Épisode 7
Ecrit par Mona Lys
Episode 7
VANESSA
Je n’avais pas vraiment réfléchis lorsque j’ai pris cette décision. Mais maintenant que je vois ces tests de grossesse positifs, je me dis que j’ai vraiment fait n’importe quoi. Comment ai-je pu prendre frauduleusement la semence d’un homme pour m’inséminer ? J’ai même impliqué un Docteur qui pourtant est réputé pour bien faire son travail sans tomber dans les magouilles. J’ai merdé. Mais là je ne peux plus faire marche arrière. Je suis bien enceinte de Khalil. Je suis d’une part heureuse que l’insémination ait marché et que j’aurai un enfant avant la ménopause. Mais je me sens mal vis-à-vis de Khalil que j’ai de nouveau trahit en lui volant sa semence. Je suis heureuse de porter l’enfant de l’homme que j’aime mais malheureuse parce qu’il me détestera s’il apprenait comment s’est arrivé. Alors le mieux c’est qu’il ne sache jamais. Je vais vivre avec ce secret toute ma vie.
Je jette les tests de grossesse, prends ma douche et me préparer pour le boulot. Mais avant je dois fais un tour à la clinique pour une échographie. Je veux être sûre que tout se passe bien dans mon ventre. En entrant dans le bureau du Docteur, je me rends compte qu’il s’agit de Laurence, l’ami de Zoé. Le voir me rend tout de suite nostalgique. Elle me manque cette petite. Elles me manquent toutes d’ailleurs. J’aurais voulu qu’elle soit là pour me dire ce qu’elles pensent de ce que j’ai fait. Je n’aurais pas dû leur dire tout ce que j’ai dit. Je ne le pensais même pas. Je ressentais juste le besoin d’évacuer cette peine que j’avais de voir Khalil avec une autre.
A voir la tête que fait Laurence, je crois qu’il m’a aussi reconnu. Il me fait signe de la main de m’asseoir en terminant sa conversation téléphonique. Il finit par raccrocher.
Laurence : Vanessa, c’est bien ça ?
Moi : Oui. Bonjour Laurence.
Laurence : Comment te portes-tu ?
Moi : Bien. J’ai un début de grossesse. Je suis venue m’assurer que tout va bien.
Laurence : Nous allons donc nous rendre dans la salle à échographie.
Moi : Ok.
Je le suis dans la salle juste à côté. Le gynécologue principal n’est pas encore arrivé. Il me montre une petite forme sur l’écran. J’en suis émue. J’ai un bout de Khalil en moi. Le seul homme que j’ai jamais aimé. Le seul qui a réussi à se mettre entre mes ambitions et moi. Je donnerai tout pour qu’il soit là en ce moment même. Laurence m’informe que le bébé se porte à merveille. Je lui explique mon état de santé. Il me rassure encore que cela n’aura pas d’impact sur le bébé vu que la ménopause n’est pas encore effective. Il n’y a juste que des traces. Il me conduit à une sage-femme pour une consultation en profondeur. Il préfère ne pas le faire pour éviter la gêne. Quand je finis je reviens dans son bureau lui dire au revoir.
Moi : Au fait, tu as des nouvelles de Zoé ?
Laurence : Euh non. Je crois qu’elle s’est installée en France après son mariage.
Moi : Ah ok. Elle nous avait tout dit concernant la petite. Je suis vraiment désolée que les choses ce soient passées de la sorte.
Laurence : Chacun fait ses choix dans la vie. On y peut rien.
Moi : Alors comment va la petite ?
Laurence : Parfaitement bien. Une vraie boule d’énergie. Je sens que les voisins finiront par se plaindre de ses bruits.
