Chapitre III
Ecrit par 98shadesofab
Plus il s’approchait, plus les battements de mon cœur s’accéléraient. Je réfrénais l’envie de me pincer ; c’était tellement improbable, et pourtant c’était bien réel. Il était là. J’eus à peine le temps de vider mon verre qu'il était déjà en face de moi, à quelques centimètres, encore plus irrésistible que dans mes souvenirs.
« Alexandra ! » Mon nom sonnait telle une douce mélodie dans sa bouche.
« Quand je pense que je ne voulais pas venir ce soir... j’aurais eu tort ! » il m’enlaça fort. Cette sensation si familière que j’avais presque oubliée.
« Ayane, comment vas-tu, ça fait un bail dis-donc. » Dit-il en lui faisant la bise.
« Hum, c’est toi qui as disparu, sinon nous on est là » ria-t-elle
« Koffi wow. Quel hasard de tomber ici, sur toi, ce soir !
-Alex, tu es resplendissante, encore plus douce qu’il y’a cinq ans, incroyable » me dit-il, yeux dans les yeux. Il se mit à m'observer de haut en bas. Je sentais chaque centimètre de ma peau brûler sous son regard inquisiteur. Le temps semblait être suspendu, je ne savais même pas quoi lui répondre.
« Je suis venu boire un verre avec mes collègues pour célébrer une affaire. » il alla rapidement prendre un tabouret à la table voisine puis revint s’asseoir avec nous. Alexandra ressaisis-toi, me disais-je. Il ne faut pas lui montrer l’effet qu’il te fait. N’oublie pas qu’il t’a jeté.
« Eh bien, je suppose que les félicitations sont de mise ! » Parvins-je enfin, à répondre.
« Merci Alexandra » Il n’arrêtait pas de me regarder et je ne détournais pas les yeux.
« Bon Koffi le mystérieux, dis-nous ce que tu es devenu ! » Ayane interrompit ce jeu de regard.
« Eh bien, que dire. Je suis revenu à Abidjan il y’a un an, j’étais à Londres auparavant. »
Londres. Wow, les choses avaient bien marché pour lui alors.
« Iju* (wow). Tu faisais quoi à Londres ?
-Je travaillais. Dans un cabinet d’avocat.
-Mais vous avez quoi à tous être avocats ? C’est le seul travail qui existe ?
-Ayane, ce n’est pas le seul travail. Simplement le seul qui nous intéressait. Et tout le monde n’est pas avocat.
-Haha, voilà, tu as bien résumé Alex. Et vous les filles, quoi de beau ?
-Mais on n’a pas fini de parler de toi hein. Tu es marié ? Fiancé ?
-Ayane ! » Dis-je. Koffi se contenta de sourire.
« Pff, on ne peut même pas poser les questions. » Un téléphone sonna. C’était le sien. Son « blanc » l’appelait. Elle se leva pour lui répondre. J’étais seule avec Koffi. Pour la première fois depuis ce qui semblait être une éternité. J’avais l’impression qu’il faisait de plus en plus chaud et que j’allais fondre.
« Alexandra, tu m’as tellement manqué.
-Ah bon ? Ce n’est pas vraiment l’impression que j’ai eu ces dernières années.
-Je sais que je ne me suis pas bien comporté avec toi, et...
-Ca, c’est un euphémisme. Tu m’as carrément jeté comme une vieille chaussette. Avec ton excuse bidon.
-Je suis désolé Alex. Je ne voulais pas te peiner. Sincèrement. Ce n’était pas une fausse excuse comme tu le penses. Nous étions tellement différents à l’époque. Je ne savais pas où j’allais. Je ne voulais pas être un poids pour toi. Je voulais être capable de pouvoir être à ta hauteur.
-Koffi, tu sais très bien que ces bêtises de classe sociale ce n’était pas mon problème. Si je voulais quelqu’un de mon milieu, j’avais beaucoup d’options. Mais c’est toi que j’ai choisi, que j’ai aimé, je t’ai énormément donné, et tu m’as laissée tomber. Tu m’as... » son téléphone qui était posé sur la table se mit à vibrer, mais il ignora l’appel. Je n’eus pas le temps de lire le nom inscrit sur l’écran.
« Excuse-moi, continue » Me dit-il
« Tu m’as brisé le cœur. Tu m’avais dit que lorsque tu te serais construit, tu reviendrais vers moi. L’as-tu fait ? Non. Si je n’étais pas venue ici ce soir, on ne se serait probablement jamais revus.
-S’il te plaît, pardonne-moi. J’étais obligé.
