Épisode 20

Ecrit par Mona Lys

Episode 20



KAYLA


Je termine de cuisiner le dîner pendant que les enfants prennent leur douche sous l’assistance de leur nounou. Darnell sera là d'un moment à l’autre et généralement quand il descend du travail il est épuisé et creusé dans le ventre. Nous ne vivons pas encore ensemble mais il passe des fois les nuits chez moi avec les enfants. Nous avons préféré que les enfants vivent avec moi parce que c'est plus spacieux et ils ont chacun leur chambre. J’ai proposé à Darnell de vivre aussi avec nous mais il a refusé disant qu’il ne pouvait vivre sous le toit d’une femme encore moins quand cette maison a été achetée par un autre homme. Je le comprends parfaitement, sauf que moi j'ai besoin de mon homme à mes côtés. Je trouverai bien un moyen de lui faire changer d'avis.


Je sens des mains m'enlacer par la taille. Pas besoin de me retourner pour savoir que c'est lui. Il enfouit sa tête dans mon cou et hume mon parfum.


Darnell : Tu sens super bon.


Moi : Toi par contre tu as beaucoup transpiré.


Darnell : Tu viens me donner ma douche ?


Je lui fais face et enroule mes bras autour de son cou.


Moi : Avec plaisir. Laisse-moi tout éteindre et je te rejoins.


Il m’embrasse suavement, de quoi me rendre encore plus gaga de lui. Je lui mords la lèvre. Je le regarde s'en aller en souriant. Je suis tellement heureuse avec lui que je regrette ces deux années gâchées aux côtés de Marc-Arthur. D’ailleurs le concernant, après une longue et sincère discussion, il a fini par accepter que notre histoire était terminée. Il m'a apporté ce matin les papiers du divorce qu'il a signé. Nous sommes donc officiellement séparés. Je crois qu'il ira vivre en France avec Océane et leur fille. Il a toujours aimé cette femme de toute façon. Darnell de son côté a finalement pardonné sa grand-mère. Nous sommes même allés sur sa tombe et aussi sur celle de son père. Mamie m’avait donné le numéro d’un homme travaillant au cimetière qui pouvait m’y conduire. Darnell s’est beaucoup libéré sur les deux tombes ce qui a contribué à sa guérison émotionnelle.


Pendant que je monte les escaliers, je reçois un appel de la femme de l’orphelinat. Depuis notre visite c'est maintenant qu'elle appelle. J’avais tenté de la joindre mais sans succès. Je discute avec elle quelques brèves minutes avant de raccrocher toute découragée  Elle était notre seule espoir de retrouver la sœur de Darnell et là elle m’annonce que ce ne sera pas possible. J'ai envie de l'intenter en justice. Mais bon on verra ça plus tard.


Je rejoins Darnell qui est déjà sous la douche à profiter de l'eau. Je me frotte à son dos en l’enlaçant.


Darnell : Je t'ai entendu discuter au téléphone.


Moi : Oui. C’était la femme de l’orphelinat. Apparemment l'homme ne souhaite pas mêler sa femme à une autre histoire de parents retrouvés surtout dans son état. Elle serait enceinte. Ils en auraient été plus d'une fois victime.


Darnell : Je comprends.


Je sens le découragement dans le soupir qu'il lâche. Je me colle encore plus à lui.


Moi : Rien n'est perdu, bébé. Je t'ai dit que je ferai tout pour la retrouver et je tiendrai parole. Nous trouverons un autre moyen. La femme avait parlé d'un footballeur qui aurait été son meilleur ami. Je trouverai le moyen de rentrer en contact avec lui. On la retrouvera ne t’inquiète pas. On les retrouvera toutes les deux.


Je pose de petits baisers dans son dos.


Moi : J'ai une bonne nouvelle. Marc-Arthur a enfin signé les papiers du divorce. Je suis maintenant toute à toi. Rien qu’à toi.