Je souris. Je lui souhaite une bonne journée. Je me rends maintenant au boulot où un tas de dossier m’attend. Je me caresse le ventre chaque deux minutes ne réalisant toujours pas que je suis enceinte. Je vais être maman. Je sais qu’avoir un bébé demandera plus de temps à lui consacrer et moins de temps à travailler, mais n’ai-je pas assez travaillé ces dernières années ? Il est temps que je pense à construire ma vie. Je ne supporte plus cette solitude. Je veux avoir une famille. Pouvoir profiter de mon argent avec eux. Faire des voyages, des sorties, offrir des cadeaux. Bref, faire tout ce qu’il y a à faire avec sa famille. Et si je renouais le contact avec Khalil ? Il y a peut-être des chances qu’il ait encore un peu de sentiment pour moi. Peut-être que si je lance une opération séduction et récupération, il retombera amoureux de moi. Je ne veux aucun autre homme que lui. Je ne peux pas me mettre avec un autre alors que c’est lui que j’aime. J’ai vraiment été stupide de l’avoir laissé me filer entre les doigts. Mais je vais prendre le risque de me rapprocher de nouveau de lui.
Chantal : Vanessa, il y a Mme KEITA qui est là ?
Moi : La même ?
Chantal : Ouais.
Moi : Ok fais-la entrer.
Je souffle quand Chantal ressort de mon bureau. J’espère qu’elle s’est trouvée une solution. Je n’ai vraiment pas envie de m’occuper de son dossier. Comment une femme peut-elle foutre autant de bordel dans son mariage ? Elle apparait aujourd’hui avec son ventre qui pointe un peu. Quand je pense que son mari est certainement heureux que sa femme porte “son troisième enfant’’.
Mme KEITA : Bonjour Maitre HOUSSOU.
Moi : Bien le bonjour Mme KEITA. Que me vaut l’honneur de votre visite ?
Mme KEITA : Disons que j’ai suivi vos conseils et j’ai réglé le problème moi-même de sorte à ce que tout le monde en sorte gagnant.
Moi : Et ?
Mme KEITA : Parfait, mon amant, vit en ce moment avec nous.
Moi : Pardon ?
Mme KEITA : Je lui ai proposé de venir vivre chez nous pendant un à deux mois durant lesquels il nouera des liens avec ses enfants comme ça quand il le désirera il pourra venir les voir et eux pourront aussi passer du temps chez lui. J’ai dit à mon époux que c’était un cousin venu de l’Europe pour s’installer définitivement en Côte d’Ivoire. Donc le temps qu’il se trouve un logement, il restera avec nous. Je ne vois pas de raison que mon mari refuse que “mon cousin’’ vienne voir “ses neveux’’ de temps en temps et vice versa.
Elle me fait un sourire. Cette femme est sérieuse ? Je suis choquée d’autant d’ingéniosité de sa part. Autant de mauvaise ingéniosité je dois dire.
Mme KEITA : J’ai tenu à vous informer pour qu’en cas de retournement de situation vous sachiez comment défendre mes intérêts.
Moi : Ecoutez, je suis désolée, mais je serai dans l’incapacité de vous défendre. Je m’en sens incapable.
Mme KEITA : Ok c’est comme vous voulez. Finalement, je ne pense même ne plus avoir besoin de vos services. Je peux tout gérer. Je dois maintenant y aller. Bonne journée à vous.
Elle ressort sans perdre de temps. Elle est folle. Vraiment folle. Bref, je préfère ne plus penser à elle. Je reçois un appel de mon patron qui me demande dans son bureau. Je m’y rends.
Patron : Tu te souviens de Khalil ? L’ami de ma fille Joyce que vous avez rencontré il y a deux ans chez moi le jour de la Noël ?
Mon cœur rate un battement.
Moi : Oui Monsieur.
Patron : Il donne une soirée demain dans son entreprise qui prend une grande tournure. Ma femme étant occupée, je voudrais y aller avec toi. Si bien-sûr tu n’as rien de prévu.
Comment aurais-je quelque chose de prévu lorsqu’il s’agit de revoir Khalil ?
Moi (excitée) : Non monsieur. Je suis partante.
Patron : Ok. Attends je te note l’adresse sur un bout de papier.
