Épisode 19

Ecrit par Mona Lys

19



AALIYAH


Je me réveille, me sentant seule dans le lit. L'air est devenu plus frais. Je balade ma main du côté de Jay mais je sens la place vide. J'ouvre les yeux et me retourne. Il n'est pas là. Sûrement dans la salle de bain. Je veux me rendormir en attendant qu’il revienne mais un mauvais pressentiment m'anime. Je me rends devant la salle de bain m'assurer qu’il y est.


‒ Jay ? L'appelé-je devant la porte. Tu es là ?


C’est le silence. J'entre et je constate son absence. Le pressentiment s’intensifie. Par réflexe je jette un coup d'œil sur son oreiller. J’aperçois une enveloppe blanche. Mon cœur manque un battement. Avec appréhension je l'ouvre et quand je vois les trois mots écrits je fonds en larme. Il est encore parti. Et cette fois tout ce qu’il me dit c’est ‘‘Je t'aime’’.


Je me laisse tomber au sol le mot à la main. Je le savais que ce dîner n’était qu’un adieu. Il n'aurait pas attendu que ce soit moi qui parte en premier. Il m'a de nouveau laissé seule. Mais n’est-ce pas ce que je voulais ? N’est-ce pas que je n’ai cessé de lui dire que chacun devrait partir de son côté ? N’est-ce pas ce qui est logique ? 


Mais pourquoi ai-je autant mal ? Pourquoi je n’arrive pas à m’empêcher de pleurer ?


J'ai encore perdu l'homme que j'aime. Pourquoi l’amour est si compliqué ? Pourquoi a-t-il fallu qu’il soit lié à l'accident de mes parents ? Ce n’est pas juste.


‒ Je t'aime aussi Jay. Je t’aime tellement. 


Je me recroqueville sur moi-même toujours sur le sol et je pleure toute mon amertume, tout mon chagrin, toute ma frustration de ne pas pouvoir vivre mon amour pleinement avec celui pour qui mon cœur bat. J'en ai marre de ressentir cet amour impossible. Je veux juste ne plus pouvoir l'aimer et reprendre ma vie en main. Je veux l’oublier mais j’ai l’impression que c’est peine perdue. Je l'ai dans la peau.


Toutes ces années à l'attendre pour ça.


Mon Dieu c’est donc pour nous faire souffrir que tu as créé l’amour ? C’est donc ça l’amour ? Aimer sans pouvoir être avec l’être aimé ? Pourquoi donc nous permettre d’aimer si c’est pour avoir le cœur brisé ? La vie aurait été mieux sans ce sentiment qui est à la fois doux et amer. Mais dans mon cas il est plus amer que doux.


Assise maintenant dans le divan au salon, je revis dans mon esprit tous les moments que j’ai partagés avec Jayden depuis la période de ma cécité jusqu’à la nuit d'hier. Je me souviens comme si c’était hier de tous les jours que j’ai passés dans cet appartement. J’étais certes aveugle mais je voyais tout dans ma tête. Je ferme les yeux et revois dans mon esprit cette nuit où j’ai manqué de me faire violer et qu'il m’a secourue. Je me souviens de ce que j’ai ressenti lorsqu’il m'a prise dans ses bras. Jamais je ne m'étais sentie autant en sécurité. Rien que sa voix avait suffi pour apaiser le rythme effréné de mon cœur dû à ma lutte avec Jacob. Son parfum m'avait retourné la tête au point où je voulais le sentir sans jamais m’arrêter. Je me souviens de cette nuit où, déterminée à le rencontrer, j’ai trébuché dans la piscine et il m’a sauvé. Je ressens sur mes jambes ses doigts lorsqu’il m'administrait des soins après ma chute dans les débris de vase. Je l'entends me dire pour la première fois que j’étais plus belle que toutes mes anciennes copines réunies. Je l'entends me dire au téléphone que je lui manquais après que je sois retournée chez ma tante.


