Chapitre VIII

Ecrit par imalado

------Amir Amokhi------

Belinda… Je vous l’ai dit : il y’a quelque chose en cette fille que je ne m’explique pas. Je ne me lance pas ainsi, pas de la sorte. J’ai l’impression d’en avoir trop fait. La pauvre, la façon dont je l’ai regardé, elle va surement me prendre pour un obsédé... Mais ce n’est vraiment pas de ma faute, je n’ai jamais croisé une femme qui puisse me faire cet effet-là. Ses yeux…

Mais ce qui reste pour le plus troublant, c’est le fait qu’elle connaisse Josué. Enfin. Où une jeune femme de sa carrure a-t-elle pu rencontrer un petit garçon comme lui ?

Je me dis que ce n’est pas un hasard le fait que je l’ai croisé dans cet ascenseur au salon hier. De toutes les façons, maintenant qu’on est embarqué sur le même bateau, je pourrais toujours en avoir le cœur net. Tout ceci me parait étrange… Je ne me l’explique pas, voilà tout simplement.

------Josué Akué------

Cette fille me plait. Et la façon dont j’ai vu Amir la regarder ne m’enchante guerre. J’avoue même si je n’ai en tête que le coup d’un soir, je ne veux que me servir. Je reste un éternel coureur de jupons et je m’assume. Je n’ai pas envie qu’Amir me mette les bâtons dans les roues. Même s’il ne le fait pas exprès, il a tout pour un tombeur et c’est ce qu’il est, mais naturellement.

Je ne pense pas si cette jeune fille va durer dans la société, mais chacun ses intérêts. S’il faut la faire venir dans la société pour la mettre dans mon lit, je ne vois pas le mal.

Je tape à la porte et entre la seconde qui suit dans le bureau de mon oncle Noel, qui sans grande surprise tenait fermement les seins de sa secrétaire qui se trouvait assise sur ses genoux.

-         Ne t’ai-je pas toujours dit d’attendre qu’on te réponde avant de débouler dans ce bureau ? 

-         Je t’ai toujours dit mon oncle de faire ça dans la salle des imprimantes. Maintenant Neissa, excusez-nous, je dois parler affaire avec mon oncle.

Vous l’aurez compris, en plus d’être sa secrétaire, elle lui sert de « lieu de vidange » quand le stress du boulot le pèse trop. Elle s’empressa de remettre son haut et de tirer le bas de sa jupe.

-         Je voulais que tu viennes voir la nouvelle dont je t’avais parlé.

-         Tu rigoles ? Tu m’as dérangé pour ça ? Pour voir, une fille que tu engages pour te distraire ?

-         Bah oui, ça pourrait lui paraitre plus sérieux ?

-         J’irais voir ça demain. Ton père rentre dans 3 jours. Te rappelles-tu de ce petit village Siby ?

-         Oui ?

-         Il faut revoir le projet. Je veux dire dans tout son ensemble. Il y’a des points sur laquelle ton père risque de m’engueuler si je laisse passer et sur le coup, on pourrait passer dans le rouge.

-         D’accord. Bon je te laisse. Et si tu veux je demande à Neissa de revenir ?

-         Oui, vas-y fiston, demande-là de me rejoindre, on reprend là où on en était. Et la prochaine fois avant de rentrer, attend un « oui » !

-         Je vais essayer.

------Mira Mekahi------

Il est midi et depuis j’attends Sofiane pour le déjeuner mais je ne le vois pas. Je sais qu’il a énormément de boulot avec la police, mais j’aimerais qu’avec tout ce qui se passe entre nous, il trouve le temps de discuter.

Je regarde une dernière fois ma montre, mais je ne veux pas attendre une minute de plus, mais dans 30 min s’il n’est pas là…

-         Désolé mon amour, les embouteillages…

-         Toujours la même chose, change de discours chéri.

-         Je sais, et je suis désolé. Tu sais comment c’est avec le boulot…

-         Oui, je sais…

-         Et toi ? ça va au boulot ?

-         Oui, j’avais ce salon hier et ça s’est bien passé.

-         C’est génial ma puce. J’ai vu Jonathan aujourd’hui, j’ai été déposé un de nos suspects qui s’est blessé lors d’un braquage.

-         Tu te rappelles ? Je t’ai demandé de me donner les dossiers que tu as sur Ethan Akué ? La famille Akué ?

-         Mira… Je t’ai dit que je ne pouvais pas, parce que c’est une enquête en cours et si jamais tu publies quelque chose…

-         Ce n’est pas pour moi ou pour le journal, c’est pour Bel.

-         Elle continue toujours avec cette histoire ?

-         Pire : il n’y a plus de retour possible, elle m’a envoyé un message comme quoi, elle avait été engagée.

-         Chérie, je ne pourrais pas te remettre ces dossiers mais je te promets de garder un œil sur elle.

-         Merci mon amour.

On reste le temps de déjeuner et de bavarder un peu. Ces temps-ci, ça ne va pas trop avec la maman de mon chéri. Cette femme veut me mettre dans des problèmes, si seulement elle savait à quel point j’aime son fils, elle allait se calmer un peu. Après la dernière dispute, j’ai été heureuse de voir que Sofiane me soutient, mais je serais plus tranquille, s’il n’y avait rien de tout ceci. Car en plus de me soucier de lui avec le boulot qu’il a et les plans de Belinda, je ne pense pas tenir longtemps.