Il griffonne quelque chose sur du papier qu’il me tend. C’est le cœur joyeux que je ressors de son bureau. Je vais enfin avoir l’occasion d’être proche de lui. Je ne vais pas me jouer celle qui est trop sérieuse et qui attend que l’homme fasse le premier pas. Je le connais, il me connait. Pas besoin de protocole. Je vais faire le premier pas sans me gêner. Quand je vois le numéro de ma mère s’afficher sur l’écran de mon portable, je souris deux fois plus. Je coupe et la rappelle. Je ne veux pas qu’elle gaspille ses unités.
Moi : Allô ma petite maman.
« Maman : Tu m’as l’air heureuse. Je suis contente. »
Moi : J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer. Non, plutôt deux.
« Maman : C’est quoi ? »
Moi : Un, je suis enceinte.
« Maman : Hein ? Vraiment ? »
Moi : Oui maman.
« Maman : Wééééh, je vais être grand-mère ooohh. Enfin je vais entendre pleurs de bébé dans la maison de mon enfant. Je vais venir à la fin de ce mois avec les feuilles pour te purger. On doit sécuriser l’enfant. »
Je ne fais que rire face au bonheur de ma mère. Je le savais que ça la réjouirait.
Moi : Tu ne m’as même pas demandé qui était le père.
« Maman : Ah je sais que tu es trop compliquée pour te laisser enceinter par un vaurien. Je sais déjà que c’est un bon type ooh. »
J’éclate de rire.
Moi : Oui tu as raison. La grossesse est de Khalil.
« Maman : Wééé, mon joli petit mari est de retour. Vous vous êtes donc réconciliés ? »
Moi : Pas vraiment. Mais j’ai aussi décidé de tout arranger avec Khalil. Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour le récupérer. Tu avais raison maman, il est l’homme qu’il me faut.
« Maman : Je suis heureuse que tu aies enfin compris. »
Moi : Merci beaucoup maman pour tes conseils.
« Maman : C’est parce que je t’aime et tu es mon seul enfant. Je serai toujours avec toi. »
Moi : Merci maman. Je t’aime aussi.
*Mona
*LYS
J’ai mon cœur qui saute dans tous les sens quand j’arrive devant l’entreprise de Khalil. Je stresse à l’idée de le voir. Comment est-ce qu’il réagira en me voyant ? Sera-t-il aussi froid qu’il y a deux ans ? Ou aura-t-il déjà tout oublié ? Je l’espère bien. J’espère qu’il me facilitera la tâche. J’appelle mon patron qui vient me chercher à l’entrée. Le lieu est magnifique. Les meubles, la peinture, la déco, tout est magnifiquement bien choisi. C’est du Khalil tout craché. Nous arrivons enfin à la salle où la soirée bat son plein. Je suis arrivée pile poil au moment du cocktail. Je commençais même à avoir faim. Je cherche du regard Khalil. Je ne mets pas longtemps à l’apercevoir dans un coin de la salle en pleine discussion avec deux hommes. Mon cœur reprend son sprint. Il est encore plus beau que lorsque je l’ai vu en France. Tout en grignotant les amuse-bouche, j’essaie de placer dans ma tête les phrases que je pourrais lui dire pour faire passer la gêne. Quand je me sens prête, je marche vers lui. Je suis vite stoppée dans ma marche par une remontée de nourriture. Non pas maintenant. Je demande les toilettes à mon patron qui me les indique hors de la salle. J’y cours et verse tout ce que je viens d’avaler. Bébé n’est pas d’humeur à manger ce soir. Quand je finis de tout vomir, je me rends compte qu’il y a des gens dans l’une des toilettes qui font l’amour.
L’homme : Ton mari ne te fait pas ça hein ?
La femme (gémissant) : Non ! Il n’est pas aussi compétent. Oui continue, plus fort. Plus fort. Je t’aime bébé.
Je suis écœurée. Je sors me laver les mains dans l’un des lavabos. Je ne peux pas m’empêcher d’entendre ce qu’ils se disent. Je crois qu’ils ont enfin terminé.
