Haine enfouie - coeur brisé

Ecrit par Djelay

Couché sur son lit, les yeux levés vers le plafond, Max ne parvenait pas à dormir. Il pensait à Djelay, sa réaction quand il l’avait touché continuait de le tourmenter. Qu’avait-elle bien pu vivre pour être  si terrifiée dès qu’il la touchait? Etait-ce lui qui l’effrayait ? Il n’en était pas sûr. Elle réagissait sans doute  de la même façon avec tous les hommes. L’idée du viol lui revint à l’esprit et il fronça les sourcils la mine dégoutée. Comment pouvait-on prendre une femme contre son gré ? Il avait toujours détesté ce genre d’hommes faibles et peu sûrs d’eux qui violaient les femmes. Il tuerait cet homme qui avait abusé de  Djelay s’il l’avait en face de lui.

-         Max ? Réveilles toi, il est bientôt 9h et tu dors encore ?

-         Hum… Fiche le camp Francis, répondit-t-il d’une voix rocailleuse.

-         Tu sais que tu as une réunion à 10h et tu n’as jamais manqué de réunion sauf quand tu es malade. Mais là tu vas bien n’est-ce-pas ?

-         Sors de ma chambre ! Je n’irai pas à la réunion. Lança-t-il. Je dois tenir compagnie à Djelay aujourd’hui. Ajouta-t-il.

-         Djelay ? Qui est Djelay ? Demanda Francis curieux.

-         Personne, file ! Il lui jeta un oreiller au visage et se recoucha. Amusé Francis sortit de la chambre.

Lorsque Max sortit de son lit il était déjà 11 heures. C’était la première fois qu’il dormait jusqu’à pareille heure. Il  prit une douche rapide puis s'enroula dans une serviette. A peine fut-il sorti de la salle de bain que l’on frappa à la porte.

-         Entrez ! Lança-t-il.

-         Excusez-moi de vous…Djelay s’immobilisa en voyant Max à moitié nu.

 Elle l’avait deviné ; Son corps était superbe, musclé et sexy. Elle le  détailla de la tête aux pieds. Il  faut dire qu’elle n’avait jamais vu un homme nu ni même à moitié  et en voyant Max, elle se demanda si tous étaient bâtis de la sorte. Elle releva les yeux et rencontra ceux de max. ceux-ci pétillaient d’amusement. Se sentant  embarrassée elle se retourna précipitamment.

-         Excu…sez moi je … ne savais pas que vous étiez… Bégaya-t-elle.

-         Que j’étais quoi ? La taquina-t-il. Elle ignora sa question.

-         Je vous attends dehors. Excusez-moi, je n’avais pas…

Elle se précipita vers la porte sans terminer sa phrase. Elle était sur le point de  sortir quand il lui attrapa le poignet et la fit virevolter jusqu’à ce qu’elle se retrouve serrée contre lui, le visage collé à son torse nu. Elle se figea, tremblant de toutes ses forces. Cette réaction n’échappa pas à Max. Malheur! Que lui avait fait cet imbécile ?

-         Pourquoi tremblez-vous ? Je vous fais peur ? Chuchota-t-il à son oreille.

Elle ne répondit pas. Tout doucement il lui attrapa le menton et lui releva délicatement la tête. Elle ne résista pas.  Son cœur battait à toute vitesse. Lorsque ses yeux arrivèrent au niveau de ceux de Max, il eut une soudaine envie de goûter  ses lèvres. Il rapprocha très lentement  son visage du sien. Elle demeurait immobile. Pourquoi ne parvenait-elle pas à effectuer le moindre mouvement ?  Elle était pétrifiée à l’idée d’être embrassée. Elle voulait lui crier de s’arrêter mais aucun son ne sortait de sa bouche.

-         Je voudrais tellement que tu me dises ce qui t’est arrivé Djelay lui murmura-t-il si près de sa bouche.

