Des dessous d’un braquage
Ecrit par Marc Aurèle
Le sol se rompit sous mes pieds. Je semblais
me trouver sur un sable mouvant. J'avais envie de crier mais aucun son ne
sortait de ma bouche. Je hurlais mais ma bouche restait ouverte sans que rien
ne se fasse entendre autours de moi. J'essayais de m'accrocher à quelques choses
qui se trouvaient à portée de mes mains, hélas je n'en trouvais point. Mes yeux
tournaient dans leur orbite tellement je les ai écarquillés. Des images de
Jules et moi défilaient dans ma tête. Des flashback j'en avais plusieurs à la
suite de nous deux. Ma raison essayait de prendre le contrôle. Mais mon coeur,
trop contrit avait le dessus. J'étais si amer que la rage me fit valser contre
le mur, le verre d'eau que je tenais en main.
Sam Junior se mit à pleurer, nous ramena Ray
et moi à la réalité. Elle se leva, prit le petit dans ses bras et se dirigea
vers la cuisine.
-
Je
reviens... criais-je à mon épouse.
-
Tu vas
où? Attend... trésor?
Je m'en étais déjà allé. Les portes de l'ascenseur se fermaient au
moment où Ray sortait de notre salon. Ou est ce que je vais réellement? Je ne sais pas non plus. Le déclic
m'annonçait que je suis au hall d'accueil de notre immeuble. Je couru vers le
parking, entra dans ma voiture et la démarra. Je sorti sans laisser le temps a
l'agent de sécurité de régler ma circulation
pour mon passage. Je failli embouter une voiture qui passait. Je me
ressaisi et pris la direction de l'appartement de Jules. Il avait en fait pu
loger sa famille dans un duplex au quartier Cadjehoun non loin de l'église bon
pasteur. La range rover n'eut pas du mal à parcourir la voie de terre qui
passait derrière le domaine de l'Asecna. Je ne devais pas me plaindre mais bon
il est quand même temps que ce fameux projet de la route des pêches soit
achevé. Dans ma tête ça allait dans tous les sens. Je tournai la voiture pour
entrer dans la rue ou se situe le domicile de mon ami et là encore plus je suis
abattu. De loin, je pouvais voir Solange se jette à terre. Les voisins
couraient derrière elle pour la retenir en vain. Elle était comme folle. Je
stationnai un peu plus loin, pris mon courage à deux mains comme le dirait
l'autre pour prendre désormais mes responsabilités. La foule était parvenue à contenir
Solange. Les femmes essayaient tant bien
que mal de lui arranger sa robe qui était parti en lambeaux. Un adulte avait pu
la retenir des deux bras. Je crois au son regard et je senti une lueur dans ses
yeux. Je m'approchai et la prit dans mes bras. Les autres se dégagèrent et nous
fit de l'espace. Sans mots dire, je la conduisis
à l'intérieur de la maison. Le salon de Jules était rempli de voisins tous
curieux les uns plus que les autres.
-
Merci de
sortir s'il vous plaît.
Je venais de réaliser que le moment n'était
pas aux pleurs mais au courage et à la bravoure. Je pris mes responsabilités et
fit de l'espace dans un siège avant d'asseoir la désormais veuve de mon
meilleur ami. Du regard je cherchai les enfants qui étaient tous les trois
recroquevillés dans un coin du salon.
Julien, Sylvain et Sam respectivement six,
cinq et quatre ans avaient les yeux embués de larmes. Avaient ils compris ce
qui se passait? Quelle compréhension ces êtres innocents avaient de la
situation actuelle? Jules avait laissé une chambre pour les garçons et je pu
les traîner dans ce quasi sanctuaire masculin. Un petit poste téléviseur avec
un magnétoscope combiné était posée sur une table basse. Je la mis en marche et
une série de cartoons se mit à passer à l'écran.
- Restez ici mes champions. Que personne ne sorte jusqu'à mon retour.
D'accord? L'interrogation sonnait fausse
dans ma tête. Mais je la posais quand même à des enfants qui vraisemblablement
ne pouvaient que répondre "oui". Ils s'étaient exécutés malgré eux,
la fièvre de la curiosité les brûlait,
l'inquiétude de l'état de leur mère les assommait, mais à mon injonction
ils avaient dus se plier.
J'avais refermé la porte derrière moi pour
rejoindre le salon. La foule avait diminué. Je pouvais distinguer un des frères
de Solange assis à ses côtés, je ne connaissais pas vraiment les membres de sa
famille, mais je pouvais aisément comprendre que son père et sa mère étaient
assis parmi ceux qui étaient là. Je vis un homme d'un certain âge se lever.
-
Merci à
vous tous pour la sollicitude. Mais permettez nous de discuter en famille.
Il
s'adressait ainsi aux voisins et autre curieux qui alerté par les cris de
Solange ou qui ayant vu la photo de Jules à la télé, venait confirmer
l'information. Le salon se vida de près des deux tiers de ses occupants.
L'homme tout en parlant avait éteint le poste téléviseur et avança vers la
porte pour la fermer. Nous étions à présent au nombre de six. Le père, la mère
et le frère de Solange, la plus petite des soeurs de Jules, l'homme qui venait
de parler et moi même.
-
Fofo,
que devons nous faire à présent? L'homme venait de nous rejoindre dans le salon
et s'adressait au père de la veuve.
-
Humm,
zacharie, seul Dieu sait. Il faut que je sache moi même pour te dire.
-
Il faut
qu'on appelle l'entreprise pour mieux comprendre déjà ce qui s'est passé.
Fis-je en me levant.
Je pense que ce qui s'est passé mérite une enquête et même si nous
devons prendre sur nous de boire le vin de la mort de Jules, je trouve trop
étrange les circonstances de ce braquage. Je...
