Episode 28

Ecrit par Annabelle Sara


   

Je n’avais pas dormi cette nuit après le départ de Jules, enfin je m’étais réveillée plusieurs fois cette nuit. Je ne comprenais pas trop le comportement de Jules. Il veut quoi au juste ? Un moment il dit qu’il ne veut pas passer à coté de ce qu’il construit avec moi et il ne peut pas juste être patient et atteindre que je sois prête à m’ouvrir ?

Et cette violence sourde qui court dans ses veines ! Je ne veux pas entrer dans ce genre de relation, j’en avais assez souffert je ne vais pas le supplier, pas quand il se comporte de la sorte.

Je ne voulais pas penser à lui dans la journée, mais il ne sortait pas de ma tête. Il était là ! Son sourire, son engouement, son humour, sa tendresse… Je ne sais pas pourquoi j’avais ce sentiment mais savoir que cette fois peut-être ce serait la dernière fois qu’on se voyait…

J’ai décidé de ne plus trop penser à lui surtout que nous avons décidé d’aller célébrer notre nouvelle affectation Christina, mes amies et moi ! Nous avons choisi des canapés pour être à l’aise pendant notre petite sortie. Les filles faisaient passer à Christina un entretien poussé sur sa vie et sa personnalité. Pendant ce temps j’étais un peu en retrait avec mon téléphone dans ma main, espérant quelque part dans mon cœur qu’il allait me faire signe pour s’excuser comme il l’avait fait la dernière fois.

Alfred : Ne me dis pas que Jules et toi avez encore des problèmes ?

Je ne sais pas si je voulais parler de ça avec lui, parce que j’avais peur d’en dire trop et de na pas pouvoir apporter les réponses que pourraient attendre mes amis. Et avec eux ce serait un véritable problème de leur mentir.

Moi : Un petit désaccord…

Alfred : Qui va devenir une montagne si tu continues à admirer ton téléphone au lieu de l’appeler…

Je ne crois pas que l’appeler serait la meilleure solution.

Nyango : Il y a quoi ?

Moi : Rien !

Alfred : Petit problème entre les amoureux !

Nyango me fit son  regard qui dit : Tu es sérieuse ?

Moi : Ce n’est rien on va vite régler ça…

Nyango : Ah oui ? Alors pourquoi tu ne règles pas la situation tout de suite ?

Si je ne fais pas attention les choses vont m’échapper.

Moi : Ne t’inquiètes pas…

Pat : De quoi ?

Je ne comprenais pas pourquoi avec mes amis une situation simple prenait toujours des proportions démesurées.

Nyango : Elle a quelques soucis avec Jules…

Pat : Abeng ? Encore ? Cette fois c’est quoi le problème ?

Christina : Qui a des problèmes ?

Et voilà ! Tout le monde va s’en mêler et me forcer à faire un pas que je ne voulais pas faire, pas maintenant !

Pat : C’est son gars… Jules Abeng…

Christina : Hein ? Le Abeng qui est entrepreneur ?

La question de Christina attira l’attention de tous et piqua ma curiosité.

Nyango : Oui pourquoi ? Tu le connais ?

L’expression de son visage ne laissait rien paraitre de bon, elle se tourna vivement vers moi.

Christina : Tu sors avec Jules Abeng ?

Moi : Je… Oui ! On peut dire oui pourquoi ? Pourquoi tu t’exclames de la sorte ?

Elle soupira et prit son verre de vin.

Christina : Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas mais… Il est au moins correct avec toi ?

Je ne comprenais pas cette question.

Pat : Pourquoi tu ne nous dis pas si tu le connais au lieu de faire autant de mystère ?

Christina : C’est juste qu’il est possible qu’il soit correct avec elle… mais avec la cousine de mon amie… de ma meilleure amie, il n’a pas été correct et leur relation c’est mal fini ! E puis, on connait notre pays, les petits poissons se font toujours bouffer par les gros !

Alfred : De quoi tu parles au juste ?

Elle déposa son verre sur la table et nous observa un moment, j’étais curieuse de connaitre ce qu’elle savait sur Jules et en même temps j’avais peur de ce qu’elle allait m’apprendre, et si elle me disait que lui aussi appartient à une secte ?

Christina : La cousine de mon amie est morte dans d’étranges conditions dans la maison d’Abeng quand ils étaient ensemble !

Ma respiration se coupa, je n’en revenais pas, je ne sentais aucun de mes membres tellement j’étais estomaquée.

Alfred : Pardon ?

Nyango et Pat avait la bouche grande ouverte en forme de O.

Christina : Jules est violent et ne contrôle pas sa colère. Selon mon amie et un nombre incalculable de personne à Douala, il battait Véra ! Elle est partie à l’hôpital au moins 3 fois pendant leur relation et une fois elle a fait une fausse couche…

C’était monstrueux !