-         S’il vous…

Les lèvres de max se posèrent sur les siennes, étouffant ses mots. Il l’embrassait tendrement. Elle resta inerte, pas parce qu’elle ne le désirait pas, mais parce qu’elle n’avait pas embrassé un homme depuis sa mésaventure avec son ex. Pourtant cela ne semblait pas décourager Max. Sa langue se faisait insistante. Au bout de quelques secondes, elle céda, répondant timidement. Se sentant encouragé Max approfondit son baiser. Djelay se détendit, passa les bras autour de son cou et lui offrit ses lèvres sans réserve. Une étrange sensation s’installa en elle. Quelque chose qui ressemblait à … du désir ? C’était impossible. Elle s’était promis que plus jamais elle ne serait avec un homme pourtant elle était là, avec Max. Pourquoi fallait-il que cet homme sorte de nulle part pour tout chambouler. Il fallait  revenir à la réalité.  Rien ne devait  se passer entre eux. La magie se rompit lorsqu’elle le repoussa violemment et s’enfuit en claquant la porte derrière elle, laissant un Max désorienté et surpris.

Max descendit dans la cuisine après la scène plus ou moins érotique qu’il venait de vivre avec Djelay. C’était magique jusqu’à ce qu’elle change soudainement comme si des vieux démons étaient tout d’un coup réapparus pensa-t-il. Il fallait qu’il ait une discussion avec elle afin de comprendre. Cette attirance qu’il ressentait pour elle le contrariait car cela le rendait vulnérable. Pourquoi ressentait-il constamment le besoin de la protéger, de la toucher et de l’embrasser ? 

-       Ressaisis toi Max, tu n’es plus un adolescent murmura-t-il.

-         Bonjour ! Lança sèchement  Max à l’égard de Francis qui prenait son petit déjeuner dans la cuisine.

-       Hum quelle mouche t’a piqué ? Tu étais déjà de mauvaise humeur ce matin, mais là tu as l’air de très mauvaise humeur. Dis Francis, taquin.

-       Je ne suis pas de mauvaise humeur, mais je ne tarderai à l’être si tu ne la boucles  pas tout de suite.

-       Oula ! J’ai peur ! Plaisanta Francis. Et si tu me disais ce qui t’arrive ? Mais avant dis-moi qui est Djelay ?

-       C’est mon invitée ! répondit Max.

-       C’est tout ? C’est ton invitée et ? D’où vient-elle ? Qui sont ses parents ? D’où la connais-tu ?

-       Arrête avec tes questions tu veux !  Dit Max  en sortant un jus de fruit du  réfrigérateur avant de s’asseoir au bar à côté de son cousin.

-       Tu sais que je n’arrêterai que si tu réponds à mes questions. Insista Francis.

-       Disons que je l’ai rencontré hier à l’aéroport, elle n’avait pas d’endroit où aller et je lui ai proposé de venir ici. Voilà tu sais tout  répondit Max d’un air  exaspéré.

-       Donc tu ramènes chez nous une inconnue ? S’étonna Francis. Tu ne sais rien d’elle, d’où elle vient, ce qu’elle fait ? rien ! C’est peut-être une alcoolique, une droguée, une tueuse en série pire une prostituée et toi tu…

-       Ferme la Francis ! s’écria Max en cognant sur la table. Ne la traite plus jamais de prostituée ! Tu m’as attendu ?

-       OK frangin, ne te met pas en colère mais permets moi d'être surpris.

-       Excuses moi d’avoir haussé le ton.  Je ne sais pas ce qui se passe avec cette fille. Elle me fait perdre la tête continua max comiquement.

Francis se figea, la cuillère devant la bouche. Il la  posa brusquement dans la tasse et se tourna vers son cousin.

-       Non Ce n’est pas vrai ! Dit-il l’air ébahi. Tu es amoureux de cette fille ? Toi Maximilien le tombeur! Tu es de nouveau amoureux ?

Francis rapprocha son tabouret de celui de son frère puis le tint par les épaules ?

-       Dis-moi elle est rousse comme Sandra ? le taquina Francis.

-       Tu vas arrêter maintenant ! Ce n’est pas drôle. Et combien de fois devrais-je te répéter de cesser de dire le nom de cette fille. Gronda-Max.

-       Ok ok. Fit Francis en levant les bras. Désolé, ça m’a échappé. Max alla se poster près de la fenêtre.

-         Elle est Africaine, originaire de la Côte d’Ivoire et elle est magnifique Commença-t-il  le regard  dans le vide.

