Drame en sourdine

Ecrit par Sandra Williams

ANGELA 

Je compris aussitôt qu’une surprise m’attendais quelque part dans Cotonou. Où, je l’ignorais !  Pourvu en tout cas que Max y soit. Je regardai ma sœur me parler pendant des minutes en ne lisant sur ses lèvres que le nom de Max. je repensai encore à cette nuit. Cette splendide nuit dans ses bras et sous son joug. Quelle virilité ! 

Je me levai du lit et me dirigea vers la salle de bain où je pris ma douche avec amour, bonheur et joie. Je me surprise en train de ressentir encore son odeur sur moi ; ses mains  moi et ses chaudes lèvres collées aux miennes. Je ne pouvais m’en lasser. Et c’est là que je me rappelai que dans exactement une semaine je devais partir du Bénin pour mes études en Côte d’Ivoire. Je me réveillai de mon rêve avec la certitude de remporter mon nouveau défi. Rester définitivement à Cotonou. 


Je sortis de la douche et m’apprêtai. Une petite robe et un maquillage nude pour me faire belle en cette journée qui m’était si spéciale. Je rejoignis ma sœur dans son véhicule et nous mîmes le cap sur une destination que je ne connaissais pas. 


Le véhicule s’arrêta devant une villa que je reconnaitrai parmi tant d’autres dans le quartier le plus riche de tout Cotonou. Le quartier Jack était reconnu pour son unicité et surtout pour être la zone des hommes riches. Ma mère y habitait depuis un moment avec son nouvel époux. Après le décès de notre père, elle s’était remariée quelque mois après et avait quitté le domicile familial pour rejoindre son époux dans une magnifique villa du quartier Jack. Je ne la jugeai pas car elle avait bien le droit de refaire sa vie. 

Le véhicule entra dans la demeure et Gaël se gara dans le garage et nous descendîmes. Ma mère qui avait entendu les klaxons, étaient venue nous accueillir. Elle était aussi belle qu’il y a six ans. Aucune ride, aucune trace de vieillesse, ni d’impact du temps. Elle était restée fidèle à elle-même et à sa corpulence. Elle se rua sur moi et m’enlaça. Je répondis à son câlin et lui fit même une bise. 

Entre ma mère et moi, la relation n’était pas meilleure. Je ne lui avais pas rendu les choses faciles à un certain moment de mon enfance dû à une situation affreuse. J’espérais qu’aujourd’hui ma mère me voyais autrement. 


Nous entrâmes dans le salon et je m’aperçus de la grande surprise. Une petite fête surprise avait été organisé pour moi dans la villa. Et Max était présent. J’eus envie de courir me jeter dans ses bras et de l’embrasser aussitôt que je le vis. Je me contrôlai. Outre Louise qui se tenait à ses côtés, il y avait ma mère, ma sœur, Cynthia et l’époux de ma mère. Je saluai chacun de mes invités et les remerciai du geste. Lorsque ce fut le tour de Max, mon cœur s’emballa. Tout mon être vibrait sans raison. Il me prit dans ses bras et m’offrit une bise et me chuchotai un mot à l’oreille. Il me donnait rendez-vous ce soir pour mon cadeau. J’espérai au fond de moi que le cadeau dont il parlait soit lui-même. 


Nous échangions pendant un moment, dansâmes et passâmes à table. Le mets était exquis et appétissant. Je reçus mes cadeaux dans l’espoir que la tombée de la nuit soit dans l’immédiat. 

Troublée et inconstante dans ma tête, je m’éloignai et allai dans les toilettes. Je me rafraîchis le visage et m’essuyai. Rabattis sur le rebord du lavabo, je sentis une présence dans mon dos. Mon cœur s’emplit de joie à l’idée qu’il ait compris le message et qu’il soit venu me voir en cachette. J’attendis qu’il fasse le premier pas et qu’il me prenne par derrière ou qu’il me caresse ou encore qu’il me contemple juste. Je ne sentis rien. Je me décidai à lever la tête pour le regarder dans la glace. 


C’était Daniel ! le petit cousin de ma mère. Un homme dont toute l’existence n’était que médiocrité et répugnance. Je le vis me toiser dans la glace. Je me redressai aussitôt et tournai vers lui. Il ne semblait pascacher son excitation vis-à-vis de moi. Je reconnaissais bien cet air qu’il avait en ce moment. Le même que quand il se glissait sous ma couverture les soirs quand j’étais plus jeune. Visiblement, il n’avait pas perdu cette manie de bander à chaque fois qu’il me voyait. Cet homme était la raison même de ma dure enfance. 

Qu’est-ce que tu fais là ? dis-je violemment.

Du calme petite nièce ! je suis venue te présenter personnellement tous mes vœux, dit-il dans sa répugnante gueule. 

Merci ! mais ce n’était pas nécessaire de t’incruster dans les toilettes comme ça, ajoutai-je. 

Oh ! pitié ma beauté. Nous ne sommes pas des étrangers. Je connais ce corps et cette belle bouche, dis-je en s’approchant de moi. 

Un pas de plus et je crie ! menaçai-je. 

Tu es devenue si belle ! fit-il en s’arrêtant beaucoup trop près de moi.

Sors d’ici immédiatement Daniel ! dis-je. 

D’accord…d’accord mais dis-moi où tu séjournes au moins, dit-il.

Tu as exactement deux secondes pour disparaître de là si tu ne veux pas que je te balance à ta grande sœur pour tout ce que tu m’as fait. 

