CHAPITRE IX
Ecrit par Samensa
SAFI
Karim remet son boxer en place.
Je me fige instantanément. Non, pas encore une fois. S’il me repousse ici, je
ne m’en remettrai pas. Il me fait sortir de la piscine, toujours à califourchon
sur lui. Nous continuons de nous embrasser pendant que nous entrons dans la
maison et prenons les escaliers.
Nous pouffons de rire lorsqu’il
mentionne le fait que tata Bintou deviendra folle à son réveil lorsqu’elle
verra nos vêtements près de la piscine. Lorsque nous entrons dans sa chambre,
je suis soulagée. Karim me dépose délicatement sur le lit, allume sa lampe de
chevet et enlève son boxer. Quelle vision érotique ! Moi couchée sur le
dos les jambes écartées et lui en train de monter sur le lit, avec le regard
d’un prédateur et sa verge tendue. Il me caresse le corps en prenant dans sa
bouche mes lèvres puis mes seins. Deux doigts s’insinuent en moi.
-Déjà prête à me recevoir à ce
que je constate. Me souffle-t-il dans les oreilles.
-Oh Karim !
Il descend jusqu’à mon entre
jambe et se met à l’embrasser à pleine bouche. Je ne me sens plus. Je ne sais
pas comment il fait mais il me tue. Il s’occupe de mon clitoris avec sa langue
tandis que ses doigts s’activent en moi. Je suis au bord de la jouissance
lorsqu’il s’arrête. Il me regarde malicieusement puis me donne un baiser sur le
ventre.
-Merde ! Crie-t-il soudain.
-Quoi ?
-J’ai pas de protections.
-…
-Bordel !
-Je suis clean Karim.
-Euh ok. Mais moi ce n’est jamais
sans préservatif.
-Alors ça va. Où est le
problème ?
-Je ne sais pas mais je ne peux
pas coucher avec toi sans préservatif. On ne sait jamais.
-Mais si je suis clean et que toi
tu te protèges toujours, où est le problème ?
Ça fait tilt dans ma tête :
c’est moi le problème.
-Karim, tu penses que je pourrai
te refiler quelque chose ?
-Ecoute princesse, je suis très
prudent. On devrait remettre ça à une autre fois, quand on aura des
préservatifs ou attendre de te faire un bilan de santé.
Mon Dieu, je n’y crois pas. Mes
yeux me picotent signe que mes larmes ne tarderont pas à couler. Je descends du
lit rapidement. Il essaie de me retenir, je pète un câble.
-Non mais c’est quoi ton problème
Karim ? Qu’est-ce que tu penses que je suis ? Une pute ?
A sa tête, oui il le pense. Je
n’en reviens pas.
-Tu es sérieux là ?
Karim ?!?
-S’il te plait, calme toi. Et
comprends moi, avec les gens que tu fréquentes dans les bars et autres… C’est
trop risqué.
Je sors rapidement de la pièce en
claquant la porte. C’est plus que je ne peux supporter. Cet homme, je l’ai dans
la peau mais il me considère comme une moins que rien. Je tombe sur le lit les
yeux fermés. Non, cette fois je ne pleurerai pas, pas pour un homme qui ne me
mérite pas. Je passe à autre chose.
KARIM
-Alors pour le cas du divorce du
couple Kouadio, nous avons prévu faire plier son époux pour qu’il nous concède
la maison à Bouaké et une pension alimentaire mensuelle de 400000 F avec…
-Stop là Karim ! Stop !
-Pourquoi ? Ça ne va
pas ?
-Non, ça ne va pas. C’est la
troisième fois que tu trompes dans les énumérations. Ecoute, va te reposer. Tu
as une tête de chien battu.
Effectivement, je suis hors
connexion actuellement. J’ai vécu ce que je pourrai qualifier de dimanche noir.
Je n’ai pas vu Safi de la journée et je n’ai fait que me remémorer les
évènements de la nuit. De plus, j’ai eu les nerfs tendus toute la journée. A cette allure, je risque de devenir fou.
Je dis donc au revoir à mon collègue
et sort du bureau. Je suis dans le parking lorsque je reçois un appel.
Emetteur : Maya.
-Allô ?
-Allô. Me Cissé ? Me réponds
la voix en pleurs.
-Euh ! Calmez-vous. Que se passe-t-il ?