-       Mais tu n’aimais pas les meufs noires aux dernières nouvelles ou si ? Te souviens-tu de Mélanie l’Américaine, mon ex? Je te rappelle que tu la détestais Max.

Max se retourna pour faire face à son cousin qui se tenait à présent debout derrière lui.

-       Je n’ai jamais dit que je n’aimais pas les filles noires. Je n’en avais jamais rencontré qui soit à mon goût c’est tout. Et en ce qui concerne Mélanie tu sais très bien pourquoi je ne l’aimais pas. Elle n’était avec toi que pour le fric cette allumeuse de bas étage. Max s’énerva au souvenir de Mélanie.

Une belle Afro Américaine certes, mais vulgaire et sans aucune pudeur. Elle draguait tout ce qui portait un pantalon et ne cachait pas qu’elle n’en voulait qu’à l’argent de Francis. Le pauvre ! Il l’aimait tellement. Cela avait  été un grand soulagement pour tout le monde quand il avait finalement décidé de se débarrasser de cette fille.

-       Bonjour mes deux amours préférés. Chantonna Maryline. Je me fais un café vite fait et je pars je suis très en retard. Ajouta-t-elle.

-       Bonjour petite sœur ! As-tu bien dormi  avec le dodo que t’as donné Ryan? La taquina Francis en retournant s’asseoir. Maryline fit la moue et l’ignora.

-       Bonjour Mary, Max vint lui poser un baiser sur la joue et il retourna  s’asseoir lui aussi.

-       Tu connais la nouvelle du jour Mary? Commença Francis, nous avons une invitée Africaine. En fait c’est l’invitée de Max. Précisa-t-il en jetant un coup d’œil à son cousin dont l’attention était attirée par autre chose.

Francis se retourna et vit Djelay postée devant l’entrée de la cuisine. Elle était terriblement mal à l’aise ! Max ne lui avait pas dit qu’il ne vivait pas tout seul dans la maison. Cette femme devait être son épouse et ce jeune homme, son frère cadet. Oh mon Dieu ! Stupide qu’elle était, elle s’était laissée embrasser par ce goujat  et en plus dans la chambre conjugale. Sa mère aurait eu une crise en apprenant qu’elle avait embrassé un homme marié.

Maryline n’avait pas encore aperçu Djelay. Lorsqu’elle se retourna avec sa tasse, elle la vit et se figea. Ce fut Francis qui rompit le silence.

-       Bonjour Djelay ! Lança-t-il. Avez-vous bien dormi ?

-       Heu… Bonjour. Répondit – elle d’une toute petite voix.

-       Je suis Francis Tremblay le cousin de Max. Nos pères étaient frères.

-       Enchantée.

Francis rejoignit sa sœur jumelle et continua les présentations.

-       Elle, c’est Maryline Tremblay ma…

-       Je suis désolée Mme Tremblay de débarquer de cette manière dans votre maison. Je ne savais pas que Max…  euh… M. Maximilian était marié. Il a omis d’évoquer ce détail. J’aurais refusé de venir chez vous si je l’avais su croyez-moi.

Djelay avait coupé la parole à Francis. Elle parlait très vite au point d’en oublier de respirer. Quand elle eut terminé, les trois cousins se regardèrent un instant et les jumeaux explosèrent de rire. Djelay surprise, les regardait à tour de rôle. Se moquaient-ils d’elle ? Elle avait commis l’erreur de ne pas demander à Max s’il était marié avant de se pointer mais ce n’était pas une raison pour qu’il la traite de cette façon. S’en était trop, elle devait partir d’ici. Elle allait s’en aller lorsque Max, furieux donna un grand coup sur la table.

-         Ça suffit ! s’écria-t-il. Les jumeaux se turent immédiatement ! Ne voyez-vous pas que vous l’embarrassez? Quel genre d’hôtes êtes-vous ? Maryline s’approcha de Djelay et lui prit les mains.

-         Excuses moi Djelay. Entama-t-elle avec une  familiarité assez singulière. Décidément ces Canadiens étaient tous pareils. Se dit Djelay.

