Chapitre 9

Ecrit par Chrime Kouemo

Dans les bureaux de son entreprise situés dans une tour à la Défense, Seba regardait impatiemment sa montre. Cette formation en management n’en finissait pas. Le sujet aurait pu être mieux mené pensait-t-il, mais le formateur gâchait tout par sa propension à rester le regard vissé à ses notes.

 

17h15… Il ne pourrait jamais être à 20 h dans le 10ème arrondissement s’il rentrait chez lui se changer comme il l’avait prévu initialement. Il ne se voyait pas aller applaudir les jeunes artistes de la Soul Music pour le Sankofa vêtu en costard cravate. Il allait vraiment faire tâche dans le décor. Heureusement qu’il n’était pas obligé de se fringuer comma cela tous les jours; mais comme aujourd’hui il avait une présentation d’un projet à des clients, il n’avait pas eu le choix. Tirant davantage, sur sa cravate d’une main, il envoya un texto à Ousmane de l’autre :

« Ça commence souvent à l’heure le Sankofa? »

 

Son ami lui répondit dans la minute qui suivit :

« Oui, ils sont assez ponctuels. C’est quoi cette question? Ne me dis pas que tu vas être en retard, Ariane va te tuer. Tu sais qu’elle tient absolument à ce qu’on soit à l’heure pour encourager et voter pour sa cousine ».

 

A la lecture du texto, Seba grimaça. Il pouvait donc mettre une croix sur une des tenues décontractées dont il rêvait depuis qu’il avait enfilé ce costume dont le pantalon slim à la dernière mode lui comprimait un peu trop l’entrejambe à son goût. Il avait suivi les conseils de Maya sa copine depuis trois mois, qui avait réussi à le trainer à une séance shopping. C’était à l’époque où la flamme était encore intense entre eux. Ils s’amusaient bien au début mais depuis quelques semaines, il ressentait une certaine lassitude. Il n’avait cependant pas encore trouvé le temps de rompre du moins, c’était l’excuse qu’il se trouvait. Elle était à la Martinique en ce moment rendre visite à ses parents, et devrait rentrer le lendemain. Il se donnait encore une semaine, puis il lui annoncerait sa décision.

-    J’espère que cette formation vous a plu…

 

La voix de l’intervenant annonçant la fin de la séance le tira brutalement de ses pensées. Il consulta sa montre une nouvelle fois, et sourit. 17h30. Il aurait finalement le temps de se changer.

 

Quand Seba arriva au BizzArt, le lieu du rendez-vous, une bonne file d’attente s’étirait jusqu’à l’angle du trottoir. Il était déjà venu au Sankofa Soul Contest, mais c’était la première fois qu’il y voyait autant de monde. Ça voulait dire que les jeunes concurrents étaient très talentueux. Heureusement que la queue avançait bien. Quelques instants plus tard, il entrait enfin dans la salle qui était déjà pas mal bondée pour l’heure. Il essaya de repérer Ousmane, en vain. Il s’apprêtait à lui envoyer un texto quand son regard tomba sur une jeune femme de dos, très petite de taille, appuyée sur le comptoir du bar et qui se hissait sur la pointe des pieds  pour passer sa commande au barman qui devait mesurer pas loin de deux mètres. Le cocasse de la situation le fit sourire, puis un petit détail capta un peu plus son attention. Il avait l’impression de reconnaître cette silhouette. Il était en train de se demander qui cela pouvait être quand il aperçut Ariane et Ousmane s’approcher de la jeune femme en question. Elle récupéra son verre au bar et se retourna légèrement pour leur parler. Rachel!

 

Sa silhouette mince était mise en valeur par une combinaison short qui lui arrivait à mi-cuisses et qui dévoilait des jambes sculpturales et absolument bien proportionnées. Contrairement à son habitude, elle portait des chaussures à talons plats. Malgré lui, son cœur fit une embardée et, comme un automate, il se dirigea vers le petit groupe. Ousmane fut le premier à l’apercevoir :

-    Comment va frère? Finalement tu as pu arriver à temps!