Il se retourne avec une lueur dans les yeux. Il pose ses lèvres sur les miennes. Nous nous aimons sous le jet d'eau. Il m'empoigne les fesses et contre la vitre me fait l’amour jusqu’à épuisement.


Nous sommes à table avec les enfants. Ils ne cessent de raconter leur journée à leur père. Darnell les écoute comme s'il s’agissait de quelque chose de la plus haute importance. Je souris devant sa mine sérieuse. Il aime beaucoup ses enfants.


Coralie : Papa, je veux nager avec toi dans la piscine.


Je regarde Darnell qui devient un nerveux. Ça fait la troisième fois cette semaine qu'elle le lui demande. Il ne peut pas lui dire qu'il a une phobie de l'eau alors il invente à chaque fois une excuse.


Darnell : Papa a mal à la jambe chérie.


Coralie pose sa cuillère et croise les bras en boudant. Teddy fait de même.


Darnell : On le fera une autre fois ma puce.


Coralie : Je ne veux pas. Maman, elle nage avec nous.


Il s’apprête à répondre quand je pose ma main sur la sienne pour le freiner.


Moi : Coralie, papa nagera avec toi un autre jour. Maintenant, arrête de bouder sinon tu n'auras plus de glace.


Teddy : Et moi ?


Moi : Toi aussi.


Teddy se met à sourire en recommençant à manger. Coralie reprend sa cuillère et termine son assiette. Darnell est maintenant triste. Je lui caresse la main. Il me sourit faiblement.


Après le diner, je vais coucher les enfants. Darnell est au salon à travailler sur les photos du mariage d’Ashley. Une idée germe dans mon esprit. Je descends avec des serviettes que je pars disposer près de la piscine. Je reviens vers lui lorsque son portable se met à sonner. Je vois le numéro et je sais déjà qui s’est. Je range les jouets des enfants en l’écoutant communiquer. Il parle un bon moment avant de raccrocher. Je souris.


Darnell : Tu ne devineras jamais.


Moi : Quoi ?


Darnell : On vient de me proposer deux gros contrats pour couvrir des évènements. Et je dois aussi me préparer pour les mois à venir parce que je dois encore couvrir le mariage d’une certaine Carine YOUL.


Je continue le rangement sans le regarder.


Moi : Ah bon ? Mais c’est super. Tu es doué, c’est donc normal qu’ils t’aient choisi.


Darnell : Celle qui m’a contacté, je crois bien que c’est la sœur d’Ashley.


Je fais mine de ne pas avoir entendu. Oui j’y suis pour quelque chose. N’est-ce pas que la femme doit aider son homme à devenir grand ?


Darnell : Tu y es pour quelque chose ?


Moi : Non.


Darnell : Kayla !


Je lui fais face.


Moi : Ok, bon disons que j’y suis un tout petit peu pour quelque chose. Ils avaient besoin de photographe et je leur ai parlé de mon homme. Rien de plus.


Darnell (me fixant) : Tu n’as non plus pas proposé ces énormes cachets qu’ils sont prêts à me verser ?


Je regarde ailleurs.


Moi : Peut-être que oui. Je ne m’en souviens plus.


Je le regarde en souriant. Il sourit de même et vient me prendre dans ses bras.


Darnell : Je t’aime. Merci !


Moi : Tu as maintenant une dette envers moi.


Darnell : Et que veux-tu que je fasse ?


Moi : Viens, suis-moi.


Il me laisse le tirer jusque près de la piscine.


Darnell : Qu’est-ce que qu’on fait là ?


Je lui caresse la joue.


Moi : Je vois la tristesse sur ton visage à chaque fois que les enfants te demandent un moment de piscine. Je sais que tu en as envie mais que tu n’oses à cause de ta phobie. Ce soir, je veux t’aider à la vaincre.


Darnell : Non, pas ça.


Il veut se défiler mais je le retiens fermement.


Moi : Bébé, tu dois pourtant surpasser cette peur. Tu ne fais plus de cauchemar depuis que tu as connu toute l’histoire. Il te faut maintenant vaincre ce mal entièrement. Tu ne peux pas vivre ainsi.


