Chapitre XXXIII

Ecrit par Tiya_Mfoukama

Chapitre XXXIII


Je peux pas me résigner aussi facilement, je sais que je peux faire mieux, lui offrir mieux, il faut qu’elle m’en laisse l’occasion.

Je sors mon téléphone, compose le numéro de Lyne et prie intérieurement pour qu’elle puisse répondre. Elle est difficile à joindre ces derniers temps.


-Coucou frérot, ça va ? Ai-je entendu après trois sonneries.

-Non pas vraiment, j’ai une urgence là, tu pourrais venir me garder Salomé ? S’il te plait ?!

-Qu’est-ce qu’il y a ? C’est pas trop grave ? Me demande-t-elle sur un ton inquiet.

-Je t’expliquerai plus tard, mais tu peux venir ?

-Oui…Oui, je suis là dans 20 min…

-Okay, je t’attends.


Je ne lui laisse pas le temps d’en placer une et raccroche pour retourner dans la maison. Dans ma tête c’est la confusion totale, je sais que je dois la récupérer mais comment ? Aucune parole forte ne me vient à l’esprit et pour cause il ne doit rien exister pour l’apaiser après tout ce que j’ai fait. Je vais aller chez elle, c’est la raison pour laquelle j’ai appelé Lyne, me retrouver en  face d’elle puis après ? C’est le après là qui me pose problème.

Je me suis jamais senti aussi démuni que maintenant. Je n’aime pas me retrouver dans cette situation. Faut que je remette de l’ordre.


-Ari ! Qu’est-ce qu’il y a ?


Elle a fait vite, je ne l’ai même pas entendu entrer.


-Ari ?

-Laisse-moi le temps de mettre de l’ordre dans ma tête et je t’expliquerai tout ça. Dis-je en mettant ma paire de chaussures.

-Mais qu’est-ce qu’il y a c’est grave ? T’es en train de me faire peur !


C’est forcément rien comparé au degré de peur qui est en train de prendre possession de moi. Je devrais pas me laisser envahir mais… Quand je contrôle rien, on peut pas s’attendre à mieux !

Je quitte la maison en lui indiquant une heure approximative de retour et en lui répétant ce que Mayéla m’a dit plus tôt concernant Salomé.


J’arrive une quinzaine de minutes plus tard chez elle, Mayéla, et remercie intérieurement son étourderie légendaire, quand il s’agit de fermer son portail. Je tambourine comme un forcené  contre la porte d’entrée et elle vient m’ouvrir vêtue d’un peignoir et une serviette en turban sur sa tête. Des effluves  de vanilles et de coco se répandent à l’entrée. Et ce parfum familier me replonge des années en arrière. Quand elle venait se blottir contre moi pour s’endormir après être sortie de la douche, quand je finissais de rédiger un rapport pendant qu’elle faisait sa pédicure, quand elle rentrait d’une journée éreintante et que je lui préparais un bain chaud, quand je me voilais la face mais que je n’agissais pas stupidement.


-Qu’est-ce que tu fais là ?

-Je pouvais pas te laisser partir comme ça!

-Où est Mewani ?

-Avec Lyne. Mayéla faut qu’on s’explique tous les deux.  Que tu comprennes. Quand on s’est rencontrés, je recherchais rien de stable, je voulais passer du bon temps, sans prise de tête. Les plans cul, y’avait pas mieux pour moi. Pas de sentiments, pas d’engagement, pas de prises de tête. Je faisais en sorte que toutes mes relations s’apparentent à des plans cul, de cette façon je ne me sentais pas le devoir de m’investir ou de devoir quelque chose à qui que ce soit…. Ça devait être pareil avec toi, du moins c’est ce que je pensais.   T’étais un plan cul, je te voyais pas autrement, enfin, je voulais pas te voir autrement. Mais la réalité c’est que dès le départ, notre relation n’avait rien de semblable à celles que j’entretenais avant toi. J’ai été patient là où j’aurais pété un câble, j’ai essayé de te comprendre, là où j’aurais tout bonnement laissé tomber. C’était déjà des indices, mais je suis buté on le sait, j’ai donc continué à me voiler la face…. Avec l’annonce de ta grossesse, j’ai paniqué parce que j’ai vu se dessiner une spirale devant moi, celle de l’engagement, ce que je craignais. Mes parents sont mariés depuis plus de trente ans, mais au tour de moi, je voyais pas le même tableau. Je voyais des divorces, des procès, des coups bas incluant des enfants, du vol et j’en passe… Je voulais pas de ça. Va savoir pourquoi, j’ai assimilé toutes ses tares, tous ces vices à l’engagement. Quoi qu’il en soit, il était hors de questions pour moi de rentrer dedans. Alors j’ai fait ce que je fais de mieux : tout foiré.