Mon Dieu que vais-je faire de tous ces souvenirs ?


Surtout ceux de nos nuits. Toutes ces caresses, tous ces mots tendres qui m’ont fait fondre. Son souffle chaud et ses doigts sur mon corps. Je suis sensée oublier ça comment ? Par quoi je commence ? Peut-être que je devrais le détester d’avoir causé l’accident qui a tué mes parents et m’a rendu aveugle. Ainsi, peut-être que j’arriverais à ne plus l’aimer. Ne dit-on pas que la haine tue l’amour ? Je devrais donc faire ça.


Mais comment détester un homme qu’on aime à en perdre le souffle ?


Je passe le reste de la nuit dans le divan à déverser les dernières gouttes de mes larmes. Je l’ai de nouveau perdu.


Au levé du jour, je commence à ranger toutes mes affaires pour quitter les lieux. C’est en rangeant la chambre que j’aperçois le chèque d’une somme colossale. Ça correspond étrangement à la somme que j’ai dépensé pour ses soins. Il m’a remboursé. Je le range dans ma bandoulière. Je récupère ma valise que je tire derrière moi. Je marche vers l’ascenseur lorsque je l’entends s’ouvrir. Je reste là à regarder tante Mimi venir vers moi.


‒ Bonjour petit cœur.

‒ Bonjour tante Mimi.


Elle me gratifie d’un sourire compatissant.


‒ Ça se voit que tu as passé la nuit à pleurer.


Je baisse la tête. J’entends ses pas se rapprocher. Elle pose sa main sur sa joue.


‒ Je ne sais pourquoi Jay et toi vous vous faites autant souffrir. Des personnes luttent, prient jour et nuit pour rencontrer le véritable amour. Vous, vous l’avez et vous décidez de vous éloigner.

‒ C’est compliqué tante Mimi.

‒ J’ai l’impression d’entendre Jayden. Viens t’asseoir-là.


Elle me guide jusqu’au sofa dans lequel nous prenons place côte à côte. Elle garde ma main dans la sienne.


‒ Cette nuit-là, Jay venait d’apprendre que sa mère était morte, trois mois plus tôt d’un infarctus, parce qu’elle avait découvert que son père avait une double vie.


J’ouvre grand les yeux de stupéfaction.


‒ Ça l’a brisé sur le coup au point où il en est venu aux mains avec son père. Il a ensuite pris le volant dans son état et la suite tu la connais. C’était un accident comme tout autre. Oui c’est vrai il aurait dû conduire à une vitesse normale, mais un accident lorsqu’il doit arriver, arrive, peu importe si tu respectes tous les codes de conduites. Ne lui en tient pas rigueur petit cœur. Il a aussi passé une année entière dans le coma. Après il a sombré dans l’alcool lorsqu’il a appris les dégâts de l’accident. Nous l’avons obligé à se faire soigner et c’est là qu’il a décidé de réparer ses erreurs en te rendant tes yeux. Voici toute l’histoire. L’amour ne faisait pas partie de son programme. Non. Juste te soigner et disparaitre mais vois-tu, il est tombé amoureux de toi et toi aussi. Alors je peux affirmer que c’est le destin qui vous a réuni.

‒ Une relation entre nous serait bizarre. Comment allons-nous raconter notre rencontre aux gens ?

‒ On ne vit pas pour les gens.

‒ Mais les gens nous demanderons quand même. Généralement les gens se rencontrent de façon géniale tel dans un conte de fée.

‒ Tout le monde n’a pas la même histoire. Je suis de ceux qui pense que les plus belles histoires d’amour sont celles qui ont connu beaucoup d’obstacles.


Je voudrais tellement que tout soit si simple. Mais même si je voulais arranger les choses, il n’est plus là.


‒ Je vais rentrer maintenant.

‒ Ok. Mais si tu as besoin d’information pour le retrouver tu sais comment nous joindre papi Xavier et moi.

