Chapitre VI
Ecrit par imalado
------Josué Akué------
J’aime
bien faire plaisir à mon père, mais ce genre de rassemblement ne plaît guère et
je m’ennuie à mourir avec toutes ces personnes qui me suivent et me parlent de
leurs retrouvailles révolutionnaires afin que je la valide et la fasse remonter
à mon père. Je m’ennuie et la seule façon de m’y retrouver est d’aller fumer
dans un coin tranquille.
Et c’est là à ma grande surprise que ma présence à ce salon prit vraiment un sens. Elle est magnifique Seigneur. Trop belle pour dire vrai. De vraies courbes bien dessinées (ok, j’avoue j’ai d’abord remarqué ses fesses, on aurait dit deux jolis ballons gonflables), sa hanche taillée finement et ses longues jambes mises à profit par ces escarpins. Son teint crémeux me donne l’envie de le lécher telle une glace. Ça c’est une femme. Mais le meilleur c’est quand elle se retourna (Ok là aussi ce sont ses seins que j’ai visé en premier, ni trop gros ni trop petits, juste ce qu’il faut là où il le faut) et de ses gros yeux, elle sourit. Elle m’avait tellement ramené loin qu’à peine ai-je eu le temps de réagir, c’était son parfum qui flotte dans les airs. Elle venait de s’en aller.
Je remets la cigarette dans ma poche et retourne dans la salle. De mes yeux, je la cherche mais en vain. Où est-elle passée ? Avais-je tout simplement rêvé ? Je reviens sur terre en sentant une main sur mon épaule : Amir. Puff.
- Il faut qu’on y aille, la conférence c’est dans 5 min.
- Ok, allons-y.
Je n’ai pas abandonné pour autant. La conférence dure environ 2 h, de quoi laisser l’ennuie m’assommer à coups de marteau. Je regarde Amir, et je vois à quel point il est emporté par ces conneries. S’il pense que c’est comme cela qu’il espère prendre ce qui me revient de droit. Il se met le doigt dans l’œil.
Fin de la conférence-débat à laquelle je n’ai nullement participé, j’ai laissé Amir s’y donner à fond. Il aime bien ça, lui. Direction le buffet de cocktail prévu pour clôturer cette journée. Et bingo ! Je la vois ma belle inconnue, debout discutant avec un participant chinois. Je m’en fous, j’irais quand même.
- Can I take her for a minute ? (Moi en la tenant par la main)
- Yes of course.
Je l’amène au loin du monsieur qui ne semblait n’avoir aucun problème, par contre je lisais sur le visage de la jeune femme un grand étonnement. Je sais : ça c’est le style Josué.
- Excusez-moi, on se connait ? (en retirant sa main)
- Non mademoiselle, mais je ne pouvais attendre une minute de plus avant de vous aborder. Je me présente Josué Akué de la société Green Goal. (en lui tendant la main qu’elle hésita tout de même à serrer)
- Bien. Mrs Josué Akué de la société Green Goal. Que peux-je faire pour vous ?
- Me laisser vous connaître ?
- Ah je ne suis pas une course de loto, qui par curiosité bon d’entre nous vont visiter.
Elle m’étonne. En voilà une qui a vraiment du caractère ! Et ça j’aime bien. Toutes celles que je rencontre, tombent pratiquement à mes pieds après les présentations. L’effet du mélange « Akué » et « Green Goal ». Mais celle-là non. Et sa réflexion me fait rire quand même.
- Vous êtes assez drôle. J’avoue j’ai joué la mauvaise carte. A qui ai-je l’honneur s’il vous plait ?
- Belinda Oyo… Belinda Ottawi.
- Enchanté Mademoiselle Ottawi.
- Qui vous dit que je suis une demoiselle ?
- Oh Seigneur j’espère juste que vous l’êtes ! (Ce qui réussit à lui arracher un sourire : bingo ! une porte)
- Vous êtes marrant.
- Sinon rassurez-moi, vous l’êtes ?
- Je le suis.
- Bon tenez, je vous offre un verre pour cela. Et puis appelez-moi, Josué.
- Belinda.
Au fond de moi, je ne sais pas comment mais quelque chose émane de cette jeune femme. Oui, je sais sa beauté, mais pas seulement, je ne saurais l’expliquer. Et en plus elle fait preuve d’une très grande intelligence. Ce qui fut ma surprise que de savoir qu’elle évolue dans le domaine de l’énergie et cherche actuellement un boulot, d’où sa présence à ce salon. Encore bingo pour moi. Je lui propose donc de passer demain matin dans la société, je verrais ce que je peux faire pour elle. Je pourrais pleinement jouer le grand rôle du fils du Boss.
------Mira Mekahi------
J’ai pour tâche de couvrir ce salon national des Energies Renouvelables, avec mon équipe. Mais j’ai plus la tête à Bel, qu’à n’importe qui. Ce dans quoi elle se lance n’est pas un jeu, et une vengeance ne ressemble à rien de bon.
Je la vois de là où je me tiens, bavarder avec Josué. Je ne suis pas tranquille. En tant que journaliste, nous enquêtons la plus part du temps sur les grandes personnalités de ce pays. Et la famille Akué, principalement Athan et Josué, n’ont pas vraiment de bonnes réputations. Leurs noms apparaissent dans chaque affaire louche.
Josué
est son demi-frère. Mon Dieu, est-il seulement trop tard pour arrêter cette
mascarade ? J’appelle Jonathan pour qu’il vienne me retrouver là, il
pourra garder un œil sur elle, pendant que je travaille. Mais malheureusement
celui-ci semble débordé… Je prie pour que tout se passe bien.