-    Oui, j’ai eu de la chance que la formation s’achève plus vite que je ne le pensais, répondit-il en donnant l’accolade à son ami.

   

Puis se tournant vers Ariane :

-    Ça va Ari?  Et il se pencha pour lui faire la bise.

 

Son regard accrocha enfin celui de Rachel, qui lui fit un sourire qu’il trouva un peu triste, et qui n’atteignait pas ses yeux.

-    Et toi, c’est comment depuis le temps? demanda t’il en la saluant des deux bises sur la joue.

 

Son odeur lui chatouilla agréablement ses narines, et lui rappela la soirée du mariage d’Ariane et Ousmane il y’ avait un an de cela maintenant.

-    Ça va merci et toi même?

-    On est là.

 

Puis s’adressant aux autres :

-    Ça fait longtemps que vous êtes là?

-    A peine vingt minutes. Pour une fois que nous somme plus ponctuels que toi, le taquina Ariane.

-    Ouais, ça me fait plaisir d’être un modèle pour vous, se moqua-t-il.

-    Pardon, ne gonfle pas alors comme le tapioca hein?! rétorqua son amie du tac au tac.

 

Ousmane éclata de rire :

-    Vous les Camers, allez me tuer avec vos expressions là. J’ai l’impression d’en apprendre chaque jour, alors que je vis avec une camer depuis des années.

-    Et dis-toi que je ne suis même pas à jour de toutes les nouvelles expressions!

-    Bon, Seba, tu prends ta boisson? La salle commence à se remplir. Rachel et moi, on va réserver nos places.

-    J’espère que ta cousine vaut le détour hein?

-    T’inquiète! Tu vas être bluffé, confirma Ariane avec assurance en tirant son amie par la main.

 

Malgré lui, Seba ne put s’empêcher de suivre Rachel du regard. C’est fou ce qu’elle lui faisait toujours autant d’effet depuis tout ce temps. Il avait beau se dire qu'elle n’était pas pour lui, mais rien n’y changeait. Après avoir plus ou moins assisté en direct à sa réconciliation avec son gars au Cameroun, il s’était convaincu que l’attraction qu’elle exerçait sur lui était de l’histoire ancienne. Que nenni!

-    Alors, tu commandes ta boisson ou tu vas passer le reste de la soirée à la lorgner? demanda Ousmane en souriant.

-    De qui parles-tu? Fit-il en biaisant.

 

Il avait horreur que ses sentiments soient si visibles. Même si Ousmane était un grand ami, ça l’embêtait un peu qu’il lise si facilement en lui quand il s’agissait de cette fille.

-    Pas d’Ariane en tout cas! Sinon tu aurais déjà reçu mon poing dans ta figure, répondit son ami en riant franchement cette fois.

-    Tu te fais des idées hein? Je ne m’aventure jamais dans des batailles que je sais perdues d’avance. J’aime les challenges, mais j’évite aussi de me prendre des râteaux inutiles. Ce n’est pas bon pour la confiance en soi, argua t’il.

-    Tu aimes trop bavarder… et qu'est-ce qui te fait croire que la bataille est perdue d’avance?

 

Seba arqua un sourcil, sa curiosité piquée et demanda :

-    Que veux-tu dire par là?

-    Eh bien, disons qu’il y'a du nouveau avec son gars…

-    Mais encore? Questionna t’il en s’impatientant.

Il trouvait parfois très agaçant le suspense que Ousmane essayait de mettre quand il racontait des divers.

-    C’est fini entre eux.

-    Comme ça l’était la dernière fois aussi je te signale. Ça ne l’a pas empêchée de se remettre avec lui.

-    Peut-être, mais cette fois d’après Ariane, c’est mort. Elle n’a pas voulu me dire pour l’instant ce qui s’est passé, mais je vais le lui redemander en toute subtilité.