Darnell : Bébé…


Moi : Fais-moi confiance. On le fera ensemble. Je t’aiderai.


Darnell : Je…


Je l’interromps par un baiser.


Moi : Laisse-toi faire. Je suis là.


Je retire ma robe et l’aide à se déshabiller. Je descends en premier dans la piscine. L’eau est glacée mais ça va. Je suis dans la partie non profonde. L’eau m’arrive sur le ventre.


Moi : Approche.


Il hésite.


Moi : Darnell !


Darnell : C’est une mauvaise idée.


Moi : Pense aux enfants qui rêvent de nager avec leur père. Viens s’il te plaît.


Il fait de petits pas. Quand il arrive en bordure, il ferme les yeux.


Moi : Assieds-toi d’abord et mets tes pieds dans l’eau.


Il reste encore debout de longues minutes avant d’obéir encore lentement. Quand son premier pied touche l’eau, il frissonne. Je continue de l’encourager jusqu’à ce qu’il mette le deuxième pied. Il est maintenant assis. Je le sens paniqué mais il se maitrise.


Moi : Maintenant descends lentement. Je vais t’attraper.


Je pose mes mains sur ses hanches et tout doucement je l’aide à descendre dans l’eau. Quand tout son corps y est, il panique. Il manque même de rentrer sous l’eau. Je suis obligée de le serrer fortement.


Moi : Je suis là. Il ne t’arrivera rien. Tu ne te noieras pas, rien ne t’arriveras.


Il continue à se débattre bien que l’eau lui arrive sur le ventre. Je l’incite à attraper les bordures. Il le fait et c’est à cet instant qu’il se calme. Ça respiration se fait bruyante. Je m’accroche sur son dos.


Moi : Tu y es arrivé. Tu n’as plus à avoir peur.


Darnell : Je revois les images.


Moi : Tout n’est que dans ta tête. Fais juste le vide.


Nous restons ainsi jusqu’à ce qu’il soit plus calme. Je l’incite à me refaire face. Quand c’est fait, je l’embrasse pour le rassurer. Je m’éloigne après de lui jusqu’au centre de la piscine. Je lui demande de me rejoindre. Il souffle et un pas après l’autre avance. Je souris. Quand il est proche de moi, je me déplace encore. Il avance. Je fais ce manège jusqu’à ce qu’il soit plus détendu. Je vais un peu plus en profondeur. Il me rejoint. Il ne remarque même pas que l’eau lui arrive maintenant à la poitrine.


Moi : Tu vois, tu as réussi.


Il ferme les yeux. Sous l’eau, il passe son bras autour de ma taille et m’attire à lui. Je m’accroche automatiquement à son cou et nous nous perdons dans un baiser. Nous retournons en bordure en continuant à nous embrasser. Je sens son érection contre moi. Je retire mon dessous que je balance hors de la piscine. J’enroule mes jambes autour de lui. Il ne perd pas de temps à me posséder sous l’eau. Mon corps est pris de spasme quand il me fait un suçon dans le cou.


Darnell : Je t’aime tellement, Kayla. Tellement.


Moi : Encore bébé. Encore.


C’est tout ce que j’arrive à lui répondre jusqu’au prochain orgasme.


*Mona

*LYS


La lumière du jour m’oblige à ouvrir les yeux. Je me souviens que je ne suis pas dans mon lit, mais dans celui de Darnell. Hier c’est moi qui suis passée chez lui. Les contrats qu’il a eus lui demandaient beaucoup de concentration et de temps pour produire de très bons résultats. Il a donc fait une semaine sans venir à la maison parce qu’avec les enfants ça lui aurait été difficile de se concentrer. C’était donc par appel, message ou appel vidéo que nous communiquions. Mais hier j’avais trop envie de lui et j’ai rappliqué à l’improviste. Ça ne l’a pas dérangé. Il m’a même bercé après avoir fait l’amour et il est retourné travailler. C’est de ça dont j’avais besoin. D’un homme qui sait prendre soin de moi malgré toutes ses charges professionnelles.