Mais Mayela, tu peux pas savoir à quel point je regrette de t’avoir autant fait souffrir….

-Mais qu’est-ce que t’attends de moi ?

-Que tu me laisses la possibilité  de pouvoir réparer mes erreurs, que tu me laisses te donner tout ce que tu mérites depuis bientôt cinq ans et…

-Shomari. Me coupe-t-elle. Je m’en moque de tout ça, je m’en moque de ce que tu ressens, des impressions, de la peur que tu as, je m’en fous complètement. Je t’ai donné tout de moi sans jamais me dire que tu me ferais autant souffrir. L’idiote ici c’est moi, parce que j’ai voulu me dire que je pouvais te faire confiance. Mais tu as été faux du début à la fin. T’avais rien promis, c’est moi qui m’étais fait tous les films du monde. J’ai cherché ma douleur, je l’ai trouvé. Mais on ne m’y reprendra certainement pas.

-…

-Je t’entends dire que tu as pris conscience de beaucoup de choses, bah prends conscience de cette information : moi Mayéla, l’idiote qui a cru en toi, ne veut plus avoir à faire avec toi. Oublie-moi ! Maintenant laisse-moi tranquille, à moins que tu penses que c’est avec le sexe que tu réussiras à me faire fléchir…. Serre-toi, je t’en prie, c’est tout ce que tu pourras avoir de moi. Après tout, je ne suis qu’un de tes nombreux plans cul.


Okay. C’est pas la peine d’insister, du moins pas aujourd’hui.


*****


Je le regarde sortir de la maison, l’air plus que jamais abattu, sans pour autant faire un pas pour le retenir…. J’avais envie de lui faire mal, de lui faire ressentir ce que ça fait d’entendre des paroles aussi crues et blessantes de la part de la personne que l’on aime. Je sais que ce n’est pas la chose à faire mais je lui en veux tellement.  Je me demande s’il est vraiment persuadé qu’il suffira simplement de quelques mots de sa part pour que tout s’arrange comme par magie «  je te ferai découvrir le meilleur » tsss.


« Toc, toc, toc »

Non, mais il ne revient quand même pas de nouveau à la charge ?

J’ai déjà mal à la tête, je suis fatigué, j’ai vraiment besoin de sommeil. Tous les évènements de la journée m’ont littéralement épuisée et si je dois encore l’affronter, je fais finir par lâcher prise.


-Quoi ! Crié-je en ouvrant la porte à la volée. Qu’est-ce qu’il… Oh !

-Tchééé !  C’est comme ça que tu accueilles les gens ? Lance Elodie, les yeux ronds.

-Désolée, je pensais que c’était Shomari. Soufflé-je. Excuse-moi.

-Shomari ? Il était là ? Pourquoi ?


Elle me questionne tout en entrant dans la maison, et je vais lourdement m’asseoir sur le canapé, les jambes recroquevillées sur moi-même avant d’entreprendre de répondre à toutes ses questions.


