Confrontation

Ecrit par Saria


***Ouagadougou-Burkina Faso***

***Avenue Kwame-NKrumah***

***Etude de Maître Coulibaly, Notaire***

***Maître Jean Coulibaly***

J’étais en pleine discussion avec les héritiers Kanaté : en effet, c’est aujourd’hui que le délai expire avant la répartition de la succession aux œuvres caritatives. Irène ma secrétaire entre dans mon bureau, elle semble un peu agitée. Elle vient me remettre un bout de papier qui me fait dresser le peu de cheveux que j’ai encore sur la tête.

Moi : Excusez-moi… Un instant, s’il vous plaît !

Je sors au pas de charge sous le regard étonné de mes interlocuteurs. J’arrive dans la salle d’attente ; dès qu’il me voit, il se redresse et vient vers moi avec un sourire en coin. Pour une surprise, c’est une surprise ; j’en connais qui ne vont pas être contents !

Kader : Bonjour Maître !

Comme toujours regard direct, poignée de main ferme et franche. Il porte un costume sur mesure, il a un peu blanchi, le visage marqué mais c’est vraiment Kader Diaby Sidibé que j’ai devant moi.

Moi : Bonjour jeune homme ! Vous revoilà enfin !

Kader : Oui ! Je suis content de vous revoir ! Je suppose que mes oncles sont ici ?

Moi : Euh !

Kader : C’est parfait… Ne les faisons pas attendre, cher Maître !

 

Je me retrouve alors à avancer ; en plus de vingt ans de carrière, j’ai vu des choses, beaucoup de choses mais la succession de mon mentor Ousmane Kanaté est de loin l’affaire la plus difficile que j’aie jamais gérée.

Dès qu’ils nous voient entrer, le premier à se dresser comme un ressort est Kôrô Issa.

KI : D’où il sort celui-là ?!

Kader (imperturbable) : Bonjour Tonton… Je suis ravi de te revoir après tout ce temps ! Tonton Bakary, Tonton Madou.

KI : Epargne-moi tes salamalecs… Espèce de petit arriviste… Toi, Jean ! Donc tu fomentes des coups dans notre dos ! Combien ce petit morveux t’a promis ?!

Moi (froidement) : Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, Kôrô… Je te prierai de savoir raison garder ! Je suis aussi surpris que vous de l’apparition de votre neveu !

Bakary : Qu’est-ce qui nous prouve que c’est vraiment toi ? Aux dernières nouvelles tu serais fou, ou mort ?

KI : Exactement !

Kader : La preuve de mon identité ne sera pas un problème, chers oncles. Seulement, le délai de grand-père expire aujourd’hui ! J’ai étudié la question sous tous les angles ! Vous n’avez pas le choix : ou vous composez avec moi ou vous perdez tout. Au fond, ma mère et moi avons vécu loin de tout ça. Ceci pour vous dire que je n’ai strictement… mais strictement rien à perdre !

Madou : En gros, l’argent ne t’intéresserait pas… Mais pourquoi es-tu là ?!

Kader (sèchement) : Réaliser la volonté de mon grand-père !

Il se redresse de toute sa hauteur, les mains dans les poches, droit dans ses bottes et les observe l’un après l’autre.

Bakary : Je compose avec toi !

Madou : Je compose avec toi

Tous les regards se tournent vers l’aîné, la colère et la hargne se sentent dans son attitude.

KI (crachant les mots) : C’est d’accord.

Kader : Maître tout le monde est d’accord… Nous procédons comment ?

Moi : Donnez-moi une minute, s’il vous plaît.

 

***Kader***

Je suis face à eux et je ne ressens ni haine, ni colère, juste une volonté implacable de faire respecter la mémoire de mon grand-père. Il m’a choisi et j’en suis désormais le garant.

De par mon séjour chez Kompoh, je suis mort et je suis revenu. Plus jamais ils ne pourront rien contre moi ! Je suis le guide, l’élu, le Toro-Gbaitigui.

Quand on a vu ce que j’ai vu pendant mon initiation, des pans entiers de ma vie sont une farce. Mais ce n’est pas encore l’heure des comptes. J’ai déjà réglé le cas de Selma ; à l’heure où je parle, son avion doit avoir atterri à Cotonou.

Ne me regardez pas de travers ! Vous auriez fait quoi à ma place ?

 

***Flash-back ce matin***

Je suis revenu à l’aube sur les coups de 06h30, elle ne dormait pas. Elle avait arrêté de pleurer, nous échangeons un long regard sans prononcer un mot.

L'homme qui n'avait...