Destroy

Ecrit par RIIMDAMOUR


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Ho I wanna dance with somebody
I wanna feel the hit with somedy
Oh I wanna dance with somebody
With somebody who loves me.

Nous étions entrain de dancer sur du Withney Houston.
Enfin...j'étais entrain de danser sur du Whitney Houston.
Amine lui, était assis en face de moi et me regardait me trémousser en s'esclaffant de temps en temps.

-Viens danser avec moi. Lui dis-je en m'agitant devant lui.

Il prit une gorgée de jus de bissap et secoua la tête, en signe de refus.

-Allez, viens. Insistais-je.

Il secoua encore la tête.
Là, je fis ce que je faisais de mieux c'est derniers temps: le faire tourner en bourrique.


- Tu veux pas briser le cœur de ta pauvre petite femme enceinte, dis moi? Demandais-je en prenant une petite mine tristounette. Parce que tu sais, le médecin il a dit que je ne devais avoir aucune contrariété. C'est pas bon pour le bébé.


- Et là, t'es contrariée? Demanda t-il, imperturbable.


- Oui, très.


Il éclata de rire et se leva, à mon plus grand bonheur.
On passa les minutes suivantes a danser sur Man in the mirror de Michael Jackson, puis sur More than a woman du même auteur.
J'étais tellement bien, au milieu du salon, avec ce Amine 2.0.
Car oui, il avait changé.
Non, il n'était plus le même depuis qu'il savait pour ma grossesse.
Il manifestait une bonne humeur déroutante. Fini les excès de colère, fini les reproches à n'en plus finir.
Dorénavant, c'était moi qui piquait des colères noire et lui qui me calmait.
Cette situation m'allait trop bien et j'avoue que j’exagérai un peu.


Il est vrai que les hormones me faisaient perdre la tête de temps en temps mais mon mari gérait bien.
Mon ventre était devenu plus rond et plus voyant.
J'avais donc refait ma garde robe avec des hauts très amples et des robes en wax, genre à la gabonaise. Il était hors de question que tout le monde sache que j'étais enceinte.
Question de prudence et de superstition aussi.

Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais peur que ça se sache.
Voila pourquoi au restaurant, je restais tout le temps aux cuisines, sous le regard protecteur de Alain a qui j'avais annoncé la nouvelle, en guise d'explication pour mes accès de colère, et mes hauts le cœur quand je sentais l'odeur de quelques nourriture.

Tout allait très bien dans ma vie, sauf que je recevais encore ces lettres.
Avec le temps, j'avais réussi à ne plus les voir comme des lettres de menaces, mais des mises en garde.
Et je ne m'en moquai pas, j'étais devenue beaucoup plus prudente.
Je me faisais conduire partout où j'allais par un chauffeur qui assurait ma sécurité par le même temps.
J'étais même, comme qui dirait paranoïaque.
Mais bon...


Josée avait refait surface.Mais ce n'était pas la Josée que je connaissais.
Celle-ci me semblait si préoccupée qu'elle ne remarqua pas mon ventre que je ne pris même pas la peine de lui cacher.
Elle avait l'air complètement à l'ouest. Comme excuse pour sa très longue absence, elle m'avait expliqué que son père était très malade, sans entrer dans les détails.
Je ne savais vraiment pas si c'était vrai, mais je lui accordais le bénéfice du doute.

Pourquoi douter d'elle après tout?

Les choses entre nous avaient changé, elles étaient devenues électriques.
Primo, parce que je ne lui pardonnais pas si facilement cette fois ci. Elle avait l'habitude de disparaître des mois et revenir pépère, comme une fleur, et je lui en tenais pas rigueur.
Mais cette fois là, ça me restait en travers de la gorge.
C'était vraiment trop facile de disparaître et réapparaître du jour au lendemain sans donner d'explications.
Ne savait elle donc pas que je m’inquiétais pour elle?
S'inquiétait elle seulement pour moi?

Secundo, il avait quelque chose d'alarmant dans son attitude, ses gestes...
Elle avait le regard fuyant et les gestes mal assurés, comme quelqu'un qui aurait honte.
C'était normal qu'elle ait honte vu les circonstances, mais là c'était vraiment bizarre.
Elle était très nerveuse.

Elle avait fini par me dire:


- Milou, je dois te parler de quelque chose de très important.

J'allais servir une réponse acerbe quand Amine est arrivé.
Elle a du rentrer, se sentant sans doute de trop. Ils ne se supportaient toujours pas.

J'ai trouvé son attitude tellement étrange.
Mais bon,  les délires de Josée.

              *************

Banina était passée me voir à l'improviste. J'étais entrain de faire des négociations importantes avec les représentants de Furwell.
Mon amie Lalya et son patron étaient dans mon bureau pour les dernières formalités.