-Quand je suis partie déposer Wani, je sais plus trop comment, mais on en est venus à parler du repas de cet après-midi et sans détoure, je lui ai donné les raisons de ce repas. Et là, il est littéralement rentré dans une colère noire ! Il voulait à tout prix savoir si j’avais accepté la demande de Thierry et il avait l’air d’être sur le point d’exploser si je lui disais que oui. Il se comportait comme si j’étais sa chasse gardée et je n’ai pas du tout apprécié. J’ai fini par lui dire ce que je pensais et je suis rentrée. Mais à ma grande surprise il est revenu à la charge, plus buté que jamais à croire que de simples mots allaient avoir raison de près de deux ans de souffrances !

-Hann. En tout cas… Aujourd’hui c’est le jour des révélations on dirait. T’en as à me faire ? Je suis prête à tout entendre.


Je lève les yeux en l’air et soupire fortement pour lui montrer à quel point ses propos me lassent, ce qui la fait éclater de rire.


-Non mais faut dire que cette journée était spéciale quand même.

-…

-Mais toi aussi, c’est quelle idée de couper ton téléphone ! Aie. Quand il m’a appelé pour me parler du repas, je pensais au début que c’était la raison pour laquelle tu n’étais pas venue vendredi. J’ai voulu te joindre pour t’insulter de ne pas m’avoir mise dans la confidence, et surtout pour que tu puisses m’expliquer pourquoi tu acceptais de l’épouser alors que tu aimes Ari puis il m’a fait comprendre que c’était une surprise et là, j’ai senti le souci arriver.

-….

-J’ai voulu venir te voir, mais l’autre faux –type que l’on appelle Eric-Henri n’a pas voulu me laisser sortir. J’ai eu Kala au téléphone dans la soirée et tu te doutes que Serge l’a bloquée pour sortir.

-Elle n’était même pas à six mois de grossesse qu’il l’interdisait de sortir alors maintenant qu’elle est sur le point d’accoucher…


On s’échange un regard entendu puis on éclate de rire comme il n’est pas permis de le faire. Depuis que Kala est enceinte, Serge ne lui laisse absolument rien passer. Il surveille son alimentation, veut toujours savoir où elle se trouve et se montre plus que présent dans le suivi de sa grossesse et bien évidemment, il se heurte à Kala décidée à ne pas le laisser dicter ses faits et gestes ! C’est beau à voir parce que tout cela se passe dans le respect et nous montre encore à quel point ces deux là étaient faits pour être ensemble…. Ça fait au moins une d’entre nous qui peut se targuer d’être dans une relation stable, du genre que tout le monde souhaite – même si c’est certain qu’il doit y avoir des bas.


-J’imagine ce qu’il a du lui dire lorsqu’elle lui a parlé «  Kala, je n’ai pas envie de me prendre la tête avec toi ce soir…. ». Commence-t-elle a le singer.

-« On est bien, restons bien ». Disons-nous en cœur avant d’éclater de nouveau de rire.


C’est le genre de phrase type que Serge aime dire et que Kala s’amuse à imiter dès qu’elle en a l’occasion.


-On rigole mais au moins elle, elle a quelqu’un qui se soucie d’elle. Dis-je entre le rire et la tristesse.

-…. Blague à part, si on regarde bien, toi aussi tu as quelqu’un, tout comme moi.

-Pardon ?

-Mayéla, je parle beaucoup ici, je me plains tout autant, mais dans le fond, je sais à quoi m’attendre avec Henri. Et c’est moi qui ai décidé de continuer avec lui. Si je le voulais vraiment, je serais partie il y a bien longtemps. Depuis le début, je sais où nous allons et si je vois que la trajectoire dévie, je recadre immédiatement. Au final, c’est moi qui ai le pouvoir, c’est moi qui décide. Et toi aussi tu as ce pouvoir.

-…. Elodie…

-Tout ce que tu es en train de faire, c’est le bruit pour rien. Il a chié, j’étais la première à vouloir aller mettre l’essence sur sa voiture, mais Mayéla, tu sais que tu l’aimes et c’est réciproque. A un moment, jouer au chat à la souris, faire les "je t’aime mais je ne veux pas de toi", ça va vous lasser. Je sais que ça peut t’énerver de le voir se comporter comme ton garant mais, tu connais l’homme là, c’est comme ça qu’il est. C’est qui encore qui disait que les hommes sont des poissons fumés ?