‒ C’est compris.


Je lui fais un gros câlin avant de m’en aller définitivement.


Trois jours. Ça fait trois jours qu’il est parti et je n’ai toujours pas fait le deuil de notre relation. Je ne cesse de pleurer comme une madeleine. Il me manque atrocement. J’ai besoin de lui. J’ai besoin d’entendre sa voix. Je n’arrive plus à vivre sans lui. Mon Dieu pourquoi je l’ai laissé s’en aller ? J’aurais dû faire quelque chose pour le rattraper ou n’importe quoi pour qu’il sache que je veux toujours de lui. Je ne cesse de lutter contre mon cœur. Il me dit de chercher à le contacter mais ma tête me dit de laisser couler et qu’au fil du temps j’arriverai à l’oublier. Mais combien de temps me faudra-t-il pour l’oublier ? Combien ? A cette allure je ne survivrai pas longtemps.


Je sursaute du sofa de la terrasse lorsque la sonnerie retentie. Et si c’était lui ? Je me presse d’aller ouvrir en espérant du plus profond de mon cœur que ce soit lui. Je me retiens de lancer une insulte lorsque je vois ma cousine Rose arrêtée devant ma porte.


‒ Quoi ? Lui lancé-je.

‒ Est-ce que je peux rentrer ?

‒ Non je n’ai pas le temps. Parle donc vite.

‒ Ok. Bon au fait c’est maman qui m’a envoyé. La CIE a enlevé notre compteur de courant parce qu’on doit deux mois. Je suis donc venue…

‒ Je n’ai pas d’argent.


Je lui claque la porte au nez. Non mais ces gens me prennent pour leur guichet automatique. Venir me demander de l’argent à chaque fois et pas de petite somme comme si je n’avais rien à faire avec. Je leur ai expressément donné 300 000FCFA la dernière fois pour que mes cousines ouvrent une activité qui leur rapportera mais je suis prête à mettre ma main à couper qu’elles ont fait la belle vie.


Je retourne m’asseoir sur la terrasse. J’espérais sincèrement que ce soit lui. Pense-t-il à moi ? Est-il aussi affecté par notre séparation ? Veut-il comme moi qu’on essaie malgré tout ? On sonne de nouveau à la porte. Je grommèle en allant ouvrir. Je suis certaine que c’est encore Rose. Cette pimbêche n’abandonne jamais au premier refus.


‒ Quoi ? Hurlé-je en ouvrant grandement la porte.


Je tique en voyant la personne devant moi.


‒ Mira ?

‒ Salut ma puce.


Elle m’a appelé “ma puce’’. Ça veut donc dire qu’elle ne m’en veut plus. Mes larmes inondent aussitôt mes yeux. Je me jette dans ses bras. Elle fait de même. Nous resserrons notre étreinte. Aucune de nous ne veut lâcher l’autre.


‒ Tu m’as tellement manqué, lui dis-je.

‒ Toi aussi ma puce.


Nous restons serrées encore un bref moment avant de rentrer nous installer dans le salon.


‒ Je suis heureuse de te voir Mira.

‒ Moi aussi.

‒ Je suis sincèrement désolée pour tout. Je ne voulais pas vous…

‒ Chut ça suffit. C’est le passé. Angèle est passé à autre chose. Elle me fait te dire qu’elle t’a pardonné. Elle viendra te voir à son retour.

‒ Où est-elle allée ?

‒ Elle s’est prise une semaine de congé pour passer du temps avec son nouveau prétendant qui n’est pas mal du tout.

‒ Je suis heureuse pour elle.

‒ Moi aussi. Alors, toi dis-moi, comment ça va de ton côté.

‒ Je ne crois pas que tu veuilles entendre ma mésaventure avec ton ex beau-frère.

‒ Oh ne t’inquiète pas. Si Angèle est passée à autre chose alors moi aussi. Je t’écoute.


