Coralie BELL (suite)
Ecrit par Badgalkro
8 ans après
Papa a pris sa retraite. Et actuellement il est en repos en France car on lui a diagnostiqué un cancer du foie. Il a carrément refusé de se faire interner. Du coup j’ai décidé de lui prendre un service médical à domicile. Il s'est acheté un appartement à Paris, du coup c'est la belle vie pour lui. Actuellement Iris est en congé et elle a décidé d'aller le passer avec son papi chéri. L'amour entre ces deux ne me surprend plus.
Iris : allez STP Papi, on va et on rentre rapidement.
Elle lui fait ses yeux de merlan frit
Papa : tu m’as épuisé ma lionne.
Ding dong !
Papa: Ça sonne à la porte !
Elle va ouvrir et j’entre
Moi : tu sais que tu peux vérifier qui est de l’autre côté de la porte avant de l’ouvrir ?
Iris : je savais que c’est toi. Bonjour à toi aussi m’man.
Elle me fait un câlin
Moi : bonjour ma lionne. Tu as bien dormi ?
Elle ignore ma question
Iris : est-ce qu’on peut aller faire les courses stp je voudrais du chocolat. Papi n’en a plus.
Je la regarde longuement ; surprise et dépassé ! ce n’est pas moi hein, ce n’est pas moi ! hmmm !
Moi : je dis hein, si je n’étais pas venue, tu allais dire ça à qui ?
Iris : j’allais t’appeler m’man chérie.
Elle me fait ce sourire qui me fait toujours fondre, mais je ne laisse rien transparaitre sur mon visage
Moi : tsuiiiiiip
Je fouille dans mon sac et sors une gamelle de mousse au chocolat qu’elle adore. Elle me l’arrache presque des mains en sautillant de joie.
Iris : Merci m’man ; ta fille allait crever.
Elle m’embrasse encore et file vers la cuisine pour s’empiffrer
Moi : bon appétit !
Je crie après elle qui disparait déjà de ma vue
Moi : papa je suis là. (Personne ne me répond) papa !
Je prends le couloir qui mène à sa chambre. J’ai expressément demandé à son infirmière de ne pas venir aujourd’hui question de m’occuper un peu de lui moi-même en passant du temps avec lui.
Je le trouve assis en train de mettre ses chaussons.
Papa : bonjour ma fille. (Je lui fais un bisou au front.) J’étais sur le point de vous rejoindre
Moi : tu te sens comment aujourd’hui ?
Il soupire !
Papa : je suis juste un peu épuisé
Moi : je parie que Milie y est pour quelque chose
Il soupire encore en souriant
Papa : j’avoue qu’elle déborde d’énergie la lionne
Je prends place près de lui
Moi : papa, y a quelques années j’ai revu son père au campus
Je marque une pause ; il me lance un regard interrogateur en m’incitant à continuer
Moi : ce n'était pas planifié. On a pas échangé mais je lui ai intimé de ne pas chercher à me revoir
Papa : je vois ! la lionne t’a encore posé des questions à son sujet ?
Je lui dis non de la tête
Papa: tu sais, je suis persuadé qu’il reviendra. Et cette fois pour toujours. Tu ne pourras pas lui demander de disparaitre tout le temps. Je sais que je condamne toujours son attitude mais le sang ne s’oublie jamais. Et à partir de ce moment tu devras vivre avec ça.
Moi: je n'ai pas besoin de lui
Papa: il demeure son père Coco
Moi: et moi sa mère qui l'ai élevé toute seule. C'est trop facile papa
Il soupire longuement
Papa: Tu es une femme forte, je ne te l’ai souvent pas dit mais tu as affronté cette épreuve avec courage et optimisme. J'avais peur au début car tu n'avais que 16 ans et je me disais que la maternité allait te faire morfler. J'avais très peur... Je suis fière de toi, je suis fière de la maman que tu es, je suis fière de la femme indépendante que tu es devenue
J’essuie une larme qui s'échappe
Moi : c’est grâce à toi papa.
Je lui prends les deux mains ;
Moi: ma réussite te revient
Papa : lorsque Milie sera en âge de mieux comprendre et analyser les choses, parle lui de son père en toute sincérité. Le choix lui reviendra, d’accord ? (J’opine !) Allons regarder ce film dont je t’ai parlé.
Il me prend la main en se levant
Papa: Gérard BUTLER est un acteur très talentueux !
Je parie qu’il parle de son film ‘ La chute de la maison blanche’. Je ne vais pas lui dire que je l’ai déjà vu. lol
Je lui fais un câlin. Je l’aime tellement mon papa. Après avoir regardé le film, je nous ai fait un très bon couscous de maïs et sa sauce gombo, aidée de ma lionne ; Papa adore ça. Une fois, terminé, nous avons mangé dans la joie. Je suis la fille la plus heureuse en ce moment, je ne le changerai pour rien au monde, ce moment. Puis, papa insiste qu’on se mette dans son lit avec lui et il se met à nous raconter des histoires toutes délirantes les unes après les autres. Je ne sais pas à quel moment je me suis endormie mais quand j’ouvre les yeux, la main de papa sur la mienne est très froide. Je prends peur en sursautant, ce qui réveille Iris.
Moi : papa ! (je le secoué) pa’a ! réveille-toi stp. (Ma voix tremble)
Iris: papi !
Je me baisse et pose mon oreille sur sa poitrine pour vérifier les battements de son cœur. Aucun son ! Mon DIEU ! j’éclate en sanglots et ma fille vient me prendre dans ses bras en pleurant aussi. La pièce ne résonne plus qu’au son de nos sanglots.
Toutes les dispositions ont été prises et nous sommes actuellement au Cameroun pour ses obsèques. Ça fait 11 ans que je suis partie, j’avoue que cette maison m’a manqué. C’est ici que j’ai tous mes souvenirs avec mes parents. Ça me rend triste mais je suis sûre qu’ils se sont retrouvés au paradis et veillent désormais sur nous. Nous sommes à Yaoundé où a eu lieu la levée à 10h et demain à l’aube nous prendrons la route pour Batombé où il reposera auprès de maman. Alice, et Zandra ont atterri à l’aéroport de Douala et nous avons décidé qu’elles y restent une fois pour organiser l’inhumation de demain.
Nous n’avons pas une grande famille ; du moins la famille de papa n’est pas si grande contrairement à ce qu’on peut imaginer. Quelques tantes consanguines et leurs enfants sont présents, des anciens collègues de papa aussi passent me présenter des condoléances. J’avoue être un peu épuisée ; j’ai besoin de dormir mais je ne peux pas mettre tout ce monde à la porte. Heureusement, les parents d’Alice sont avec moi et s’occupent de recevoir tout le monde. La majorité des personnes présentes sont les habitants de Jouvence, ils me témoignent leur amour pour papa. Ils lui rendent comme il leur avait donnés de son vivant et ça me touche profondément.
Je ferme la porte de la cuisine d’où j’étais me désaltérer, lorsque je me retourne, je me fige. Une minute, 2 minutes, 3 minutes ! ces yeux marrons me fixent sans détour