Nous allions signer un contrat très important pour mettre toutes mes exploitations agricoles sous leur tutelle.
Je m'étais lancée dans un nouveau domaine: la transformation alimentaire.

J'avais récupéré toutes les terres que j'avais hérité de mes parents et qui étaient pour la plus part à l'abandon depuis des années.
J'ai attribué chaque parcelle à des fermiers et des agriculteurs.
C'était très coûteux de financer chacun mais le jeu en valait la chandelle, puisque j'ai disposé des conseils du meilleur dans le domaine de investissements: mon mari.
J'avais créé au moins deux cents nouveaux emplois et une marque de produits bio sans conservateurs.
Les affaires allaient plus tôt bien.

J'avais rejoint Banina dans la salle VIP avec la ferme intention de retourner au plus vite voir mes futurs associés.

Elle avait la mine grave et sérieuse.

- Milouda, tu devrais t'asseoir vu ton état. Ce que j'ai a te dire n'est pas très facile à digérer.

Elle avait carrément réussi à m'inquiéter.

- Voilà, commença t-elle. Ces temps-ci je me suis intéressée à la raison pour laquelle ton amie traîne avec ta belle-mère. Tu sais, ils ont encore eu une "rencontre" cette semaine Puisque je n'avais pas de pistes, j'ai commencé à fouiller dans les revenus de ta copine. Un ami à la banque qui me devait un service à creusé pour moi et il a découvert que cela fait plusieurs années que Josée reçoit de l'argent de ta belle-mère. Des sommes très importantes... chaque mois.

Mon monde s'est effondré.
Je agrippais à la table pour ne pas tomber.
Ma tête commençais à tourner et bien que j'eus envie de poser des tonnes de questions à Banina. Mais je ne pouvais pas parler.

Josée recevait de l'argent de Safiètou.
C'était la seule information qui passait en boucle dans ma tête.


Rien que le fait que mon amie voit cette femme, ça me met dans un de ces etats, mais j'apprends en plus qu'elle lui donne de l'argent. En foi de quoi?

Pour moi, Safietou était mon ennemie numéro 1. Tous ceux qui connaissaient Safietou et étaient proche d'elle étaient mes ennemis aussi.
"L'ami  de mon ennemi est mon ennemi"


- Tu vas bien Milouda? S'inquiète Banina.


Je fis signe que oui.

Le reste de la journée, je la passai dans mon bureau, le coeur lourd, les pensées mêlées.

Une fois chez moi, j'envoyais un texto à Josée pour lui demander de me retrouver à la maison et que c'était urgent.
Elle arriva environs une heure plus tard.
Heureusement que Amine n'était pas encore rentrée.

Je lui demandais d'une voix blanche dès qu'elle s'assit.


- Pourquoi tu reçois de l'argent de Safietou tous les mois.?


Elle ouvrit grand ses yeux, la mine étonné.



- Répond moi,Josée.

Elle s'approcha de moi en tendant les bras vers moi.


- Milou je...Je peux t'expliquer. Laisses  moi t'expliquer. Dit elle en essayant de me toucher le bras.


- Ne me touche pas! Hurlais-je en me levant. Waxal té boulma laal.


- Expliques moi, Josée. Yaw rekk laay deglou. (Je t'écoutes). Lui dis-je en reprenant place dans mon fauteuil, essayant désespérément de calmer mes nerfs que les hormones de grossesses échauffaient.

Elle se prit la tête entre les mains.


- C'est pour mon père. Dit-elle d'une voix tremblante. Il est malade et il avait besoin de soins...


Je ne la laissais pas terminer


- Tu vas quand même pas me faire croire que ton père n'a pas de quoi se faire soigner. Remarquai-je.


- C'est le cas Milouda. Il est ruiné depuis plusieurs années maintenant. On a même perdu la maison. Je n'ai pas pu rester les bras croisés.


Je secouai la tête. Je n'arrivais pas à y croire.

- Et ton frère? Ta mère?  Ils ont laissé ton père dans la misère?


Elle effaça une larme de sa joue.

- Ça fait cinq ans que je n'ai aucune nouvelle de maman et Julian se fiche que papa soit mort ou vif.


Elle se tut pendant quelques secondes et j'en profitait pour mieux la considérer.
Elle avait comme qui dirait vieillie, des cernes; non des valises; sous les yeux, le visage blême, le regard fuyant et mouillé.

J'étais tellement, tellement en colère. Je n'arrivais pas à réfléchir. J'avais juste envie de les massacrer elle et Safietou.


- Milou, je te jure que je n'ai jamais voulu te nuire. Mais cet argent j'en avais vraiment besoin. Dit elle d'une voix très faible.


- Tu n'avais nulle autre part où trouver de l'argent? Tu me prends pour une idiote ?


