Demoiselle d'honneur
Ecrit par lpbk
Astride, 00h05 :
Bon anniversaire ma chérie. J’espère être la première comme chaque
année ! Coralie va encore pouvoir râler. 30 ans, ce n’est rien. Tu atteins
juste ta seconde jeunesse.
On se fête ça, ce soir ?
Coralie, 00h08 :
BON ANNIVERSAIRE espèce de vieille ! J’espère être la première
cette année ainsi pour une fois, je pourrais rabattre le caquet d’Astride qui
dit que je ne pense jamais aux anniversaires des autres.
Coralie, 00h10 :
Allez, souris ! Je sais que tu es démoralisée mais n’oublie pas ce
que mon père dit toujours (pour une fois qu’il dit quelque chose d’intelligent,
tu me diras). Bref, il dit toujours qu’à partir d’un certain âge, il ne faut
absolument plus compter les années mais les bouchons des bouteilles. On en
comptera ensemble ce soir ! MDR.
Maman, 10h32 :
Bon anniversaire ma chérie. Papa t’embrasse très fort et moi aussi.
Nous t’aimons. Maman.
Ethan, 12h01 :
J’ai entendu dire que c’était ton anniversaire aujourd’hui. Alors bon
anniversaire voisine. N’oublie pas que 30 ans, c’est 20 ans + 10 ans
d’expérience. Dis-toi que tu es toujours aussi jeune. Bisous.
En me levant, la dure réalité de la vie me
saute aux yeux. Eh oui, aujourd’hui j’ai trente ans. C’est démoralisant.
Le message d’Ethan est le plus étonnant
d’entre nous, car je ne m’attendais pas à en recevoir un de sa part. Je ne sais
pas qui a bien pu lui dire que c’était mon anniversaire.
D’autres messages du même acabit suivent
les précédents. Mais aucun d’André, évidemment.
Depuis la scène chez Ethan ou plutôt sur
son pallier, je n’ai aucune nouvelle de lui. Tout passe désormais par sa
secrétaire pour ce qui est des factures ou par mes futurs mariés pour
l’organisation générale. Ce qui me convient très bien !
Entre temps, j’ai revu Franck à plusieurs
reprises. Nous avons été mangés au restaurant ou flânés dans des galeries d’art
que mon compagnon affectionne particulièrement ; nous nous sommes baladés
dans des jardins lors de ses pauses déjeuner, retrouvés autour d’un verre juste
pour discuter de nos journées. Bref, j’ai l’impression d’avancer doucement avec
lui. Un pas après l’autre.
Je ne veux rien brusquer. Après notre
premier baiser, je n’ai pas renouvelé l’expérience et visiblement, il semble
vouloir patienter lui aussi. Nous nous tenons au stade amical de notre
relation, si on peut l’appeler ainsi.
Je suis de plus en plus à l’aise à ses
côtés. Il me fait rire et m’étonne par toutes ses connaissances. Il est
d’ailleurs très bon pédagogue et j’en viens à aimer nos visites aux musées.
Nous apprenons à nous connaitre un peu plus à chaque rencontre et je ne l’en
apprécie que davantage.
Qui l’eut cru après notre première soirée
désastreuse ? Certainement pas moi.
Les filles sont toutefois encore un peu
sceptiques quant à ses intentions. Malgré tout, elles montrent moins de
réticence à parler de lui et à le voir selon mon point de vue. Je préfère
attendre que notre histoire évolue avant de retenter une soirée avec Astride et
Coralie. Allez savoir pourquoi.
Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Olivia
pour le dernier essayage de sa robe de mariée. Qui n’a pas été une mince
affaire à dénicher. Nous avons fait au moins une douzaine de boutiques avant de
trouver la robe. Mais je ne m’en plain pas car tout ce qui compte, c’est que
Olivia soit heureuse et satisfaite de son choix.
Nous devons nous rejoindre au showroom d’Anna
M, une référence dans le métier. Ses robes se vendent à prix d’or mais elles
valent largement leur coût. De plus, chaque robe est unique. Vous êtes sûres de
ne voir personne d’autre la porter un jour.
— Bon anniversaire ! me lance Olivia lorsqu’elle
m’aperçoit, l’attendant devant la boutique.