-         C’est que je me suis imaginée épouse de Max et cela m’a fait rire. Je ne voulais pas que tu te sentes gênée. S’excusa Maryline. Rassures toi Max est mon cousin à moi aussi. Je suis la jumelle de Francis. Ajouta-t-elle.

Quelle idiote ! Pensa Djelay plus embarrassée que jamais. Comment avait-elle pu dire une chose pareille sans réfléchir ? Max croirait qu’elle était comme toutes ces filles sans cervelle. La honte !

-         Ne restez pas debout, aller venez-vous assoir ! Je vous prépare un truc à manger vite fait dit Francis.

Maryline conduisit Djelay à l’un des tabourets où elle prit place. Intimidée par le regard de Max posé sur elle, elle baissa la tête et se mit à jouer avec les boutons de sa chemise. Francis  proposa des pommes de terre farcies au jambon que Djelay hésita à accepter. Elle n’en avait jamais mangé mais ça ne coûtait rien d’essayer. Se dit-elle. Maryline choisit ce moment pour prendre congé d’eux.

-         Eh bien la famille, je vous aime mais je dois partir ! J’ai rendez-vous avec Sandra et je suis déjà en retard. Elle embrassa ses frères puis Djelay. A ce soir ! Ajouta-t-elle avant de disparaître.

Le silence s’installa de nouveau dans la pièce. Francis s’activait aux fourneaux pendant que  Max observait Djelay qui avait la tête baissée. Elle était divinement belle et les vêtements qu’elle portait lui allaient à ravir. Cette jupe rouge  à la taille haute qui faisait ressortir sa parfaite silhouette la rendait à la fois sexy et élégante. De plus ses seins rebondis à travers la chemise blanche attachée juste en dessous de sa poitrine réveillaient les sens de Max. C’était pareil  que la première fois qu’il avait vu une femme nue. Mais là, c’était plus intense parce que cette fille n’était pas à sa portée. Elle ne lui appartenait pas  et cela le rendait fou d’excitation. Heureusement que son frangin était là, sinon Seul Dieu savait ce qu’il aurait fait. Il ne devrait pas penser à ces choses après ce qui s’était passé dans sa chambre. Il voyait bien son air penaud. Elle n’osait même pas lever un regard vers lui.  Quoi qu’il en soit, C’était mieux ainsi. Parce qu’il ne réussirait pas à se contenir si en plus, elle devait poser ses yeux noisette sur lui. Il la prendrait immédiatement dans ses bras, là, sans se soucier de la présence de Francis. Aller  Max sors-toi ces pensées de la tête. Se dit-il.

-          Voilà c’est prêt ! Francis plaça une assiette joliment dressée et une tasse de café devant Djelay en  s’excusant de l’attente.

-         Merci. Ce plat a l’air très appétissant balbutia-t-elle. C’est très aimable de votre part. Ajouta-t-elle les yeux rivés à son assiette. Elle était affamée. Dans l’avion, elle n’avait pris qu’un pot de Yaourt et depuis elle n’avait rien mangé.

-         Tout le plaisir est pour moi. Répondit Francis. Et je voudrais qu’on se tutoie si ça ne te dérange pas.

-         Non ça ne me dérange pas du tout. Elle afficha  un timide sourire qui fit fondre le cœur de Francis.

Il comprenait à présent pourquoi son cousin était fou de cette fille. Elle était trop belle dans cette tenue. Et ses cheveux remontés en queue de cheval faisaient ressortir ses grands yeux. Elle était d’une beauté rare. Ses jambes, mon Dieu ses jambes étaient magnifiques pensa-t-il. On aurait dit qu’elle avait été dessinée par un peintre fou amoureux. Incroyable fille,  il devait à tout prix se rapprocher d'elle.

-         Désolé frangin mais je ne te la laisserai pas, murmura-t-il.

-         Pardon ? fit Djelay en relevant la tête.

-         Non, rien. Je dois m’en aller moi aussi. A ce soir.  Francis tapota l’épaule de son cousin et contourna le comptoir. Lorsqu’il voulut prendre la main de Djelay pour lui donner un baiser, elle eut un mouvement de recul et la tasse se renversa.

