Episode 5

Ecrit par Nifêmi

Episode 5

‘’ La vie humaine est semblable à un chemin dont l'issue est fatale. On nous en avertit dès le premier pas, mais la loi de la nature nous dicte d'avancer toujours.’’

Jacques-Bénigne Bossuet

 

‘’ La vie et la mort sont soumises à la destinée.’’

Georges Clemenceau

 

A la tombée du soir, Banji m’a raccompagné à l’entrée de mon quartier. On c’était fait des bisous avec la promesse de nous revoir le samedi suivant, sans savoir que c’était la dernière fois qu’on se voyait,  mon pêcheur et moi.

Effectivement, le samedi qui a suivi, j’étais au port de pêche un peu plutôt. J’avais fait tout un programme dans ma tête. Faire l’amour uniquement. A peine que j’étais rentrée dans le port, les regards qui se tournaient vers moi devenaient subitement tristes. Ah ! je me suis demandée ce qui n’allait pas. Un visage connu s’est approché de moi, un jeune monsieur :

-           Ma sœur, nous sommes de tout cœur avec toi.

-          Merci, mais pourquoi ? que se passe-t-il ?

Il ne m’a plus répondu et a continué. J’ai couru alors vers le stand de la mère de Banji. C’était vide. Je ne comprenais plus rien. Ils ont abusé de ma confiance. Je paniquais, il avait pris virginité et lui et sa mère se sont volatilisés. Mon cœur se serre davantage. J’ai fait la forte pour quitter les lieux sans laisser rien paraître. Je n’étais pas prête à abandonner si facilement. J’ai alors décidé d’aller chez eux à la maison.

A quelques mètres de la maison, j’entendais des cris et pleurs. Il y avait du monde. Mais enfin qu’est-ce qui se passait ? J’essaie de me faufiler jusqu’à l’intérieur. La mère de Banji était assise au sol et se lamentait. Elle pleurait. Cette fois-ci ma peur devenait plus grande.

-          maman Banji ! qu’est-ce qui se passe ? où est Banji ? questionnais-je en regardant au tour de moi.

-          Snif ! snif ! ma fille Banji a disparu en mer depuis hier.

J’aurais voulu qu’il me brise le cœur au lieu de disparaitre en plein mer. C’était juste un croyable. Je me suis affaissée sur le sol. J’avais l’impression que j’étais avalée par le néant. Toute la pièce s’était mise à tourner autour de moi. Et je m’étais évanouie.

Au réveil, j’étais chez moi dans mon lit. Ma mère et mon père était assis en train de discuter dans ma chambre. Leurs voix m’avaient surement réveillé. Ils ne savaient pas que j’avais les yeux ouverts. Ils continuaient à parler du fait que j’ai eu à cacher mon jeu. Subitement, tout m’était revenu en tête et je m’étais mis à pleurer. Mes parents furent alertés.

-          Adéfolakè !! tu vas bien ? demanda ma mère calmement.

-          Snif ! snif !

-          Allons ne pleure pas ma fille, ta mère et moi n’aimerions pas te voir dans cet état! renchérissait mon père.

-          Non papa, c’est mon ami, il est mort, disais-je en pleurant

-         

Les deux se sont regardés et ont soupiré. Ils étaient tristes pour moi. Je m’en foutais s’ils étaient au courant pour moi et Banji. Mon père ne pouvant plus supporter de me voir si mal en point m’a laissé aux soins de Man’mi.

-          L’oncle de ton ami a dit qu’il voulait travailler plus dur et mettre beaucoup d’argent de côté pour nous prouver qu’il était capable de prendre soins de toi. La raison pour laquelle il a multiplié son travail en mer.

Ce que venait de dire Man’mi a accentué la mélancolie en moi. J’ai tellement pleuré que ma mère m’a serré dans ses bras en me consolant d’une belle chanson. Paix à son âme ! C’était une bonne mère qui a essayé de me soutenir tant bien que mal.

