Chapitre X

Ecrit par imalado

------Amir Amokhi------

Je compte les minutes depuis que Josué m’a dit que j’allais travailler avec elle. J’ai pris le temps d’ordonner mon bureau et d’attendre sagement qu’elle vienne. Je veux voir si en plus de sa beauté, quelque chose d’autre pouvait expliquer mon envie de la voir à chaque fois.

-         J’ai tardé ?

Fit-elle en avançant sa tête à travers la porte avant de la refermer après elle. Elle porte un jean bleu marine qui embrassait parfaitement ses courbes et un haut à motif wax. Elle était magnifique, tant que j’en perds mes mots.

-         Tu as à ton tour perdu ta langue ?

-         Tu es en beauté mademoiselle, de quoi me laisser sans voix.

Pour la première fois je saisis son côté « timide » quand elle passe les mains dans ses cheveux avant de baisser le regard et de se mordre les lèvres.

-         Je suis désolé si je t’ai embarrassé. Je voulais juste te faire un compliment.

-         Ça fait plaisir, je n’ai juste pas l’habitude.

-         D’accord. Assieds-toi là et parle-moi un peu de ce dossier. Qu’en as-tu pensé ?

-         Bien, je trouve qu’en plus de n’être pas assez solide pour être présenté, qu’il manque de raisonnement en termes de faisabilité sur le coût et l’installation elle-même. J’ai lu que vous voulez opter pour la technologie du silicium cristallin, ce qui ordinairement est assez normal vue que son rendement est élevé par rapport aux autres et sur le marché il occupe 90%, seulement en terme de coût cela vous reviendrait cher et vous risquez de dépasser le budget, si on compte le risque de perte ou d’endommagement dû au transport et au montage. Et dans ce cas-ci même il faut opter pour le monocristallin ou même envisager des cellules à base de couches minces, dont j’ai fait une étude et qui se trouve dans ce document. J’ai aussi apporté quelques modifications par rapport aux équipements annexes : les onduleurs et les convertisseurs. Je trouve qu’ils n’ont pas la bonne référence et que sur le marché on peut proposer mieux. Mais tu pourras toujours te référer au document que je t’ai remis en complément.

Ok. J’ai tenté une seconde de comprendre la logique : elle a tout pour elle, la beauté, l’intelligence et le charisme. Tout. Son analyse du dossier surpasse le mien. Elle a la maitrise pour quelqu’un qui vient de débuter. Je la laissais parler, je crois qu’elle adore le métier, Elle peut faire un tabac pour cette société. Je suis impressionné. Et elle me laisse sans voix.

-         Je n’arrive pas à croire que tu aies pu faire tout ceci en si peu de temps Belinda.

-         Flatteur…

-         Ah non, je t’assure, je suis sincèrement impressionné. Je suis sûr qu’Athan va apprécier. Moi j’aime déjà l’idée.

-         Il rentre demain c’est ça ?

-         Oui, c’est ça. Tiens il va t’apprécier ! Il aime bien les femmes, surtout quand elles lui apportent de l’argent et de surcroit quand elles sont belles.

-         Je vois… Amir ? Parle-moi un peu de la société, ce que tu en sais…

-         Pas beaucoup, je sais seulement qu’Athan la rachetée à une famille qui a décidé de se retirer. Et il l’a fait prospérer…

-         Ah oui, vraiment ?

-         C’est ce qu’on m’a dit. Parle-moi de toi Belinda. Comment as-tu connu mon frère Josué ?

-         Oh en même que toi, je veux dire au salon. On a parlé et il m’a proposé un stage, me voilà avec un poste.

-         Je croyais que vous vous connaissiez avant. Mais je me suis trompé, et j’en suis même ravi. Ne me fais pas faux bond pour le déjeuner d’aujourd’hui.

-         Je ne peux pas malheureusement. J’ai rendez-vous avec un ami, une prochaine fois ? Pourquoi pas demain ?

-         Ok pour demain.

