Chapitre XI

Ecrit par imalado

------Amir Amokhi-----

Belinda vient de quitter la salle des réunions. Je suis encore sous le choc. Cette femme vient en force dans nos vies. Je n’ai jamais vu oncle Noel autant déboussolé. Autant apeuré… Nous sommes comme quoi perdus avec Josué.

-         Oncle Noel tu peux nous expliquer ce qui vient de se passer ? C’est qui cette Naya ?

-         Hors de ma vue tous les deux !

-         Tu viens de chasser cette pauvre jeune femme ! Tu nous dois une explication !

Josué fidèle à son poste de bon tutu ne réagit pas, pas même pour me soutenir. Il se tient là à fumer une cigarette qu’il écrase ensuite sur la table avant de sortir :

-         Oncle Noel a besoin d’être seul. Je vais parler à Belinda.

-         Non. (en mettant la main sur sa poitrine) Toi tu restes-là avec ton oncle Noel.

Je suis sidéré. La pauvre la façon dont elle s’est excusée avant de sortir. Elle doit sûrement se sentir mal. Quel accueil pour quelqu’un qui vient juste d’entrer la société.

Je sors de la salle pour la rejoindre.


-         Belinda ?

-         Désolée d’être sortie de cette façon-là…

-         Ce n’est pas grave, j’aurais fait pareil je crois. Lui c’est l’oncle Noel. Il n’est pas comme ça d’habitude. Je ne sais pas ce qui lui a pris…

-         Il m’a pris pour quelqu’un d’autre. Une…

-         Naya.

-         Tu sais qui sait ?

-         Non, mais je vais m’assurer que cela ne se reproduise pas.

-         C’est sûr vue qu’il m’a demandé de partir, je ne vois pas comment cette scène pourrait se reproduire.

-         Non… Tu vas rester. Je ne présenterais pas le dossier de Siby sans toi, ils ont besoin de ça, alors ils ont besoin de toi.

-         Tu peux toujours leur proposer en ton nom.

-         Je ne suis pas comme ça. Je vais lui parler après.

-         Merci Amir.

-         Si tu veux rentrer à la maison je comprendrais…

-         Non… Tu sais quoi ? Je vais lui reparler.

-         Quoi ?

Avant que je n’ai pas eu le temps de parler, la voilà qui prend la porte direction la salle des réunions. Je ne sais pas ce qu’elle a en tête mais cette fille m’étonne vraiment. Je croyais la trouver en larmes mais non. Je la suis ahuri.

Quand on rentre dans la pièce, Oncle Noel est toujours assis et Josué fidèle à son paquet de cigarette. Mais Noel se releva aussitôt mieux qu’avant quand même.

-     Je suis désolée Monsieur si je vous ai fait peur. Je ne suis pas celle que vous croyez. Je m’appelle Belinda Ottawi. Mais s’il vous plait ne me renvoyez pas, j’ai besoin de ce travail.

Oncle Noel, après quelques minutes de silence…

-     Sortez tous les deux (s’adressant à Josué et moi)

------Noel Anju------

Le ciel vient de me tomber sur la tête, du moins c’est ce que j’ai cru quand j’ai vu cette jeune femme. Je ne m’étais pas trompé hier. Même si elle dit ne pas être Naya, elle la ressemble trait pour trait. Et si elle avait coupé ses cheveux, j’aurais certainement eu une crise cardiaque.

Mais comment une telle ressemblance est possible ? Elle dit ne pas connaître Naya. Je suis confus. Et quand elle se présente devant moi pour me supplier de ne pas la renvoyer, je revois son visage et je ne peux que ressentir de la peur. Le destin tenterait-il de me punir ?

Je demande aux garçons de nous laisser seuls. Je ne peux certainement pas leur expliquer qui est Naya Oyoko. Ça c’est le boulot d’Ethan.

Elle est là devant moi, matérialisant mes plus grandes craintes. Je la scrute du regard. Cela me semble impossible.

-         Asseyez-vous mademoiselle. Je suis navré de la façon dont j’ai réagi tout à l’heure. Je me présente Noel Anju, Vice-président de Green Goal.

-         Enchantée monsieur Anju, je suis Belinda Ottawi.

-         Belinda. Vous ressemblez étrangement à une femme que j’ai connue dans le passé. Vous voir m’a ramené un peu en arrière. Je ne compte pas vous renvoyer, ce serait peu honorablement de ma part surtout que vous venez juste d’intégrer la société.

-         Merci. Je ne vous demanderais pas plus.

-         J’avoue que votre ressemblance est assez troublante. Vous avez quel âge ?

-         Je vous demande pardon ?