Je commençais réellement à m'énerver.

- Je te jure sur la tête de mon père que Safietou était mon dernier recours ... Mon père était endetté jusqu'au cou. Plus personne ne voulait lui prêter de l'argent. Les banques, ses amis, tous refusaient de lui prêter de l'argent. J'ai fini par vendre tout ce qu'on avait.


Je ne savais plus où j'en étais. J'étais perdue, entre la douleur et la colère.
J'avais mal de me dire qu'elle avait traversé tout cela sans rien m'en dire. Ne me faisait elle pas confiance?


- Pourquoi m'avoir caché tout ça?
  Elle faisait les cent pas dans le salon. Elle avait l'air de chercher ses mots.


- Tu avais tes propres soucis. Ça aurait été égoïste de ma part de t'accabler avec les miens. Expliqua t-elle.


-Sérieusement? Ironisais-je.


- Oui. Sérieusement. Tu n'étais  plus toi-même. Tu étais tellement malheureuse que tu ne remarquais pas que j'avais changé moi aussi. Tu étais tout le temps dans ta petite bulle, fuyant le Monde extérieur comme la peste.

J'éclatais de rire.
Pourquoi? Je n'en sais rien.
Les hormones sans doute mais le fait est que j'avais marre de cette conversation.


- Rhoo, tu essaies de me faire culpabiliser là. Ça ne marche pas ma cocotte. C'est vrai que tu avais bien changé. Tu te saoulais du matin au soir en couchant de droite à gauche Josée!

Mon amie ne fut même pas blessé par ma remarque.


- Et dis moi, tu n'a pas songé que je pourrais te dépanner.

- Mais tu n'avais pas le sou! Ton argent était géré par Safietou. Hurla t-elle. T’étais même pas majeure, tout ce que tu avais, tu le lui avais piqué;


À chaque que j'entendais le nom de Safietou j'avais envie de casser quelque chose.

J'allais répliquer quand Amine fit son entrée.
Il me jeta un régal inquiet quand il vit Josée. J'avais passé les jours précédents à me plaindre à lui au sujet de ma meilleure amie lui dis an tour le bien que je pensais d'elle et au fait qu'elle ne se fichait même pas de mon existence. Il savait a quel point je lui en voulais, mais il ne savait pas tout.

Il nous salua puis me demanda si tout allait bien. Je le rassurais que oui.
Et dès qu'il quitta la pièce pour aller se reposer dans notre chambre, je continuai en ces termes.


- Je n'ai plus qu'une seule question a te poser Josée. Cette femme te donnait de l'argent en échange de quoi?

Elle baissa les yeux en se tordant les doigts.

- Réponds moi Josée. Lui dis-je en m'approchant d'elle. Je connais cette sorcière, elle ne fait jamais rien gratuitement. Alors réponds moi.


- Elle... Elle me demandait de te...surveiller. répondit-elle en pleurant. Elle voulait savoir tout ce que tu lui cachais. Elle me demandait de lui dire quand tu sortais, ou tu allais, avec qui... Je te jure que je ne lui disais pas tout. Elle... j'étais obligée sinon je ne recevais pas de l'argent...

Là, je compris enfin.
Cette réponse me fit penser à des événements particuliers auxquels je n'ai jamais eu réponse.
Comme toutes les fois où j'ai été prise en photo a des moments ou personne ne savait que j'étais sortie.
Safietou savait toujours ce que j'allais faire avant que je ne le fasse. Tout simplement parce que la personne à qui je disais tout s'empressait d'aller tout lui raconter.
Un jour que j'allais fuguer (oui j'avais fait une valise à la hâte, et j'étais sortie en secret, il devait être trois heures du matin), j'ai été bombardée de flashs dès que mon pied se posa dehors. Un journaliste m'attendait là, devant chez moi.
J'ai été tellement effrayée que j'ai rebroussé chemin.
Les photos de moi entrain de m'enfuir de chez moi ont fait la une pendant plusieurs jours.
Ainsi que celles d'une fois où j'étais allée récupérer Josée à une boîte de nuit.
Elle était bourrée.
Toutes ces fois je me suis demandait comment ces photographes faisait pour toujours être au bon endroit au bon moment.
Si seulement je savais que c'était ma meilleure amie qui informait Safietou.

En ce moment là, au milieu de notre salon, je fus prise d'une si grande colère que je ne réfléchissais plus.
Je me suis jetée sur Josée pour la taper de toute mes forces.
J'en avais même oublié mon état.


- Salope de merde! Comment t'as pu me faire ça?  Après  tout ce que j’ai fait pour toi. Disais-je en la rouant de coups. Je te faisais confiance. j'étais prête à te confier ma vie. J'étais prête à donner ma vie pour toi? T'es qu'une sale pute qu'on achète avec de l'argent.


