer et l'idée d'abandonner commençait à me traverser l'esprit.
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J'étais le dernier membre de la famille à arriver sur le lieu de la réunion. Tout le monde était déjà présent. Mes parents, ma petite sœur ; elle était rentrée avec sa famille du Canada, mon petit frère, des oncles et des tantes. Fort intérieurement, j'avais une petite idée sur le sujet sur lequel allait porter la discussion. Mon grand oncle salua l'assistance, remercia tout le monde d'être présent puis se lança dans une longue divagation, me concernant. Ce que je retenus était que cela faisait longtemps qu'Aliwa était enfermée et nous n'avions pas réussi à prouver son innocence. Cela signifiait directement qu'il n'y avait aucune innocence à prouver. Il fallait que je repense à ma vie et aussi à l'image de notre famille qui fort longtemps était une référence pour les autres.
- Tu dois demander le divorce à ta femme et te remarier avec une autre. Cela taira automatiquement les ouïes-dires et toutes les insultes que subissent notre famille pendant ces douze mois. Je sais que c'est une situation difficile pour toi fils mais c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Tes parents et nous sommes concertés et nous avons jugé bon que tu fasses ainsi. C'est pour cette raison que nous sommes là.
Et à mon père d'ajouter:
- Florent, tu es mon fils aîné et en même temps, tu diriges notre grande entreprise familiale. Ce qui te concerne tant sur le plan professionnel que côté vie privée nous concerne aussi. Lorsque l'affaire Aliwa a éclaté, nous avons décidé de te laisser gérer les choses. Nous en avons même parlé toi et moi et tu m'avais demandé de t'accorder un an pour essayer de prouver son innocence. Je me suis référé au reste de la famille et tout le monde a donné son accord. Les un an sont passées et tes investigations n'ont abouties à rien. Tu sais des fois, il faut prendre des décisions même si cela va à l'encontre de nos principes. Ton oncle a raison. Tu dois te remarier et nous faire des petits enfants et aussi pour redorer l'image de notre entreprise et de notre famille. On en a tous marre qu'on parle mal de nous à chaque fois dans les journaux. À toi de te décider et nous en faire part de ta réponse.
- Mais comment pouvez-vous prendre des décisions me concernant sans même m'en parler d'avance? Je suis quand même un adulte et je peux bien gérer mes problèmes.
- Nous faisons ce qui est bien pour notre famille. Dit ma mère d'un ton à la fois doux et amer. Fils, écoute, nous avons été beaucoup patients en te laissant gérer les choses sinon depuis fort longtemps, tu allais couper les ponts avec Aliwa vu qu'elle a été impliquée dans le cambriolage de ton petit frère. Mais comme tout être humain, nous lui avons donné une seconde chance à travers toi pour que tu puisses prouver son innocence malgré que toutes les preuves l'accusaient. Non fils, regardes la vérité en face! Tu crois qu'elle sortira de prison avant les cinquante ans? Ne soit pas aveuglé par tes sentiments. Je ne t'ai pas mis au monde pour que tu vieillisses sans me donner des enfants! Reviens sur terre et remaries-toi.
- Mais je ne suis pas encore prêt pour me remarier. Je n'ai plus la tête à fonder une famille. Pouvez-vous me comprendre ?
- Soit un homme fils. Rétorqua mon père. Un vrai homme se relève même après qu'il ait reçu dix milles coups. Je ne t'ai pas élevé comme ça. Et laisse-moi te rafraîchir la mémoire qu'une des clauses de notre famille stipule que tu dois être marié et fonder une famille avec des enfants dans les sept premières années de ton mandat de directeur sans quoi le poste te sera retiré? Ne met pas la honte sur nous s'il te plaît. Prends du temps pour réfléchir à tous ça. Reviens nous voir après une semaine. Ce n'est pas discutable.
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- C'est ce que ma famille a décidé. Je suis obligé d'obtempérer. Dis-je à Aliwa, les yeux remplis de larmes.
- Et nous? Tu as promis de me protéger contre vents et marées. Le meilleur et le pire. Et là tu m'abandonnes au bord du gouffre ?
- La situation n'est pas aussi simple que ça Aliwa. Essaie de me comprendre. Je subie d'atroces pressions de gauche et de droite.
- Tu es la seule personne que j'aie Florent. Je t'en supplie pense un peu aux bons moments que nous avions traversés ensemble. Ne me fait pas ça s'il te plaît. Je risque de crever ici si toi aussi tu me tournes le dos. Je n'ai rien fait. Je suis innocente.
- Tu peux compter sur moi pour quoi que ce soit mais il faudra que nous parlions franchement de notre vie de couple. Cinquante ans Aliwa, je ne suis pas sûr de t'attendre. Je mourrai peut être avant. Si t'étais à ma place, que ferais-tu? Alors, j'aimerais que tu signes les papiers du divorce quand ils seront prêts.
- Je vois que tu t'es déjà décidé avant de venir. Ce n'est plus la peine de te convaincre. Si c'est ce que tu as décidé, je te souhaite tout le bonheur du monde. Maintenant, laisse-moi et ne reviens plus jamais me voir. Je suis sérieuse. Oublie-moi et fais comme si je n'avais jamais existé. Je signerai tes foutus papiers.
Je m'éloignai tout en ayant les pieds lourds. J'espère qu'elle me comprendra et me pardonnera avec le temps.
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Mon portail n'était pas fermé à mon arrivée. Une femme presque proche de la trentaine, teint métissé, svelte et très belle arriva à ma rencontre et me lança un bonsoir assez pleins de charme. Je fus étonné de la voir chez moi puisque je ne la connaissais pas.
- Bonsoir. Répondis-je. Qui êtes-vous et que faites-vous dans ma maison? Lui demandai-je.
Soudainement, ma mère sortit du salon et vint nous rejoindre.
- Bienvenue mon fils. Nous sommes venues te faire une surprise. Voici Pamela, ta nouvelle majordome. elle est franco-togolaise. Je pense qu'elle s'occupera bien de tout ici.
- Quoi? S'écriai-je en écarquillant les yeux!
- Laissez-moi vous aider monsieur. Dit Pamela en voulant prendre mon sac...
*À suivre...*
Écrit par Koffi Olivier HONSOU alias Verdo Lompiol; nouvelliste togolais.
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