-         Excusez-moi… excusez-moi... je… je vais tout nettoyer bredouilla-t-elle gênée.

Max bondit aussitôt pour l’aider, l’air inquiet. Il craignait qu’elle se soit brûlée avec le café.

-         Laissez-moi faire. Il ramena la tasse dans l’évier et revint avec une éponge sous le regard stupéfait de Francis.

La réaction de Djelay le déconcerta. Elle n’allait pas lui faire croire à lui qu’elle était une de ces « saintes nitouches ». Si son cousin était assez stupide pour tomber dans le panneau, pas lui. Mais Si elle voulait jouer, Il se prêterait à son jeu. Il disposait de toute la patience du monde. Quoi qu’il arrive, elle finirait dans son lit.

-         Tout va bien ? demanda Francis ! Excuses moi d’avoir été brusque Djelay.

-         Non ce n’est pas votre faute…pardon ta faute, c’est moi qui était distraite. Réussît-elle à articuler.

-         Partez sinon vous allez être en retard. Ajouta-t-elle en  tentant de nettoyer le café avec l’aide de Max.

-         Très bien. A ce soir donc. Et il sortit de la pièce.

Quelle gourde ! Elle ne savait faire que des bêtises. Max n’avait pas hésité un seul instant à l’accueillir mais stupide qu’elle était, elle n’arrivait même pas à se comporter convenablement. . Il allait la renvoyer de toute évidence de sa maison et elle se retrouverait au point de départ. Des larmes dégoulinaient sur ses joues sans qu’elle ne s’en aperçoive. Munie d’un torchon, elle s’activait désespérément à nettoyer la tâche sur le comptoir.

Max qui finissait de laver la tasse, la vit pleurer.  Il franchit à la hâte la distance qui les séparait, arracha le torchon d’entre ses mains et la prit dans bras. Elle le repousserait peut être mais il ne la lâcherait pas. Il voulait la consoler quand bien même elle ne le souhaitait pas. Il désirait la guérir et il ferait tout pour y arriver. A sa grande surprise, elle se blottit contre lui et sanglota de plus belle. Sans pouvoir  l’expliquer, il souffrait de la voir dans cet état.

-         Là, c’est bon. La réconforta-t-il. Ce n’est qu’une petite maladresse et vous n’êtes pas blessée. Ne pleurez plus s’il vous plait. Il lui caressa les cheveux.

-         Ce… snif… n’est pas… snif … que pour le café. Dit-elle avec difficulté. Il la prit par le visage et l’astreignit à le regarder.

-         Dites-moi ce qui vous est arrivée au point d’avoir aussi peur des hommes aujourd’hui? Il la vit écarquiller les yeux.

-         Oui, je l’ai tout de suite remarqué à l’aéroport et votre comportement depuis ne cesse de confirmer mes soupçons. Avez-vous été violentée ?

Affolée, elle s’écarta brutalement de lui, croisa les bras et recula doucement jusqu’à se retrouver dos contre le mur. Max eut un pincement au cœur en la voyant à ce point terrifiée. Il avança précautionneusement jusqu’à se retrouver à un pas d’elle. Il voulut la prendre de nouveau dans ses bras mais elle le repoussa violemment. Soudain, Elle se mit à crier.

-         Ne t’approches pas Jean, ne t’approches pas s’il te plait.

 Dans sa détresse, elle glissa contre le mur pour se retrouver assise, genoux repliés sur le ventre et menton rentré dans la poitrine. Elle faisait peine à voir.

-         Je ne suis pas Jean, regarde-moi ! Mais Djelay ne bougea pas. Elle ne cessa de répéter « ne t’approches pas Jean s’il te plait ».

Max paniqua. Il n’avait pas mesuré la gravité de la situation. Elle avait profondément été marquée par cette expérience douloureuse. Ce maudit Jean, s’il l’avait en face de lui à cet instant,  il lui arracherait son bijou pour le donner aux chiens. Se dit-il.

-         Regardes moi Djelay. Il tenta de lui relever la tête. Regardes moi ! Insista-t-il.

Ne t’approches pas Jean, ne t’approches pas Jean, ne t’approches pas Jean s’il te plait. Répéta-t-elle.