Amine avait du être alerté par nos cris car il se présenta dans la minute pour nous séparer.

Josée avait l'air effarée. Et pour cause, elle ne m'avait jamais vu dans un état pareil. Sa coiffure était ruinée, sa peau toute rouge a cause de mes coups et ses habits déchirés.


- Dégage! Sors de ma maison. Je ne veux plus jamais te voir. Hurlai-je hors de moi tandis que mon mari tentait de me retenir.


Elle partir, non sans m'avoir jeté un regard rempli de tristesse.

Je m'effondrai dans les bras de Amine dès qu'elle fut hors de ma vue.
 
Ce dernier employa toute sa bonne volonté à  me calmer, mais j'étais anéantie.
       *************

Josée

Je crois que je ne me suis jamais sentie aussi mal. Même quand ma mère est partie, ce n'était pas aussi dur.

Dès que je suis sortie de chez les Aïdir, j'ai arrêté le premier taxi qui s'est présenté à moi.
J'ai donné au chauffeur l'adresse de la seule personne sur qui je compte désormais, la seule capable de m'apaiser.
Kevin O'Hara.
C'est devenu un automatisme d'aller me réfugier chez lui quand je vais mal. Cet homme a une capacité d'écoute incroyable.

Aujourd'hui je me sens tellement mal que je ne songe pas à mon apparence.
J'ai des bleus partout, les cheveux ébouriffés et les vêtements en lambeaux.
J'aurais pu me défendre quand Milouda m'a attaqué, je suis bien plus grande et plus robuste qu'elle mais, je me suis laissé faire.
Je trouve que c'est un juste retour des choses après le mal que je lui ai fait.
Je me suis sentie extrêmement malheureuse toutes ces années où je lui mentais. Je me sentais lâche.  Je me sens toujours aussi lâcher...

Quand le taxi s'arrête devant chez lui, je me dirige vers la porte et sonne machinalement.
Quand il m'ouvre la porte, je vois à son regard que je n'ai pas bonne mine.
Je dois avoir l'air affreuse, mais Kevin, bien qu'ayant remarqué mon état ne dit rien, il me prend par la main et me fait entrer avec lui dans son appartement.
Il a juste fallu que je pose mes fesses sur un fauteuil pour éclater en sanglots.
J'ai tellement mal.
Kevin me prend dans ses bras et je me laisse aller contre son torse.
Il me laisse pleurer tout mon soul pendant cinq bonnes minutes avant de me tendre un paquet de kleenex.
Je me sens un peu mieux quand il me tend une tasse de thé bien chaude.


- Hey , beauty! What's wrong? Dit il quand j'arrête de pleurer.


Je sais que je peux lui faire confiance. J'ai besoin de me confier. Mais comment me jugera t-il? Je ne doute certainement pas de son esprit de dépassement mais me comprendra t-il?
J'ai fait tellement de mauvaises actions ces dernières années que j'en ai honte.
J'ai tellement honte.


- Est-ce que je peux te dire ce que j'ai sur le cœur sans que tu me déteste? J'ai fait tellement de mal.

Il me sourit de son air bienveillant.


- Josée, parle moi.

Alors sans réfléchir je lui raconte tout. Depuis le début. Je confesse tous mes péchés, tout le mal que j'ai fait à Milouda.
Je lui dis toutes les conneries que j'ai faite pour oublier mes erreurs, mes coucheries, tous les trucs que j'ai fumé...

Il m'écoute parler pendant de très longues minutes sans rien dire. Je sens juste son regard marron sur moi, je n'ose croiser ses yeux. Quand j'ai fini, il me dit juste d'un air détaché en se levant:

- Je t’apporte des vêtements et après je t'emmène quelque part.

Je me demande si c'était une bonne idée de tout lui dire. Il n'a aucune réaction visible.
Mais je ne regrette pas.
Je ne regretterai jamais quoi que ce soit ayant un rapport avec lui.
Sauf peut être, de ne l'avoir pas connu plus tôt.
Je me souviens de notre rencontre comme si c'était hier. Et c'est sans doute l'une des meilleures choses qui me soient jamais arrivées.

Flashback

J'avais cherché un boulot partout dans la ville mais vu mon passé, personne n'a voulu m'engager.
J'en avais marre de recevoir de l'argent de cette vieille psychopathe de Safietou, surtout que papa allait beaucoup mieux, mais nous étions toujours sans le sou.
J'aurais pu demander de l'aide à Milouda, mais le peu de fierté qu'il me reste m'en empêchait.

J'ai fini par trouver un petit quelque chose.
C'est mon ami Tony qui avait appris de son collègue Samba que la sœur de leur patronne Khady avait une amie qui cherchait quelqu'un pour garder les enfants de sa soeur.
Vous voyez le topo hein... Le truc du je connais quelqu'un qui connait quelqu'un.