-         Désolé c’est assez déplacé…

-         Ce n’est pas grave. Je vais appeler Amir et Josué pour qu’on puisse reprendre cette réunion Mrs Noel ?

-    Oui bien-sûr. Mais appelez-moi simplement Noel.

------Josué Akué------

Serait-ce seulement possible que ce soit une des conquêtes d’oncle Noel ? Mon oncle est un coureur de jupon. Et si Belinda s’était présentée à lui comme Naya pour leur première rencontre ? Mais non, ce n’est pas logique, ça n’expliquerait pas cette réaction-là. Je suis bien tenté de lui demander, mais il reste bien cachotier.

A seulement trois jours que je connais, j’ai l’impression qu’elle est plus que ça. Trop insaisissable pour moi.

Mais le pire quand Amir m’ordonne de rester pour qu’il aille la retrouver. J’ai bien vu comment ils se tenaient par la main quand la tension était montée. Que se trame-t-il entre ces deux-là ? De toute façon je devrais abandonner l’affaire Belinda, tout autour d’elle ne semble pas clair…

------Belinda Ottawi------

Même si le fait de voir la tête de Noel à l’instant où il a posé les yeux sur moi me fait marrer, je ne dois pas négliger que loin d’être un avantage pour moi, cette ressemblance avec ma mère, me met des bâtons dans les roues. Je lui aurais dit mon âge, il aurait fait le lien.

Je gare ma voiture devant la villa de Maître Ayo avant de rejoindre le séjour dans lequel il m’attendait avec un Monsieur d’une trentaine d’année. Il s’appelle André Kodio. L’un des actionneurs de Green Goal. Et il représente les autres membres des 35%, et ce qu’il me dit me laisse voir que tout peut s’accélérer.

-         A ce stade-là, je parle au nom des autres actionneurs. Nous sommes prêts à vous faire une offre pour nos parts de la société. Mais si j’ai un conseil pour vous mademoiselle, c’est de voir ailleurs. C’est bien triste de le dire, mais cette société n’est plus à son apogée, Mrs Akué le dirige mal et on ne veut pas rester sur un bateau qui coule.

-         Et vous pensez trouver mieux ailleurs ? Faites-moi une proposition sur les 35%, vous pourrez toujours en discuter avec Maître Ayo pour trouver un accord pour le versement. Mais j’aurais une faveur à vous demander.

-         Laquelle ?

-         J’aurais besoin que vous restiez dans la société quelques temps mais après que vous m’aillez vendu vos parts.

-         Je n’ai pas compris ?

-         Vous direz à Mrs Akué qu’à vous seul, vous avez racheté les parts des autres, vous devenez donc actionneur principal à leurs yeux. Le temps de me laisser trouver le moyen d’avoir un maximum de 50% sur la société.

-         Mademoiselle Ottawi ? C’est cela ? Que cherchez-vous ?

-    Une partie de mon sang.

Cet homme ne semblait pas comprendre. Je me lève et me sers un autre verre de cognac, quand Maître Ayo prend goût à nous écouter. Il sourit quand à ma reflexe.

-         Une partie de son sang, c’est cela Mrs Kodio, qu’elle cherche. Je vais vous soumettre son offre dès demain. Merci encore d’être venu.

Maître Ayo vient de mettre fin à cette rencontre. Il le remercia et le Mrs s’excusa de nous quitter.

-         J’ignore comment réunir une somme pareille.

-         Moi je sais. (en me présentant un dossier, que je prends soin de lire en me rasseyant)

-         Maître ?

-         Vous n’êtes pas pauvre jeune dame, vous êtes même extrêmement riche. Votre grand-père était un homme intelligent. Il n’a jamais voulu mettre tous ses capitaux dans la société. Ceci fait partie d’un compte que votre mère a bloqué depuis qu’il lui a donné les rênes de la société. Et elle a bien fait. Vous pouvez racheter ces parts avec cet argent.

-         Maître ? Merci. Je ne sais pas ce que je ferais sans vous.

Je prends congé de lui car j’ai promis à Anaïs de diner à la maison. Cette nouvelle m’enchante car s’il faut partir à la guerre, il faut autant être bien armé.

------Amir Amokhi------

Je suis couché sur la terrasse de ma chambre, les yeux scrutant le ciel. Cette journée fut renversante. Qui est Naya Oyoko ?

Je repense à ce moment où j’ai tenu sa main comme pour la rassurer. Un réflexe. Je n’y avais pas vraiment pensé sur le coup. Mais avait-elle seulement besoin d’être protégée ? Même si, elle semble fragile, cette journée m’a prouvé que non. Et elle occupe toutes mes pensées, tant mon esprit se bloque à tout instant.