L’homme : Il part quand en voyage ?
Femme : Dans deux jours. La maison sera toute à nous.
L’homme : Pourquoi tu ne le tues pas pour que nous soyons enfin ensemble sans avoir à nous cacher ?
Femme : Je ne suis pas une criminelle.
L’homme : Dans ce cas prend lui autant d’argent que possible pour que nous quittions le pays avec nos enfants. J’en ai marre qu’ils l’appellent papa.
Femme : Je préfère cette idée. Mais laisse-moi y réfléchir. Je ne veux prendre aucun risque.
L’homme : Ok. Mais et si on rentrait maintenant pour continuer ce que nous avons commencé. La soirée va durer encore quelques bonnes heures avant qu’il ne rentre.
Femme : Ok.
Quand je les entends ouvrir la porte, je sors en courant me cacher dans les toilettes où j’ai vomi tout à l’heure. La curiosité me pousse à légèrement ouvrir la porte afin de voir les deux amants. Grande est ma surprise de voir cette femme, Mme KEITA, qui était venue au cabinet demander mes services. Je conclu que l’homme c’est son fameux amant. Cette femme est vraiment décidée à faire du mal à son mari. Quand ils sortent, je me lave les mains, la bouche et sors à mon tour. Je marche à une bonne distance derrière eux. Je les vois entrer dans la salle où se tient la soirée. Je fais de même en les chassant de mes idées. Ils ne sont pas ma priorité ce soir. J’ai une mission et je dois la mener à bien. Je cherche du regard Khalil. Il est encore là. Je prends une bouteille d’eau minérale dont je vide la moitié. J’entends quelqu’un m’appeler derrière. Je me retourne et tombe sur Mme KEITA.
Moi : Bonsoir Mme.
Mme KEITA : Je suis surprise de vous voir ici.
Moi : J’accompagne mon patron. Et vous ?
« Chérie ? »
Khalil apparait derrière elle. Il parait choqué en me voyant mais il se reprend très vite. Il enlace la femme en face de moi. Cette dernière lui pose un baiser sur les lèvres. Je remarque une alliance sur le doigt de Khalil. Je tombe des nues. C’est… sa femme ?
Mme KEITA (à Khalil) : Je me sens épuisée. Je vais rentrer.
Khalil : La soirée n’est pas encore terminée.
Mme KEITA : Je sais mais tu sais avec le bébé c’est difficile de tenir longtemps debout.
Khalil : Oui tu as raison.
Mme KEITA : Je vais demander à Parfait de me raccompagner.
Khalil : Ok.
Ils s’embrassent de nouveau. Elle part ensuite avec son amant. Je commence à me sentir mal quand elle part avec son amant. Je n’arrive pas à croire mes yeux. Cette femme si vile, si manipulatrice, si dépourvue de morale, c’est la femme de Khalil. Mon Khalil. Je ne sais pas ce qui me choque le plus. Le fait de savoir qu’il est marié, le fait de savoir que je suis enceinte d’un homme marié ou le fait de savoir qu’il est marié à cette femme dont je connais la vie secrète. Je commence à me sentir faible. Je cherche un mur sur lequel m’appuyer.
Khalil : Vanessa tu vas bien ?
Moi : J’ai ma tête qui tourne.
Khalil : Attends que je t’aide.
Il m’attrape à peine le bras que je m’écroule.
J’ouvre un œil après l’autre. Je jette un coup d’œil à la pièce essayant de deviner où je suis. Je suis dans un bureau. Le bureau de Khalil à en juger sa grande photo accroché au mur tenant un trophée en main. Je tourne la tête. Il est là, assis dans un fauteuil, manipulant son portable. Il a retiré sa veste. Comme il est beau. J’ai envie de gouter à ses lèvres. Je me relève doucement. Il vient vers moi.
Khalil : Hé doucement. Ça va tu peux rester assise ?
Moi : Oui. Merci.
Khalil : Un Docteur t’a examiné. Il dit que tu as eu une hausse de tension. Tu as des problèmes de santé ?