Elle me remercia et me laisse le document sur le bureau avant de s’en aller. Je peux mentir pour tout, mais elle me plait et je suis assez content qu’elle n’ait rien à avoir avec Josué. Je prévoie de bien la connaître.

------Belinda Ottawi------

J’ai adoré travaillé avec Amir, j’avoue que c’est le seul auprès de qui je me sens à l’aise dans ces murs. Il est gentil et a l’air sans façon. Il est assez décontracté pour un riche, et il a de l’humour. J’aurais tant voulu déjeuner avec lui pour apprendre à le connaitre, mais j’ai ce rendez-vous avec Sofiane. Même s’il est vrai que je dois me focaliser sur ce que j’ai à faire.

Amir me semble surtout être une distraction. Mais Seigneur ! Une irrésistible distraction…

Le temps de déposer mes notes dans mon bureau pour rejoindre Josué dans le sien. J’ignore à quoi il joue, mais je dois mettre un terme à ses idées malsaines, ce n’est pas du tout catholique.

-         Josué ?

Je le surprends avec une jeune fille qui malgré ma venue s’agrippait à lui comme pour marquer son territoire, ah mais les jeunes filles-là.

-         Je suis désolée, j’ai cru entendre un « oui ». Je reviens après.

-         Non, non Belinda. Reste je t’en prie, elle… Elle s’en allait.

-         Comment ça je m’en allais ? Tu ne me présentes pas Josué ? (la fille en le fixant du regard).

-         Ne fais pas d’histoire s’il te plait Iris, tu veux bien ?

-         Je m’appelle Iris Bomba, je suis la fiancée de Josué. (En me tendant une main que je saisis)

-         Enchantée mademoiselle, Belinda Ottawi, je suis une collaboratrice de Josué.

-         Collaboratrice… ? Et vous collaborez quoi ?

-         Pardon ?

Josué l’air exaspéré la tient par le bras et la dirige vers la sortie du bureau.

-         Ça suffit Iris ! Ici c’est mon lieu de travail, tu cesses de venir m’importuner, c’est clair ?

-         Tu manques de collaborateurs hommes maintenant ?

-         Seigneur Iris ne me pousse pas à bout.

-         D’accord. Je pars mais je t’ai à l’œil Josué ! Ne pense pas qu’après tout ce temps ensemble, tu peux me jeter comme un vulgaire chiffon !

En sortant j’ai l’impression qu’elle me fouettait du regard. Non mais sérieusement, comment peut-on m’imaginer avec Josué !?

Il tente de retrouver ses esprits oubliant ma présence en s’adonnant aux vas et vient. Je prends une bouteille d’eau dans le petit réfrigérateur de bureau et le lui tend. Il la saisit et enfin revient sur terre.

-         Je suis désolé Belinda. Tu l’as vu hier ? Elle est folle. C’est la fille d’un ami à mon père, que j’ai eu la maladresse de la draguer et depuis elle me colle à la peau.

-         Elle est plutôt jolie, tu pourrais faire un effort ?

-         Non, je préfère les femmes qui ont le corps bien ajusté, si tu vois ce que je veux dire.

Petit garçon insolent ! Il me sort ça en me dévisageant le corps et en se mordant les lèvres. Je tente de rien laisser paraître du choc.

-         Non, je ne vois pas. Je suis tout simplement heureuse de ne pas avoir à courir derrière un homme.

-         Ah bon ? Tu es de ce genre-là ? Fière ? J’aime ça, c’est plutôt intéressant.

-     Oui, alors tu comprends que je ne perds pas de temps pour les jeunes garçons qui ont des amis encore au tout début de l’université.

Je remarque qu’il se redresse de son siège et se racle la gorge. Oui, Josué, la pilule passe difficilement. Et monsieur écourte la conversation.

-         Allons voir mon oncle, il doit être libre maintenant.

-         Tout de suite ?

-         Pourquoi pas ?

-         C’est presque l’heure de la pause, pourquoi pas après (moi tentant de gagner du temps)

-         Non, ce sera maintenant, après la pause, il pourra prendre le temps de passer te voir dans ton bureau, si jamais il a besoin d’autres informations.

