Chapitre 8 : surprise

Ecrit par Nifêmi

Papa me fit signe de m’assoir.

Je me posais des questions. Ou bien il ne veut plus que j’aille à Cotonou. Il se passe quoi exactement, je ne sais pas. Mais pas grave je vais assumer, car le dernier mot de papa c’est son dernier mot. Assisse en face de lui, il me posa une question qui n’annonce rien de bon.

Papa : ma fille comment tu vas ?

Moi : dad je vais bien comme tu le vois, mais pourquoi cette question ?

Papa : ta mère m’a fait le feedback de vos discussions, et je pense qu’elle a raison de t’envoyer à Abuja. Et je ne trouve aucun inconvénient. Tu plaignais de ce que tu feras là-bas !! Tout est résolu, je crois que tu vas devoir réaliser ton rêve. Ton commerce et je suis prêt à te soutenir pour tes débuts. En ce qui concerne tes 10 jours à Cotonou  je n’ai aucun soucis avec ça, avant d’aller dormir passe me voir dans la chambre je vais te remettre un petit quelque chose pour ton séjour.

Moi en chassant une larme qui menaçait de couler: merci papa j’ai compris. Mais Daddy, je suis majeure et je pense bien qu’avant qu’une décision ne soit prise définitivement en ce qui me concerne, on doit en parler à trois avec maman. Daddy pour le moment laisse-moi aller à Cotonou, j’aurai le temps de réfléchir et te donner ma réponse sur tout ça.

Papa : pas la peine de pleurer ma fille. Cette décision est prise après la visite de kola à mon bureau.

Moi ouvrant grandement les yeux. J’étais étonnée, plus que surprise je dirai.

Moi en vociférant presque : what !!!!

Papa : oui ma fille. A l’heure actuelle, aucune charge n’est retenue contre lui. Il est libre et il a osé venir me demandé ta main. Je sais très bien que tu ne l’as pas encore rencontré et je ne veux pas que tu le revois. Demain tu pars à Cotonou, à ton retour direction Abuja ou pas mais tu quittes Badagry, je risque de tuer cet homme s’il s’approche d’un membre de cette famille.

Moi  avec la peur au ventre : comment il a pu venir te demander ma main ! Papa rassure toi je ne le verrai plus jamais de ma vie. Je vais faire mes valises pour mon voyage papa.

Papa : ma princesse ne me trouve pas dure mais ta sécurité et ton bien-être me préoccupe.

Je lui fis des bises sur la joue pour le rassurer. Ensuite je vais dans ma chambre pour arranger mes effets, j’étais prête. Cette fois ci j’irai seule sans le chauffeur. Mais j’ai décidé de prendre la voiture avec un laisser-passer à la frontière au lieu d’un taxi. Je voulais être libre d’aller là où j’en avais envie, sans trop m’imposer à Shalewa et à son mari. Et puisque je ne connais pas Cotonou je vais m’arrêter à un niveau et Shalewa viendra me chercher. C’est rempli d’espoir que je trouvai le sommeil.

Le lendemain dans la journée, il était presque 11h quand j’étais au quartier ‘’ Cadjehoun’’ de Cotonou. J’attendais devant l’hôtel Sheraton, là où j’avais séjourné une semaine pour le mariage de Shalewa. Elle-même ne vivait pas loin, il est dans l’une des villas qui se ressemblent non loin de l’aéroport international de Cotonou. J’y étais à mainte reprise mais je pouvais toujours reconnaître.

J’attendais dans la voiture, et je pensais au matin un peu plus tôt, quand mon père m’avait autorisé à partir avec la voiture et ma mère qui s’inquiétait du fait que je ne connaissais pas Cotonou. Et effectivement c’était un ‘’ kekenon ‘’ (conducteur de taxi-moto au Bénin) que j’ai suivi depuis mon entrée à Cotonou pour l’hôtel Sheraton. Je sais que je suis folle de suivre un inconnu, mais je n’avais pas le choix.

J’étais dans mes pensées quand Shalewa m’a ramené à la réalité en me faisant signe de descendre la vitre, je profitai pour lui déverrouiller la portière, pour qu’elle puisse s’assoir à l’intérieur de la voiture. Elle me serra si fort, tellement heureuse de me voir. Le mariage lui va si bien. Je conduisis en direction de la maison sous les indications de mon amie. Cinq minutes après on était déjà chez elle, dans une grande maison. Rapidement elle me montra ma chambre au rez-de-chaussée, elle et son mari étaient au premier niveau.