-
C'est
vrai mon fils, je me demande pourquoi, c'est lui qui à convoyé l'argent, alors
qu'il n'est pas du service financier encore de la sécurité. Je suis d'accord,
on doit se rapprocher de son entreprise.
Le père de Solange venait de prendre la parole. Il regarda tout un
chacun de nous avant d'ajouter.
-
Maman
Solange, tu vas rester ici avec ta fille de même que foovi. Atagan et le tonton
Sam vont m'amener à la Financière des Institutions. Il faut qu'on aille
comprendre ce qui nous arrive. Tchoooo. ..
Il mit les deux mains sur la tête et se dirigea vers la sorti. Son
grand frère lui emboîta les pas et je du faire pareille. Je vis le jeune frère
de Solange nous suivre pour refermer la porte des que je l'ai franchi. Mon
téléphone sonna, c'était Ray qui voulait savoir où j'en étais. Je la rassurai
et lui fit un point de la situation avant de mettre en marche ma voiture. Les
deux hommes avaient déjà pris place et nous nous rendîmes au siège de
l'institution de micro finance. Un attroupement se trouvait également en ce
lieu et même une voiture de la police dont le gyrophare tournait était garée
là. Je me fis une place au parking et tous les trois nous sommes entrés dans
l'immeuble. Un agent de sécurité s'était rapproché de nous et nous conduisis
vers le bureau du directeur. Il était en pleine discussion avec les inspecteurs
de police, les voix s'élevaient et il était évident que la tension était à son
comble. Je fis une tentative ultime d'entrer dans le bureau.
-
Vous
m'excusez, je suis un parent de Jules, l'une des victimes du braquage.
-
Ah,
entrez on cherchait justement à vous contacter.
Fit l'un des
inspecteurs qui se retourna vers moi. Son crâne brillait. Il tenait en main un talkie-walkie.
Ses veines étaient à fleur de peau. Sur sa tempe, les nerfs étaient vifs et on
pouvait en percevoir les battements. Du haut de ses un mètre soixante quinze,
il avait une musculature ferme qui se dessinait aisément dans le t-shirt noir
qu'il portait. Son arme de service se trouvait à sa taille ainsi qu'une paire
de menottes dans leur étui.
-
Inspecteur
général Rock AHO du commissariat central de Cotonou. Nous avons été contacté
par nos homologues de zogbodomey et nous savons de source sûre qu'il s'agit
d'un coup monté et même que les malfrats sont poursuivis actuellement par nos
éléments. Toute information pourra nous être bénéfiques pour faire avancer nos
investigations.
Je le regardais et plus il parlait et plus je sentais une confiance que
mon frère ami ne s'en irait pas en vain. Je fis alors entrer les parents de
Solange et nous nous installâmes avec le groupe.
-
Nous
avons déjà une piste, fit le second inspecteur qui était là.
-
Exactement,
actuellement une autre équipe est entrain de perquisitionner la maison du
comptable car tous les recoupements nous ramènent pour le moment à lui.
-
Ne dites
pas ça s'il vous plaît, c'est
impossible? Lança le Directeur en tapant sur la table. Il est l'un de mes plus
loyaux collaborateurs, c'est un homme intègre et très rigoureux...
-
Vous
serez désabusé quand vous verrez que ceux qui sont derrières les barreaux
n'étaient pas toujours des modèles de vices, mais des modèles de vertus.
Répondit le second inspecteur.
Rock
enchaîna aussitôt.
-
Nous
étions entrain d'enquêter sur un groupe de malfrats et nous pouvons vous dire
déjà qu'à deux reprises cette semaine, votre comptable en question a pris
contact avec eux. Comment expliquez vous cela?
Aucune réponse ne suivie la question de l'inspecteur qui se dirigea
vers la sortie.
-
Pour le
moment monsieur le Directeur, vous allez devoir nous suivre, dans un premier
temps pour faire votre déclaration et aussi pour aller à la morgue reconnaître
les corps, en particulier celui de votre chargé se clientèle. Il prit son
téléphone qu'il porta à l'oreille.
-
Merde le
salaud avait prévu son coup... ok pas grave revenez à la base nous sauront
comment procéder.
Il raccrocha et se tourna vers le Directeur d'un air résolu.
-
Dites moi
encore combien il est loyal et intègre votre comptable?
-
Mais,
inspecteur je peux...
-
Non mais
quel idiot celui là. Donnez votre tête à
couper pour quelqu'un qui a vidé son appartement juste pour une semaine de
vacances. On y va, et arrêtez avec vos balivernes.
L'inspecteur Rock venait d'infliger à l'homme
qui essayait de garder raison, la sentence irréversible.
Le comptable devrait être effectivement mêlé
au braquage et tout porte à croire qu'il ne pouvait en être autrement. D'abord
prendre contact avec des braqueurs puis prendre des congés et vider son
appartement. Autant d'éléments qui confortèrent la position de la police.
Suivre ce groupe pour reconnaître Jules ne
fut point aisé, mais il fallait le faire. Il sonnait treize heures quand nous
nous sommes nous sommes revenus au domicile de Jules. Son père, sa mère et ses autres sœurs étaient
là. Une lune de miel transformé en lune de fiel dira t-on. Les échanges furent
au sujet de comment s'occuper des enfants et de l’organisation des cérémonies
pour inhumer Jules. On ne pouvait point trainer, car il avait reçu une balle
dans le thorax. Pourquoi n’avait il pas de gilet par balles me diriez vous,
hélas non, le fourgon ne devais contenir plus de deux occupants. Aucun autre
passager n’était autorisé à y entrer.