J’ai passé les jours cinq jours suivants dans la chambre. Je n’avais plus goût à rien. Mes parents n’ont pas insisté à me sortir de ma coquille. Ma mère passait plus de temps dans ma chambre que dans son restaurant. J’ai dû lui avouer que Banji était mon copain. Elle a été déçue du fait que je voyais un homme en cachette. Je me suis excusée. Des excuses qu’elle a acceptées difficilement. Elle a promis ne rien dire à mon père.

Le samedi suivant, je me suis rendu chez la mère de Banji dans leur maison, accompagnée de ma mère. Un habitant de leur quartier m’a fait comprendre que la mère de Banji est rentrée dans leur village. J’ai réalisé que tout est perdu et fini. Ma mère m’a soutenu, car je chancelais. Aucun souvenir ne me rattachait à Banji à part les quatre derniers mois passés avec lui. Un moment assez court, insuffisant et précieux.

Six semaines s’étaient écoulées après ce malheureux évènement. J’avais maigri moi qui n’étais déjà vraiment pas grosse. Je mangeais certes, mais j’étais soucieuse, j’avais cette sensation de mort dans l’âme. Mon cœur était mort avec Banji. Au lieu d’aller passer des vacances avec les autres cousins, j’ai préféré rester au restaurant aidé ma mère.

C’était un soir vers 17 heures, le restaurant avait fermé. J’étais seule en train d’arranger les tables, les chaises, et les bancs lorsque quelqu’un est entré à l’intérieur du restaurant. Sans lever la tête j’ai dit :

-          on est fermé depuis plus de une heure.

-          Je sais ! répondit la personne

Je me suis redressée automatiquement car j’ai reconnu la voix d’Afoaka ! J’ai pris peur. Il n’y avait personne en bas au restaurant ni haut à la maison. Bref j’étais seule avec ce mauvais personnage. Je lui ai lancé :

-          Sortez d’ici, on n’est fermé j’ai dit.

-          Je passais, et j’ai vu que tu travaillais seule et j’ai voulu t’aider.

-          Merci, j’ai fini. vous pouvez partir.

Non ! Quelque chose n’allait pas. J’ai compris qu’un truc mauvais et m échant allait se passer. Alors sans réfléchir j’ai couru à l’arrière du restaurant pour aller m’enfermer ç l’étage. Mais il était plus rapide et fort. Il a réussi à me rattraper et à me terrasser au sol non loin des toilettes des clients. Il a posé sa grosse main forte sur la bouche en arrachant par la même occasion mon pagne. Ce qui s’en suivi fût horrible. La pression de sa main sur ma bouche me bouchait les narines, et j’avais de la peine à respirer. Je l’entendais dire avant de m’évanouir :

« On ne dit pas ‘’non’’ à Afoaka.  Je suis ibo hein, Afoaka veut dire la cause de nos difficultés. Si tu savais tu allais m’accepter sans faire de façon, belle idiote ».

Et c’était le trou le trou noir.

Ce sont les cris de ma mère qui m’ont réveillés. Je ne pouvais pas me lever ni bouger.

-          Folakè, pourquoi tu n’as pas fermé le portail. Tu veux que nous vole ?

-          Au secours !! Man’mi, aide-moi !

-          Tu as quoi ? tu es où ?

-          Vers les toilettes

Elle est venue en courant. Elle était estomaquée !

-          Tu as eu quoi ?

-          C’est Afoaka Man’mi

-          Afoaka, Afoaka, il t’a fait quoi ?

-          Man’mi !!! snif !! c’est lui qui m’a fait ça !

Je pleurais tous les larmes de mon corps, comme si la perte de Banji ne m’avait jamais fait autant pleurer. Ma mère m’a aidé à me relever. Elle m’a mise au dos jusqu’à dans ma chambre et m’a lavé tout le corps. On pleurait tous les deux.

Comme on le dit, le malheur ne vient jamais seul. Le pire restait à venir sans que je ne sache.

BANJOKO ne part jama...