 

C’était donc l’explication à son regard triste de tout à l’heure.

-    Hum… Te connaissant, ce sera tout sauf subtil. Laisse tomber, pour moi c’est une page qui est tournée, tu te souviens?

-    Ouais c’est ça! conclut Ousmane. Au moins, tu ne me diras pas que je ne t’ai pas donné des tuyaux.

Seba haussa les épaules, puis se tourna vers le bar, et passa sa commande.

 

Les participants du Sankofa, étaient vraiment talentueux. Seba était admiratif de la passion qui transparaissait dans chaque note, chaque geste. Ariane ne leur avait pas menti : sa cousine était vraiment douée. Du haut de ses vingt ans, elle avait déjà une maîtrise vocale impressionnante pour son âge. Il observa du coin de l’œil Rachel qui hurlait de concert avec Ariane pour soutenir la jeune fille. Elle aussi avait du coffre, mais dans un tout autre registre. Comme si elle se sentait regardée, elle se retourna et leurs yeux se croisèrent. Elle lui sourit, et il sentit des fourmis lui remonter sur l’abdomen. Il se rapprocha d’elle sans s’en rendre vraiment compte.

-    Je constate que tu as déjà trouvé ta gagnante de ce soir, fit-il en désignant du menton la cousine d’Ariane sur scène, qui attendait les résultats des votes.

-    Et toi non? Elle est vraiment bluffante Nina, tu ne trouves pas?

-    Si, si acquiesça t’il. Et tu fais quoi après? Tu restes aussi pour la soirée RnB des années 2000?

 

Qu’est ce qui lui avait pris de lui poser cette question? Il n’avait pas l’intention de rester au départ pour l’after comme le lui avait proposé Ousmane. Il avait un match de foot bimensuel avec ses anciens potes de la cité universitaire de Cergy, et il lui fallait être en forme. Il ne pouvait décemment pas faire faux bond à ses coéquipiers et ce d’autant plus que l’équipe adverse portait le nom provocateur de «Tout sauf le Cameroun » TSC, groupe composé d’étudiants africains et non Camerounais bien évidemment, qui en avaient marre de la grande gueule des étudiants Camerounais notamment en matière de football étant donné leurs quatre victoires en Coupe d’Afrique des Nations.

-    Oui je reste pour la soirée. Et toi?

-    Je ne sais pas trop, je me tâte.

-    Ça vaut le coup, le DJ est vraiment bon et ça fait du bien de danser sur autre chose que la musique « fast food » de nos jours.

-    Dis donc ! T’es encore plus dure que moi concernant le déclin de l’industrie musicale.

-    Comment ne pas l’être? Quand tu vois le talent à l’état pur de ces artistes au Sankofa par exemple, et que tu essaies de le comparer aux jeunes chanteurs qui sont signés sur des labels, tu ne peux qu’être dur.

-    Tu as complètement raison, c’est un peu comme cette vague de chanteurs de coupé décalé qui sont encensés un jour, et totalement oublié deux ans après. A croire que les chansons ne sont plus faites pour durer dans le temps.

-    C’est tout à fait ça. Aussi vite écouté, aussi vite oublié, comme un fast food.

 

Seba hocha la tête en signe d’assentiment.

-    Je vais voir si je reste pour l’after alors. Au fait, elle n’est pas là Gabrielle?

-    Non, elle est en déplacement pour le taf.

Des sifflements se firent entendre près d’eux, interrompant leur conversation. C’étaient les animateurs qui venaient avec les résultats finaux. Ariane, excitée comme une gamine, saisit le bras de Rachel en s’écriant :

-    J’espère franchement que Nina va gagner. Elle les a tous coiffés au poteau!

-    N’exagère quand même pas, ne put s’empêcher de contrer le jeune homme. Les autres participants n’ont pas démérité.

-    Pardon? fit Ariane d’un ton faussement menaçant.

