Episode 4

Ecrit par Nifêmi

Episode 4

« L'amitié, c'est l'antichambre de l'amour. »

André Gide

 

Le prochain rendez-vous, j’y étais. Chaque samedi, on se voyait sans que, je n’éveillais des soupçons auprès des miens. Notre point de rendez-vous était sur la digue ou dans une pirogue. On n’était jamais à l’abri des regards. Je trouvais ça correct. Au fur et à mesure qu’on se fréquentait j’ai constaté qu’il prenait beaucoup plus soin de lui. Il sentait de moins en moins aux poissons, mais beau plus du savon parfumé. Son odeur le rendait plus attirant. Je n’avais jamais osé lui faire une bise, j’avais honte et c’était à lui de faire le premier pas.

Puisque notre relation était purement amicale, je me contentais juste des histoires et des blagues qu’il faisait. Cela arrivait par moment, à ce qu’on grille du poisson sur la rive. Avec lui j’ai appris beaucoup sur le monde de l’océan. Eh oui ! Il allait sur l’océan pendant des jours. Je l’avais poussé à me dire la raison pour laquelle il avait arrêté d’aller à l’école. Sa réponse m’avait émue :

-          Je ne dirai pas que j’étais nul, ni meilleur d’ailleurs. J’aimais bien étudier mais j’ai dû arrêter en classe de seconde quand mon père est décédé en mer. Je devrais alors prendre soin de ma mère, en fait je devrais remplacer le post de mon père. Après tout je suis son unique héritier. Le peu que je connais de l’école me suffit pour gérer ma vie.

-          Je ne sais pas si c’est un bon choix que tu as fait, mais c’est noble. T’inquiète, si je vais en classe de 1ere je vais t’apprendre d’autres programmes scolaires.

-          Merci Folakè tu es un ange.

Un autre jour, je lui ai demandé :

-          Banjoko veut dire quoi en fait ?

-          C’est le titre d’un chapitre de la vie de ma mère.

-          Si ce n’est pas indiscret raconte-moi

-          Avant ma naissance, ma mère a perdu une grossesse et deux autres enfants.

-          Ooooh ! désolée !

-          Ce n’est pas grave, je ne les ai jamais connus. Ma mère n’a pas perdu espoir jusqu’à ce que je vienne au monde. Et elle m’a nommé ‘’BANJOKO’’ avec l’accord de mon père.  Banjoko est veut dire ‘’ ne pars jamais ‘’. Et effectivement je ne suis jamais partie depuis.

-          Waouh ! je comprends beaucoup de choses maintenant.

-          Mon prénom est yoruba comme le tien. Le tien veut dire quoi ?

-          Adéfolakè veut dire « votre richesse nous soutient » ou « la couronne vous soutient », selon l’explication de mes parents. C’est tout ce que je sais. Je n’ai jamais connu mes parents biologiques, ceux que tu connais sont mes parents sont des parents adoptifs.

-          Hmmm

-          Oh ! je ne suis pas ingrate, au contraire je suis très heureuse de les avoir comme père et moi

-          Oh non ma chérie ! je ne te jugeais pas !

-          Tu as dit quoi ?

-          Rien !!

-          Tu as dit ‘’ ma chérie ‘’

-          Ah bon ! excuse-moi c’est sans arrière-pensée.

On s’était mise à rire malgré la gêne.

Les semaines passèrent, je vivais de mes études et de l’amitié de Banji. L’examen approche, et j’étais prête à l’affronter. Deux semaines avant le BEPC, j’ai tenu à ne plus visiter Banji, ce qu’il avait compris. Je m’étais concentrée sur mes dernières révisions. Et oui ! Ma peine a été récompensée car j’ai passé mon examen avec succès. Ce fut la joie partout dans la maison. J’étais allée spécialement au port chez Banji ce jour-là pour lui annoncer ça. Ma joie était sa joie. Il m’avait pris dans ses bras devant les gens qui se promenaient vers la mer. Il a posé un baiser sur mes lèvres. Je l’ai ressenti comme un réveil.