J'ai donc été employée en tant que baby-sitter.
Je ne vous dis pas, ce fut le pire job de toute ma vie, bien qu'il fut très bien rémunéré.
Je ne suis pas douée avec les gosses, c'est un fait, mais avec ces enfants là, c'était une torture. Autant pour eux que pour moi.
Et leur mère était souvent absente pendant des jours, leur père, ce pervers adultère ne se souciait même pas de leur existence.
Ils étaient quatre, deux filles et deux garçons.
Les filles étaient assez faciles à cantonner, il suffisait juste de les mettre devant un film Barbie.

Mais les garçons, ces deux petits diables, c'était une toute autre histoire. Ils se battaient du matin au soir.
C'est ainsi qu'un soir vers 15 heures je suis partie en catastrophe chez leur pédiatre parce que l'un des garçons avait jeté une assiette sur la tête de son frère. Résultat, ce dernier a eu l'arcade sourcilière ouverte.
Mon dieu la peur que j'ai eu. Surtout que les autres ne cessaient de crier.
J'ai rapidement conduit le gosse en urgence.
J'ai remarqué écrit sur la porte du bureau : Docteur O'hara.
Mais je n'ai pas fait attention.
J'ai su qui il était dès que j'ai posé les yeux sur lui.

Milouda n'avait pas cessé de me le décrire pendant des mois.
Et cependant, quelles étaient les chances pour qu'il existe à Dakar deux Kevin O'hara métisse,grand comme pas deux avec des cheveux hyper bouclés?

Il a consulté le petit sans que je ne le lâche des yeux.
Je le trouvais vraiment.... ouah!
Sexy à mort.
My god!
Milou avait bien raison de le comparer à un Dieu grec.

Vous auriez du me voir. J'étais toute silencieuse, toute timide, pour la première fois de ma vie.
Il a emmené le petit au soins puis m'a donné rendez-vous une semaine plus tard.
Cette fois là je ne me suis pas présentée à lui dans le même état que la première fois, c'est a dire, avec les vêtements tachés de chocolat que les garçons avaient renversé sur moi.

Il a été tellement gentil. Cette fois là encore.
Je lui ai parlé de ma meilleure amie, Milouda.
Il a été ravi de connaître les liens qui nous unissaient.
Ça se voyait qu'il aimait bien Milou, dans sa façon de parler d'elle, de l'appeler Bilo.
J'ai ressenti un petit pincement au coeur.

Les semaines qui ont suivi, je n'ai pas passé une journée sans penser à lui. Je me disais qu'il n'y avait pas de raison. Et que c'était sans doute la dernière fois que je le voyais.
Sauf que je l'ai revu, encore plus beau, chez un traiteur. J'étais venu commander le gâteau d'anniversaire d'un de mes protégés.
Il a été encore plus gentil, et ravi de me revoir.. On a discuté pendant longtemps, je n'ai même pas vu le temps passer.
Il a pris mes coordonnés.

On a commencé à parler via whatsapp. Il m'envoyait des images drôles des fois.
Dès fois c'était moi...
Puis on a commencé à discuter pendant des heures, tous les jours.

Après c'étaient les conversations téléphoniques.
On est même allé prendre un verre plusieurs fois.
C'était devenu un réflexe de lui parler. Exactement comme avec Milou...
Avec lui je me sentais vraiment moi-même.

En ce moment là, je n'étais pas bien. Je n'étais pas à l'aise dans la maison où je travaillais. J'étais persécutée par le maître de maisons qui me faisait des avances insistantes.
Les enfants insupportables. La mère de famille absente pourtant si jalouse et de mauvaise foi...
Pfff.
J'étais obligée de rester avec eux pour une durée de quatre mois. J'avais signé  une sorte de CDD.
Je détestais ce travail, de tout mon cœur.

Alors la nuit, alors que cette famille de malade dormait ( sauf le père qui surfait sur un site de rencontre ), je sortais en douce.
J'adorais ces moments passés seule.
J'avais oublié la solitude. Je me débrouillais tout le temps pour être entourée ces dernières années.
Les fêtes, les soirées...tout ça c'était un peu pour oublier mes soucis. Il faut que j'avoue que ça n'avait jamais vraiment marché.

Je disais, un soir que je me promenais, j'ai croisé Kevin par hasard ,en tenue de sport.
Là,  je me suis souvenue que Milou disait  qu'elle rencontrait Kevin la nuit, au moment de leur footing.
On a été ravis de se voir. C'est depuis ce soir qu'il existe cette familiarité entre nous.
Et je dois avouer que c'est depuis ce soir là que je suis raide dingue de ce mec.