Je n’ai pas envie de tout foirer à me mettant à la draguer dans cette situation-là. Je ne la connais pas vraiment. Je ne sais rien d’elle. Et on peut bien mettre mes sentiments au compte du coup de foudre. Une tache café sur une chemise…

J’entends qu’on frappe à ma porte, je me lève et j’ouvre sur un Josué qui pu l’alcool, mais sans être totalement saoul.

-         Je peux entrer ?

-         Bien-sûr. Qu’est-ce qu’il y-a ?

-         On peut parler de ce qui s’est passé ce matin ? De la réaction d’oncle Noel avec Belinda ?

-         Je l’ignore. Je n’ai jamais entendu le nom de cette femme, cette Naya Oyoko.

-         Moi non plus. Tu as parlé avec Belinda non ? Je t’ai vu la tenir par la main dans la salle de réunion.

-         Ecoute Josué…

-         Elle te plait c’est ça ?

-         Non, je ne la connais pas. Et toi, non plus d’ailleurs.

-         S’il te plait. La façon dont tu la regardes Amir.

-         Je peux bien dire la même chose de toi. Ecoute, il se fait tard, ton père rentre demain. Tu ferais mieux d’aller dormir pour mieux dessaouler le matin.

Il prend son temps me brandissant sa bouteille au nez avant de prendre la porte. Je ne sais pas ce qu’il a en tête. Même si c’est vrai que j’ai tout aussi remarqué que Belinda l’intéresse, mais je n’ai nullement envie, qu’il la prenne pour une de ses conquêtes…

------Anaïs Oyoko------

Ma petite fleur vient de rentrer, le temps de prendre sa douche avant que je ne finisse de mettre la table. Depuis que cette histoire a commencé, elle me raconte tout dans les moindres détails. Cela pourrait bien me rassurer de savoir comment vont les choses et à quel moment dire stop à tout ceci.

-         Hum ça sent bon. Tiens c’est toi qui as cuisiné Anaïs ?

-         Non, la cuisinière est autonome, c’est la nouvelle génération, elle te sort des plats tout bien faits.

-         Ahahahahahah ou elle te donne le numéro des restaurants qui livrent à domicile ? Je ne te dirais rien tant que tu ne me dis rien.

-         Ok j’ai commandé de chez « Guidos », juste le temps de les réchauffer…

-         Tu m’étonnes (en prenant place). T’es pas terrible Anaïs. (en marquant une pause) J’ai vu Noel aujourd’hui.

-         Noel Anju ? Cet imbécile ? Et il a réagi comment ?

-         Comme s’il venait de voir un fantôme. Il m’a appelé Naya.

-         Naya ? Ne me fais pas marrer. Tu lui ressembles trop Bel…(en soupirant)

On prend le temps de diner en se racontant la journée. Elle m’a montré le dossier sur l’argent qu’elle possède. Cela me fait un bien fou, car mes fonds seuls, n’auraient pas suffi à acheter ces parts de la société.

Mais mon cœur fit un bond quand elle m’annonça qu’elle voulait se prendre un appartement.


-         Quoi ? Tu n’aimes pas cette maison ?

-         Non, je l’adore. J’ai grandi dans cette maison. Seulement s’il y’a une chose que Noel m’a appris aujourd’hui c’est que je ne suis pas à l’abri et toi non plus si je reste.

-         Je ne comprends pas.

-         Il pourrait me suivre, faire des recherches sur moi. Si j’étais eux c’est ce que j’aurais fait. Je ne veux pas leur donner cette opportunité-là. Je ne veux pas qu’il t’arrive quoique ce soit…

-         Je n’ai pas envie que tu partes Bel.

-         Je ne pars pas. Pas définitivement. Juste le temps de régler cette histoire.

-         Tu pourrais juste…

-         Non Anaïs, ne me demande pas de revenir en arrière, c’est juste impossible à ce stade. Noel m’a vu.

-         Tu déménages quand ?

-         Demain…

-         Si tôt ? Où est-ce que tu as eu le temps de te trouver un appart ?

-         Jonathan m’a proposé d’aménager chez lui, il a un très grand appart.

-         Seigneur. Tu es sûre qu’il n’est pas amoureux de toi ce petit Nathan ?

-         Non ! Qu’est-ce que tu racontes. C’est mon ami, c’est tout. Alors on est d’accord pour demain ? T’inquiètes pas, je prendrais juste quelques affaires…

-         Je suppose que je devrais m’y faire, surtout si tu ne songes pas à mourir vieille fille.

Et elle a bien raison. Même si ça me pince un peu le cœur de la voir s’éloigner, elle ne rajeunit pas avec le temps. Tôt ou tard, elle partira.

Les larmes des liens