Je lui raconte tout ce qui s’est passé depuis le jour où elle nous a surpris jusqu’à ce jour. Je termine mon récit en éclatant en sanglot.


‒ Je l’aime tellement si tu savais.

‒ Je suis vraiment désolée pour toi. Je me mets à ta place et je te comprends. Seulement je pense qu’en amour il faut faire des sacrifices pour être heureux. Peut-être que tu dois passer sur cette histoire d’accident.

‒ Je le veux aussi mais j’ai cette sensation de trahir mes parents. S’ils étaient en vie avec juste les séquelles de l’accident, ils m’auraient surement interdit de le fréquenter.

‒ Je veux bien te dire ce que je pense mais plus tard. Tu es bien trop bouleversée en ce moment.


Je me couche en posant ma tête sur ses jambes. Elle caresse mes cheveux tout en me berçant de paroles de réconfort. Nous restons ainsi jusqu’à ce que la nuit tombe complètement sur la ville. Mon portable posé sur la table en verre se met à sonner. Je ne suis pas disposée à discuter boulot ou autre chose. Je veux juste restée ainsi pour oublier petit à petit ma peine. L’appel coupe et reprend.


‒ Décroche.

‒ Je n’ai besoin que de lui.

‒ Peut-être que c’est lui.


Je récupère nonchalamment mon portable sans grande conviction mais je me relève à la hâte lorsque je reconnais le numéro de Patrick, le cousin de Jay. Je décroche.


‒ A… Allô ?

‒ « Bonsoir Aaliyah. Ecoute je n’ai pas beaucoup de temps avant que Jay ne revienne, mais je tenais à t’informer que nous sommes encore en Côte d’Ivoire. Nous n’avons pas pu prendre l’avion il y a trois jours parce qu’il y aurait eu une tentative d’attentat à l’Aéroport Charles de Gaulle mais notre vol a été programmé ce soir. Dans exactement 1h30 de temps. Jay se sent mal sans toi. Il t’aime à en crever mais il part juste parce que tu as dit qu’entre vous ce n’était pas possible. Aaliyah, si tu l’aimes vraiment, rapplique tout de suite pour le retenir. Il est temps d’arrêter de lutter contre vos sentiments. Je te laisse et surtout fais le bon choix. »


Il raccroche. Je reste là stoïque sans savoir quoi faire.


‒ Qu’il y-a-t-il ?

‒ C’était le cousin de Jay. C’est ce soir finalement qu’ils prendront l’avion. Il m’a dit que je devais venir le retenir parce que nous nous aimons.

‒ Dans ce cas que fais-tu encore assise là ?

‒ Je… je ne sais pas. Est-ce une bonne…

‒ Tu étais en train de pleurer sur moi il n’y a même pas deux minutes parce que tu as perdu Jay et maintenant qu’on te dit qu’il est encore là tu te demandes si c’est une bonne idée ? Aaliyah qui a bouffé ton cerveau ?

‒ Je…

‒ DEGAGE TON CUL DE CE FAUTEUIL ET VAS LE REJOINDRE.


Je la regarde, choquée.


‒ Tu veux que je te donne une baffe ? Moi je cherche l’amour depuis des années. Toi tu l’as et tu joues avec. Tu en connais toi des personnes qui reviennent réparer l’accident qu’ils ont causé ? Non. Ils disparaissent tous. Toi, Jay t’a redonné une nouvelle vie et tu te retiens de l’aimer. Attends un instant.


Elle manipule rapidement son portable et me le donne. Je vois la photo du couple YOUL.


‒ C’est la sœur et le beau-frère de mon photographe.

‒ Je sais. La femme avait accidentellement tué LA FILLE UNIQUE de l’homme. Il l’a foutu en prison pour la punir mais il était tellement fou d’elle qu’il a mis une croix sur le passé. Aujourd’hui ils sont mariés, parents et heureux.

‒ Mais cette histoire n’a jamais été confirmée.

