Madame Asseu
Ecrit par Les Chroniques de Naty
Chapitre 4
****Madame Asseu****
Je reste en ligne le
temps que Martine décroche son téléphone. Elle doit surement être en train de
dormir à cette heure. Mais j’insiste et elle décroche à la troisième tentative.
—Allô belle
maman ?
—Bonsoir Martine. Tu
vas bien ?
—Oui ça va. Et
vous-même ?
Je n’ai jamais compris pourquoi
elle me vouvoie.
—Je vais bien également.
Silence !
—Quelles sont les
nouvelles du soir ? demande-t-elle.
—Je voulais juste
t’informer que Moctar a passé la nuit ici.
—…
—Tu es là ?
—Oui oui.
—D’accord. C’était
juste pour te dire ça.
—Mais ce n’est pas ce
qui m’a été dit plutôt.
—Considère ce que moi
je te dis. Nouria dormait quand il est venu ! Alors elle ne pouvait pas
savoir qu’il était là. Et quand il partait au travail ce matin, elle était
toujours endormie.
—Ah.
—Bonne nuit.
Je coupe sans lui
laisser le temps de répondre.
La relation entre ma belle-fille
et moi est très complexe. Je ne dirai pas que je la déteste, mais je ne l’aime
pas non plus. Je pense que mon fils aurait pu trouver mieux comme femme.
Quelle idée d’aller
s’attacher à une femme qui est de trois ans son ainée ?
Ils sont mariés depuis
cinq ans et elle n’a fait qu’un seul enfant. A quel âge Pourrait-elle en faire
d’autres ?
Je n’ai jamais été
d’accord avec son choix, mais il m’a été imposé que je l’accepte. Martine sait
que je ne la porte pas dans mon cœur, mais disons qu’elle fait contre mauvaise
fortune bon cœur en essayant de faire semblant elle aussi. Bon c’est ce que je
me dis. Même si elle ne m’a jamais laissé voir ce qu’elle pense réellement de
moi ; et je n’ai jamais entendu dire qu’elle a dit du mal de moi dans mon
dos. Je sais que c’est la femme de mon fils et la mère de mon petit-fils, mais
je n’arrive pas à la supporter.
Pourquoi ?
Je ne saurai le
dire !
Peut-être parce qu’elle
est plus âgée que mon fils, ou même parce qu’elle a des airs de femme riche. Pour
qui tout a été facile dans la vie. Elle est née avec une cuillère en or dans la
bouche. Ses parents sont immensément riches, elle a fréquentée dans les
meilleures écoles du pays. Elle a fait un parcours scolaire sans faute, elle
est belle et intelligente. En plus elle est riche. Disons que c’est la femme complète.
Elle sait aussi ce qu’elle veut.
Alors je crois que pour
tout ça, elle se donne trop de sérieux. C’est le genre de personne qui n’a pas
peur. Elle vous dit ce qu’elle pense. Je ne pense pas qu’elle ait une once de
soumission en elle, contrairement à ce que mon fils veut me faire croire.
Moi je n’ai pas eu
cette chance. J’ai dû trimer pour faire avancer mes enfants. J’en avais cinq en
tout sans compter les fausses couches et les mort-nés. Malheureusement deux
sont décédés à la puberté. Il ne m’en reste que trois. Moctar est mon seul garçon.
Sally l’ainée est mariée à Dakar. Et Nouria est en cinquième année de médecine.
Ma vie n’a pas été facile. Mes beaux-parents n’étaient pas des anges avec moi. Ils
m’en ont fait voir des vertes et des pas mures. Mais j’ai supporté plus pour
mes enfants que pour mon mari qui restait silencieux face à toutes les peines
que je subissais. Il est décédé il y a de cela deux ans et ma belle-famille n’a
jamais été clémente envers moi. Ils m’ont fait passer des moments douloureux en
dépit du fait que je sois veuve et mes enfants orphelins de père.
Alors pourquoi moi à
mon tour je serai gentille envers elle ?
Qu’a-t-elle de plus que
moi ?
Je ne suis pas jalouse
d’elle ! Loin de là.
Disons que je ne l’aime
pas et je ne rate aucune occasion de le lui faire savoir.
****Martine****
Lorsque j’ai vue
l’appelle de ma belle-mère, j’avoue que je n’avais aucune envie de décrocher
comme si je savais qu’elle allait me mettre en colère.
Cette femme est
tellement difficile.
Je me demande comment
ses enfants la supportent. Elle a des réactions à faire froid dans le dos.
Elle était chez moi le
mois passé. Et pendant que j’étais à la cuisine en train de préparer, le bébé
s’est mis à pleurer dans la chambre. Elle était tranquillement assise au salon
entrain de siroter son cocktail ; mais elle n’a pas bougé d’un poil. Le
comble c’est que je ne savais même pas que mon fils s’était réveillée, mais
pire, qu’il pleurait. Elle ne m’a pas non plus appelé pour que je vienne le
faire taire, cela dit, je ne sais même pas pendant combien de temps il a pleuré.
Lorsque je suis venu le
prendre, il était tout rouge et avait les yeux bouffis. Sa morve et sa salive
lui avait bloqué la respiration.