------Belinda Ottawi------

Je suis restée dans le bureau à attendre que Josué daigne présenter le bout de son nez depuis une bonne heure déjà, mais rien. L’oncle Noel est surement occupé. Ma mère y a fait allusion : c’est le meilleur ami d’Athan Akué, et cela semble ne pas avoir changé. Et si je ressemble trait pour trait à ma mère, il risque d’être un problème. Mais pour l’instant, le plus important c’est de passer le cap de cette première journée.

Depuis ce matin, Anaïs n’a cessé de m’envoyer des messages, pas étonnant que ce soit encore elle, quand mon portable vibre, mais cette fois-ci, pour un appel :

-         Tu ne réponds pas à mes messages Bel, tout va bien ?

-         Anaïs, donne-moi jusqu’à ce soir pour tout te raconter.

-         Je m’inquiétais c’est tout.

-         Ils ne vendent pas des armes chimiques ici, je vais bien.

-         D’accord. D’accord. A ce soir ma petite fleur.

Je prends soin d’éteindre mon portable, je sais qu’elle va ressayer. Je ne peux pas gérer son stress et le mien. Je regarde ma montre une dernière fois quand j’entends qu’on frappe à la porte. Qui ça pouvait bien être ? J’ai à peine fini l’inauguration de ce bureau.

-         Tu as peur de répondre ?

Il vient avec la lueur d’un soleil un beau matin de printemps éclairer ce bureau vide. Qu’est-ce que je raconte ? Je le connais à peine.

-         Je suis désolé, je dérange ?

-         Non du tout, j’avais la tête ailleurs.

Il referme la porte derrière lui avant de s’adosser au mur en face de moi, les mains dans les poches, tout souriant.

-         Tu es d’ordinaire souriant ou c’est l’effet du café ?

-         Il est l’heure de la pause (en jetant un coup d’œil à sa Rolex), tu pourrais enfin t’excuser pour ce fameux café.

-         Tu m’invites à déjeuner ?

-         Nuance. Je te propose de m’inviter à déjeuner.

-         Quel gentleman, Monsieur laisse une demoiselle payer la note.

-         On dit que, quand ça sort de l’ordinaire ça fait de l’effet. Je me trompe ?

Avant que je puisse lui répondre, Josué entre sans aviser. Et la tête qu’il affiche au vue de son frère ainé, ne me surprend guère. Il fait mine de pas l’avoir vu avant de me demander de le « suivre » pour un déjeuner. Fidèle à son sourire, Amir s’excusa auprès de moi avant de me lancer en sortant « Ce sera pour la prochaine fois ».

Mais voyez-vous, le Donjuan dit Josué s’excusa par la suite de me laisser en plan dans le parking, une jeune fille venait de débouler à l’entrée le traitant de tous les noms. Surement une de ses nombreuses victimes. Sauvée par le gong. Je décide donc de rentrer à la maison pour le reste de la journée, afin de reprendre mes esprits.

Et comme coup du hasard, je tombe nez à nez, en tentant de faire bouger ma voiture Noel Anju qui me cède le passage. Mais à l’instant où il pose les yeux sur moi, j’entends les pneus de sa voiture amortir le coup pour ce qu’il voit, dans un freinage brusque. Je ne m’attarde pas et regagne l’entrée.

Le lendemain

------Noel Anju------

J’ai vu un fantôme hier en allant chercher ma voiture. Je ne saurais l’expliquer autrement. Naya Oyoko.

Ce nom même me rend malade. Et je ne vois qu’en cela un signe. Qui est-elle ? Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, et je me noie de café pour avoir un semblant de lucidité. Athan rentre demain.

Il y’a de cela 23 ans quand Athan m’avait parlé de son projet, j’étais enthousiaste à l’idée de faire fortune, peu importe le moyen. Mais tout de même, j’avais énormément d’admiration pour cette femme : Naya. C’était une battante. Loin d’avoir abandonnée, elle me suppliait de l’aider pour récupérer ses parts de la société. Mais je restais insensible. Je suis un monstre, c’est vrai. Car depuis ce jour, je vis bien et jamais je n’ai eu à le regretter.

Hier dans le parking, ces gros yeux me fixaient, faisant de moi, comme paralysé.

-         J’ai dit à Serge, le responsable marketing de revoir son volet de panneaux publicitaires vers les routes de Kita. Noel ? Tu m’écoutes ?

-         Bien-sûr Neissa. Apporte-moi une autre tasse de café et préviens-moi quand Josué est là.

A coup-sûr une berline ne se conduit pas toute seule ou par un fantôme. Je vais demander à Josué de s’occuper de ça. Nos caméras marchent toujours... Je pourrais avoir le cœur net. Si je devais raconter cela à Athan demain, je préfère mieux lui dire que j’ai halluciné. Et puis, Naya ne peut pas toujours avoir cet âge-là, la jeune femme au volant de la voiture semble assez jeune.

Les larmes des liens