Chapitre 8 : Échecs

Ecrit par Moktar91

Chapitre 8 : Échecs

Cotonou


Ceg Godomey


-<<Mademoiselle Amoussou ?>> 

C'était Madame Atinglo. Elle s'était rapprochée de la table de Naimath. Son sourire espiègle venait de se loger au coin de ses lèvres, faisant révéler Es faussettes magnifiques.

-<<Mademoiselle Amoussou ?>> Questionna-t-elle une nouvelle fois.

Elle retroussa ses manches qui lui tombaient bien plus qu'il ne le faut. Ses bras sur la table, elle continua de sa voix rauque : << Pouvez vous nous dire le gène dominant et le gène récessif ?>>

Naimath, demeurait impassible. À cet instant, on pouvait entendre voler dans la salle les mouches... Un cimetière n'aurait pas été plus calme. Toute la salle s'était figé quelques minutes dans un silence, comme pour observer ce duel qui devrait se dérouler. Tout le monde attendait Naimath. Depuis la classe de quatrième où son chemin avait croisé celui de cette vieille cruche, les deux femmes se sont vouées une haine immense. Une haine qui a commencé a germé quand un jour, la petite aura eu l'outrecuidance de défier son prof, Madame Atinglo sur une question des croûtes terrestres. Ce jour là, <<Madame-pied-de-biche>> comme l'aimait la surnommer les élèves à cause de ses pieds effilés, s'était jurer de rendre la vie impossible à la petite. L'innocence de Naimath aura été depuis lors sa couche de sauvetage. Jamais elle n'a pu tomber dans les pièges de Madame-pied-de-biche, jamais elle ne lui a tenu tête à nouveau. Jamais elle ne s'est permit de chuter dans ses moyennes.... 

Le silence se faisait toujours. Madame Atinglo tapota sur la table se retourna et alla chercher le cahier de punition. Au moment où elle s'apprêtait à y inscrire les heures de colle, Naimath se leva et d'un bond, débita la réponse d'un trait... 

La bouche ouverte, madame Atinglo tira ses lunettes et la regarda comme un étrange spectre. Elle semblait se demander comment Naimath avait pu. Elle ne comprenais pas. Pourtant elle était sûre que quelques minutes plutôt la petite semblait être absente...

Naimath, debout observait toujours son prof qui lentement déposa le cahier. 

-<<Elle t'a encore niqué, la gondole.>>

La classe s'en alla dans un fou rire et des murmures. C'était l'occasion parfaite pour rigoler, avaient pensé les élèves.

C'était la voix de Yves, l'un des doyens de la classe. Madame Atinglo rougit sans plus rien dire.

C'est à cet instant que la sonnerie venait de retentir.

Il était douze heures.

Elle ramassa ses affaires et en sortant, jeta un dernier coup d'oeil à Naimath.

-<<Je t'aurai un jour>>, murmura-t-elle en sortant.

Naimath s'était muré dans ce silence qu'elle observait depuis déjà quelques minutes. Olga lui tapotant l'épaule, l'aida à ramasser ses affaires.

-<<Hé Matou, tu as eue chaud avec Madame hein.>> Dit-elle en s'installant en face d'elle sur la table.

Naimath haussa les épaules comme pour lui dire qu'elle s'en foutait pas mal.

-<<Mais qu'est ce qui s'est passé ? Tu étais encore entrain de penser à ce con de Ronal ?>> 

Naimath décida de se confier à son amie. Après tout, qu'avait elle à perdre ? Sa mère était Lucide une heure sur vingt quatre. Autant ne pas penser à elle alors.

Elle se leva, prit la main de sa camarade et lâcha de but en but.

-<<Je rêvais et je n'étais pas consciente. C'est au moment où tu m'as piqué que j'ai reçu comme une décharge et j'ai répondu.>>

Olga s'arrêta, la bouche ouverte elle observa son amie qui parlait toujours. Elle fronça les sourcils avant de reprendre : <<Attends je ne t'ai pas du tout piqué.>> 

-<<Non mais de quoi tu parles ?>> Questionna-t-elle encore ?

Naimath comprit donc que la décharge n'était point l'oeuvre de Olga. Elle comprit que quelque chose ne tournait pas rond. D'ailleurs, comment connaissait-elle la question à elle posée par Madame-pied-de-biche ? Se demanda-t-elle.

Un froid glacial s'empara d'elle en plein midi...

Elle grelotta quand elle fit le rapprochement...

Son rêve était le même que ce qu'elle faisait depuis déjà hier nuit... Depuis qu'elle avait reçu le message annonçant cette réunion familiale.



Amos Zinsou


Résidence Amoussou


Quand il sonna en ce matin, Amos ne s'attendait pas à être accueillie par la belle et sensuelle Murielle. Il sonnait 9h47 quand il s'y présenta. 

Elle portait un shirt moulant et juste un bikini qui faisait danser ses seins moulants. 

Quand elle ouvrit, elle observa de haut en bas l'homme qui se dressait devant elle. Après l'avoir salué, il entra sans y être invité en presentant sa carte. C'était la première fois qu'il mettait pied à l'intérieur. La maison était vide. Murielle se prélassait quelques minutes plutôt dans le sofa, se laissant reluquer par le chauffeur.

Il observait le salon, détaillait chaque point et attendait sûrement que son hôte "obligé" ne se decide à rompre le mutisme nonchalant qui pesait. Ce qui ne se fit pas attendre.

Elle pointa un siege à l'homme avant de lui serrer la main. 