— Tu t’en es souvenue ? l’interrogeai-je, étonnée.
Je n’ai pas côtoyé énormément Olivia
lorsque j’étais en couple avec André. De par son âge d’une part, et d’autre
part car mon amoureux accaparait tout mon temps à cette époque.
— C’est… euh…eh bien… balbutie-t-elle, en rougissant.
Je lève un sourcil interrogateur, surprise
par sa réaction.
— C’est André qui m’en a parlé hier soir.
— Oh ! fis-je, stupéfaite.
Une pointe de satisfaction m’envahit à cet
instant. Ainsi, il avait pensé à moi. Ou plutôt à mon anniversaire.
Suis-je bête à ce point ? Je ne
devrais pas prendre plaisir à ce qu’il s’en souvienne, ni à ce qu’il pense à
moi d’ailleurs !
Nous avons mangé ensemble hier soir. Pour
parler du mariage, bien sûr, se justifie-t-elle, précipitamment.
Et vous en êtes arrivés à parler de moi…
suggérai-je, avec un sourire en coin.
— Evidemment puisque tu organises toute la cérémonie.
— Hum… acquiesçai-je. Nous entrons ? continuai-je,
en montrant la boutique, coupant court à ses explications.
La couturière nous accueille comme il se
doit. Les demoiselles d’honneur d’Olivia sont évidemment de la partie ;
sont donc présentes Caire, la sœur de Pierre mais aussi ses meilleures amies Tessa
et Hailey. Coupes de champagne et mignardises n’attendaient que nous pour être
englouties. Je m’en tiens à une coupe pendant que les filles les enchainent à
une vitesse alarmante.
— Vous devriez peut-être manger entre deux, leur conseillai-je.
— Je suis tellement heureuse, s’enthousiasme la future
mariée. Vous vous rendez compte, les filles, je vais me marier !
— Ce sera le plus beau mariage… commence Claire.
— Ce sera un mariage parfait, l’interrompt Hailey, qui
ne semble pas l’apprécier beaucoup plus que moi.
— Le mariage de l’année, ajoute Tessa.
Je les observe, conciliante. Elles ont
l’air de véritablement se réjouir pour la jeune femme.
— Si vous voulez bien me suivre, nous propose Anna. Nous
allons procéder à l’habillage de la mariée.
Olivia a choisi une robe en tulle ornée
d’un bustier en « V » tout en dentelle et d’un dos nu. La jupe
trapèze se termine par une traine courte. Anna l’aide à se parer et je dois
bien l’admettre, en toute objectivité, ma cliente est radieuse et magnifique.
— Tu es parfaite, Olivia, lui affirmai-je. Pierre sera
encore plus amoureux de toi qu’il ne l’est déjà.
— Plus amoureux de moi ? s’esclaffe-t-elle. Je
pense que c’est impossible.
— Vous êtes ravissante, mademoiselle, la complimente
Anna. Je suis heureuse que ce soit vous qui ayez choisi cette toilette. Elle me
tient particulièrement à cœur. Je sais désormais qu’elle a trouvé sa personne.
L’artiste semblait émue, en disant ses
mots et Olivia la pris dans ses bras, comme pour la consoler.
— merci à vous, pour ce chef-d’œuvre.
— Nous aussi, nous voulons voir, s’exclame la vois de
crécelle de Claire.
— Fermez les yeux, mesdemoiselles, ordonne la créatrice.
Préparez-vous à une grande surprise.
Et effectivement, lorsqu’Olivia fait son
apparition, ses demoiselles d’honneur sont scotchées. Les compliments fusent de
toute part, confortant Olivia dans son choix.
— Bien, dis-je pour reprendre le contrôle de ce
rendez-vous. Le maquilleur nous attend, et nous allons être en retard si nous
ne nous mettons pas en route rapidement.
— Tu as raison, Mélanie, comme toujours. Je vais me
rhabiller et nous y allons.
Nous quittons la boutique d’Anna après que
je me sois assurée que la robe sera directement livrée chez les Felton. Nous
nous rendons donc chez Ezra donc. Il sera chargé de maquiller et de coiffer la
mariée le jour J.
Aujourd’hui, Olivia passe entre ses mains
pour un essai coiffure et make-up. Elle sait déjà ce qu’elle veut et a même
amené des photographies tirées de magazines de mariage.