Moi : Non. Je vais bien. Ce doit être la fatigue.
Khalil : Je devine.
Moi : Je suis désolée d’avoir gâché ta soirée.
Khalil : Tu n’as rien fait.
Nous devenons tous deux silencieux. Qu’est-ce que je fais maintenant de tout ce que je sais ? Dois-je lui dire toute la vérité ? Ça risque de le détruire. Mais en même temps, ce serait injuste. Quoi que je fasse, il souffrira.
Khalil : Tu pourras conduire ? Ou tu veux que je t’appelle un taxi ?
Moi : Tu ne proposes pas de me déposer ?
Khalil : Je dois rentrer rejoindre ma femme et mes enfants.
Moi : Ok. Je peux conduire.
Khalil : Bien.
Il se relève et prend sa veste. Je ferme les yeux et lâche la bombe.
Moi : Ta femme te fait cocue.
Khalil (plissant les yeux) : Pardon ?
Moi : Ta femme, elle te trompe. Les enfants ne sont pas de toi.
Khalil : Je rêve ou tu tiens des accusations contre ma femme que tu ne connais même pas ?
Moi : Je la connais Khalil. Elle a demandé mes services en tant qu’Avocate pour une histoire entre elle et son amant. Je ne savais pas que c’était ta femme jusqu’à ce que je la vois t’embrasser ce soir. Je…
Khalil : TU LA FERMES MAINTENANT !
Je sursaute.
Khalil : Pour qui te prends-tu pour essayer de détruire mon mariage ? Tu penses qu’ainsi je retournerai dans tes bras ? Me prends-tu pour un homme aussi facile que ça ?
Moi : C’est vrai que mon intention en venant ici c’était pour me rapprocher de toi et essayer d’arranger les choses entre nous. Mais je te jure sur ma vie que je te dis la vérité. Son amant, c’est celui qui vit avec vous et qu’elle fait passer pour son cousin. Il s’appelle Parfait. C’est lui le père des jumeaux et de l’enfant qu’elle porte. Vous deux êtes incompatibles. Si elle est avec toi, c’est uniquement pour ton argent. Elle m’a même avoué avoir utilisé des poudres contre toi pour te pousser à l’épouser. Son amant et elle n’ont jamais rompu. Ils s’enrichissent sur ton dos. Elle est venue au cabinet parce qu’il menaçait de lui prendre les enfants et par ricochet tout t’avouer. Elle voulait savoir si c’était possible d’empêcher cela par la loi. Elle a finalement trouvé une solution. Celle de le faire venir chez vous comme son cousin pour qu’il se rapproche de ses enfants. Même ce soir, ils ont couché ensemble dans les toilettes avant de rentrer sous prétexte de fatigue. Je les ai entendu planifier une fuite hors du pays après t’avoir pris assez d’argent. Si tu rentres maintenant tu les surprendras peut-être. Khalil je te jure que c’est la véri…
Il prend un vase qu’il balance contre le mur. Je hurle de frayeur. Il soulève un des sièges de son bureau qu’il balance de l’autre côté du bureau. Je suis prise de peur.
Khalil : Comment peux-tu me dire de telles choses ?
Il prend son ordi et le brise contre mur. Cette fois je me relève pour m’abriter dans un coin.
Moi : J’estimais que tu devais le savoir. Je ne voulais pas qu’elle continue de se jouer de toi. Tu ne mérites pas ça.
Khalil : Et je mérite peut-être que tu me lances de telles atrocités à la figure ? Tu es réapparue après deux ans pour me faire encore plus de mal que tu ne l’as déjà fait ? C’était ça ton objectif ?
Moi : Non ! Je t’aime Khalil et jamais je ne te voudrai de mal.
Khalil : PARCE QUE TU CROIS QU’EN TUANT MON PREMIER ENFANT TU ME FAISAIS DU BIEN ? TU CROIS QU’EN M’ANNONÇANT QUE MA FEMME ME FAIT COCU DEPUIS DEUX ANS C’EST POUR MON BIEN ?
