Chapitre 7: L'installation

Ecrit par MTB

L’avion de la Compagnie Aérienne ASKY venait d’atterrir à l’aéroport d’Abidjan qui portait le nom de l’ancien président Félix Houphouët Boigny. Ce n’était pas ma première fois de faire ce voyage même si le précédent remontait à déjà deux ans lors du mariage d’un ami. Beaucoup de choses ont néanmoins changé. Le circuit était simple mais Moraine faisait gaffe pour ne pas me perdre de vue à tel point qu’on dirait que j’étais son grand frère. Ce qui n’était pas pour me déplaire car cela me permettait de la taquiner de temps en temps. Mais après les formalités d’immigration, ce fût elle qui menait la danse. Car je n’avais aucune idée du nom de l’hôtel et de comment les choses se passeraient.

Elle identifia le chauffeur de l’hôtel qui se précipita pour ranger nos bagages dans le coffre de la Hyundai qu’il conduisait. J’étais tellement fatigué que tout ce qui me préoccupait à ce moment c’était de me retrouver dans mon lit à l’hôtel. Il sonnait environ dix-sept heures quand nous nous sommes installés à l’Hôtel d’Abidjan. L’accueil y était chaleureux avec une coupe de jus de fruits frais. Nos chambres étaient contigües, ce qui éviterait de parcourir une longue distance pour se voir en cas de besoin. A quoi est-ce que je pensais déjà ? Je ne sais plus trop. Mais je savais juste que j’étais allongé dans un canapé au bord de la mer avec un chapeau qui me recouvrait la moitié du visage quand le téléphone de la chambre me réveilla. Tout avait l’air si réel que je m’étais surpris à me moquer de mon propre rêve.

-          Allô

-          Monsieur Charles ?

-          Oui, lui-même à l’appareil.

-          Madame Moraine voudrait que nous vous informions qu’elle sort dîner en ville. Et donc de ne pas l’attendre.

-          Elle est où actuellement ?

-          Elle se dirige vers la sortie.

-          Pouvez-vous s’il vous plait lui demander d’attendre cinq minutes ? C’est pour une urgence.

-          Tout de suite Monsieur. Je l’informe.

Puis il raccrocha. Peu de temps après, le téléphone sonna encore.

-          Monsieur Charles ?

-          Oui ?

-          Je suis navré mais Madame Moraine est déjà partie. Le temps que je la rattrape, elle était déjà montée dans un taxi.

-          Pfff. Pas grave. Merci d’avoir essayé.

-          Vous avez besoin d’un service ?

-          Euh non, merci.

-          Bonne soirée Monsieur.

-          Bonne soirée également.

Cette fois-ci, c’était moi qui avais raccroché avec rage. Je ne devrais pas me fâcher pour si peu car après tout, elle n’était pas ma baby-sitter et nous n’étions que des collègues. Je descendis rapidement au niveau du hall pour vérifier le menu proposé ce soir-là. Il faut dire que je n’étais pas très convaincu du menu proposé et je me renseignai pour voir s’il n’y avait pas un maquis dans les parages. Après tout, les maquis d’Abidjan ont une réputation que j’avais testée et qui me manquait. Je voulais manger un bon poisson braisé avec atiéké et alloco (banane plantain). Je n’eus pas de mal à recevoir trois propositions. Le choix fut porté sur le maquis le plus proche car je ne voulais pas trop marcher. Le plat était savoureux. Moraine ne savait pas ce qu’elle venait de rater. Heureusement que j’avais pris des photos pour les lui montrer quand on se verrait.

J’avais décidé de paresser dans le hall histoire de voir passer le temps. J’avais les yeux fixés sur l’aquarium quand je sentis une main me caresser le cou. Je sursautai en me retournant et en pensant que la personne se trompait sûrement. Mais ma surprise fut grande de me rendre compte que c’était Moraine.

-          Tu m’as fait peur.

-          Un homme comme toi a aussi peur ?

-          On ne sait jamais. Et puis tu as bonne mine.

-          Eh oui, cela faisait un bail que je n’avais plus vu ma cousine.

-          Ah celle à qui appartenait la valise ?

-          Oui. Elle m’avait invité à manger du foutou banane avec sauce graine. C’était délicieux.

-          Moi je me suis contenté de poisson braisé avec atiéké. C’était sûrement plus délicieux que ton foutou banane.

-          Eh bien, demain tu me feras goûter à ton poisson braisé pour que j’apprécie moi-même.

-          Et toi tu me feras manger le foutou banane de ta cousine.

-          Toi, je te vois venir. C’est le foutou banane de ma cousine qui t’intéresse ou ma cousine elle-même ?

-          Euh, je ne vois pas le rapport.

-          Oui c’est ça. On vous connait comme le bout de nos doigts.

-          Tu sais que je n’ai d’yeux que pour toi.

-          Eh Charles, s’il te plaît, ne me crée pas des palabres. Tu sais très bien qui est ta copine et je ne veux pas avoir de problèmes avec elle.

-          Si tu lui dis bien sûr.

-          Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

-          Je sais que tu me comprends parfaitement.

-          Je crois qu’il se fait tard et demain n’est pas loin. Il faut que j’aille me reposer.

-          Bonne nuit alors. Mais n’oublie pas de rêver de moi pour mieux dormir.

-          Tu ne vaux rien toi. Douce nuit.



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LA FILLE DE LA DALLE