Je suis attirée par la bonne odeur qui vient de l’extérieur. Il doit avoir fait le petit déjeuner. Je fronce les sourcils. Darnell n’a jamais fait la cuisine. Ce n’est pas trop son truc. Je sors du lit lorsque je vois deux photos posées sur le lit. Je les prends et un large sourire étire mes lèvres. Ce sont des photos qui remontent à deux ans. Ce sont les photos de cette nuit-là où tout a commencé entre nous. Cette nuit où pour la première fois nous avions fait l’amour. Il m’avait prise en photo sans que je ne le sache pendant que je travaillais. J’avais ôté ma perruque et mon chemisier. Il y a aussi la photo où je dormais après que nous ayons fait l’amour. Je vois une autre photo posée au sol, puis une autre. Cette fois ce sont les photos de la soirée de retraite de mon père. Je vois d’autres photos devant la chambre. Il a disposé des photos jusque dans le salon. Je les prends chacune en avançant. Elles ont été disposées chronologiquement. Elle raconte au fait une histoire. De là où tout a commencé jusqu’à notre rupture. Je ris aux éclats devant certaines photos. Je n’arrive pas à croire que tout ce temps il les avait encore. Les photos se terminent sur la table à manger où est dressé un copieux petit déjeuner. Croissant, omelettes, pain, avocat, œufs bouillis, croque-monsieur, lait etc… Il apparait avec une carafe qu’il pose sur la table. Il soulève une rose et me la donne. Je souris à en devenir maboule.


Darnell : Enfin tu es réveillée.


Il vient m’embrasser et me demande de m’asseoir. Il fait pareille.


Moi : Je n’arrive pas à croire que tu aies toutes ces photos.


Darnell : Je n’ai jamais eu le courage de les détruire. Regarde là, il y a un autre lot.


Il me montre un petit lot de photo, mais cette fois elles sont récentes. Ce sont des photos de moi et des enfants, il apparait dans quelques-unes. Il n’est pas trop photo. Il préfère photographier les autres. Il y a aussi une photo de nous tous dans la piscine. Depuis deux semaines en arrière où il a vaincu sa phobie, Darnell passe presque tous les après-midi à nager avec ses enfants. Nous sommes même allés une fois à la plage et là encore il est entré dans l’eau. Je suis heureuse de l’avoir aidé à passer cette étape douloureuse de sa vie. Je pose l’avant dernière photo et quand j’arrive sur la dernière je ne comprends pas. C’est une photo d’une demande en mariage. C’est pièce magnifiquement décorée avec des bougies, des pétales de roses, et un écriteau “Veux-tu m’épouser’’. Je ne lis pas le reste de la phrase. 


Moi : Je crois que tu t’es trompé. Celle-là doit être pour un de tes clients.


Darnell : Ce n’est pas une erreur. Lis bien.


Je lis ce qu’il y a d’écrit et c’est là que je vois “Veux-tu m’épouser Kayla ?’’. J’ouvre la bouche et grand les yeux en essayant d’agencer mes pensées. Je sens Darnell se lever mais je ne le regarde pas. Kayla ? C’est moi Kayla n’est-ce pas ? Quand je lève enfin les yeux, je tombe des nues. Cette fois c’est clair. Darnell est à genou devant moi.


Moi : OH MON DIEU !!! OH MON DIEU !!! Bébé ?


Darnell : Veux-tu m’épouser ?


Je regarde la bague dans l’écrin et j’ai toujours du mal à le croire. Il me fait une demande en mariage ? Je suis tellement dépassée et émue que je commence à rire aux éclats.


Moi : Non mais tu es un salaud. Me faire une telle surprise en si bon matin ? Tu es complètement fou.


Il éclate de rire. Je me baisse pour l’embrasser avant de lui répondre oui. Quand il me glisse la bague au doigt je me mets à sautiller en hurlant.