Moi : Elle ne te mérite pas.
Khalil (tapant dans le mur) : Toi tu me mérites peut-être ?
Il commence des tours sur lui-même.
Khalil : J’aurais dû te foutre à la porte à l’instant même où je t’ai vu. Je le sentais que ton retour me porterait la poisse.
Je reçois cette parole comme un coup. Je ne peux m’empêcher de pleurer.
Khalil : Tu n’as pas idée de ce par quoi je suis passé après ta trahison. Mais j’ai tenu bon. Je me suis relevé plus fort de ce chagrin. Mais tu es revenue encore me donner un coup de massue détruisant en quelques secondes tout ce que j’avais construit et qui me permettait de tenir. Tu es revenue foutre le bordel dans ma vie.
Moi : Je suis désolée. Je pensais bien faire.
Khalil : Et je t’en remercie. Merci de me faire souffrir de nouveau. J’espère que tu es satisfaite ?
Il sort sans prendre sa veste. Je m’écroule dans le fauteuil en pleurs. Je pense que je viens de faire une gaffe. Je n’aurais pas dû lui dire de cette façon. J’ai fait une bêtise. Mais maintenant je ne peux plus revenir en arrière. Je viens de foutre un mariage en l’air. J’ai violé le secret professionnel. S’il décide de porter plainte, je risque de perdre ma licence. Mais ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus. Je crains que Khalil ne me déteste indéfiniment cette fois-ci. Je crains l’avoir perdu à jamais.
Je n’ai pas pu fermer les yeux de la nuit. Je n’ai fait que réfléchir à ce que se passera par la suite. Je n’ai même pas le numéro de Khalil pour prendre de ses nouvelles. Une idée horrible m’a traversé hier l’esprit. Et s’il avait fait un accident. Il n’était pas dans un bon état quand il a quitté le bureau. Je veux aller demander son contact à mon patron mais j’hésite. Je risque de lui mettre la puce à l’oreille, surtout que pour lui nous ne sommes que deux inconnus. J’essaie tant bien que mal de me concentrer sur le boulot mais c’est impossible. Je veux avoir des nouvelles de Khalil. Je veux savoir comment il va.
Je relève la tête quand quelqu’un entre en trombe dans mon bureau. C’est Joyce, la fille de mon patron et la meilleure amie de Khalil. Je me lève pour la recevoir mais la première chose qui vient d’elle c’est une gifle résonnante. Je manque de tomber. J’en perds mon latin.
Joyce : Tu n’es qu’une sale garce. Comment peux-tu jouer ainsi avec la vie de mon ami ? Pour qui te prends-tu ?
Moi : Je croyais bien faire.
Joyce : Eh bien maintenant il devenu alcoolique.
Je ferme les yeux et une larme m’échappe.
Joyce : Il avait réussi à reprendre sa vie en main après ton sale coup. Mais tu as de nouveau tout gâché.
Moi : Je l’ai fait par amour.
Joyce : Amour mon œil. Tu penses que moi je ne l’aime pas ? J’ai grandi avec lui mais ça ne m’a pas donné le droit de lui balancer l’infidélité de sa femme à la figure.
Je la regarde avec surprise.
Joyce : Oui je m’en doutais parce que je suis une femme et je sais reconnaitre une femme infidèle. Seulement je cherchais comment mettre Khalil devant les faits sans avoir à trop lui faire mal. Mais toi la garce tu viens le lui balancer à la figure. Tu viens de le briser en mille morceaux. Hier il est tombé sur la pire scène de sa vie. Sa femme se faisant sauter par son amant. Et tu sais ce qu’il a fait ? Il a pris un couteau et était à deux doigts de les tuer tous les deux. Si je n’étais pas arrivée à temps, il serait en ce moment même en prison. Tout ça par ta faute. J’espère maintenant que tu es satisfaite. Mais écoute-moi bien pétasse, je vais te le faire payer. Tu vas payer tout le mal que tu as fait à mon meilleure amie. Attends-toi à moi. N’importe quoi !