-         Je ne te ferai pas de mal Djelay, regardes moi je ne suis pas Jean et je ne te violerai jamais.

Elle releva brusquement la tête à l’évocation du mot « viol ». Il s’assit en face d’elle, tendant lentement  la main vers son visage. Elle ne cilla pas. Elle voulut lui dire de ne pas approcher mais une fois de plus sa voix lui désobéit. Quant à ses larmes, elles ne se gênaient même plus, elles   coulaient sans frein. Lorsque  Max s’autorisa à les essuyer dans un geste tendre et doux, elle comprit qu’il était différent de Jean et qu’il ne lui ferait aucun mal. Elle se jeta donc dans ses bras et fondit en larmes.

-         Il a voulu abuser de moi… snif. Il m’a assuré qu’il m’aimait pourtant. Pourquoi ? Dis-moi pourquoi a-t-il voulu me violer ?

Elle pleurait à chaudes larmes et Max se dit que c’était peut-être maintenant qu’elle pleurait vraiment pour ce qui lui était arrivé. D’une part, il était soulagé qu’elle n’ait pas été violée et d’autre part il aurait voulu qu’elle n’ait jamais vécu tout ça.

-         Il n’est pas arrivé à ses fins parce que tu es forte et que tu l’en as empêché. Donc ne le laisse pas te gâcher la vie. Continue de vivre et montre lui qu’il ne t’a pas brisée. Il resserra son étreinte.

-         Tu ne comprends pas. Je n’y suis pour rien. Il n’a pas pu le faire parce que sa copine est arrivée à ce moment renifla-t-elle.

Il se tut et petit à petit elle arrêta de sangloter. Il lui prit alors le visage entre les mains et plongea son regard dans le sien. Ses yeux étaient noyés de larmes mais cela n’enlevait rien à sa beauté bien au contraire elle était encore plus attirante. Il rapprocha lentement son visage du sien afin qu’elle comprenne ses intentions. Sa bouche n’était à présent qu’à quelques centimètres de celle de Djelay. Il n’avait qu’une envie sentir ses lèvres contre les siennes. Toutefois, il ne s’y risqua pas de peur de la brusquer.

-         J’ai envie de t’embrasser. Il parlait tout bas et leurs bouches se touchaient presque.

Comme elle ne répondait pas, il posa délicatement ses lèvres sur les siennes. Il ne l’embrassa pas se contentant de la douce sensation que lui  procurait ce simple contact. Il sentait le cœur de Djelay battre à vive allure. Ils restèrent ainsi sans qu’aucun d’entre eux ne fasse un mouvement. Ce temps sembla durer une éternité pour Max. Tout à coup, le miracle se produisit. Djelay ouvrit timidement la bouche en signe d’invitation. Max ne se fit pas prier. Il commença à l’embrasser d’abord lentement ensuite avec ardeur. Elle passa les bras autour de son cou et ce fut la joie dans le cœur de Max. Il l’attrapa à son tour par les hanches, l’entrainant sur ses cuisses afin de mieux la sentir contre lui. Cette position rendait indécente la tenue de Djelay. Sa jupe était remontée au niveau de ses hanches. Le temps semblait s’être arrêté pour tous les deux. Djelay ressentait pour la première ce qu’on appelait «le désir ». Toutefois, il n’était pas question de se laisser aller. Elle vivait une situation plutôt dramatique et le plus important était qu’elle trouve une solution. Ce fut donc elle qui mit un terme à leur baiser. Elle s’écarta, les lèvres gonflées.

-       On ne devrait pas faire…

-       Chut… Ne dis rien s’il te plait. Max la tenait toujours par les hanches, le front collé au sien, les yeux fermés, il savourait cet instant comme si c’était un merveilleux cadeau.

-       Mais…

-       S’il te plait. Je veux juste rester comme ça, un moment. L’interrompit-il. Tu ne me croiras peut-être pas, mais c’est le meilleur baiser de toute ma vie Djelay et sans pouvoir l’expliquer, je suis heureux que ce soit avec toi.

-         J’ai besoin de te parler. Ce changement brusque de sujet blessa Max mais il ne le montra pas.