‒ Si, elle l’a été mais tu ne suis jamais la presse people. Tout ceci pour te dire de ne pas laisser un accident regrettable te priver du véritable amour. Vas-y fonce.

‒ Tu crois ?

‒ OUI.


Je la regarde et subitement je me mets à sourire. Je bondis du fauteuil, récupère mes clés et je sors en trombe. Je reviens sur mes pas quand je ne vois pas Mira me suivre.


‒ Tu ne viens pas avec moi ?

‒ Non. Peut-être que vous voudrez rester seuls après vos retrouvailles. Mieux vaut que je reste ici.


Je conduis le plus rapidement que je le peux mais malheureusement pour moi je tombe dans un embouteillage. Je lance le numéro de Patrick afin de l’avertir que je suis en route mais son numéro est inaccessible. Je relance non-stop avec l’espoir que ça passe. Mais rien. Pareille pour le numéro de Jay. Voyant que les voitures avançaient lentement, je klaxonne comme une malade en leur hurlant de se magner. Je regarde l'heure et il ne me reste plus assez de temps. Je dois le rattraper. Ayant marre d'attendre que ça bouge, je prends le risque de conduire sur le trottoir en faisant attention à ne heurter personne. Je ne m'attarde pas sur les klaxons réprobateurs des autres chauffeurs. La situation m’oblige à me conduire ainsi. Je réussis à me mettre parmi les premiers véhicules et après une dizaine de minutes je peux rouler normalement. Je ne décolle pas mon pied de l’accélérateur jusqu’à ce que j'arrive à l’Aéroport. Je me précipite à l’intérieur en lisant sur les écrans les différents vols de ce soir. Je vois un vol en direction de Paris. Je regarde partout autour de moi à la recherche de Jayden mais aucune trace de lui. Je lance son numéro, ensuite celui de Patrick sans aucune suite. Je m’approche de l’accueil complètement essoufflée.


‒ Bonsoir. Je voudrais savoir si le vol pour la France est déjà parti ? 


Elle jette un coup d'œil à l’écran devant elle.


‒ Il vient tout juste de décoller. 


Je ferme les yeux de déception. Je suis arrivée trop tard. Je l'ai raté de justesse. Je n'ai pas été assez rapide.


Il est parti.


J’ai cru que ça allait se passer comme dans les films où la fille rattrape l'homme à l’Aéroport et lui fait un magnifique discours d’amour pour l’empêcher de s'en aller. Ensuite ils s’embrassent devant les personnes émues et rentrent ensemble main dans la main. Je me suis foutue le doigt dans l’œil. Pourquoi diable ne l’avais-je pas retenu quand je l'avais encore à mes côtés ? Pourquoi au lieu de ça je l'ai repoussé ? Et pourquoi diable est-il parti au lieu de rester se battre pour notre amour ? Il devait rester pour essayer de me convaincre de nous donner une chance. C’est ce qu’il aurait dû faire au lieu de s'en aller comme la première fois. Je le déteste et je me déteste.


C’est toute triste et en pleurant que je retourne chez moi. Je croyais rentrer avec lui à mes côtés. J’ai tellement mal que je ne peux arrêter de pleurer. Je sens que je tomberai malade les jours à venir. Je vais directement me mettre au lit pour m’éviter de trop me promener dans mes pensées. Il est parti, je dois penser à autre chose.


J'ouvre la porte sur Mira qui est debout à m'attendre. Quand je la vois j’éclate en sanglot.


‒ Il est parti Mira. Je n’ai pas pu le rattraper.

‒ Je sais.

‒ Je l’ai perdu pour toujours. 

‒ Non tu ne l'as pas perdu. Tout va s’arranger. 


Elle me sourit alors que moi je suis anéantie. Je prends ça comme un sourire de réconfort alors je vais me réfugier dans ses bras. Je pleure tout mon saoul. Elle me fait entrer totalement et me conduit vers le salon. 