-J’ai besoin…snif…de votre aide…
snif
-Ok. Où vous trouvez-vous ?
Je vous rejoins de ce pas.
-Je suis dans un glacier, Amore, en
zone 4.
-D’accord. Je suis là dans 5
minutes.
Quelques temps après j’entre dans
le glacier. Maya est assise dans un coin de la salle, lunettes de soleil en
plein intérieur et foulard sur la tête. Je m’approche d’elle. Dès qu’elle me
voit, elle se jette dans mes bras en sanglotant. J’avoue que ça m’étonne. On
n’a pas de liens particuliers qui puissent justifier son comportement. Je la
repousse doucement pour l’installer dans sa chaise puis m’installe à mon tour.
-Alors qu’est ce qui se
passe ?
Elle ôte ses lunettes : un
œil au beurre noir. Par ailleurs, je remarque des bleus sur son corps.
-S’il vous plait,
aidez-moi ! Dit-elle en sanglotant.
-Qui a osé vous faire cela ?
-Mon petit ami. Il va me tuer si
vous n’intervenez pas. Je veux porter plainte, je n’en peux plus. Aidez-moi
maitre.
-D’accord, racontez-moi comment
ça s’est passé.
C’est ainsi qu’elle me fit le
récit de ses mésaventure. Un copain alcoolique qui n’hésite pas à la battre
pour un oui ou non. Ce n’est pas la première fois et selon ses dires, il
recommencera car chaque fois, il s’excuse et reprend.
Je suis vraiment peinée pour elle.
Comme je ne gère pas les cas de violence, je lui remets le contact d’un
collègue pour qu’il puisse prendre en charge cette histoire. Elle me fait
promettre de ne rien dire à sa cousine pour ne pas l’inquiéter. Et je la quitte
non sans lui avoir donné l’autorisation de m’appeler à n’importe quel moment en
cas de problème.
Lorsque je rentre, Safi est
couchée dans le canapé en train de regarder un documentaire historique à la télévision.
Je m’assieds près d’elle et lui touche le pied pour l’interpeler. Elle me
regarde d’un regard si profond que je risque de perdre mes mots.
-Safi… Ecoute, pour la dernière
fois, je suis désolé. Je n’aurai pas du insinuer que tu étais une….
-Pute ? Vas-y tu peux le
dire hein.
-Non, ce n’est pas ça, je me suis
mal exprimé. Je me sens tellement coupable.
Elle se redresse dans le canapé.
-Karim, j’ai eu ma dose d’excuses
avec toi. Tu m’as bien fait comprendre que tu ne voulais rien avec moi, et j’ai
compris. Je ne t’en veux pas, tu peux me croire. Tu as été clair depuis le
début et c’est moi qui ai insisté. Maintenant, c’est fini. Je te laisse
tranquille.
Elle se recouche et continue de
suivre son programme comme si je n’existais pas.
2 semaines plus tard
SAFI
Mes mains moites tapent
nerveusement le clavier de mon ordinateur. J’ai la peur au ventre de découvrir
les résultats de mes examens. J’ouvre le mail de l’école puis défile jusqu’en
bas où c’est écrit en vert : 15.5/20 – félicitations !
Je pousse un cri de joie et cours
jusqu’à la cuisine toujours en hurlant de joie et tombe dans les bras de Tata
Bintou.
-J’ai réussi ! J’ai
réussi !
-Quoi ? Tes examens ?
-Oui !
-Oh ma chérie
félicitations ! Je suis tellement fière de toi.
-Merci beaucoup… Je suis
tellement soulagée moi.
-Mais ça mérite une fête
ça ! D’ailleurs ce soir je vais faire un petit diner qu’on prendra tous
ensemble en ton honneur.
-Tous ensemble ?
-Oui.
-Tata Bintou, ton idée ne
m’enchante pas vraiment.
-A cause de Karim ?
Je hausse les épaules.
-Ce sera l’occasion de vous réconcilier.
-S’il te plait, ne m’oblige pas à
m’assoir à la même table que lui.
-Je me fiche pas mal de vos
histoires. Allez va décongeler l’un des poulets !
C’est en boudant que je
m’exécute. Pourquoi je devrais fêter ma réussite avec lui ?
Je finis à peine de dresser la
table quand il s’emmène. Tata Bintou lui fait le compte rendu de tout ! Il
est visiblement heureux et veut me donner une accolade que j’esquive. Non je ne
suis pas d’humeur à être dans ses bras.