------Belinda Ottawi------
Mon manège à l’espace fumeur à bien marché. Josué a plongé la tête dans l’eau. Il est bien jeune, rien qu’à sa façon de parler. Je l’écoutais mais je regardais plus jusqu’où, on pouvait frôler la ressemblance tous les deux. Le sang ne ment pas. Il a des yeux dans la moyenne mais nous avons le même regard, et cette tâche là qu’il porte sur le menton, je l’ai dans le bas du dos. Et il a surement dû hériter du teint assez prononcé de son père. J’avais en face de moi mon demi-frère.
Un instant un vent glacial me parcourra le corps. Je réussis à chasser ces pensées de ma tête, pour ne rien laisser paraître. J’ai donc finalement reçu sa carte de visite et demain je pourrais me présenter dans les locaux de Green Goal. Le salon est terminé. En bon dragueur qu’il est, il m’offre l’instant clin d’œil en partant. Puf petit arrogant.
Je rentre épuisée de cette journée, et les pieds enflés. Anaïs travaillait sur la table basse du salon, avec ses produits cosmétiques.
- Donc tu es fatiguée, tu as labouré un champ ma petite Bel ?
- Anaïs ! Tu peux toujours te moquer ! Je suis allée au salon national des énergies…
Je vis à cet instant, ses yeux s’agrandir et son front se plisser. Elle déposa tout doucement la pommade qu’elle avait entre les mains, et me fait signe de venir m’assoir à ses côtés.
- Es-tu en train de me dire que tu es allée les voir ?
- Anaïs…
- Non Belinda. Ce n’est pas ainsi que j’espérais que tu réagisses ! Tu ne connais pas cet homme, tu ne sais pas de quoi il est capable !
- C’est l’homme qui a détruit ma vie et celle des personnes que j’aime ! Je le connais et je n’ai pas peur de lui. Je ne compte pas garder ce que j’ai au fond de moi : Je le hais ! Et je veux qu’il paye pour chaque larme que ma mère a versé jusqu’à son combat sur ce lit d’hôpital ! Je veux qu’il ressente la douleur d’une perte, je vais lui prendre tout ce qu’il a de plus cher. Je veux le voir ramper au sol, me suppliant de le laisser avoir un instant de répit, je veux voir dans ses yeux, le sourire de celle qui m’a mis au monde pour l’avoir vengé.
- Elle ne veut pas que tu la venges Bel. Elle voulait que tu vives heureuse.
- Ça je ne peux pas. C’est au-dessus de mes forces !
Je retire ses mains et me dirige vers la chambre.
- Belinda Ottawi Oyoko, mon Dieu, ces personnes sont dangereuses !
- Tu devras me soutenir, parce que les dés sont déjà lancés. Et Anaïs, ne m’appelle plus Belinda Oyoko. Votre nom de famille est susceptible de me mettre sous les feux du projecteur, Je suis Belinda Ottawi. Et je vais récupérer ce qui de droit me revient : je vais reprendre l’empire de mon grand-père. Et je vais mettre à terre cet homme, qui jusque dans sa tombe, se souviendra du nom de Naya Oyoko et pire de Belinda Ottawi Oyoko.
------Anaïs Akué------
Je reste figée. Est-ce Belinda que je viens de voir là ou Naya ? Sa réaction là ressemble plutôt à celle de sa mère, pour tout le temps qu’a été son existence, un combat contre l’unique homme de sa vie ? Va-t-elle aussi sombrer dans cette spirale de vengeance ?
Je me lève et retourne la chercher dans sa chambre, je dois avoir le cœur net, sur ce qui se passe dans la tête de ma nièce. Tout m’échappe là.
-
Il faut qu’on parle Bel. -
Si tu viens pour me conseiller de
renoncer, tu peux tout de suite abandonner l’idée. -
Je veux comprendre. Comprendre ce que tu
comptes faire Bel. Qu’est-ce que tu n’as pas compris dans « cet homme est
dangereux » ? -
J’ai tout compris tante Anaïs. Je refuse
seulement d’y renoncer. C’est soit tu es avec moi ou non.
La détermination dans les yeux me fit tressaillir. Pas une seule fois elle n’a scié du regard. Je m’assoie sur son lit et garde le silence, tentant de comprendre ce que j’ai manqué, quand elle poursuit :
- Tu l’as vu tout comme moi dans ce lit d’hôpital, tu as vu toute la douleur physique qu’elle supportait…
- Belinda…
- Tu croyais que j’étais forte ? Je me refugiais dans la chambre chaque nuit pour pleurer parce que je ne supportais pas de la voir ainsi. Je ne supportais pas, à seulement 17 ans, de porter le poids d’un tel deuil ! Et non, je n’y renoncerais pas, pas tant que cet homme n’aura pas ressenti le quart de ce qu’on a vécu.
- D’accord.
Finis-je par dire. Je ne voyais pas comment elle pourrait effacer tout ce sentiment qu’elle avait sur le cœur, sinon que d’en affronter la cause, même si cette cause-là est Athan Akué : un homme aussi dangereux qu’imprévisible.
- J’avais promis à Naya que je serais là pour toi, et ce n’est pas maintenant que je vais abandonner ma petite fleur. J’espère seulement que tu fais le bon choix.
- Et moi j’espère surtout qu’il est vraiment à la hauteur de ce qu’on dit de lui, parce que rien ne me fera reculer Anaïs. Rien…