Elle sort comme elle est entrée. Je me laisse tomber dans mon siège. Qu’est-ce que j’ai fait ? Chantal réapparait dans mon bureau et m’informe que le patron me demande dans son bureau. Je m’y rends le cœur battant. Joyce a dû tout lui raconter. Il me fait signe de m’asseoir.
Patron : C’est vrai que tu connaissais Khalil bien avant de le rencontrer chez moi ?
Moi (baissant la tête) : Oui Monsieur.
Patron : Est-ce aussi vrai que tu as reçu sa femme à ton bureau ? Qu’elle t’a raconté des choses et que tu as tout balancé à Khalil ?
Silence.
Patron : Pourquoi as-tu fait une chose pareille ?
Moi : Je, je l’ai fait par amour, Monsieur. Khalil et moi sortions ensemble, mais j’ai tout gâché. J’ai fait passer mon travail avant lui et je le rabaissais tout le temps. Il en a eu marre et s’est barré. J’avais décidé d’arranger les choses entre nous sans savoir que c’était sa femme, cette femme que j’avais reçu pour un problème avec son amant. Quand je l’ai découvert, j’ai réagi par instinct. Khalil avait déjà assez souffert par ma faute dans la passé, j’ai estimé qu’il ne devait pas subir ça. J’ai voulu le protéger.
Patron : A-t-il dit à sa femme que l’information venait de toi ?
Moi : Je n’en sais rien, Monsieur.
Patron : Si elle le sait, elle risque de porter plainte contre toi ou même contre nous, et tu sais ce que ça signifie ?
Moi (baissant la tête) : Oui Monsieur.
Patron : Nous risquons de perdre notre prestige. Plus personne ne viendra chez nous si tout le pays apprend qu’une des avocates a divulgué des informations d’une cliente. Nous risquons de mettre la clé sous les verrous.
Moi : Je suis désolée.
Patron : Oui moi aussi. Je suis vraiment déçu de toi. Jamais tu n’avais fait une erreur pareille avant.
Moi : J’aime Khalil, Monsieur.
Patron : Et tu es censé savoir qu’on ne mélange pas vie sentimentale à la vie professionnelle. Je t’ai toujours apprécié, mais là tu ne me donnes pas d’autre choix. Si cette femme porte plainte contre toi, je serai dans l’obligation de te démettre de tes fonctions pour sauver mon cabinet. En plus, tu finiras en prison. Tu as donc intérêt à prier pour qu’il ne te dénonce pas.
Moi : Encore désolée, Monsieur. Puis-je vous demander l’adresse de Khalil s’il vous plaît. Je voudrais arranger les choses.
Patron : Je pense que tu ne feras qu’empirer les choses.
Moi : Laissez-moi essayer, et si les choses empirent, je les assumerais.
Il hésite un moment avant de me le donner. Je retourne à mon bureau où la première chose que je fais c’est d’éclater en sanglot. Je ne suis qu’une conne, une grosse connasse. C’est Joyce qui a raison. Je ne mérite pas Khalil et je ne fais que lui faire du mal. J’ai pensé bien faire. J’ai pensé avec mon cœur parce que je ne voulais pas qu’il continue à être le larbin de ces deux personnes. J’ai fait ça par amour. J’aurais vraiment dû procéder autrement. Comme je m’en veux. Tout ce stress agit sur ma grossesse. Je ne me sens pas bien mais je me dois de rester sur pieds pour régler cette merde que j’ai engendrée. J’ai vraiment peur que cette femme porte plainte contre moi et le cabinet. Je ne veux pas perdre ma licence. J’aime travailler. Mais une chose dont j’ai encore plus peur, c’est que Khalil me rejette définitivement. S’il me déteste pour cette histoire, je ne sais ce qu’il fera quand il saura que j’ai volé son sperme pour me faire inséminer et que je suis même enceinte de lui. Je suis la reine des problèmes.