 

Avant qu’il n’ait pu répondre, les animateurs réclamèrent le silence pour l’annonce des résultats. Quand le nom de Nina fut prononcé, les filles poussèrent un hurlement dont les octaves n’avaient rien à envier aux plus grandes cantatrices de ce monde. Il se retint de plaquer les mains sur ses oreilles. Il savait qu’Ariane et ses amies étaient assez exubérantes, mais il était toujours un peu étonné de les voir manifester leurs émotions de façon si authentique, sans aucune fioriture. Ce qui changeait énormément de certaines filles africaines, qui avaient constamment l’air emprunté. Rachel et ses amies ne correspondaient pas à  l’image que les gens se faisaient des filles Camerounaises en général, surtout celles vivant en région parisienne qui avaient la réputation de cirer les airs.

 

L’instant d’après, la jeune gagnante descendait de la scène et se jetait dans les bras des deux amies dont les cris redoublèrent en intensité. Seba se recula un peu, question de sauvegarder son ouïe.

Ousmane se pencha vers lui en riant :

-    Et dis-toi que tu n’as pas encore tout vu. Si Gabrielle était là, on était bons pour avoir des acouphènes pendant quelques jours.

-    Tu as l’air habitué en tout cas.

-    Comment ne pas l’être? Et puis je t’avoue que c’est un côté de sa personnalité que j’adore, cette sincérité brute de décoffrage qui fait qu’avec elle, tu sais toujours où tu en es.

 

La profondeur des sentiments de son ami transparaissant dans cette phrase lui fit envie. Il avait lui aussi envie de rencontrer cette personne pour qui les défauts lui apparaitraient comme des qualités déguisées. Irrémédiablement, son regard fut de nouveau attiré vers Rachel. Il allait finalement rester pour l’after. Il serait flingué demain pour le match de foot, mais tant pis!

 

   

 

Rachel plaqua imperceptiblement son corps contre celui de Seba au rythme d’un slow down. La musique était entraînante et lui rappelait son adolescence heureuse et insouciante. Au moins, cela faisait barrière momentanément aux pensées sombres qui menaçaient d’envahir son esprit si elle n’y prenait garde. Toute la semaine, elle avait fonctionné en mode robot: métro-boulot-dodo, évitant de se poser des questions. Ayant passé toute la semaine au bureau de chantier, cela lui avait permis d’éviter les bruits de couloir qui devaient courir au siège concernant la future liquidation de l’entreprise. Quand elle rentrait chez elle en fin de journée, elle choisissait un programme divertissant et bien abrutissant devant lequel elle restait jusque 22h30 environ, discutant entre deux avec Gabrielle et Ariane qui l’appelaient tous les jours.

 

Elle avait bloqué le numéro d’Alexandre sur son téléphone dès le dimanche, au lendemain de son appel. Elle ne voulait plus risquer de tomber sur un de ses coups de fil, cela n’aurait fait que raviver la plaie géante et l’humiliation qu’elle ressentait au fond de son cœur. Sans l’insistance d’Ariane et Gabrielle, elle serait actuellement au fond de son lit à ruminer sur la tournure que prenaient les évènements dans sa vie ces derniers jours : sa relation amoureuse à l’eau et la probable mise en vente de sa société. Ses amies l’avaient travaillée au corps pour lui extorquer sa promesse de sortir de chez elle ce vendredi. Ariane avait même poussé le bouchon plus loin encore, en venant la chercher chez elle  pour qu’elle ne puisse pas se défiler.

 

Et maintenant qu’elle était là, dans les bras de Seba, elle se disait qu’elle avait pris la bonne décision. Les artistes du Sankofa avaient été époustouflants et l’animation du DJ valait vraiment le détour, surtout avec un cavalier comme Seba. Il avait vraiment une façon sensuelle de bouger, et son corps à elle était loin d’y être indifférent. A une autre époque, elle se serait sentie un peu gauche, mais là pas du tout, elle sentait son corps s’éveiller lentement au désir. La musique se fit encore plus douce, et il enserra encore plus sa taille, et elle sentit ses cuisses puissantes se presser contre elle. Elle se laissa faire et cala encore plus confortablement sa tête au creux de son cou.

