Chapitre V

Ecrit par imalado

------Josué Akué------

Je viens de rentrer, épuisé de chez ma mère Kayanda pour sa visite de la semaine. Je m’y suis fait à cette situation depuis le temps que ça dure. Mes parents se sont séparés quand j’avais 10 ans. A cette époque, ma mère ne supportait plus les infidélités de mon père, qu’elle avait surpris plusieurs fois avec ma baby-sitter, avant de la surprendre à son bureau avec Adilé, la mère d’Amir.

Ok. Cette femme je ne la porte pas dans mon cœur, c’est connu. Et personnellement je ne vois pas en Amir « un grand frère ». Ils restent à mes yeux des « intrus ». C’est comme cela. Et je ne pense sérieusement pas me laisser faire à un point que mon père se mette en tête de lui léguer quoi que ce soit de sa fortune. C’est moi, le fils Akué, et c’est à moi que revient cette société et de droit.

Je gare la voiture dans la cour, quand j’aperçois Amir près de la piscine. Ce n’est pas le grand amour entre nous, mais au moins on se parle. Je me dirige vers lui pour m’adonner à mon passe-temps préféré : le provoquer.

-         L’eau est bonne ?

-         Je ne sais pas, je regardais tout simplement. Tu viens de chez ta mère ?

-         Oui, cette vieille femme devient folle, elle veut que je déménage avec elle.

-         Tu lui manques sans doute.

-         C’est sûr, avoue si mon père n’avait pas épousé ta mère, on aurait été ensemble elle et moi.

-         Ne pense pas m’avoir avec des phrases de la sorte. Tu es épuisé tu devrais rentrer dormir, demain on commence la semaine.

-         Ce n’est pas à toi de me dire quoi faire Amir.

-         Si, je suis l’ainé.

-         Oui, mais tu n’es pas mon frère.

Il sourit et je le vois qui me tapote l’épaule avant de se retirer. Il se prend pour qui ? Avec ses conseils-là ? Si mon père pouvait simplement le garder bien son autre membre dans son pantalon, je n’aurais pas à supporter ça. Mais il a bien raison, demain est le début d’une nouvelle semaine. Je dois montrer à père que je suis bien placé pour les affaires.

------Amir Amokhi------

Je ne sais par quel miracle de Dieu, j’arrive à me contrôler et ne pas donner une bonne raclée à cet arrogant de Josué, que je considère pourtant comme mon petit frère. Pourquoi tant de haine envers moi ? Et tant de maladresse envers ma mère ? Et de toutes les façons, je n’aime pas vraiment me mêler de cette partie-là de la vie de ma mère. Elle peut bien faire ce qu’elle veut tant qu’elle est heureuse. Mais l’est-elle seulement ?

Je la vois fade et triste par moment. Cet homme est juste inconscient, un vieux qui se croit à la fleur de l’âge et se permet de ramener qui il veut à la maison et quand il veut, et souvent ivre mort. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour sa mère ? Même supporter la pire des situations.

Je travaille au même titre que Josué dans la société. Je vois ses manèges dans le but de m’évincer. Mais la vérité c’est que je fous complètement de cette société. Ce n’est pas mien et je n’y ai aucun droit, ni de naissance ni rien. Il peut bien en faire ce qu’il veut. Si j’avais le choix, je serais dans une autre entreprise. Pas dans ce tourbillon de folie.

Athan Akué, mon beau-père ne m’a jamais montré d’attention particulière, comme il ne m’a jamais repoussé aussi. Il s’est tout simplement contenté de remplir ses responsabilités. J’avais les mêmes privilèges que Josué, la même école, la même université coûteuse, la même voiture, le même argent de poche. Cela dit, ce n’est dû qu’au travail acharné que je mène. Josué est peut-être son fils, mais malheureusement pour lui, il n’a pas hérité de mon cerveau.

Je me retire de la piscine après son arrivée. La réflexion qu’il a fait sur ma mère pouvait me pousser à l’extrême. Seulement cette femme mérite mieux de ma part. Et puis Josué, en bon petit arrogant, a toujours su être provocateur. Je préfère ne pas répondre, même si en 14 ans, ceci ne lui a toujours pas servi de leçon.

------Belinda Ottawi------

Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Pas une seule fois. J’ai fini de parcourir tous les documents de ce carton. En plus de tous mes recherches sur la famille Akué. Le père Athan Akué, la femme Adilé Akué, les fils Amir et Josué Akué. Cette journée s’annonce bien remplie.

Il est 7h du matin quand je finis de prendre ma douche et de me préparer. Je porte une jupe en wax au niveau du genou et un haut en dentelle noire, le tout avec un petit foulard assorti à la paire d’escarpins beiges. Quand à mes cheveux, je les garde frisés et opte pour un rouge à lèvre mat assez à la mode. Le compte à rebours pour Athan Akué, je l’ai dit, était lancé... Je file trouver Anaïs sur la table à manger pour le petit déjeuner.

-         Oh tu es plutôt élégante ce matin, tu as un entretien ?

-         On peut dire ça comme ça.

-         Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, tu vas bien Bel ? (en me donnant une tasse de café)

-         Oui, je n’ai pas dormi non plus.

-         Tu parais pourtant radieuse…

-         Faut croire que ta lotion anticernes marche pour de vrai.

-         Oh non, tu la valides ?

-         Entièrement. Je l’ai appliqué au réveil avant de prendre la douche et après tada ! Plus de poches sous les yeux !

-         Eh bien vas falloir revoir le prix alors.

-         Ohlàlà ta pauvre clientèle. Il faut que j’y aille. Je t’aime. Bonne journée.

-         Bonne journée aussi princesse.