Darnell (riant) : Bébé, il y a des gens qui dorment.


Moi : Je m’en fiche. JE VAIS ME MARIEERR !!!


Je saute sur lui et l’encercle de mes jambes. Je pose des baisers partout sur son visage. Il s’assoit avec moi sur ses jambes. Je contemple ma bague.


Moi : Elle est belle.


Darnell : Tu aimes ?


Moi : Oui bébé. Ça n’a pas d’importance que ce soit une copie ou une vraie. L’essentiel c’est que ça vienne de toi.


Darnell : Qui t’a dit que c’était une copie ?


Moi : La vraie coûte un peu cher.


Darnell : Et ? Je te rappelle que tu m’as dégoté de très gros contrats.


J’ouvre la bouche.


Moi : C’est un diamant ? A combien l’as-tu acheté ?


Darnell : Ce n’est pas ton problème.


Il veut se lever mais je le maintiens.


Moi : Darnell !


Darnell : Bébé tu pèses. Vas prendre ton petit déjeuner.


Moi : Après une telle demande en mariage je n’ai plus faim.


Darnell : J’ai donc fait tout ça pour rien ?


Moi (me levant) : Oui.


Il me donne une tape sur les fesses quand je me relève sur lui. Je me rends dans la chambre où je fais tout de suite un appel vidéo aux filles. Ash met du temps à répondre. Et quand elle le fait, elle est toute en sueur.


« Zoé : Beurk, Ash tu étais en train de copuler ? »


« Ash : Ta baisegueule Zoé. »


Je leur montre ma bague et elles se mettent toutes à hurler. Je me lance dans une longue explication. J’en suis même de nouveau émue. Les filles se réjouissent pour moi. Elles commencent déjà par parler de l’organisation du mariage. Je passe encore des minutes avec elles quand j’entends des voix provenir du salon. Ça ressemble à une dispute. Je dis au revoir aux filles et retourne. Je tombe sur, comment elle s’appelle déjà ? Amélie, la mère de Coralie. Elle est là avec sa valise. Quand elle me voit elle redouble dans son tapage.


Amélie : Voici la pétasse, voleuse de mari. Je suis venue m’installer chez mon homme donc tu dégages.


Darnell : Amélie ça suffit. Sors de chez moi.


Amélie : Pour aller où ? A cause de toi aucun homme ne veut de moi. Ils viennent coucher avec moi et puis ils me laissent. Ils disent qu’ils ne veulent pas d’une fille qui a déjà un enfant donc comme c’est toi le père de mon enfant je suis revenue pour que tu me prennes.


Moi : Désolée mais il n’y a plus de place vacante dans la vie de Darnell. Et si aucun homme ne veut de toi c’est surement à cause de ton sale comportement.


Amélie : Toi tu dis quoi même avec ton chôcôbi là ? Ce n’est pas parce que tu as un enfant avec lui que ça fait de toi sa femme. J’ai eu un enfant avant toi donc c’est moi qu’il doit épouser.


Je retourne dans la chambre et récupère le nouvel extrait de Coralie. Je reviens et la lui jette à la figure.


Moi : Sur cet extrait il est marqué que la mère de Coralie c’est moi.


Elle ramasse et lit. Son visage se déforme.


Amélie : En plus de voler mon mari, tu voles mon enfant.


Moi : Je n’ai rien fait. Tu as toi-même renoncé à ce statut et comme il était vacant je l’ai pris. Tu n’as donc plus aucun droit sur Coralie.


Amélie : Je vais vous trainer en justice.


Moi : Je n’attends que ça. Maintenant dégages, Darnell et moi devons fêter nos fiançailles.


Je lui fais voir la bague. Elle se liquéfie.


Amélie : Darnell tu n’as pas osé ? Après tout ce que j’ai fait pour toi ? Je t’ai supporté dans la galère et maintenant que ça va tu me laisse pour cette fausse métisse.