Une sensation nouvelle m’envahit.je l’ai regardé dans les yeux. Il paraissait déranger par ce qu’il venait de faire. Je lui ai souris malgré mes papillons au ventre :

-          Depuis des mois que je viens te voir ici, tu m’as jamais proposé m’inviter chez toi à la maison.

-          J’aimerais bien, mais…

-          Mais quoi Banji ?

-          Ce n’est pas aussi confortable que chez toi.

-          Banji ! si toi tu vis et dors chez toi, c’est que moi-même  je peux passer quelques heures avec toi chez toi. Alors amène-moi chez toi.

-          Il est un peu tard, ta mère ne va pas se fâcher ?

-          Je veux juste connaitre chez toi et rentrer ensuite chez moi. D’ailleurs aujourd’hui c’est ma journée…n’oublie pas que j’ai eu mon BEPC

Je l’ai dit en chantonnant et en dansant. Ce que l’avait fait tellement rire. On est allé dire à sa mère qu’on sortait, ce qui l’avait étonné vu qu’on ne quittait jamais le port de pêche quand on était ensemble. Elle n’insista pas.

Banjoko vivait à 20 minutes à pied du port de pêche. J’étais étonnée. Pourquoi il ne m’avait jamais donc amené chez lui. Il ouvre le cadenas de qui fermait la porte en bois de la maison en bois. La maison était faite de bambou, et de tronc de cocotier. Je pensais voir pire mais c’était mieux que de dormir à la belle étoile. Dans l’entourage les maisons étaient pratiquement pareilles.

Il m’invite à l’intérieur. Après autant d’années, je ne peux oublier ce souvenir. Je me rappelle toujours de comment la maison était rangé. J’essaie de me souvenir de l’odeur, et mon pouls s’accélère. La maison comportait une entrée qui servait de salon, une chambre à coucher et une douche à l’arrière.

Il m’a invité à m’assoir sur l’unique chaise disposée au salon. Il disparait dans l’autre pièce et reviens avec un bol rempli d’eau qu’il m’avait tendu. Je lui ai tendu le bol après avoir bu une gorgée. Il l’a déposé au sol, et a tiré la natte faite en paille qui était enroulée contre le mur. Il s’est assis sur la natte après l’avoir déplier. Un silence bizarre régnait. Je regardais tout autour de moi :

-          Je dors ici sur cette natte, et ma mère à l’intérieur. M’indiqua-t-il en désignant l’autre pièce

-          L’air est frais ici

-          C’est normal, la mer n’est pas loin d’ici. Viens me rejoindre sur la natte, tu seras confortable

Je me suis exécutée sans me faire prier. J’attendais l’invitation. Me sentir proche de lui règle mes pendules. Dans mon fort intérieur, je savais que quelque chose allait se passer. J’avais les mains moites, je transpirais malgré l’air frais.

-          Tu te sens malade ? viens je te raccompagne chez toi. laisse-moi voir.

-          Je n’ai rien Banji

Il ne m’écouta pas. Il m’ausculta du revers de sa main. Ses mains se baladaient de mon front au cou, du cou au bras. J’étais comme sous anesthésie. Je ne voulais pas qu’il s’arrête. Sans réfléchir je l’ai embrassé. Malgré la surprise, il a répondu à mon baiser. C’était la première fois je faisais ça. Je devrais-être dégoutée mais ce fut tout le contraire. Au cours du baiser, il m’a allongé sur la natte, j’aimais ses caresses sur ma peau, sous ma robe ovale. Et subitement j’ai senti un truc dur contre ma peau, ce qui m’a fait sursauter.

-          excuse-moi,

-          c’était quoi ça ? questionnai-je en regardant son bassin.

-          Tu ne l’avais jamais fait ?

-         

-          Tu n’as jamais faire l’amour ?

-          Non Banji ! et toi ?

-          Oui, quelques rare fois, répondit-il silencieusement

-          C’était comment ?

-          Folakè, c’est mieux que tu rentres, sinon tes parents risquent de se fâcher.

-          Fais-moi l’amour Banji, mes parents je m’en occuperai à mon retour à la maison.

-         

-         

BANJOKO ne part jama...