-… Lady Ponce. Soupiré-je.

-Ah, dans son chanvre là,  elle avait quand même bien vu. Tu ne vas pas le changer, personne n’a la capacité de changer un homme. Par contre, tu vas  t’accommoder, et le pousser à vouloir se remettre constamment en question. Et les changements viendront de lui-même.  

-Où est-ce que tu veux en venir ? Je dois me remettre avec lui sous prétexte que je l’aime  malgré tout ce qu’il a fait.

-Non, ne viens pas prendre ton piment dans ma bouche. Je te dis qu’il y a une personne prête à se soucier de toi, et qu’il est temps que tu saches où tu veux aller. Si tu penses que tu ne peux vraiment plus, que Shomari, on monte on descend c’est plus pour toi, alors quitte dans ça, mets une croix, et une vraie, on va quitter chez les Malonga. Mais à contrario, si tu penses que tu peux le pardonner et que vous pouvez essayer de nouveau, trace ta trajectoire et suis là. Dans tous les cas, mets de l’ordre dans ta vie avant que ça ne te dépasse comme aujourd’hui on a vu là.

-...


Ses mots ne rentrent pas dans l'oreille d'une sourde mais pour le moment je n'ai pas envie d'y penser. Je sais qu'il va tôt ou tard falloir que je me décide, et cette fois je le ferai dans les temps... Mais pas aujourd'hui.

Comme si elle le comprenait, elle ajoute:


-Bon, je sais que je parle trop et que tu n’as pas besoin de ça, alors on va passer à autre chose.


Elle se penche vers la table basse pour récupérer son sac qui y était posé et en sort un boite de Ferrero Rocher.


-Dix-sept mille la boite chez Park and Shop mais, tu les vaux bien, plus un petit accompagnement. Ajoute-t-elle en sortant une bouteille de vin. J’ai quand même pris une bouteille de JD, parce que la situation était trop soyée, cet après-midi. J’ai besoin d’un petit verre pour faire passer tout ça et j'imagine que toi aussi.


Je reste un peu sceptique en voyant la bouteille de Jack Daniels, je ne suis pas très alcool fort.

Elle le sait parfaitement, et c’est la raison pour laquelle, elle sort toujours de son sac, plusieurs bouteilles de jus et sodas, et s’improvise barmaid pour la soirée.

Il s’avère que dans son nouveau rôle Elodie est parfaite; elle réussit à faire des cocktails plus sucrés et goûteux les uns que les autres.

Le matin quand je me réveille, si tant est que se réveiller à 14h peut-être toujours considéré comme un réveil le matinal, je suis prise de violents maux de tête qui me rappellent pourquoi je ne dois JAMAIS boire d’alcool.


-Aie, ma tête. Grogné-je en tentant de la lever de l’oreiller sur lequel elle est posée, en vain.


Elle me semble aussi lourde que cinq tonnes de ciment.

Je me promets intérieurement que cette fois-ci, c’est bien la dernière, qu’on ne m’y reprendra plus et me recouche pour me réveiller une heure plus tard.

C’est pas la grande joie, ma bouche est pâteuse, avec un arrière goût âpre, j’ai une envie de nausées permanentes et le fait que je salive énormément n’arrange rien. Le poids de ma tête n’est plus semblable à celui de cinq paquet de ciment d’une tonne chacun,  je dirai que maintenant, je porte trois tonnes. Entre bourdonnement et acouphènes, je vacille jusqu’à la salle de bains pour voir l’étendu des dégâts sur mon visage. Et le constat est tout simplement horrible.


-J’arrête définitivement de boire.

-On dit tous ça. Lance Elodie derrière moi.


Douchée, les yeux bien ouverts, elle ne garde aucune trace de la soirée d’hier qu’on a de mémoire fait duré jusqu’à 5heures de matin.