C’est là que mon cœur fait plus de tours qu’il ne le faut. Il me faut trouver une solution, réfléchir plus vite, mais non, il n’y a pas d’idée qui me vienne. Je pourrais toujours tomber dans les paumes mais non, c’est trop classique ça. Et j’ignore par quel miracle, mon téléphone sonne. Merci Seigneur. C’est Maître Ayo. Il veut que je passe chez lui après le boulot, il a de nouvelles informations pour moi.

Je dis à Josué que c’est urgent et que je dois me retirer. Il fait une trentaine de minutes avant la pause et je les tue dans mon bureau à m’imaginant les retrouvailles avec Athan, demain.

------Noel Anju------

Josué m’a confirmé que tout va bien avec la sécurité, ils n’ont rien remarqué d’anormal. Je ne veux pas paraître pour fou, je laisse ceci aux comptes d’un mauvais tour de mon esprit. Et c’est bien mieux ainsi, surtout que ça m’a empêché de travailler ce matin.

Je vais me rattraper pendant l’heure de la pause et revoir le dossier de Siby avec Amir et la nouvelle collaboratrice avant l’arrivée d’Ethan. Je suis qu’avec Amir, on trouvera une solution.

------Amir Amokhi------

Il est l’heure de la pause, je prends le temps d’aller me chercher un plat au Loft, un restaurant moderne. J’aime mieux leur nourriture et c’est assez proche du boulot.

Assis sur une table à l’angle, je vois entrer dans le restaurant, Belinda qui est accueillie par un jeune homme qu’elle salue en le serrant dans les bras. Il est grand et bien solide, des muscles comme les miens. Plutôt bel homme. Je ne sais pas pourquoi, je me surprends à ne pas l’aimer ce gars. Serait-elle avec quelqu’un ? C’est son fiancé qui sait ? Et puis je m’en fous, on ne se connait pas vraiment avec Belinda et de toutes les façons c’est une collègue. Point.

Je détourne le regard et tente de me concentrer sur mon téléphone. Mais rien y fait. Si seulement ce serveur pouvait s’empresser de me remettre mon plat à emporter.

------Belinda Ottawi------

J’ai pris assez de retard avant de rejoindre Sofiane. Je ne suis pas vraiment réglée comme une horloge. Il m’arrive d’être en retard pour ne pas dire la majorité du temps.

-         J’ai pris la liberté de commander pour toi.

-    Tu as bien fait Sofiane, je n’aurais pas pu attendre longtemps avant de manger, j’ai faim.

On prend le temps de déjeuner avant d’aborder le vif du sujet que je devine déjà rien qu’à l’air sérieux sur son visage. Il commence à parler avant de finir par dire :

-         Tu es consciente que c’est dangereux Bel ?

-         Je le suis et je sais que tu peux m’aider comme je peux t’aider. On veut tous les deux le faire tomber.

-         Tu n’es pas flic.

-     Je sais, mais toi si. Laisse-moi en finir avec lui et te donner toutes les informations nécessaires pour le coffrer.

-         Mira va me tuer !

-         Elle comprendra.

-         Elle m’a demandé de te protéger.

-         Et tu sauras bien le faire.

Il prend le temps de la réflexion avant de me répondre :

-         D’accord. Mais tu ne prends pas de risque, tu ne fais rien de dangereux sans m’informer. Ne joue pas au flic… ?

-         D’accord le chérinou de Mira. Merci. T’es génial. Ventre plein, direction le boulot ! Il faut que j’y aille. On s’appelle ?

-         Prend soin de toi bandite. (en riant)

------Josué Akué------

J’ai passé la pause dans mon bureau, Belinda m’a clairement cloué le bec quant à sa réflexion après la visite d’Iris. Je ne sais plus quoi pensé. Et puis quoi ? Elle n’est pas la seule bombe de la ville.