‒ J’aurais dû l’empêcher de partir tu comprends. Comment je fais maintenant pour…


Mes mots se meurent sur mes lèvres lorsque je vois arrêté au milieu de mon salon…


‒ Jayden ?


Il me regarde avec des yeux brillants. Je crois rêver. Je regarde Mira qui me sourit.


‒ Tu… tu n'es pas…

‒ Comment aurais-je pu partir lorsque mon cœur est ici ? 

Il avance d’un pas.


‒ Tant que tu ne m'auras pas redonné mon cœur que tu m'as volé je n'irai nulle part parce que sans lui, sans toi… je meurs.


Oh mon Dieu je ne rêve pas. Il est bel et bien là. En plus il vient de me faire une déclaration. Je cours me jeter sur lui. Il me décolle du sol en tournant sur lui-même. Je l’encercle de mes jambes, ma tête enfouie dans son cou. Je hume son parfum qui m’a envoûté dès le premier jour. 


Il est là ! Tout près de moi.


‒ Je t’aime Jay. Ne t’en va pas. Je n'arrive plus à vivre sans toi. On oublie l’accident. On oublie tout. Je ne veux que toi. Toi seul.


Je plonge sur ses lèvres qui m'avaient manqué ces trois petits jours d’absence. Il répond fiévreusement à mon baiser.


‒ Euh… je crois que je vais m'en aller. Surtout ne vous gênez pas. Ça roule.


Nous nous embrassons sans nous occuper de Mira qui referme derrière elle après son départ.


Je me réveille peu à peu me sentant seule dans le lit. Je balade ma main près de moi et je ne sens pas Jay. J'ouvre les yeux, prise de panique. C’était un rêve ? Il est donc parti ? Je tourne la tête vers le fauteuil et là je le vois, assis en train de me regarder. Il vient se rasseoir près de moi sur le lit 


‒ J’ai cru que j’avais rêvé, lui dis-je. 

‒ Je suis là petit cœur.


Je souris. Il me baise le dos de la main. Son air devient très sérieux.


‒ Liyah, tu veux vraiment que nous soyons ensemble malgré le passé qui nous lie ? J’ai…


Je pose mon doigt sur ses lèvres pour l’interrompre. 


‒ Ne parlons plus du passé. Je veux qu’on se concentre sur le présent et le futur. Le passé appartient au passé. Tout ce que je veux là maintenant c’est vivre pleinement notre amour. Je veux que nous nous aimions tout simplement en oubliant tout ce qui nous divise. Ce qui nous unit est bien plus fort. J'avais tellement mal à l’idée de t'avoir perdu.

‒ Moi aussi.


Il se penche et m’embrasse. Je le vois ensuite chercher quelque chose dans son attaché-case. Il en sort une petite boite qu'il ouvre sans ménagement. 


‒ Si tu es sûre de vouloir de moi, Liyah, alors dis oui à ma question ‘‘veux-tu devenir ma femme ?’’


Je le regarde complètement estomaquée. Je ne m’attendais pas à ça. 


‒ Tu veux… vraiment m’épouser ?

‒ Cinq ans n'ont pas suffi à te retirer de mon cœur, je ne crois donc pas que ça arrivera un jour. Et si tu veux de moi malgré tout, alors je ne vois pas ce qui pourrait encore nous séparer.


Je souris.


‒ Je veux devenir ta femme. Je le désire tellement. 


Il m'enfile la bague avant de prendre possession de mes lèvres. Enfin je peux être pleinement heureuse. Tout est maintenant en ordre dans ma vie. Il ne manquait que lui pour me combler entièrement et pour rendre ma joie parfaite. Heureusement qu’il est revenu. Fort heureusement. Il a aussi compris que ça ne servait à rien de nous éloigner l'un de l’autre parce que les sentiments qui nous lient sont vrais. Mais surtout très fort.


Plus qu'un regard