Nous passons donc à table. Ils se
font la conversation pendant que j’avale mon plat, le nez dans mon assiette.
Soudain son téléphone sonne. Il répond et essaie de calmer la personne à
l’autre bout du fil. Après avoir raccroché, il se lève.
-Veuillez m’excuser, j’ai une
urgence à Abidjan.
-Mais il fait nuit !
s’exclame tata Bintou. Demande à un de tes hommes de s’en occuper.
-Impossible, il faut que j’y sois
personnellement. A plus.
Il prend les clés de sa voiture
et sors. J’ai un pincement au cœur. Qui peut bien être cette personne qui le
fait déplacer si tard jusqu’à Abidjan ? Est-elle si importante ?
Pff ! Que quelqu’un vienne
me gifler pour ma sottise ! Pourquoi je me préoccupe des affaires de
celui-là ?
MAYA
Lorsque j’entends taper, je me
confectionne une mine de femme battue et cours ouvrir la porte. Je me laisse
tomber dans les bras de mon sauveur lorsque je le vois.
-Oh Maitre ! Merci d’être
venu si vite !
Il entre et ferme la porte
derrière lui.
-Il vous a encore frappé ?
-Oui. Et j’ai été obligé de
m’enfuir et de me réfugier dans cet hôtel.
Je me mets à pleurer bruyamment.
Il me fait assoir sur le lit et me propose un verre d’eau. Ce que je refuse. Je
lui indique les coupes de champagne posées sur la table.
-Prenez en un aussi. Je l’ai
commandé pour vous.
-Non merci, je vais conduire.
-S’il vous plait… Ne me laissez
pas boire seule. J’ai pris ce champagne pour célébrer la vie que j’ai toujours.
Car je ne devais pas être en vie après ce qu’il m’a fait subir.
Je me remets à sangloter.
-D’accord, d’accord. Je vais
boire avec vous mais de grâce calmez-vous.
Il avale d’une seule traite le
contenu de verre alors que j’effleure juste le mien de mes lèvres. Ça y est, la
machine est lancée.
KARIM
Une caresse sur ma joue.
J’inspire profondément. Le parfum qui me parvient ne m’est pas familier ni la
voix de la personne qui me demande d’ouvrir les yeux. Je me réveille donc en
sursaut et suis étonné de voir Maya assise près de moi avec une serviette nouée
à la poitrine.
-Allez mon chéri, on se réveille !
Il fait jour.
-Quoi ?
J’inspecte les lieux. Draps
défaits, moi tout nu, préservatifs usagers dans la corbeille qui sert de
poubelle, Maya à moitié nue…
Euh, j’ai raté un épisode ?
SAFI
-Je suis tellement fier de toi
Safi. Tu es époustouflante.
-Merci mais il n’y a pas de quoi
à en faire tout un plat hein.
-Si, si. Combien de personnes
pourront se vanter d’avoir réussi leurs examens avec une menace de mort sur
leur tête ?
-Merci Mike, c’est gentil. Et
puis, merci pour le cadeau, pour ta visite de ce matin. Merci pour tout.
Il me prend les mains.
-Crois-moi, je suis prêt à tout
pour te rendre heureuse. Et si j’avais les moyens, je t’en offrirai plus.
-Oh c’est déjà bien. L’important
c’est le geste.
-Ah Safi, peu de personnes
pensent comme toi. Tu es exceptionnelle.
Je souris, gênée par ses mots
mais surtout pas sa manière de me regarder. Je baisse les yeux. Il m’attrape le
menton et m’oblige à le regarder.
-Qu’est-ce que tu fais
Mike ?
-Çà.
Il se penche pour capturer mes
lèvres dans un baiser. Je le laisse faire pas parce que j’en ai envie mais
plutôt par curiosité. Qu’est-ce que je ressentirai à embrasser un autre que
Karim ? Eh ben rien ! Car c’est fade. Son baiser n’est rien, je dis
bien rien, comparé à celui de mon avocat. C’est comme le jour et la nuit. Je ne
ressens absolument rien.
J’entends un raclement de gorge
dans mon dos. Nous sursautons tous les deux mettant fin à notre baiser et je me
retourne. Karim. Il a les poings serrés et le visage fermé : il est en
colère.