Elle était heureuse de me revoir et me serra encore une fois dans mes bras et me dit :

Shalewa : je suis contente de te revoir tu m’as tellement manqué.

Moi : ma sœur, tu m’as aussi manqué. Dis-moi comment tu te sens ?

Shalewa : mieux ma belle, maintenant que tu es avec moi.

Moi : je dois te parler, les choses se passent un peu trop rapidement pour moi. J’ai peur vraiment.

Shalewa subitement inquiète : tu peux tout me dire tu le sais, maintenant raconte-moi tout.

Je lui racontai toute l’histoire depuis la venue de Rokan le vendredi passé, et de ce qui s’était passé entre lui et moi. Ma chère ouvrait les yeux de surprise et riait à la fois en me traitant de folle. Son rire stoppa net quand je lui ai dit le projet de ma mère, ce que mon père m’a dit et le comportement de Kola. Un O se dessina sur sa bouche.

Shalewa : hum !!! Ce Kola est vraiment fou… tes parents ont raison tu sais

Moi : comment tu peux dire ça ! Que vais-je faire sans Rokan ? Je l’aime et je ne me vois pas vivre sans lui ou loin de lui.

Shalewa : tu le connais ça fait pas 3 mois. Je ne comprends pas.

Moi : tu devrais comprendre, tu e mariée et tu sais ce que c’est l’amour

Shalewa : hum, c’est bon je comprends, alors tu envisages faire quoi ? Je veux connaître tes projets.

Moi : je ne sais pas encore. Depuis vendredi soir je n’ai pas pu rentrer en  contact avec Rokan. Il doit surement être inquiet car j’ai reçu ses appels et messages sans savoir quoi répondre. J’avais peur d’entendre sa voix et de craquer.

Shalewa : c’est déjà parti là-bas !!

Moi en pouffant de rire: plus que là-bas même… je l’aime

Shalewa : essaie de l’appeler pour ne pas l’inquiéter ou pour le rencontrer carrément.

Moi : tu penses ? Hmmm je vais lui faire une surprise c’est mieux. Je vais me renseigner sur son lieu e travail et j’irai là-bas pour le surprendre.

Shalewa : une surprise avec un inconnu, toi je plains ton cœur. J’oubliais c’est fait de cailloux

Moi : ahahahaha, il n’est pas inconnu pour moi.

On a discuté pendant plus de deux heures. J’ai même oublié de me déshabiller et de prendre une douche. Elle me laisse seule pour me rafraichir et me reposer un peu. Son mari était à Porto-Novo, donc elle était seule à la maison avec la ménagère et l’agent de sécurité.

Shalewa revenait quelques heures après, elle s’était renseignée sur le restaurant où Rokan travaille, Dieu merci ce n’était pas loin de chez elle. C’était dans la ‘’ haie vive’’ le quartier des restaurants pour les expatriés. Ma sœur m’aida à trouver une tenue qui convient à cet endroit et pour faire bonne impression. On opta pour une robe mini et décolletée. Elle était en pantalon avec un corsage de femme enceinte, alors que son ventre était toujours plat.

Vers 20h, on était en direction de la haie vive, les restaurants s’alignaient, du beau monde, beaucoup de lumière. On a pu localiser le restaurant de mon cœur, mon pouls s’accélérait. Je crois que je n’ai jamais aimé. Cet homme est surement mon unique amour. Avec Kola c’était quoi ? Pff je ne préfère pas y penser.

Shalewa : rêveuse, tu descends ou on retourne à la maison. L’un ou l’autre moi j’ai faim

Moi riant: tu manges pour combien même ! Tu es venu manger ou le connaître ?

Shalewa : les deux biens sûrs

C’est en riant qu’elle et moi on s’avance d’un pas sûr dans le restaurant. C’est une femme très drôle, son mari est chanceux de l’avoir. Un monsieur bien vêtu aux couleurs du restaurant avec un nœud papillon, nous indiqua une table pour quatre. J’entendis une voix familière derrière nous qui nous souhaitais la bienvenue et une bonne soirée. Je me retourne pour retrouver face à lui comme au premier jour.

Moi sourire maladroit: SURPRISE !!  

La Fissure