 

La soirée était passée comme une flèche. Une file indienne s’était formée devant l’accueil des vestiaires.

-    On peut te déposer si tu veux ? proposa Ariane

-    Non merci ça ira, ça te ferait faire un détour. Il n’est que minuit après tout et tu sais que les transports en commun fonctionnent jusque 2h du matin.

-    Ça me dérange de te savoir te balader ainsi toute seule dans Paris…

-    Merci Maman Ariane mais c’est non, je ne me baladerai pas en plus, je ne fais que rentrer chez moi, refusa définitivement Rachel en levant les yeux au ciel devant le maternage dont faisait preuve son amie.

 

Ousmane et Seba les attendaient dehors. N’ayant pas de sac, ils n’avaient pas eu à faire la queue devant les vestiaires, quels veinards !

Ariane et Ousmane leur dirent rapidement au revoir et se dirigèrent vers leur voiture.

-    Et toi tu rentres comment ? lui demanda le jeune homme

-    En métro, et toi ?

-    J’ai pris ma voiture, je peux t’accompagner ça me ferait plaisir.

-    Il me semble que tu habites dans le nord de Paris non ? Ça te fera faire un détour pour rien alors qu’en à peine une demie heure je serai chez moi. Ariane me l’a proposé et j’ai refusé.

-    Peut-être mais je ne te laisserai pas rentrer chez toi comme ça alors que je peux te déposer. En plus, tu seras chez toi en moins d’une demie heure, contra t’il.

 

C’est ainsi qu’elle se retrouva dans sa Seat Leon. Quand il démarra le véhicule, le lecteur CD se mit automatiquement en marche jouant un morceau de Ndombolo de Koffi Olomide. Il baissa légèrement le volume et s’inséra doucement dans la circulation. Quelques instants plus tard, il garait sa voiture devant chez elle. Elle n’avait pas vu le temps passer. Ils avaient discuté de choses et d’autres de façon très fluide. Elle se rendait compte qu’il était vraiment d’agréable compagnie. Elle en avait eu un aperçu lors du mariage d’Ariane l’année dernière et cette soirée ne faisait que confirmer cela. Elle s’étonnait même qu’à une époque elle ait pu le trouver agaçant.

Elle dégrafa sa ceinture de sécurité et se retourna vers lui :

-    Merci de m’avoir déposée, j’ai effectivement gagné dix minutes, fit-elle en jetant un coup d’œil à sa montre.

-    C’est seulement pour le gain de temps que tu me remercies? Pas pour l’excellent moment que tu as passé avec ma personne ? Rétorqua-t-il d’un ton taquin.

-    Ouh la !! Je crois que tu n’as pas besoin que j’en rajoute, répondit-elle en riant et se penchant pour lui faire deux bises en guise d’au revoir.

 

Son regard s’accrocha au sien puis à ses lèvres qu’il avait charnues, et elle sentit une sorte de crispation naître au creux de ses reins. Quand il se pencha à son tour, leurs bouches se trouvèrent  à moins d’un centimètre l’une de l’autre. Lequel rompit la distance? Rachel n’aurait su le dire. Tout ce qu’elle savait c’est que l’instant d’après, ils s’embrassaient à en perdre haleine. Leurs langues se cherchaient, se taquinaient, s’entremêlaient. Un désir à l’état brut montait en elle tandis que le baiser se faisait plus profond. Elle glissa les mains sur sa nuque puissante et inclina encore plus la tête pour mieux savourer le baiser. De son côté, Seba remontait une main le long de sa cuisse tandis que l’autre pressait délicatement sa poitrine.