J’ai su ce jour-là que
cette femme était capable de tuer quelqu’un. Comment peut-on laisser une
personne pleurer ainsi, a fortiori un enfant, et qui plus est le sang de son
sang ? Je la savais dur de cœur avant, mais cette situation m’a confirmer
quelle genre de personne elle peut être.
Mais bon j’essaie de la
supporter au mieux ! Car c’est la génitrice de mon époux et ce dernier
l’adore. Il sait qu’elle ne m’apprécie pas, mais il n’a pas le choix. Je ne
veux pas lui donner de choix non plus. Je fais l’effort d’être une bonne
personne avec elle et avec les autres membres de sa famille. Même si j’avoue ne
pas savoir la cause d’une telle animosité à mon égard.
Je suis toujours
couchée dans la chambre d’Orphée. Il dort profondément. Je lui caresse la tête
doucement. Cet enfant est un cadeau du ciel. Quand le médecin m’a dit que j’étais
enceinte, j’ai failli perdre connaissance tant le choc était fort. Je n’y croyais
plus. Je n’avais plus d’espoir, et cette boule de bonheur est venue tout
changer pour moi. Je l’aime plus que moi-même. Je sais que je serai prête à
tout pour son bonheur.
Toc Toc entendis-je
taper.
—Oui entrer.
C’est Akabla.
—Madame, j’ai fini tout
ce que j’avais à faire. Avez-vous d’autres choses à me confier ?
—Non Akabla. Mais dis-moi
est ce que monsieur a mangé ?
—Pas encore. La table
est toujours dressée.
—D’accord. Fini ton
rangement et tu pars te coucher. Je reste dormir avec le bébé aujourd’hui.
—Bien madame. Bonne
nuit.
—Merci. À demain.
Elle ressort et ferme
la porte.
Je préfère passer la
nuit ici que de partager le lit de mon mari. Je ne veux pas qu’il me touche. S’il
a besoin de sexe, il sait où s’en procurer vue qu’il a déjà commencer à le
faire. En plus sa mère me ment. Elle le couvre dans ses bêtises. Ils me
prennent surement pour une idiote qui va gober tout ça. Qu’il ait dormi là-bas
ou pas, à la vérité je m’en fou.
Une chose est sure, je
ne vais pas faire l’amour avec lui de sitôt. En tout cas tant que je ne le
jugerai pas opportun.
****Akabla****
Je repars dans la
cuisine terminer mon rangement.
Quand je fini, je
trouve monsieur à table. Il est surpris de me voir. Je lui fais mon plus beau
sourire.
—Bonsoir monsieur et
bon appétit.
—Merci.
—Je vous apporte un jus
de fruit ?
—Oui oui.
—Lequel voulez-vous ?
—S’il y a du jus de pomme
j’en prendrais. À défaut je vais prendre une cannette d’ivorio.
—D’accord.
Je retourne dans la
cuisine prendre les jus. J’entreprends de lui faire un petit cocktail avec du
sirop de menthe. Il a certes demandé quelque chose de précis, mais je veux lui
faire découvrir une autre saveur.
Je prends un peu de jus
de pomme auquel j’ajoute du sirop de menthe, de la poudre de noix de muscade
ainsi qu’un soupçon de poudre de cannelle. J’y mets des glaçons, et je secoue
le tout dans le milk-shaker. Je renverse le cocktail dans un grand verre ;
une tranche de citron, et hop c’est prêt.
Mon intuition me dit
qu’il va aimer, et même en redemander. Du moins je l’espère.
Je dépose mon cocktail
sur la table et patiente.
—Tu peux aller te
coucher. Je débarrasserai quand j’aurai fini.
—Non monsieur. J’attends
que vous finissiez. Je vais en profiter pour nettoyer les couverts et ranger. En
plus je n’ai pas bien sommeil.
—Ok !
Lorsqu’il boit une première
gorgée, je sens son regard changer.
Il apprécie.
YES !!!
—WAOOUHH !!! S’exclame
–t-il. C’est quel jus ça ?
—C’est un de mes
nombreux cocktails monsieur. Dis-je fière et contente.
—C’est toi qui a fait
ça ?
—Oui monsieur.
—Hum c’est très bon. Un
vrai régal pour les papilles. J’adore. Merci Akabla.
—Je vous en prie
monsieur. Tout le plaisir est pour moi ; répondis j’en roucoulant.
Il termine son
plat ; vide son verre, et s’essuie la bouche.
—J’ai très bien
mangé ; et puis j’ai adoré le cocktail.
—Ah c’est bien
monsieur.
Il se lève de table. En
voulant le contourner, ses mains tapent légèrement mes fesses. Je sais qu’il ne
l’a pas fait exprès, mais un frisson me parcours l’échine pour mourir au creux
de mon intimité. J’imagine une bonne partie d’amour avec lui ; et mon cœur
bat vite. Cela décuple en moi l’envie de me l’accaparer.
Il me souhaite bonne
nuit et disparait dans sa chambre. Je m’assois à sa place encore chaude. Il
sent bon. Je prends la serviette de table avec laquelle il s’est essuyé la
bouche et la sent. Je sens que je suis en train de tomber amoureuse de mon
patron. Ça existe donc les coups de foudres.
Il me le faut… cet homme…