Alfred : C’est n’importe quoi ! Pourquoi tu racontes des mensonges comme ça…

Christina : Je ne… je ne mens pas ! Attendez si vous ne me croyez pas…

Elle sorti son téléphone et ouvrit le navigateur et tapa rapidement sur son téléphone et nous ressorti une page d’info sur Jules, qui racontait le décès de sa concubine dans leur appartement à Bonanjo, il l’aurait sauvagement battu et balancé du haut des escaliers, mais comme sa mère est procureur il n’a pas été inquiété pour cet homicide. Tous ça avec une photo du couple en affiche sur le site de potins.

Nyango : Seigneur !

Christina : Je n’invente rien, il a fui douala à cause de cette histoire ! Sérieux un business man digne de ce nom viendrait s’installer à Yaoundé, alors que le centre de toute affaire se trouve à Douala ?

Pat : Alfred, tu savais ça et tu as branché Kiki avec lui ?

Alfred : Je ne savais rien de tout ça ! Et ce n’est pas parce que c’est sur internet que c’est vrai ! Ce n’est que du kongossa virtuel…

Il fusilla Christina du regard et se tourna vers moi.

Alfred : Ma puce je ne sais pas ce qui s’est passé avec Jules mais je t’assure que ce qu’elle raconte c’est un tissu de mensonges… je ne sais pas ce qu’elle cherche mais elle ment !

Moi : Alfred, je t’ai dit que ce gars à des accès de colère effrayant !

Christina : Hey… j’essaye d’aider quelqu’un que j’apprécie ! Je viens d’apprendre qu’ils sont ensemble, le but d’inventer ce genre d’histoire là maintenant ce serait quoi ?

Elle avait vraiment l’air blessé que Alfred la traite de menteuse.

Alfred : Désolée mais ce que tu fais est louche ! Et puis Kiki,  il y a une distance entre avoir de la colère et être violent !

Moi : Crois moi les deux vont toujours ensemble !

Pat : Appelles le ! Moi je suis pour que tu le confrontes ! Nous ne sommes pas dans Novelas où tu découvres quelque chose sur ton gars tu te tais tu tires des conclusions sans rien dire et tu attends que le réalisateur te remette avec lui quand il est fatigué de vous faire tourner comme la toupie !

Elle avait raison, il m’avait fait une scène hier à cause d’une déclaration de naissance pendant qu’il a tout un cadavre dans son placard ? Je vais lui montrer que moi aussi je connais monter dans les octaves.

J’ai avalé rapidement le contenu de mon verre avant de me lever pour aller passer mon coup de fil dans un endroit calme et isolé.

A peine je lançais l’appel qu’il fut dirigé dans la messagerie vocale, alors j’ai choisi l’option de whatsapp et comme il n’était pas connecté je lui ai fait un VN.

Moi : Bonsoir  Mr Abeng ! Je vais passer l’étape des civilités ! Je voulais juste te dire que tu es un hypocrite de grand chemin, un dangereux psychopathe doublé d’un menteur caractérisé ! Tu m’as fait une scène hier sous prétexte que je ne voulais pas m’ouvrir à toi… pendant ce temps tu as deux cadavres dans ton placard ? Un bébé et une femme… imagine ma surprise quand j’ai appris qu’on te soupçonne d’avoir battu une pauvre fille et même de l’avoir tué ! C’est ce que tu me réservais ? Me battre à mort si je ne fais pas les choses comme toi tu les veux ? Et c’est à un animal préhistorique comme toi que tu voulais  que j’offre ma confiance ? Que je m’ouvre et te laisses prendre possession de moi ? Tu as menti ! Nous n’avons rien à faire ensemble comme tu l’as dit hier donc ne t’approche plus jamais de moi… JAMAIS !

J’avais parlé tellement vite que j’avais le souffle cours à la fin de mon VN, mais je ne me sentais pas mieux ! Cette histoire me laissait un goût amer sur la bouche. Cela dit, je devais penser à ma sécurité à celle de mon enfant, donc un homme avec une telle réputation n’avait sa place dans ma vie.

C’est ce que je me disais encore en entrant chez moi cette nuit là ! J’avais grandi dans une violence tellement absurde que je m’étais juré que je ne vivrais plus jamais ça dans ma vie d’adulte. Et que Jules soit capable de faire du mal à une femme ne m’étonnait pas beaucoup.

Tous les hommes ont un vice !

J’allais refermer la porte de mon appartement derrière moi, lorsque je sentis quelqu’un me pousser à l’intérieur dans le noir, ma première réflexion fut qu’ils m’avaient trouvé ! Les gens de la secte m’ont retrouvé  et ils vont me tuer ! La lumière s’alluma et mes yeux en s’habituant se plissèrent de colère en voyant qui venait de m’agresser de la sorte.

Moi : Moulon à Bereng ! Qu’est ce qui te prend ? Dégages de chez moi !

Mon père : Je ne sais pas si je ne t’ai pas assez battue dans ton enfance pour que tu n’aies aucun respect pour moi, mais si tu recommences à m’appeler par mon nom je vais te montrer que je suis encore ton père !

