CHAPITRE 9
Ecrit par Emyam
LYDIA
Malgré tous mes arguments pour me passer de Marcellin, le
chauffeur, Marc-Ariel a tout fait pour me le refiler entre les pattes.
Il me suit tellement partout que je me demande s’il n’est
pas plus présent en garde espion qu’en simple chauffeur.
Nous nous sommes d’abord rendus à la clinique du docteur Bléou
pour la radio. Il en ressort que je ne souffre d’aucune commotion (Ce qui me
rassure grandement !).
Après cela, j’ai voulu que Marcellin me laisse rentrer à la
maison par mes propres moyens mais il a refusé. Apparemment monsieur ne suit
que les ordres de son patron. Et les ordres de son patron sont clairs : ACCOMPAGNEZ MISS KOFFI CHEZ LE MEDECIN PUIS
CHEZ ELLE ET ATTENDEZ QU’ELLE FINISSE DE RASSEMBLER SES AFFAIRES AVANT DE LA
RAMENER A LA MAISON.
Ah...Je ne vous l’avais pas dit ? Je suis sensée
emménager aujourd’hui sur mon nouveau lieu de travail.
Je serai logée chez les EHUI mais bénéficierai de deux
week-ends par mois pendant lesquels je suis libre de quitter leur domicile.
On peut dire que les EHUI paient plutôt bien leurs
employés...
Marc-Ariel a même dit que je pouvais avoir recours aux
services de Marcellin pour toute course éventuelle.
J’aurais bien voulu me passer de ce dernier aujourd’hui mais
impossible !
Je me félicite encore d’avoir pensé à prendre un petit
chambre-salon dans l’un des quartiers populaires de la capitale. Imaginez la
tête de Marcellin si je n’avais que mon appartement de Cocody Angré, un
quartier résidentiel où les petites bourses ont du mal à se loger
convenablement ! Il aurait clairement fait un rapport à son patron qui se
serait mis à douter de mon statut de pauvre fille en besoin d’emploi.
Et ça aurait clairement chauffé pour mes fesses ! Pensai-je en
souriant.
Récupérer mes affaires dans le studio ne m’a pas pris
énormément de temps. En moins d’une heure, j’avais déjà rassemblé toutes les
affaires que j’avais à peine installées.
Ma valise chargée dans le coffre de la voiture, Marcellin et
moi nous dirigeons vers le logement des EHUI...
****
Après les embouteillages rencontrés en chemin, nous sommes
enfin arrivés.
Malgré toute mon argumentation, Marcellin a insisté pour
récupérer ma vieille valise. D’après lui son patron dit que je suis convalescente
et je ne dois donc porter aucun bagage lourd. C’est à croire que ce monsieur
même à distance essaie de contrôler ma vie !
Nous avons à peine franchi le salon que je fois Yoann courir
vers moi et me sauter dessus en m’étreignant de toute ses petites forces.
-Ly tu es revenue ! Tu es revenue ! s’écrie-t-il
en refusant de me lâcher.
Le détachant de mes jambes pour le porter dans mes bras, je
vois monsieur et madame Ehui, assis au salon devant ce qui semble être une
émission télévisée.
Pendant que le père arbore un sourire attendri face à cette
scène, la mère me lance un regard qui s’il pouvait tuer m’aurait surement déjà achevé.
Mais dès que son mari lui jette un coup d’œil, elle m’offre le sourire le plus
mielleux qui soit.
Non mais quelle hypocrite !
-Alors miss Koffi ? Que dis votre radio ? Me
demande Marc-Ariel de sa voix grave.
-Euh...Rien de bien grave ! Je ne souffre d’aucune
commotion. Je réponds un peu troublée de constater que mon état de santé a l’air
de vraiment l’intéresser. Je me disais que tout ce tapage autour de ma santé était
juste une mascarade pour se faire passer pour une personne prévenante mais à le
voir maintenant, j’en douterais presque...
Après avoir répondu à quelques autres questions, je me
dirige vers l’aile des employés où se situe la chambre où j’avais été installée
lorsque madame Ehui m’interpelle en me disant que ma chambre est à l’étage,
près de celle de Yoann. Donc de celle des parents je suppose...
Plus proche donc de mon but...
Elle se propose même de m’y conduire à ma grande surprise et
à celle de son époux apparemment car ce dernier fait carrément de gros yeux.
-Yoann lâche un peu ta nounou
le temps que je lui montre sa chambre. Interpelle-t-elle Yoann qui repart, la
mine boudeuse vers son père.
A l’étage je peux voir au total 4 portes qui se font fasse
dans un grand couloir et une porte tout au fond.
Cynthia s’arrête à la deuxième porte en l’indiquant comme ma
chambre. La porte d’en face est celle de la chambre de Yoann.
Elle ne le mentionne pas mais je suppose que la chambre tout
au fonds est celle du couple Ehui.
Dès que nous entrons dans la chambre qui est désignée comme
la mienne, je remarque ma vieille valise, posée dans un coin.
Apparemment même Marcellin savait que je serais installée
ici...
La chambre est plutôt pas mal. Bien plus grande que celle
dans laquelle j’étais dans l’aile des employés, elle est peinte dans des tons
clairs. Il n’y a pas de décoration réelle mis à part un tableau dont j’ai du
mal à déchiffre le dessin qui est accroché au-dessus du lit.
-Ca va convient ? J’entends demander dans mon dos.
Me retournant, je réalise que pendant tout ce temps, Cynthia
observait chacun de mes faits et gestes. Comme si elle se doutait que je
cachais quelque chose et essayait de le découvrir.
Je me constitue donc une expression des plus sages et réponds
presque timidement.
-C’est très bien madame Ehui ! Je ne peux qu’aimer.
Encore merci de m’avoir donné ma chance. Je vous promets que je ne vous
décevrai pas.
Comme hier à l’entretien, elle lève la main, me coupant net
dans mes propos.
C’est à croire que c’est son habitude !
-Je suis contente que ça te plaise... D’ailleurs profite en
bien car tout cela...Fait-elle en montrant la chambre du doigt, risque de ne
pas durer. Laisse-moi te le dire clairement Lydia, je suis contre ton embauche.
Si je l’ai accepté, c’est uniquement parce que je sais que je ne vais pas
tarder à te virer ! Les petites opportunistes comme toi qui cherchent à
voler les maris des autres j’en ai côtoyé. Alors fais attention à toi. Je te
prierai toi et tes faux airs de timide et d’innocente de rester loin de mon
époux ! Car à première bévue tu pourras dire adieu à ce travail... Sur ce,
installe toi bien. Ton boulot de nounou
commence dès ce soir.
Sur ces mots, elle s’en va en claquant carrément la porte,
me laissant sur le cul.
Waouh ! Ça pour un accueil...On peut dire que tu as tapé fort Cynthia Ehui !