Je vais vous expliquer ce qui va se passer… Il faut d’abord accéder à Green Goal. La chose la plus importante dans la vie de cet homme c’est son argent. Voilà ce que je vais lui retirer. Pour cela j’ai besoin d’être à la source : Green Goal et je vais attaquer par le plus simple : Josué pour y accéder. D’après tout ce qu’on dit de lui, il a bien hérité du caractère collectionneur de son père : il aime les jolies filles et en plus mon profil correspond bien à la société. Je sais ce que vous vous dites, je joue à un jeu dangereux, surtout que génétiquement Josué est considéré comme mon demi-frère, un petit frère.

Ils doivent se matin se présenter au salon national des énergies renouvelables dans l’hôtel Riviera. Une occasion que je ne pouvais manquer. Ethan Akué étant en déplacement, ce sera donc ses fils qui iront représenter la société.

Grâce à Mira qui couvre l’événement pour la chaine nationale, j’ai eu une passe afin d’accéder à la salle d’expositions et aux conférences débats. Quand je lui fis part de toute cette histoire, elle en était troublée, et même si cette idée de ressurgir dans la vie de cet homme ne l’enchantait pas, elle me soutenait.

-         Tu es sûre que c’est ce que tu veux ? Bel, ce ne sera pas une aventure facile crois-moi… Ethan est considéré aussi comme dangereux pour toutes ses affaires louches en plus de la société. Et récemment les enquêtes de Sofiane l’ont mené à lui pour une affaire d’un réseau de trafiquant.

J’avais pris tout ceci en compte et vu la situation sur tous les angles. Il n’est nullement question d’argent ou d’héritage, de là où je suis, je ne manque de rien, mais il s’agit du revers de la médaille, pour qui tout a souri le jour où il a détourné la fortune de ma famille et il est temps de remettre de l’ordre dans les affaires. Et pour cela je suis prête à tout. Mais plus que tout, il s’agit de vengeance…

Plus de 30 min et ce qu’on appelle les frères Akué n’ont pas pointé le bout du nez. Mais le salon est déjà plein à craquer. Et au-delà de la volonté qui m’anime, je prends un réel plaisir à assister à ce salon. Toutes ces opportunités qui s’offrent au monde acteur principal de la lutte contre le réchauffement climatique et ces défis environnementaux auxquels les participants et les partenaires s’y accordent avec à l’affût de nouvelles technologies, ne pouvaient que me distraire.

Et comme ils tardaient, je décide d’aller me chercher un café à l’étage de l’hôtel que j’emporterais avec moi. Et à ma sortie de la cafétéria, je suppliai cet inconnu dans l’ascenseur de retenir les portes. Je ne veux pas risquer d’attendre quelques instants de plus et manquer leurs arrivées.

Et que fut ma surprise que d’y croiser un des frères Akué.

Essoufflée, j’arrive à son niveau par maladresse lui verse de mon café sur la chemise. A peine ai-je eu le temps de regarder son visage, je tentais de retrouver un bon rythme respiratoire pour articuler un mot d’excuse. Je relève enfin la tête pour m’excuser et remercier mon inconnu de sa gentillesse et je le vois : Amir. Je n’avais pas vraiment vu de photos de lui sur le net, il semblait plus réservé, mais je le reconnu tout de même. Et je constate que les photos ne le montrent pas réellement. Il est bel homme, grand, teint couleur ébène et rasé de près. Sa chemise sur mesure montrait la perfection des traits de son corps dus à la pratique du sport. Un nez finement taillé, des lèvres tirées d’une bande dessinée japonaise et à la perfection, sans oublier ce regard qui me donnait l’impression de me mettre nue.

-         Vous allez bien Madame ? Mademoiselle… ?

-         Mademoiselle… (D’une voix hésitante). Merci pour l’ascenseur (en me ressaisissant).

-         Je vous en prie. Vous avez failli rater l’avion.

Je ris de cette expression. Et son sourire ne m’aidait pas vraiment. Dans quoi me suis-je embarquée ?

-         Vous l’avez maintenu à temps, et mon Dieu, désolée pour la chemise.

-         Ce n’est pas bien grave, je cherchais une excuse pour la mettre de côté de toute façon, ce sera sous la veste, personne ne remarquera.

Il sourit de nouveau mais cette fois-ci les portes de l’ascenseur s’ouvrent juste à temps. A peine était-il sorti qu’un monsieur en costard cravate vient le chercher, son garde de corps sûrement.

-         Au plaisir jeune demoiselle. (me faisant signe de la tête et un clin d’œil)

Et enfin je le réponds en souriant avant de le voir fondre dans la foule. De quoi me ramener sur terre. De mes yeux je cherche le plus jeune Josué, que je vois entouré de monde. Il sera sûrement difficile de m’en approcher. Mais une femme ne manque jamais d’idée. Je mets les mains dans mes cheveux pour leur donner du volume et rejoins Mira.

-         Il faut que tu m’aides, encore…

-         Je t’ai vu sortir dans l’ascenseur avec Amir. Que s’est-il passé ?

-         Je lui ai versé mon café dessus.

-         Bel !

-         Non, non ce n’est pas ce que tu crois, ce fut par accident, je ne voulais pas manquer l’ascenseur et …

-         Ok, et qu’est-ce que je peux faire pour toi ?

-         Tu as leurs itinéraires ? Aux deux frères ?

-         Non, mais si tu cherches un moyen de t’approcher de Josué, vise les espaces fumeurs.

Mira quand elle veut, aide vraiment. Je décide alors de m’y mettre. Et mon attente ne fut pas longue, vu qu’à peine 10 min, il s’y présenta.

Les larmes des liens