Au début ça ma fait flipper. Parce que j'ai pour habitude de me taper tous les mecs qui me plaisent ( excusez le language). Mais celui là, je pouvais pas coucher avec lui parc que :
_ Primo, ce serait planter un poignard dans le dos de Milouda, car elle était amoureuse de lui. Ça aurait été comme une autre trahison de ma part. Et puis Kevin parlait tout le temps d'elle.
Je me suis même sentie un peu jalouse en fin de compte.
Jalouse parce que Kevin semblait en savoir autant que moi sur Milouda.

_ Secundo, parce que j'étais même pas sûre qu'il avait les mêmes sentiments pour moi.

Et pour la première fois de ma vie, je me fichait vraiment de ce que quelqu'un pouvait penser de moi. Il semblait bien m'aimer. Et je ne voulais pas gâcher ça. Alors j'ai rangé au placard mes attitudes d'allumeuse parce que Kevin n’entait carrément pas ce genre de mec, il est trop candide, trop angélique, je dirais même "innocent"...

Fin du FLASHBACK

Il me donne une de ses chemises dans laquelle je flotte carrément malgré ma grande taille. Et un de ses shorts.
Dieu sait que j’ai l'air de rien dedans, mais putain , comme je me sens trop bien dans ces habits trop grands pour moi.

On monta dans sa voiture en silence. Il roula, roula, sans un mot. Moi je ne regardais même pas la route, trop occupée à ruminer mes pensées. Tout ce qu' je veux c'est de savoir ce qu'il pense, lui.
Je ne l'avais jamais vu aussi distant. Et  Ça me fait trop peur.

Au bout d'une heure de temps, il se gare. Je n'avais même pas remarqué que la nuit était tombée.
Je faillit d'avoir une attaque quand je lève les yeux.
On est en face d'une église.

Je ne peux peux même pas expliquer mon étonnement, ma surprise et ma....peur.
Oui j'ai peur.

Je me tourne vers Kevin pour lui jeter un regard interrogateur.

- Je t'ai emmené ici parce que je ne pense pas être capable d'effacer ta peine. Je peux juste te consoler, mais pas comme tu en as besoin. Josée, je crois sincèrement qu'il faut que tu te vides entièrement le coeur, tu as trop de choses enfouies en toi.

Je le regarde. Ça ne m'explique toujours pas ce qu'on fait devant la cathédrale.

- Josée, j'ai eu des soucis il n'y pas si longtemps. Je n'avais personne à qui parler. Je gardais les choses au fond de moi. Je n'allais vraiment pas bien. La raison pour laquelle je vais bien maintenant, c'est parce que j'ai eu le courage de m'agenouiller devant l'hôtel et de prier. Je ne te demandes pas de prier, parce que d'après ce que tu m'as dit, tu n'es pas pratiquante, mais je te demande juste de me suivre à l'intérieur. J'ai un ami qui pourra t'aider.

Je ne sais pas quoi répondre. Je suis toujours aussi surprise. Et cette boule au ventre.  J'ai une si grande appréhension...
Et puis pourquoi Kevin veut-il me faire entrer là dedans coûte que coûte?
Je ne veux pas...

- Fais moi confiance Josée. Ça ne va pas prendre longtemps. Dit -il en me prenant la main.

Je ne sais pas par quelle miracle j'arrive à sortir de la voiture. Je ne sais pas par quel miracle mes pas me conduisent devant la porte de l'église.

Je me sens très mal. J'ai l'impression de commettre un sacrilège en posant mes pieds dans ce lieu sacré.
Je ne sais pas ce que je fais ici, néanmoins, je suis toujours Kevin, en lui serrant la main très fort.

Nous longeons la grande allée, je me sens nauséeuse. 
La honte me gagne au fur et à mesure que nous approchons de la statue de la sainte vierge.

Je ne veux pas y aller, mais je marche toujours.

À  cette heure ci, il n'y a personne. La messe de 18 heures est passée. Il y a juste une homme,  qui allume des cierges.

Nous sommes devant l'hôtel.

- Je sais maintenant à quel point Bilo compte pour toi, elle te pardonnera un jour, n'en doute pas. Mais il faudrait que  tu te pardonne à toi même. Je pense, que le seul être à qui on peut confier ses ennuis c'est lui. Dit-il en pointant le ciel. Parles lui, confesse lui tous tes péchés.  Il ne te jugera pas, et il ne t’interrompra certainement pas. He's there for every one.

Je ne sais pas quoi faire, alors je reste bêtement plantée là, à observer mes pieds. Je n'ai pas remarqué que Kevin est parti.