-Koffi, je t’ai déjà pardonné. À quoi cela aurait servi de garder rancune ? De toute façon, tout ça, c’est le passé. Je préfère penser à l'avenir. » Par un heureux hasard, la chanson Last Night de P.Diddy commença à retentir dans l'habitacle.
« Alexandra, tu entends ce que j’entends ? C’est notre chanson ! »Me dit un Koffi tout excité. Il n’avait pas oublié. A l’époque nous avions tellement dansé sur ce morceau. Quand je pense aux paroles aujourd’hui, je me rends compte qu’elles correspondaient à chaque étape de notre relation. Le Park Ave disposait d’une petite piste de danse où plusieurs danseurs étaient déjà bien occupés.
« Il faut qu’on aille danser !
-Euh non, je ne crois pas...
-Oh que si ! Lève-toi, allez, en souvenir du bon vieux temps ! » Il ne me laissa pas le choix et me prit par la main pour m’entraîner sur la piste. Il mit ses mains sur le bas de mon dos et commença à bouger au rythme de la musique. Je suivis ses pas et ondulais des hanches. Toutes ces années étaient passées, et nous étions toujours en parfaite symbiose lorsque nous dansions. Il me retourna, de sorte à ce que mon dos soit collé à son ventre. Ses doigts, presque enfoncés dans mon bassin, guidaient mes mouvements. Le rythme de la musique était si entraînant et si langoureux à la fois. Nous bougions en fonction de lui. Instinctivement, je collai mon corps au sien, je sentais sa respiration se rapprocher de mon cou, c’était une si belle sensation. Il me retourna et nous commencions à nous fixer. Nous étions au milieu de toutes ces personnes mais j’avais l’impression qu’il ny’avait que lui, que moi, que nous. Il passa sa langue sur ses lèvres et s’approcha dangereusement de mon visage. Je savais exactement ce qui allait se passer. J’en brûlais d’envie mais, était-ce raisonnable ? J’étais comme hors de moi, je ne réfléchissais plus. Lorsque ses lèvres se posèrent délicatement sur les miennes, je sentis comme un feu s’embraser à l’intérieur de moi. Sa langue chatouilla mes lèvres et les écarta, s’en suivit un baiser langoureux. Nos lèvres bougeaient à l’unisson, nous rattrapions le temps perdu. Koffi passa sa main dans mes cheveux pendant que sa bouche quittait la mienne, pour aller se perdre sur mon cou. Je laissais échapper un soupir de satisfaction. Ses mains descendirent sur ma cambrure, puis sur mes fesses, qu’il caressa tendrement. Nous continuions à nous embrasser, lorsque Koffi s’approcha de mon oreille pour me murmurer quelque chose :
« J’ai envie de toi, Alexandra.
-Oh Koffi, est-ce bien raisonnable ? On ne devrait pas...
-Arrête de réfléchir bébé, j’ai tellement besoin de toi, tu m’as trop manqué. Je t’en prie... »
Je ne pouvais pas lui résister. J’avais autant envie de lui que lui de moi. Il était inutile de se voiler la face. De plus, il avait l’air tellement désespéré, cela me faisait encore plus craquer. J’envoyais un message à Ayane pour lui dire que je rentrais, pendant que Koffi alla rapidement échanger deux mots avec son groupe de collègues. Lorsque ce fut fait, il m’ouvrit la porte du bar pour que l’on puisse se diriger vers le parking. Nous prenions chacun notre voiture et j’entrepris de le suivre. Il conduisait une jolie Mercedes. Le trajet dura près d’une demie heure, demie heure au cours de laquelle je réfléchissais à ce que je m’apprêtais à faire. J’étais toujours amoureuse de lui, il n y’avait aucun doute possible. Mais il m’avait déjà brisé le cœur une fois. Il pouvait le refaire. Toutefois, je me dis que cette fois ci s’il voulait me quitter, je ne le laisserais pas faire. Je ne laisserais rien, ni personne se mettre en travers de notre chemin. J'avais déjà tant souffert une fois, c’était suffisant. J’étais tellement plongée dans mes pensées que je ne remarquai pas que nous étions arrivés. Nous nous étions garés devant un charmant immeuble carrelé. J’eus à peine le temps de me remettre du rouge à lèvres et de me parfumer un peu, que Koffi vint m’ouvrir la porte.
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NDLR: N'hésitez surtout pas à kiffer ce chapitre et à commenter ce que vous en pensez et à ajouter l'histoire à votre bibliothèque pour ne rien rater! -A.B