La jeune femme ayant des cheveux courts,
le chignon est d’emblée écarté par Ezra ceci d’autant plus qu’Olivia refuse
toute pose d’extension, préférant rester naturelle pour son futur mari. J’approuve
totalement ce choix.
— La fleuriste, que nous avons choisi nous a proposé de
créer une couronne pour compléter la coiffure.
— Quelle brillante idée, approuve le coiffeur. Pour un
mariage bohême, je suggère simplement de dégager le visage.
Lorsqu’Ezra a terminé la métamorphose de
ma cliente, je ne peux m’empêcher d’être bouche bée. Olivia est très jolie
naturellement mais là, elle est tout simplement divine.
Je l’imagine aisément dans sa robe, une
couronne des roses dans les cheveux, remontant l’allée au bras de son père.
Pierre en tombera à genoux, j’en mettrais mes mains à couper.
L’alcool et les émotions aidants, la
future mariée lâche quelques larmes, de pur bonheur évidemment.
— Mélanie, je ne sais comment te remercier…
— Me remercier ? gloussai-je. Etant donné que je
suis payée pour organiser le plus parfait des mariages, je pense que tu n’as
pas à me remercier.
Olivia rit à ma repartie, peu spirituelle
pourtant et nous en restons là.
— Tu es tellement belle, confirme Tessa. Pierre a bien
de la chance.
— C’est moi qui ai de la chance de l’avoir. Il est si…
parfait ! s’émeut, un peu plus Olivia.
— Non, non, non ! Pas de larmes, s’alarme Ezra !
Votre maquillage risque de couler et vous seriez alors affreuse ! Les
larmes sont interdites lors des essais et du mariage !
Nous prenons congé de notre
coiffeur-maquilleur. Avant, nous confirmons la réservation de sa matinée pour
la semaine suivant, en vue du mariage mais aussi des demoiselles d’honneur.
Olivia et moi devons encore discuter du plan de table et les filles doivent
terminer de planifier l’enterrement de vie de jeune fille de la future mariée.
— Vous êtes bien entendue conviée, m’assure Hailey.
— Je ne pense pas que ce soit…
— Interdiction de refuse, me coupe Tessa. Vous ferez
également partie des demoiselles d’honneur d’après ce qu’Olivia nous a dit.
— No… commençai-je.
— Mais si, nous en avions discuté chez André et tu avais
accepté, intervient Olivia.
— J’avais accepté de venir à la cérémonie en tant qu’invité,
et non pas en tant que demoiselle d’honneur.
— C’est du pareil au même, me contre la sœur de mon ex.
et puis, trois demoiselles d’honneur, c’est triste alors que quatre…
— Elle a raison, approuvent ses meilleures amies.
Seule Claire ne semble pas enchantée par
cette perspective.
— Il ne faut pas la forcer si elle ne souhaite pas… tente-t-elle.
— Que dis-tu Claire ? Mélanie est mon amis et plus
encore. Je dirais même qu’elle fait partie de la famille. Sa place est à mes
côtés, argue Olivia avec un sourire.
Claire ne pipe mot, mais son expression
est éloquente. Elle n’est pas du tout satisfaite de cet arrangement mais ne
peut rien dire, sans passer pour une mégère.
— On se voit bientôt dans ce cas, nous saluent Tessa et
Hailey.
Une fois chez les Felton, Olivia et moi
nous attelons à la répartition ou une grande tablée ?
— N’étant pas nombreux, j’avais pensé à une grande
tablée mais…
— Parfait ! C’est ce que j’aurais choisi également.
C’est ainsi que l’organisation commença :
Olivia et Pierre au centre, leur parents respectifs à leurs côtés.
— En face de Peter, Claire et Marc, son mari puis
Anthony, son frère et Alice, sa femme.
— Non. A côté de lui, ce sera toi.
— Moi ? Non, je ne pense pas que…
— Si, je veux t’avoir près de moi !
— Je… Enfin… En ce moment, André et moi…
— Il m’en a parlé mais je compte sur vous pour faire un
effort, me sourit ma cliente.
— Bien sûr, acquiesçai-je.
La réception risque d’être longue.