Je suis vraiment perdu et je sens la honte qui m’alourdis.
J'ai honte d'avoir oublié Dieu pendant tout ce temps.
Milouda m'a toujours reproché de ne pas aller à la messe.
Son père me forçait toujours à y aller les dimanches.
Je lui disais toujours que j'y étais alors que j'étais restée dans ma chambre a dormir. Mes parents n'étaient jamais là, je passais mes weekends chez ma meilleure amie.

- Vous voulez un cierge, ma fille? Demande une voix a côté de moi.

Elle m'a fait peur, je ne l'avais pas vu approcher.
C'est la dame à tout à l'heure.

- Je euh... Je...

-Prenez. Fait-elle en me fourrant un dans les mains.

Je ne sais quoi en faire. Sincèrement, si ce n'était Kevin, je crois que j'aurais déjà pris les jambes à mon cou.

La dame s'est agenouillée, pou prier. Et moi comme la pauvre andouille que je suis, je suis toujours debout, à me tourmenter.

- Que faites vous plantée comme un piquet? Demande la dame dont j'avais oublié ma présence. Venez, dit-elle en me faisant signe de m'agenouiller à côté d'elle.

J'hésite mais fini par y aller, sous son regard insistant.
Je prends place timidement à côté d'elle, et croise les doigts.
Je ne me souviens plus de mes prières alors je répète après la dame qui parle assez fort.

Les paroles me reviennent alors doucement.

- Notre père, qui est aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié
Que ton règne vienne
Que ta volonté soit faite sur la terre comme aux cieux...
Pardonne nous nos offenses comme nous pardonnons aussi,
A ceux qui nous ont offensé
Et ne nous soumets pas à la tentation
Mais délivre nous du mal
Amen

À la fin de ma prière, mon visage est baigné de larmes. J'ai pleuré Sans le faire exprès.

Il me tend la main pour que je descende.
J'hésite un peu. Je ne sais pas ce qu'on fait là,  Et ça me rend nerveuse.

Je ne me souviens même pas de la dernière fois où je  suis entrée dans une église.
Mon Dieu, ça doit peut-être dater de ma confirmation.
Les parents non jamais été pratiquants, à part pour la messe de Noël et celle de pâques, il n'allaient jamais à l'église. Et quand ils y allaient c'était seulement dans un but mondain.

Ma grand-mère était très pratiquante elle, elle m'emmenait tous  les dimanches avec elle. Mais elle est décédée très tôt. Donc je n'ai pas été encouragée pour suivre la religion.

Il faut que j'avoue aussi que, j'avais même oublier l'existence des églises, des prières.... Et je ne m'en rendais compte que maintenant.
Ça faisait longtemps que je n'avais pas prié et je ne me rappelais d'aucun verset  de la bible.
Je sens quelque chose au fond de mon coeur. Comme si, tous mes problèmes ont refait surface tout d'un coup.
Une sorte de délivrance, douloureuse, mais une délivrance.

Je sanglote sans pouvoir m'arrêter.
Je prie.
Pas n'importe quelles prières. Mais les miennes.
Grand-mère me disait qu'on ne prie pas avec la tête mais avec le coeur.
Que nos prières ne devaient pas être des phrases sues que l'on récitait sans les ressentir,  car une prière doit se faire ressentir.

Je puisais au plus profond de mon cœur et priais.

- Seigneur, créateur de tout ce qui existe. Toi qui m'a fait, toi qui m'a nourrie, toi qui m'a faite telle que je suis, je te demande pardon. J'implore ta bonté infinie de me pardonner mes péchés, les égarements...

Je prie,  pour la première fois depuis plus de dix ans.
Et je me sens libérée.
Libérée du mal que j’ai fait à Milouda, libérée de toutes ces substances illicites que j'ai prises, libérée du souvenir de toutes mes fornications, libérée de Safietou.

Je pleure tellement que je n'ai plus de force, mes genoux me font mal.
Mais je ne le sens pas.

Je sens juste ma reconnaissance envers Kevin.

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Milouda Kâ, madame Amine Aïdir.

- Je ne veux pas que tu t'en ailles.
Lui dis-je en pleurant contre son torse.

- Je ne veux pas m'en aller non plus, ma princesse, mais il le faut. Ce séminaire est un tournant décisif dans ma carrière. Repond-il en me serrant contre lui.

Je le serrai encore plus fort.
J'avais le coeur en miettes.
Vraiment en miettes.
Je ne voulais pas qu'il parte.

Tout l'aéroport nous regardait mais je m'en fichais bien. J'avais le visage baigné de larmes. Il y avait un peu de larmes de crocodiles j'avoue, mais au moins j'avais l'excuse des hormones.

- Restes avec moi je t'en supplie mon chérie. Insistais-je en pleurant encore plus.

- D'accord je reste. Dit il.


Je relevais la tête pour voir s'il était sérieux.

- Tu restes vraiment?  Demandais-je optimiste.