Neissa vient de me prévenir que mon Oncle Noel nous attend dans la salle des réunions pour voir s’ils ont avancé avec le dossier Siby. Il stresse à mort avec l’arrivée de papa demain. Et il a bien raison. J’envoie un message à Amir pour le prévenir, il nous y retrouvera avec Belinda si toute fois ils ont fini.

         Je trouve Oncle Noel assis complètement dans les vapes et ce depuis ce matin. Il a l’air complètement out. Trop soucieux pour le farceur qu’il est.

-         Je peux savoir ce qui ne va pas ? Depuis ce matin, tu n’as pas l’air en forme ? C’est à cause de papa ?

-         Non, c’est une toute autre histoire. Où sont les deux autres ?

-    Ils ne vont pas tarder.

On resta un moment avant qu’Amir et Belinda n’entrent. Et si à cet instant, je ne m’inquiétais pour mon oncle, on aurait dit qu’il avait vu un fantôme ou au pire, il nous faisait une crise cardiaque.

Ces yeux peinent à se détacher d’elle. Assis sur la chaise, on le voyait cloué. Que se passe-t-il ? Mais celle qui lui faisait cet effet-là, semblait insensible, presque intouchable. Elle le fixait tout aussi sans scier du regard. Je crois voir sur le visage d’Amir écrit en gros caractère « confusion » et j’imagine alors le mien. Tout ce que mon oncle réussit à articuler en quelques mots :

-         Na… Mon Dieu Naya… Ce n’est… pas possible…

Naya ? Mais non, elle s’appelle Belinda.

-         Oncle Noel ça va ?

------Belinda Ottawi------

Je suis rentrée du déjeuner à peine qu’Amir vint me chercher pour la salle de réunion. Je n’ai pas demandé plus. Je suppose qu’il veut qu’on revoie mes propositions. Il m’a tout simplement dit que c’est pour tout confirmer.

         Si je m’y attendais : non. Mais me voilà du coup en face d’un homme qui me regarde comme si je venais d’écrouler son monde. Comme si l’horreur s’était présenté à lui à ma vue, je ne comprends pas mais je garde tout de même mon sang froid. Je ne sais pas pourquoi je sens mes mains glisser dans ceux d’Amir qui se tenait à côté de moi. Il les serre, fort comme pour me rassurer quand tout devient clair pour moi, car Josué l’appelle oncle Noel.

C’est donc lui. Ce fameux Noel. A présent j’adopte la carte de celle qui n’a pas froid aux yeux, en le fixant de plus belle.

-         Naya ? (en titubant, tentant de m’approcher)

Je maintiens ce silence. Pourquoi soulager cet instant ? Ce serait moins drôle et moins marquant si je le faisais. Il s’approche et passe ses mains sur mon visage, avant de se prendre la tête entre les mains.

-         Je deviens fou c’est ça ? C’est ça ? (En riant) ce ne peut être toi. J’hallucine c’est tout.

Josué se lève et vient à ses côtés, le tenir par son épaule. Ce qui se passe reste juste incroyable, si Anaïs pouvait voir sa tête à cet instant.

-         Oncle Noel ? Qu’est-ce qui ne va pas ?

-         C’est qui cette femme ?

-         C’est Belinda. La nouvelle collaboratrice, celle dont je t’avais parlé.

-     Non, non cette femme c’est Naya. Naya Oyoko. Il faut la faire sortir d’ici tout de suite !

Amir me tenait cette fois fermement la main, je me retourne vers lui, c’est le moment :

-     Excusez-moi Monsieur on se connaît ? Je suis Belinda. Belinda Ottawi.

A ces mots il me regarda enfin dans les yeux, j’y voyais de la peur. Je pouvais sentir son cœur battre de là où je suis. Quand à votre porte vos choix frappent, vous rattrapent, nul doute vous y faites face.

-         Belinda ? Qui êtes-vous ?

-         Je suis la nouvelle collaboratrice.

-         Non. Je veux dire qui est Naya Oyoko pour vous ?

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

Les larmes des liens