-Ton téléphone a sonné à plusieurs reprises et c’était ta mère. Je n’ai pas décroché mais si j'étais toi, je la rappellerai immédiatement. Dit-elle en me tendant mon téléphone.


Ce doit être pour avoir cette fameuse discussion que j’ai évitée toute l’après midi d’hier. Le répit n’aura pas été de longue durée. Heureusement pour moi que j’étais dans l’incapacité de pouvoir avoir une pensée cohérente cette nuit, elle aurait été bien agitée, si ça avait été le cas.

J’entre dans mon journal d’appels pour me faire une idée de son degré d’énervement, plus il y aura d’appels et plus elle sera moins conciliante en me voyant. Je soupire en voyant le chiffre trente-cinq apparaitre, il est accompagné de différents messages textes disant tous la même chose «  dépèche-toi de venir à la maison ».

Il ne m’en faut pas plus pour dégriser, et me faire sentir comme la petite gamine de seize ans que j’étais, qui devait se justifier face à ses parents.

Je passe rapidement sous la douche puis entreprends  de mettre la première chose qui me tombe dans les mains, avant d’aller arrêter un taxi.

Elodie et moi prenons le même taxi puis elle descend avant moi, sans manquer de me souhaiter bon courage.

Sur la fin du trajet, j’essaie de ne pas me mettre martel en tête, après tout ce sont des choix qui ne regardent que moi, et même s’ils ne les partagent pas, à part leur présenter des excuses pour les avoir placés dans une situation aussi délicate, je ne devrais pas avoir à me justifier auprès d’eux, mais lorsque j’arrive devant leur parcelle et vois toutes ces voitures garées, je me dis qu’il va falloir que je revoie mes paroles.


C’est en entendant les cris s’échappant de la maison, que je comprends qu’il ne doit pas seulement s’agir de la demande de fiançailles.

En me concentrant sur la voix qui hurle le plus, je crois reconnaitre celle de maman Delphine, mais son débit de parole est tellement rapide que je ne saurais entendre de façon intelligible ce qu’elle est en train de dire.


En ouvrant la porte de la maison, qui n’était pas fermé, je tombe sur Kala, qui m’entraîne dans ce qui fut ma chambre durant ma jeunesse, avant même que j’ai le temps de saluer les personnes se trouvant dans le salon.


-Mais Kala qu’est-ce que tu fais ?

-Je te sauve la vie ! Non mais ton téléphone te sert à quoi ? Chuchote-elle à voix haute.

-Mais…euh…


Je bégaie en sortant mon téléphone pour comprendre ses propos.

C’est vrai qu’elle a essayé de me joindre à plusieurs reprises mais, j’avais encore la tête dans le cul lorsque j’ai vu ses appels et je pensais qu’elle voulait que l’on fasse un débriefing concernant l’après-midi d’hier.


-Je pensais que … Tu voulais…

-Maman Delphine divorce ! M’annonce-t-elle tout de go. Et elle accuse son mari de pédophilie. Ton nom est sorti et son mari a juré que tu avais menti, voilà pourquoi ils sont tous là.

-Tu n’es pas sérieuse ?

-J’ai l’air de rire ? Il a tellement retourné le cerveau de toutes les personnes présentes qu’ils sont maintenant tous en train de penser que c’est toi qui l’allumais !

-HAN !


Je mets ma main devant ma bouche pour étouffer le cri d’horreur que je pousse. Comment, il peut oser prétendre que je lui faisais des avances ?

Un sentiment d’injustice, couplé à la colère se met à croitre en moi de façon exponentielle. Ça ne va pas recommencer, je ne vais pas les laisser faire de moi leur punching-ball, je ne vais pas les laisser se dédouaner en me salissant. Devant mes parents, balancer de telles horreurs. Je me suis toujours tue par respect jusqu’à présent, mais là, c’est trop.


-Qu’est-ce que tu fais ?