- Oui. Je restes avec toi Milou . Tant pis pour la promotion que je vise.

J'étais heureuse et triste à la fois. J'avais fait toute cette comédie pour qu'il ne parte pas mais Je savais au fond de moi qu'il devait partir. Il la voulait cette promotion et je n'avais pas le droit de lui faire manquer à chance après tout le travail acharné qu'il avait fourni.
Et puis ce voyage ne durait qu'une semaine...

Je fondais encore plus en larmes.


-Non, vas y. J'ai pas le droit de te faire ça. C’est super important pour toi .Finis-je par dire.

Il me releva le menton pour effacer mes larmes.


- Je n'irais pas si ça te mets dans un état pareil, ma puce. C'est pas grave, j'en aurais d'autres des opportunités.

Je séchais mes larmes.

- Non, vas y. Demal. Je peux gèrer. Dis-je.

- T'es sure?

- Oui, Amine.

Il m'embrasse encore le front.

- Je reviens vite bébé. Me rassurait-il. Par la grâce de dieu. Je reviens vite. Promis.


- Tu vas me manquer, mon chéri. Dis-je.


- Tu vas me manquer aussi. Répond-il. Vous allez me manquer.


Il dit cela en coulant un regard discret sur mon ventre.

Mansour vint gâcher ce moment si intime.

- Way Milou, laisses le partir nakk. Son avion va décoller dh. Ish. Rouspéta t-il.

Je laissais enfin Amine s'en aller, sans avoir exigé un dernier câlin de sa part.

On se fit le plus long câlin du monde.

- Je t'aime. Souffla t-il dans mon oreille.

Je ne vous dis pas hein.
Imaginez rekk...
Je faillis accoucher sur le coup wallay.
J'échappais tout juste à un arrêt cardiaque.

Ce moment est grave à tout jamais dans ma mémoire.
Il venait de dire qu'il m'aimait.
Qu'il m'aimait moi.
Moi qui brulais d'amour pour lui, sans oser lui dire.
Moi qui me mordais les lèvres juste pour ne pas laisser échapper ses trois mots.
Tout ça par fierté, tout ça parce que j'avais peur qu'il ne ressente pas la même chose.
Je ne l'aurais pas supporté.

Trois ans de vie commune et c'était la première fois qu'on était réellement mari et femme.

Ce moment là...
Comme l'a dit un comédien du pays...
" Mon coeur frigidaire "

J'avais le souffle coupé mais je réussis à lui dire avec toute l'émotion possible.

- Je t'aime plus encore.

Puis il partit. Tiré par mon imbécile de cousin. Juste après m'avoir fait passé un moment si intense.

Mansour et Tala me ramenaient à la maison.
Mon mari leur avait demandé de veiller sur moi pendant son absence, avec pour ordre de ne pas me quitter des yeux.
Il les avait carrément menacé.

On a dû leur annoncer ma grossesse.  J'entrais dans mon cinquième mois et j'en profitait au maximum.

C'est vrai que les hormones me rendaient complètement folle mais j'en faisais toujours trop, juste pour les énervés.

- Wouy sama ndeye. Wouyaye! Criais-je étendue à l'arrière de la voiture. Maman!  Mon coeur est est miettes. Hunnn

Je me tordais dans tous les sens.

- Iow Milouda. S’énerva Khadija qui était derrière avec moi. Tes lamentations ne ramèneront pas ton mari. Arrêtes ta comédie nakk. Tu es entrain de m’écraser. Enlèves ton pied de mon visage.

- Amine. Hun...continuais-je. Mon amour reviens moi. Je vais mourrir.

- Milou, dagne leyy wathié dh. S'emporta Mansour. ( On va te fait descendre). Soof. Tu nous saoules waay.

Le trajet se termina ainsi jusqu'à notre arrivée à la maison. Je prétextais ne pas pouvoir marcher et Tala du me porter.

Je sais... J'ai abusé.
Il fallait bien que m'amuse,non!

Surtout que j'étais d'humeur taquine.

Il avait dit qu'il m'aimait.
C'était merveilleux.

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Mon mari adoré allait rentrer le lendemain, J’étais d'excellente humeur. Je suis restée au resto un peu plus tard pour faire de la comptabilité.
Tala devait venir me chercher.
Il m'envoya un texto me disant qu'il était devant le bâtiment.
Il n'y avait presque personne aux alentours, j'apercevais la voiture de Tala cent mètres plus loin.

Je me dirigeais joyeusement vers la voiture quand soudain...

Je me sentis propulsée vers l'avant. Ça se passa tellement vite que je n'eus même pas le temps de crier.

Ma dernière pensée alla à mon bébé.
Je touchai mon ventre avant de sombrer dans l'inconscience , sur le bitume.
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Pardon mais...je t'a...