Elle se lance dans une complainte sans fin. Je jette sa valise dehors, reviens à elle, lui arrache l’extrait et la fout dehors.


Moi : Je ne veux plus jamais te voir autour de mon homme.


Je claque la porte et me tourne vers Darnell. Je lui pointe mon doigt.


Moi : Toi, comprends bien une chose, tu es à moi et à personne d’autre. Et puis tu viens maintenant même vivre avec ta famille. Ce n’est pas à discuter.


Je ramasse l’extrait devant son air moqueur, retourne dans la chambre et claque la porte. Après tout ce par quoi je suis passée elle pense que je vais lui laisser Darnell aussi facilement ? N’importe quoi !


*Mona

*LYS


Ma mère a organisé un grand diner en famille. Elle a avancé que c’était pour qu’on se retrouve en famille parce que ça faisait longtemps et qu’il fallait que nous resserrions les liens. Mais moi je sais que c’est pour encore exhiber ses nouveaux biens aux yeux de ses sœurs. En effet, un de ses anciens amants qui est un homme marié, lui a acheté une nouvelle maison. Je me demande comment une femme comme elle peut se rabaisser à cette vie. Le mois passé, elle a manqué de se faire humilier sur la place public. La fiancée de son récent ex amant qui était de 20 ans plus jeune qu’elle a menacé de publier ses nudes sur les réseaux sociaux si elle ne foutait pas la paix à son homme. C’est le nouvel hobbit de ma mère, sortir avec des hommes beaucoup plus jeune qu’elle. La plupart n’ont même pas encore mon âge. Tous des gamins. Et c’est encore elle qui prend soin d’eux. Elle est devenue une cougars. C’est à cette vie qu’elle voulait aussi me conduire. Heureusement que j’ai vite emprunté un autre chemin.


Darnell et moi retrouvons tout le monde déjà présent. Au début je ne voulais pas y assister, mais finalement j’ai accepté parce que je trouve que c’est le moment idéal pour annoncer à tous mes fiançailles. Lorsque Béca me voit avec Darnell, elle vient nous embrasser chaleureusement.


Béca : Ta mère va te tuer ce soir.


Moi (riant) : Je sais.


Ma mère nous invite autour d’une grande table sans prêter attention à Darnell. Le service traiteur que je n’avais pas remarqué commence à nous servir. Nous nous lançons des regards parce que nous savons que tout ça c’est juste pour impressionner. Mes cousines sont là avec leurs époux pour certaines et leurs fiancés pour les autres. Mes quatre tantes aussi sont présentes sans leurs époux. C’est une soirée rien qu’entre les sœurs et leurs enfants. Darnell ne participe pas aux conversations, moi encore moins. Je me penche vers Darnell.


Moi : Ça va ?


Darnell : Je ne savais pas qu’il y avait autant de belle femme dans ta famille.


Je lui donne une tape dans son côté. Il rit. Béca me regarde et sourit. Je reçois un message de ma mère.


« Maman : C’est qui lui ? Où est Marc-Arthur ? »


Je la regarde, elle me fait de gros yeux. Je lève ma coupe et à l’aide d’une petite cuillère, la frappe pour imposer le silence. Je me lève devant tous.


Moi : Désolée de vous interrompre. Je suis heureuse que nous soyons tous en famille ce soir. Ça m’avait manqué ce genre de partage. Alors je profite du fait que vous soyez tous là pour vous faire des annonces. La première, c’est que Marc-Arthur et moi avons divorcé.


Ma mère recrache sa boisson.


Maman : Quoi ?


Moi : Il me trompait, me cachait qu’il était un dealer et le pire, il était stérile. La deuxième annonce donc, c’est que j’ai découvert que Teddy n’était pas le fils de Marc-Arthur comme je le croyais.


Personne à part Béca et Max ne cache sa surprise.