-Il va venir me dire comment je l’allumais ! Dis-je fermement en ouvrant la porte de la chambre.

-Non, Mayéla, laisse seulement…. Mayé….


J’entre dans le salon en même temps qu’un mutisme général s’installe dans la pièce, très vite rompu par les vociférations de maman Delphine.


-Petite pute, je savais bien que tu mentais !

-Comment tu peux dire une chose pareille, tu sais que je dis la vérité ! Tu…

- Tu voulais briser mon mariage ! Continue-t-elle de crier. Sorcière !

-Chérie. Intervient son mari. Moi j’ai pardonné tout ça parce qu’au final, on est toujours ensemble. C’est ta nièce, elle a fauté, c’était la jeunesse, il faut laisser passer.

-Je ne laisse pas Marcial ! Je ne laisse pas ! Cette pute voulait briser mon mariage !

-Delphine. La coupe mama Fofo. Ce n’est pas comme ça qu’on fait. Calme-toi, on va tirer cette affaire au clair.

-Ya Fostine. Intervient ma mère avec beaucoup de calme. Tu as du remarquer que depuis tout à l’heure, je ne dis rien. Mon mari et moi ne disons rien. Vous êtes tous venus tôt ce matin sans nous prévenir, comme si vous vouliez créer un guet-apens. Je n’ai rien à cacher, mon mari non plus. Vous auriez pu nous prévenir, c’est la moindre des choses, mais je n’ai rien dit par respect. Ya Fostine, ya Delphine, vous êtes toutes les deux mes grandes sœurs, les mères sur qui ma fille unique auraient du compter si je venais à disparaitre de  cette terre, mais aujourd’hui, je n’ai pas vu ce lien fraternel, je n’ai pas vu ce lien maternel qui pourtant devrait prévaloir sur tout…. Ya  Fostine, tu trouves ça normal de venir exposer ma famille de cette façon. En tant que grande sœur tu ne trouves pas qu’il aurait été préférable de régler cette histoire entre nous ? Non. Il fallait que tout le monde entende ça ?

-Parce que tu protèges ta fille, tu ne voulais pas que les autres sachent ce qu’elle faisait vraiment! Balance maman Delphine.

-Parce que je ne voulais pas que les autres sachent ? Répète ma mère. Ya Delphine, aujourd’hui,  ton mari a traité ma fille de menteuse, et l’a accusée d’avoir voulu le séduire, tu viens de l’insulter de sorcière et de briseuse de mari, j’accepte. Mais explique-moi pourquoi quand je suis venue la récupérer, tu m’as fait asseoir et tu m’as demandé pardon au nom de ton mari ? Les mots que tu avais employés étaient encore lesquels «  pour la préservation des liens familiaux », ton mari avait même refusé de se montrer pendant plusieurs mois… Tu penses que parce que toi tu as oublié, tu t’es convaincue de je ne sais quel mensonge, c’est le cas de tout le monde ? Je t’ai laissé ma fille, toi ma grande sœur et tu n’as pas été capable de la préserver, je t’ai pardonnée malgré la peine que cela m’a causé et toi aujourd’hui tu viens dans ma maison, devant mon mari insulter notre enfant de sorcière et de briseuse de foyer qui plus est devant toute la famille ?

-Moi je n’ai jamais touché ta fille ! Hurle tonton Marcial. Dieu m’est témoin !


Le voir jurer avec autant d’aplomb me fait sortir de ma léthargie et je m’entends dire.


-Quand tu es rentré dans la chambre, tu portais un pantalon laissant entrevoir ton pubis et la tâche de naissance en forme de marteau. C’est d’ailleurs cette partie que tu voulais que je touche.


Lentement, maman Delphine se tourne vers son mari puis  tente de dire une phrase que l’on ne saura jamais puisqu’elle se crispe en se tenant la poitrine et s'écroule lourdement au sol.


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Je vous prie de m'excuser pour le temps de publication, on finit cette semaine.

Des bisous en pagaille 

Tiya,

KULA