 

La caresse extrêmement sensuelle la fit gémir de plaisir. Ça faisait longtemps que son corps n’avait pas été aussi soumis à de tels assauts passionnés. S’enhardissant, elle laissa courir une de ses mains de sa nuque à son torse, puis jusqu’à son entrejambe où elle trouva une bosse dure pointant sous le pantalon qu’elle se mit à masser doucement. Le jeune homme émit un son rauque.

-    Oh Rachel, tu vas me tuer… gémit-il contre ses lèvres avant de recommencer à l’embrasser encore plus fougueusement.

 

La jeune femme fondait littéralement sous ses baisers. Elle voulait encore se rapprocher plus de lui, avoir le plaisir de le toucher encore plus intimement, mais la boîte de vitesse faisait barrage. Elle ne se reconnaissait pas en cette femme avide de caresses. Les lèvres de Seba, glissèrent dans son cou, et il lui mordilla les oreilles, puis murmura :

-    Si nous ne nous arrêtons pas maintenant Rachel,  je ne suis pas sûr de pouvoir me retenir encore longtemps….

-    Et qui te demande de te retenir?

 

Les mots étaient sortis tous seuls, dictés par son désir, comme si sa bouche avait une volonté propre. Mais elle ne les regrettait pas. Elle avait envie de lui et rien ne la retenait de céder à son désir.

-    Tu es sûre?

-    Oui, répondit elle simplement.

-    Attends, je viens t'ouvrir la porte.

-    Si tu y tiens, fit-elle en lui souriant.

 

Quelques instants plus tard, ils étaient devant la porte de son appartement qui se trouvait au premier étage de l'immeuble. Elle mettait un temps fou à retrouver ses clés enfouies au fond de son sac comme d'habitude. Pendant ce temps, Seba lui administrait des petits baisers dans le cou tout en caressant ses fesses et ses reins, ce qui la mettait au supplice. N'en pouvant plus, elle se retourna pour l'embrasser à pleine bouche. Il l'adossa alors à la porte et plaqua son corps ferme et dur contre le sien. De ce fait, elle ne pouvait ignorer son désir tendu et grandissant contre son ventre. Elle enroula sa langue autour de la sienne, et passa une de ses jambes autour de ses reins tout pour mieux se presser contre son bassin. Le jeune homme l'empoigna alors par les fesses et se mit à onduler doucement. Rachel se mit à haleter bruyamment. Un désir sauvage, bestial s'empara d'elle qu'elle essaya de combler en collant un peu plus son corps contre le sien. Elle passa les mains sous son tee-shirt, puis ses doigts se faufilèrent sous la ceinture de son pantalon à pinces. Seba grogna à son tour et la souleva complètement pour qu'elle l'entoure de ses jambes.

 

C'est à ce moment que le sac de la jeune femme glissa de son épaule et tomba bruyamment sur le  carrelage du sous-sol en y répandant son contenu. Ils se figèrent tous les deux. Dans le feu de la passion, elle avait complètement oublié qu'ils étaient en train de se peloter contre sa porte et que n'importe quel résident de l'immeuble aurait pu les surprendre. Mais bizarrement, elle n'en était aucunement mortifiée. Il colla son front contre le sien et murmurant contre sa bouche:

-    Je pense qu’il faut qu’on rentre. J’ai tellement envie de toi que je pourrais te prendre là maintenant, et je crois que ni toi ni moi n’avons des tendances exhibitionnistes.

 

Elle hocha la tête en signe d’assentiment, et il la déposa doucement, tout en prenant le soin de bien la faire glisser le long de son corps. Elle se courba pour récupérer ses clés sur le sol. Au moins, elle ne perdrait plus de temps à les chercher au fond de son sac et, une fois la porte refermée derrière eux, Seba fondit sur elle comme un assoiffé. Il captura sa bouche dans un baiser passionné et la soulevant de terre en même temps. Elle-même n’était pas en reste. Elle s’agrippa encore plus à lui en l’enserrant de ses jambes qu’elle croisa dans son dos.