-          C’est pour cette raison que je suis rentrée dans ta chambre tout à l’heure. Continua-t-elle.

 Il ne répondit pas mais se résolut au bout d’un moment à la libérer. Il se leva  puis l’aida à se relever à son tour. Sans un mot, il  la conduisit à son tabouret puis s’assit près d’elle.

-         Je sais que tu te préoccupes de l’avenir. Commença-t-il. Que comptes-tu faire ? Ou que voudrais-tu faire ?

-         Je ne crois pas avoir le choix ! Répondit-elle tristement en se demandant comment il avait deviné ce dont elle voulait lui parler.

-         Le mieux serait de retourner dans mon pays mais il va falloir que je trouve de l’argent pour le billet d’avion. Pourrais-tu m’aider à trouver un petit boulot temporaire qui me permettrait d’économiser un peu d’argent pour m’acheter le billet ?

-         Et aussi Voudrais-tu accepter de m’héberger le temps de réunir tout l’argent dont j’ai besoin s’il te plait ? Acheva-t-elle, les yeux rivés sur ses mains tremblantes.

Il remarqua son embarras. Elle n’arrêtait pas de jouer avec ces fichus boutons de chemise. Elle parlait si bas qu’il lui fallut tendre l’oreille pour saisir ce qu’elle disait.

-         Je ne veux pas que tu partes. Djelay sentit son cœur s’agiter. Les mots résonnaient en boucle à ses oreilles.

-         Tu m’as raconté que tu venais pour te construire un avenir ici au Canada. Continua-t-il. Ton oncle devait te ramener chez lui mais ce n’est pas ce qui s'est passé. Il se tut un instant puis reprit.

-         Moi je t’ai trouvé…

Elle l’écouta, incapable de faire cesser les battements saccadé de son cœur. A cette allure il exploserait bientôt. Elle n’y croyait pas. Etait-ce possible que Max ait eu le coup de foudre comme elle. Jusque-là elle ne voulait pas l’admettre mais à quoi bon le cacher. Elle l’avait aimé dès le premier instant et lui aussi. C’était exactement ce qu’il s’apprêtait à lui avouer. Elle qui croyait que ce genre d’histoire n’existait que dans les romans à l'eau de rose. Seigneur ! Il allait lui déclarer sa flamme. S’extasia-elle. Cela lui arrivait pour la première fois. Elle se souvint soudainement des paroles de sa mère lorsqu’elle avait rompu avec Jean.

-         Aimes-tu vraiment ce jeune homme ? Lui avait-elle demandé.

-         Oui maman je l’aime de tout mon cœur! Avait-elle répondu.

-         Comment sais-tu que tu l’aimes ? Avait insisté sa mère.

-         J’aime être en sa compagnie, j’aime quand il me parle, quand il me sourit…j’aime tout de lui maman ! Je l’aime tout simplement.

-         Et ton cœur ? Comment réagit-il quand tu le vois ? comment a-t-il réagi quand tu l’as rencontré la première fois ?

Elle se souvenait être restée silencieuse ne sachant quoi répondre. Devant  son silence sa mère ajouta :

-         Lorsque tu rencontreras l’homme de ta vie, celui dont tu seras réellement amoureuse, tu le sauras et c’est à ce moment que tu trouveras la réponse à cette question. Alors ne te lamente plus d’avoir perdu ce bon à rien ma chérie.

Oui, elle se souvenait clairement des mots de sa mère, et ce sentiment dont elle parlait… son cœur qui battait la chamade à la vue de Max…Son esprit ne pouvait plus nier ce que ressentait son cœur et elle allait le lui dire. Elle allait avouer son amour à Max. Pensa-t-elle enthousiaste.

-         …Et je veux t’aider à réaliser tes rêves afin que tu puisses montrer à ce lâche qui te sert d’oncle que tu as pu t’en sortir sans lui. Laisses-moi-t’ aider s’il te plait! Ajouta-il.

Djelay crut recevoir un coup de poignard en plein cœur. Il voulait juste l’aider ? Il ne l’aimait pas ? Mais…ce baiser, il avait  dit que c’était le meilleur baiser qu’il ait reçu. Et dans sa chambre, elle avait lu de l’amour dans ses yeux quand il l’avait prise dans ses bras. Se serait-elle trompée ? Ou jouait-il la comédie juste pour la mettre dans son lit ?  Elle ne réalisa pas que des larmes s’échappaient de ses yeux.