Tu sais que l’amour ne se contrôle pas ! continua-t-il.

Je suis ta nièce ! quand vas-tu le comprendre, bon Dieu ? 

Je ne t’ai pas oublié depuis le temps, tu sais ! dit-il. 

Je le bousculai pour sortir des toilettes mais il me rattrapa dans la chambre d’ami de la villa et m’empoignai violemment. Il m’étouffa la bouche d’une de ses mains et me jetai sur le lit. Il m’attacha sauvagement la bouche avec sa ceinture et maitrisa mes mains immobiles sur le lit. Je me débattis farouchement sans y arriver. Il m’attacha ensuite les bras en croix sur le lit et glissa ses mains sous ma robe. Il se déshabilla précipitamment et me chevaucha. Il remonta doucement la robe jusqu’à ma poitrine et plongea sa tête entre mes seins. 


J’émis un cri sourd qui m’étouffait. Les larmes coulèrent sur mon visage, pleines de dégoût et d’amertume. Il m’arracha ma petite culotte et m’écartai les jambes puis glissa ses lèvres vers mon sexe. Je bloquai l’accès en crispant mes jambes. Il remonta jusqu’à moi et me regardai un instant avant de me donner un coup violant qui m’assomma sur le champ. 


Je me réveillai tardivement. Le coup était si violant que je m’évanouis sous le choc. Je me réveillai en me rappelant de l’épisode d’avant mon évanouissement. Je me sentis si sale si impure que je criai. Ma mère, ma sœur et mon beau-père entèrent précipitamment. Je m’étais à peine rendue compte du fait que j’étais couverte et bien installée sur le lit. Ils vinrent me voir suite à mon cri, tous inquiet. 

Qu’y-a-t-il ma fille ? s’inquiéta ma mère. 

Tu nous as fait peur Angéla ! dit mon Beau-père. 

Mais qu’est-ce qui t’es arrivé ? s’inquiéta Gaël. 

Daniel… !!! marmonnai-je.

Daniel ? comment ça Daniel ? dit ma mère.

Où est Daniel ? demandai-je toute épuisée. J’étais fatiguée et dépitée. 

Daniel ? Daniel n’est pas là ? 

Il est déjà parti ? demandai-je.

Ma chérie, Daniel n’est pas venu ici depuis des semaines. Pourquoi cet intérêt pour lui subitement ? 

Tu es partie de ta propre fête sans de donner raison apparente. Nous te retrouvions endormie sur le lit à point fermé et limite ivre, dit Gaël.

Disons qu’elle a un peu forcé sur l’alcool. On n’a pas dix-huit ans tous les jours, dit Paul, l’époux de ma mère. 

Je veux rentrer ! dis-je pour mettre aux suppositions. 

C’est à présent possible puisque tous les invités sont déjà partis et il se fait tard, approuva Gaël. 

Attends ! il est quelle heure ? demandai-je.

Il est vingt heures la belle au bois dormant, dit-elle. 

Rentrons ! sommai-je. 


*******

Je montai les marches d’escaliers pour le rejoindre au lieu de notre rendez-vous de ce soir. Il m’y attendait déjà. Très simple dans sa culotte bleue et son T-shirt blanc. Il m’attendait sur le toit de l’immeuble, debout le dos tourné et les mains dans sa poche. Il était si sexy cet homme. Je m’approchai de lui à nouveau heureuse de le revoir. Ce qui c’était passé avec Daniel n’allait très certainement pas m’empêcher de vivre chaque instant de bonheur avec Max. 


Je passai mes bras autour de sa taille et le serrai si fort qu’il ressentit exactement mes sentiments pour lui sur le moment. Je le contournai et vins devant lui. Il posa ses yeux sur moi et me fit un baiser sur le front. Je souris et l’embrassai. Il passa à son tour ses mains autour de ma taille et me serrai contre lui comme si nous étions sur le point de faire « un ». 


Il me demanda de patienter un instant et alla vers le trépied que je n’avais même pas remarqué un peu loin. Une toile y était posée, couverte d’un voile blanc qu’il enleva dès qu’il s’y approcha. Un tableau apparut devant moi. Une femme assise sur un tabouret, nue, une jambe allongée et l’autre posée au sol, couverte d’un drap noir qui couvrait une partie de son corps. 

Je me reconnus aussitôt sur la toile. Il s’avança vers moi et se mit derrière moi, ses mains autour de ma taille. 

N’est-elle pas hors pair ? demanda-t-il en me chuchotant les mots à l’oreilles. 

Elle est juste irréelle ! dis-je en me tournant vers lui. Max, tu es tout ce que je désire sur cette terre. Je te veux sans réserve.

Est-ce un merci voilé ? 

Tais-toi et embrasse-moi mon amour ! ordonnai-je. 

Agressive ! murmura-t-il avant de me donner mon baiser. Joyeux anniversaire mon ange. 

J’adore mon cadeau ! 


Nous prolongions la soirée jusqu’au petit matin. Je tentai d’oublier ma mésaventure dans les bras de mon homme sans songer à ce qui pouvait arriver après ce soir. Max me fit me sentir si spéciale, si unique et si aimée. Il se refusait de m’avouer ses sentiments mais moi je savais qu’il voulait encore plus et encore. Nous fîmes l’amour comme si nous nous voyions pour la dernière fois. 


L'AMANT INTERDIT