Moi : Je vous présente ce soir Darnell, le père de Teddy. J’avais eu une aventure avec lui dans le passé mais je ne savais pas que ça avait donné un fruit. Donc comme je le disais, j’ai divorcé d’avec Marc-Artur, MAIS, je vais bientôt me marier avec Darnell.


Je montre ma bague. Tout le monde se réjouit pour moi. Ils trinquent tous avec moi et saluent Darnell qui est toujours silencieux. Je vois ma mère ouvrir sa bouche. Elle veut parler.


Moi : Et avant que tu ne le demandes, maman, il n’est pas un homme de la haute. Il n’a pas d’entreprise à neuf chiffres d’affaire. Il n’a pas un père pétrolier ni une mère ambassadrice. Il n’a pas de compte en banque bourré d’argent. Il est juste un photographe. Il était mon employé il y a deux ans et aujourd’hui il travaille à son propre compte. C’est lui qui a couvert le mariage d’Alice.


Alice : Je vois maintenant d’où le visage m’est familier.


Moi : Alors à vous tous, je n’ai pas honte de ne pas épouser un homme riche comme vous. Mais je sais que tout comme vous, je vis l’amour vrai. C’est tout ce qui m’importe.


Maman Alice : Ma fille, nous on n’a jamais eues de problème avec la classe sociale oh. Tant que vous êtes heureuses nous vos mamans le sommes aussi. Moi-même mon mari s’est un planteur de café cacao. C’est au village on a quitté pour venir vivre à Abidjan. C’est Dieu qui bénit.


Béca : En plus ça tombe bien qu’il y ait un photographe dans la famille. On aura plus à se casser la tête lors de nos soirées.


Béca me fait un clin d’œil. Ma mère la dévisage.


Maman Béca : Mon fils, soit le bienvenu dans la famille.


Darnell : Merci maman.


C’est le sourire aux lèvres que je me rassois. Ma mère sort de la pièce toute furieuse. Personne ne la calcule. Nous terminons la soirée sans nous préoccupée d’elle. Tout le monde taquine Darnell et les maris de mes cousines demandent à Darnell son contact en cas de sollicitation.


La soirée prend fin. Ma mère qui nous avait rejoint une heure de temps après mon discours, nous remercie d’être passés avec un faux sourire plaquer sur son visage. Je sais qu’elle veut me parler mais je sors sans lui en laisser l’occasion. Tout le monde monte dans sa voiture et elles se suivent toutes. On aurait dit un festival de voiture de marque. Plutôt que je prendre la mienne, je propose à Darnell de marcher.


Darnell : Tu n’as pas mal aux pieds avec tes talons ?


Moi : Tu es là pour me servir d’appui.


Je demanderai au chauffeur de mon père de venir chercher ma voiture demain. J’ai juste envie de prendre l’air avec mon homme à mes côtés. Nous marchons donc lentement en enchainant les sujets de conversation. Certaines sont sans têtes ni queues mais nous rendent encore plus complices. Arrivé à un carrefour, Darnell nous achète de la banane braisé avec des arachides chez une femme assise en bordure de la route sur un tabouret.


Darnell : Si tu manges ça, je t’assure que tu ne voudras plus manger de pizza.


La vendeuse et moi pouffons de rire. Elle nous ajoute une banane de plus comme cadeau en soutenant que nous formons un beau couple. Nous mangeons nos bananes en continuant la marche. Le véritable amour se retrouve dans les petites choses. Pas besoin de million, pas besoin d’or, pas besoin de diamant, juste être dans les bras de sa moitié. Si seulement j’avais fait ce choix il y a deux ans, je me serais évitée tous ces chagrins par lesquels je suis passée. Nous nous infligeons parfois des souffrances que nous pourrions nous éviter si seulement nous prenions de bonnes décisions quand il le faut. Mais maintenant j’ai compris la leçon. L’amour passera toujours avant le matériel. Comme mon père m’a dit il y a deux ans, le matériel ça passe, les critères ça passe, mais l’amour, le vrai, quelles que soit les épreuves, demeure.     


Si Seulement Tome 2