Ah non, il n’allait pas venir chez moi me menacer.

Moi : Essaies pour voir ! Tu vas comprendre pourquoi beaucoup ne prend pas S ! Père de mes fesses !

Mon père : C’est là-bas que je vais te fouetter ! Tu connais la règle, ta mère et toi vous vivez votre vie de débauchées et vous laissez mes enfants surtout mes filles tranquille…

Moi : Quelles filles ? Celles que tu vends comme si s’étaient des vaches à lait ?

Je lui faisais face donc il lança son bras sans que je ne m’en rende compte, une gifle s’abattait sur mon visage. Le coup faisait mal, je n’avais plus jamais reçu un coup d’une telle intensité de ma vie.

J’ai levé un regard enragé sur lui, j’étais prête à le charger.

Mon père : Je ne suis pas ici pour écouter ta sale bouche cracher son venin, ne t’imagine pas que le rapport de force à changé de camp, je suis ton père et oui je suis violent donc si tu ne veux pas recevoir des coups, tu te soumets c’est tout !

Moi : Je sens que tu as oublié qui je suis Moulon, je ne suis pas un de tes enfants, je suis le fruit du péché, donc je ne me soumets pas, je rends coups pour coups… ne me pousse pas seulement à faire couler ton sang sur mon beau tapis…

Il éclata de rire et me nargua du regard, il savait que je n’avais pas ce dégrée de noirceur dans mes veines, je serais incapable de lui faire du mal.

Mon père : Je veux savoir où se trouve Diane et je ne te le demanderais pas deux fois…

Moi : Quoi ? Une brebis s’est éloignée du troupeau ?

Mon père : OU ELLE EST ?

Il avait crié fort, la gifle m’étourdissait encore, mais je ne pouvais pas montrer de la vulnérabilité devant cet homme.

Moi : Je sais… mais je ne dis pas ! Au moins comme ça nous sommes fixés… tu peux partir !

Mon père : Mekeng, je sais que tu t’imagines que tu es à l’abri de ma fureur, mais quand tu te comportes comme ça j’ai juste envie de te prouver que moi… je suis encore ! Et c’est moi qui créais les règles…

Moi : Pardon va créer une église pour prêcher ta toute-puissance ! Mais moi, je ne te donnerais aucune information !

Mon père : Tu n’as pas envie de me mettre à dos…

Moi : Parce que tu vas faire quoi ?

Je parlais en faisant un geste du doigt devant son visage, je le vis serrer les poings !

Moi : Tu vas me boxer ? Mais je t’en prie ne te gènes pas ! Le chien galleux pense qu’il me fait peur…

Le coup parti, j’ai essayé de l’éviter mais il me toucha tout de même légèrement au menton, alors j’ai plongé les dents les premières sur son avant bras et j’ai mordu fort, un gout de sang m’inonda la bouche. Son visage s’assombrit pendant qu’il étouffait un cri de rage. Je n’aurais jamais dû abandonner mes cours d’autodéfense.

Il m’attrapa par le cou de l’autre main et leva la main blessée pour me frapper à nouveau !

Je suis cuite, j’ai pensé en deux secondes.

Mais le coup ne tomba pas, une force souleva mon père de terre et le projeta contre un mur, pendant qu’il lâchait prise sur moi m’envoyant valser au sol, un tableau accroché sur ce mur se détacha et s’écrasa avec fracas contre le sol.

Jules posa des yeux rageurs sur moi, il semblait apprécier l’état dans lequel j’étais. J’avais le souffle court à cause de la poigne de mon père sur mon cou.

Sans réfléchir il se tourna vers mon père et fonça sur lui, il posa son avant bras sur le cou de mon père qui se mit à respirer difficilement. Il avait les yeux exorbités et larmoyants.

Jules : Je vous ai supporté à Bafia parce que vous étiez chez vous… mais ici c’est non… interdiction pour vous de seulement traverser le pas de cette porte ou de vous approcher d’elle ! Si je ne vous refais pas le portrait pour ce que vous venez de faire c’est parce que comme avec les femmes je ne frappe pas sur les personnes âgés, ne me donnez pas une raison de transgresser cette règle !

J’observais les deux hommes qui se jaugeaient du regard.

Jules : Maintenant rentrez chez vous !

Sans ménagement il traina mon père à la porte et le poussa hors des lieux, avant de fermer la porte et se diriger vers moi. Mouvement réflexe j’ai tendu la main pour lui signifier de ne pas m’approcher. J’avais besoin de reprendre mon souffle.

Jules : Je veux juste t’aider !

Moi : Non… tu as dis que tu ne frappes jamais sur une femme ? Pourquoi tu mens ?

Jules : Donc tu crois vraiment que j’ai battu et tué  Véra ?

Moi : Pourquoi… tu ne l’as pas fait ?

     


KIKI DU 237