Désillusion
Ecrit par Saria
***Manu***
J'étais à la cuisine avec ma tante, ce matin. Aucune de nous ne parlait, nous travaillons dans un silence pesant...Je l'aidais puisque je ne travaille plus ici. La porte s'ouvrit sur Yann, il avait une tête à faire peur. J'ai continué à ranger la vaisselle de la veille, sans un regard pour lui jusqu'à ce que j'entende Auntie dire
- je vous laisse...je crois que vous avez des choses à vous dire
Moi : Auntie non! Ce n'est pas nécessaire
Auntie : Si ma fille...surtout que tu pars dans quelques heures...
Yann : Comment ça tu pars dans quelques heures?
Moi : Je retourne à Accra dis-je dans un souffle...je suis virée
Yann : Non non! Je...non! Bébé laisse moi t'expliquer il faut que tu m'écoutes.
Moi : Je t'écouterai si tu réponds à ma question
Yann : ok
Moi : La fille d'hier c'est ta petite amie?
Yann : Oui...mais
Je sentis mon cœur se briser et tomber dans mon estomac. Je lève les mains
Moi : Stop ! Il n'y a pas de mais qui tienne! A quel moment tu as pensé me le dire?! Quoi tu voulais te faire la domestique de ta mère? C'était quoi? un caprice de fils à papa?!Bah c'est fait maintenant tu peux passer à autre chose...tu peux retourner à ta poupée barbie.
Yann : Honey s'il te plaît...ce n'est pas ce que tu crois...je comprends que tu souffres mais donne moi une chance.
Moi : Je rentre chez moi...et merci pour l'expérience dit-elle en étouffant un sanglot.
***Yann**
Je la regarde sortir de la cuisine, impuissant. Lentement je pose mes deux mains sur ma tête. C'était un piège! Oui ma mère ! Je n'ai rien vu venir et je n'ai pas pu protéger mon amour de l'humiliation. Une rage sourde me prend, il faut que je sorte d'ici...Je vais chercher mes clés en redescendant je croise mon père. Il me regarde et là je m'effondre, il me serre contre lui
Papa : ça va aller fils
Moi : Putain! Papa je l'ai perdu...elle s'en va!
Papa : je sais fils mais il faut lui donner du temps...laisse la partir elle a besoin d'espace et de temps pour digérer tout ce qui s'est passé hier. Tu pourras parler avec ta mère de...
Moi : Ne la mentionne pas dis-je avec colère. Comment a - t-elle pu? C'est la femme que j'aime. Maman ne m'a pas parlé, elle ne m'a pas permis de lui expliquer. Manu était condamnée d'avance n'est-ce pas? Ses origines l'ont condamné. Je croyais que vous m'aviez élevé mieux que ça! Papa, le projet que le conseil a approuvé eh ben c'est elle qui l'a monté du début jusqu'à la fin. Je suis juste venu le présenter. Tu diras à ma mère chapeau bas! J'espère qu'elle épousera elle-même sa chère Katia pourrie gâtée qui ne sait rien faire de ses mains et de son cerveau que dépenser l'argent gagné durement par d'autres personnes ! En me retournant je croise ma mère à la porte elle a tout entendu. Et puis ooh là lâchez moi qu'elle entende, ça lui apprendra à se mêler de la vie des gens. Je sors de la maison comme une furie en faisant crisser les pneus de ma voiture.
J'arrive au bureau je m'enferme. Je ne voulais voir personne. Ma porte s'ouvre avec fracas. Je regarde Olga ma secrétaire toute affolée
Olga : Monsieur, je n'ai pas pu l'arrêter je lui ai bien dit que vous n'étiez pas là.
Moi : Ça va Olga je gère
***Katia***
Hum monsieur me trompe et c'est lui qui fâché. tchrr! On aura tout vu, heureusement que sa mère a tout compris. J'ai eu raison de l'avoir alerter. Il m'observe renversé dans son fauteuil, les pieds sur son bureau. Je me savais jolie, et oui je suis une belle métisse aux yeux bruns, avec de belles mensurations. Mon père est ministre d’État dans l'actuel gouvernement voilà pourquoi je vous ai pas donné mon nom jusque là. J'avance d'une démarche chaloupée pour lui faire un bisou, il se détourne et dit d'un ton hargneux
Yann : N'y pense même pas! Tu te crois où là?!
Moi : Mais chéri
Yann : Ne m'appelle pas ainsi...Katia comment dois-je te faire comprendre que toi et moi c'est fini!! Quelle partie de la phrase tu captes pas? jusqu'ici j'ai été très patient avec toi.
Moi : Hé! Baisse d'un ton! Tu sautes la domestique de ta mère et tu me cries dessus pourquoi! Yann une fille du ruisseau tu m'as bien regardé? fion fion fion tu crois que c'est fini? Parce que qui l'a décidé? On est ensemble mon doudou. Et ta boniche je vais l'écraser. Reprend-toi bon sang, tu es un Da Silva!
Yann : Sors d'ici! Immédiatement avant que je n'appelle la sécurité! dehors hors de ma vue.
J'ai sursauté et j'ai pris mes jambes à mon cou. Cette fille lui a fait du gbotémi (envouter), Yann ne m'avait jamais parlé comme ça et jamais je ne l'ai vu dans cet état.
***Un mois plus tard***
***Marielle Da Silva***
Ma vie est infernale en ce moment, cela fait un mois que Yann ne m'adresse plus la parole, il est venu 2 ou 3 fois à la maison depuis le départ de cette fille. Hum la seule fois où j'ai essayé de me plaindre René m'a remise à ma place. Mais j'aurais fait quoi? laisser mon fils à une arriviste? Je voulais protéger mon bébé?
Je me prépare rapidement et prend ma voiture directement la "Haie Vive".
***Yann***
Ça fait 10 mn que quelqu'un sonne je n'ai aucune intention d'ouvrir, je me disais que la personne finirait pas partir mais non! Elle insiste, je vais virer ce malotru aussi sec!!! Bon sang, il n'est que 10 heures du matin. J'ouvre d'un geste impatient
Moi : Maman!?
Maman : Bonjour mon bébé
Moi : Hum...c'est toi
Je me faufile rapidement dans l'appartement avant qu'il ne vire...il a beaucoup changé ces derniers temps, je ne le reconnais plus. Un désordre indescriptible règne à l'intérieur.
Maman : Je voudrais qu'on parle...de ce qui nous arrive, je...
Moi : Tu parles de quoi exactement? Quand tu t'es permis de te mêler de ma vie? ou de quand tu à humilier la femme que j'aime? ou ooh de la fois où tu la fais renvoyer à Accra?
Maman : chéri c'est pour ton bien
Moi : Stop! J'ai 25 ans bon sang, c'est ma vie, j'ai le droit de faire mes choix! tu aurais dû m'en parler! Je l'aime maman et sans elle je ne sais pas ce que je deviens...Je suis le fils de mon père l'homme d'une seule femme. maman tu devrais le savoir! J'ai été un bon fils, combien de gosse de riche tu connais dans Cotonou qui ont réussi! fais des études, ne se drogue pas, ne sont pas dans des affaires scabreuses. J'ai tout fait pour être le bon fils pour toi. Et toi tu détruis ce qui m'est cher.
Maman : S'il te plaît
Moi : Je suis tellement déçu!! je te croyais de mon côté!
***MDS***
Mon Dieu! la douleur de mon enfant, je suis sortie mal en point de notre échange...jamais il ne me pardonnera ça! Jamais!