-<<Que puis je pour vous ?>>

-<<Inspecteur Zinsou. Je suis chargé du meurtre de votre père.>>

Il s'attendit à une réaction qui ne se fera pas voir. La jeune femme demeurait impassible.

-<<Madame Murielle ? C'est exact ?>>

-<<Mademoiselle !>> Rectifia-t-elle en se touchant langoureusement.

Amos faillit s'étouffer face à tant de sensualité. Il était vraiment mal à l'aise. Ce n'était pas la première fois qu'il dégainait sa cible sur des suspects d'une enquête mais là, il se devrait de se maîtriser s'il voulait faire un bon travail. 

Murielle continuait par se toucher, une invitation en elle même au crime... Elle avait décidé à l'instant où ce flic avait mit pied dans la demeure familiale qu'elle allait se le faire. Il était de ceux qu'elle aimait. Bien baraqué et beau comme un dieu. Elle allait bien se perdre dans ses coups de reins surtout avec un fessier pareil. Elle y tenait bien et elle va le faire. 

-<<Je suppose que vous êtes seule. Si tel est le cas je repasserai quand la famille sera au complet.>> Il ponctua sa phrase par un bonsoir et se leva en quittant la pièce. Il étouffait presque et quelques minutes de plus avec cette fille qu'il n'allait plus répondre de lui.

-<<Demain !>> Lui dit-elle 

Il se retourna alors qu'il atteignait déjà le portail, fronça les sourcils comme s'il s'interrogeait.  Elle reprit : <<Demain à pareil moment la famille sera au comple.t>>

Elle lâcha un ricanement en tapotant les fesses de l'inspecteur quand ce dernier passait le portail. Il lui lança un regard vert empreints de surprise et de colère avant de s'en aller.

Quand il s'approcha de sa voiture, le mécanicien l'avait presque fini.

-<<Vaut mieux attendre, se dit-il>>

Quelques minutes plutôt, une voiture s'arrêta devant le portail. L'homme qui en descendit avait une Bible à côté. Il portait une soutane blanche et se signa une fois au portail. Amos le reconnut tout de suite, c'était le Père Florent. Mieux il reconnaîssait cette voiture, celle là même qui deux jours auparavant, s'en allait quelques instants après Naimath de la maison...

Il fallait tirer tout cela au clair...



Godomey-Togoudo

Maman Naï


Maman Naï venait de finir la cuisine. Sa princesse devrait rentrer d'une minute à l'autre. Il était 19h passée de quelques minutes. Elle avait tenu à lui faire un bon repas. Cette fille c'était son âme, sa passion, sa vie. C'était sa tombe. Cette fille, c'était son enfer mais aussi son paradis. Elle le savait. Tout comme elle savait aussi qu'elle ne jouait pas convenablement son rôle de mère. Ce rôle de mère qu'elle avait désiré mais qui l'avait aussi détruite. Quand elle retrouvait d'un peu de sa lucidité comme aujourd'hui, elle savait que Dieu lui avait fait don d'un ange et qu'elle se devrait de le protéger.

Quarante minutes venaient de s'écouler et toujours pas de sa petite à la maison. Ce n'était pas de son habitude et elle commença à s'inquiéter. 

Elle ira chercher sa fille...



Pendant ce temps,


Quand Olga avait voulu que Naimath l'accompagne chez Alasko son copain du moment, elle avait refusé. Elle voulait vite rentrer et se prendre un bon bain. Les cours de mathématiques l'avaient épuisée et elle venait de vivre ce rêve une nouvelle fois...


Elle prit donc seule le chemin du retour. Elle longeait la voix principale mais son pas de fit de plus pressant. Il lui semblait qu'elle était suivie. Elle jeta des coups d'œil par dessus son épaule mais tous semblait vaquer à leurs diverses occupations.

Elle birfuqua dans une petite ruelle. Elle devrait vite rentrer se dit-elle. Après quelques pas, elle entendit des bruits de pas. Elle décida de courir mais c'était peine perdue. Tout à coup, une dame se retrouva devant elle. Elle pointa son arme vers la petite. Au moment où le coup partait, Naimath fut projetée à côté par cette même décharge qui l'avait déjà secoué trois fois déjà en moins de vingt-quatre heures. La balle alla se loger dans le cou de sa mère. L'inconnue venait d'essuyer un échec et disparaissait dans le noir. 



Naimath courut vers sa mère qui malencontreusement se retrouvait sur les lieux. 


Elle sentit le pouls faible de sa mère et sa respiration devenir faible. Elle la perdait, elle le savait. Personne autour. La rue était déserte. Elle se rappela combien de fois elle avait voulu lui dire qu'elle aimait mais n'avait pu. Combien de fois sa mère l'énervait du fait de son état alcoolique. Elle allait se retrouver seule. 

Naimath ne put se retenir plus longtemps. Les larmes qu'elle retenait depuis se fit plus énormes. Elle pleurait vraiment. De ses mains elle tenait la tête de sa mère et pleurait. Elle ne pouvait s'arrêter même si elle en avait envie. 



Le corps de sa mère était maintenant sans vie, encore chaud dans ses mains. Elle s'essuya le visage de sa main droite et en nettoya le trou laissé par la balle. A cet instant, dans un souffle, sa mère revint à elle. La balle reposa dans la main de Naimath. Apeurée, elle voyait sa mère revenir à la vie... Comment ? Elle ne saurait le dire...


Elle serra sa génitrice dans un moment de tendresse et redoublait de pleurs. Les larmes coulaient sur la plaie qui au fur et à mesure de cicatrisait...



La nature s'en mêla et une fine pluie commençait.


Il était 21h12...

Meurtres au paradis