 

Ils arrivèrent enfin dans sa chambre et l’instant d’après, roulaient sur le lit enlacés. Les habits volèrent à travers la pièce et ils se retrouvèrent nus l’un contre l’autre en un temps record. Le regard de braise du jeune homme la détailla de la tête aux pieds. Il s’attarda sur ses seins, son ventre, et au fur et à mesure qu’il descendait plus bas, elle retenait son souffle.

- J’ai envie de te faire des trucs de fou. Tu ne peux pas savoir depuis combien de temps je rêve de ce moment.

 

Alors même qu'elle le connaissait à peine, elle le laissa la regarder et cela sans ressentir aucune pudeur. Elle s'était toujours imaginé que pour passer à l'acte avec quelqu'un il lui fallait des semaines de fréquentation avec des sentiments profonds, comme cela avait été le cas avec son ex. mais là, il n'en était rien. Elle découvrait le désir sexuel à l'état brut. Toutes ses terminaisons nerveuses semblaient s'être éveillées soudainement si bien qu'elle se sentait enflammée par un seul regard de sa part.

Les yeux du jeune homme étaient maintenant rivés à son mont de Vénus recouvert d'une fine toison. Dans une invite muette, elle écarta les jambes. Seba étouffa un gémissement, puis répondant à son appel, il se pencha et déposa un premier baiser dans le creux de son nombril qu’il lécha pendant que ses mains se saisissaient délicatement de sa taille fine. Il souffla ensuite sur sa peau, et sa bouche entama une descente sensuelle vers son intimité.

 

Ce fut au tour de Rachel de gémir sans aucune retenue. Elle se cambrait, se tordait dans tous les sens, c’était trop bon. Quand sa bouche atteignit enfin sa fleur, elle était déjà à moitié folle. Elle s’accrocha aux draps pendant qu’à coups de langue tour à tour rapides et lents, il l’emmenait sans aucun détour vers l’extase. Elle se mordilla les lèvres pour s’empêcher de hurler comme une possédée quand la jouissance la balaya comme une vulgaire feuille morte, mais ce fut plus fort qu’elle, et elle s’écria :

-    Oh oui, Seba !!

 

Elle garda les yeux fermés tandis que les derniers spasmes de son orgasme de dissipaient peu à peu. Quand elle rouvrit les yeux, elle vit Seba à quatre pattes entre ses cuisses et qui lui adressait un sourire charmeur. Elle tendit les bras pour le faire remonter vers elle, et l’embrassa à pleine bouche tandis que l’une de ses mains s’emparait de son sexe tendu. Il gémit un peu plus fort, et elle continua d’imprimer des mouvements de va-et-vient sur sa verge. De temps en temps, elle passait son pouce sur l’extrémité pour exciter son gland humide.

 

Elle le fit ensuite s’étendre sur le dos et se mit à califourchon sur lui. Le contact de son sexe palpitant contre son intimité humide lui coupa momentanément le souffle. Elle s’écarta légèrement de son futur amant pour s’installer entre ses cuisses puissantes. Elle prit à nouveau son membre dressé entre ses doigts puis se penchant, elle le captura dans sa bouche.

-    Rachel… Hum… Mmmmh… Tu me fais du bien, souffla le jeune homme tandis qu’elle s’appliquait à lui rendre le plaisir qu’il lui avait donné un peu plus tôt.

 

Seba n’était pas loin de perdre le contrôle devant le pur plaisir qu’il ressentait avec la bouche de Rachel sur son pénis. Se sentant sur le point d’exploser, il se dégagea prestement de son emprise et, avant qu’elle ait compris ce qui lui arrivait, il la plaquait sur le dos en l’enserrant entre ses cuisses.

-    Je veux être en toi maintenant, lui murmura t’il en lui mordillant l’oreille.

-

Entre deux coeurs