-         Quoi ? qu’est-ce qu’il y a ? Max ne comprenait pas ces larmes soudaines.  Elle semblait être heureuse tout à l’heure car il avait bien vu ses yeux briller d’espoir. Et comme par magie, l’expression de son visage avait changé. Comment pouvait-on être heureux pendant une minute et être triste à la minute suivante ? Il ne manquait plus qu’elle se mette à pleurer…

-         Ai-je dis quelque chose qu’il ne fallait pas ? Parles moi Djelay… s’il te plait. Insista-t-il.

-         Je…je vais y réfléchir et je te donnerai une réponse ce soir. Répondit-elle tristement avant de se précipiter vers la sortie.

Francis sortait du terrain de tennis, sa raquette en main. Il n’avait pas pu se concentrer aujourd’hui ce qui lui avait valu quatre défaites. En effet, sur les cinq set qu’il avait disputé, il n’en avait gagné qu’un seul. Même cet enfoiré de Tom qui d’ordinaire ne pouvait pas lui prendre un seul jeu, lui a mis une sacrée raclée qu’il n’était pas prêt d’oublier.

-         Une journée de merde! grogna-t-il.

Francis n’était pas du genre à perdre quoi que ce soit contre qui que ce soit et ce quel que soit le domaine. Il n’acceptait aucune défaite de ce fait il employait tous les moyens nécessaires pour aboutir à ses fins et la sainte Djelay  (ironisa t-il) ne serait pas une exception. Il n’avait pas cessé de penser à elle depuis la scène de la cuisine. Pour qui se prenait-elle pour le traiter de la sorte ? Ce n’était qu’un spontané  baiser de galanterie et elle l’avait fui comme s’il avait la peste. Mais elle ne perdait rien pour attendre. Aucune femme ne repoussait Francis Tremblay. D’abord il l'aurait dans son lit et ensuite il la donnerait en cadeau à son cousin adoré.

-         Maximilien Tremblay l’homme d’affaires, Maximilien Tremblay le top modèle, Maximilien Tremblay le cousin modèle, Maximilien Tremblay le parfait gentleman… et quoi encore ! Pensa-t-il sarcastique.

Francis avait toujours envié son cousin . Les parents de Max lui offraient tout ce qu’il désirait tandis que ses parents à lui, accumulaient les dettes. Son père, Robert Tremblay et son oncle étaient associés auparavant, du temps de sa délicieuse enfance. Francis avait huit ans à cette époque et jouissait lui aussi de la vie de château au même titre que son cousin adoré. Mais il  fallut que son oncle Georges Tremblay décide d’entreprendre ses propres activités pour que commencent leur calvaire. Son père n’étant pas bon entrepreneur, après le départ de son oncle, il emprunta une grosse somme d’argent pour investir dans l’immobilier sous la recommandation d’un ancien collègue qu’il considérait comme son meilleur ami. Malheureusement, cet ami lui fit signer de faux contrats et s’enfuit avec l’argent. Leur maison fut saisie et son père dût vendre tous leurs biens pour pouvoir rembourser ses dettes mais ce ne fut pas suffisant. Robert n’eut pas  d’autre alternative que de demander de l’aide à son frère. Ce dernier lui offrit un poste dans son hôtel à Montréal et  leur prêta un appartement dans lequel ils étaient censés vivre temporairement. Robert  détestait ce poste de comptable qu’il qualifiait de misérable mais n’ayant aucun autre choix il dût subir en silence, jusqu’à la mort  de Georges et de son épouse Jacqueline dans ce terrible accident de voiture.

 Robert crut qu’il reprendrait les rênes des entreprises de son défunt frère mais grande fut sa déception lorsque Max fut désigné unique héritier de la fortune de son frère. Georges avait exprimé ses dernières volontés dans son testament. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase car Robert Tremblay ne pouvant supporter d’être l’employé de son neveu décida de démissionner et de prendre un nouveau départ. Il trouva un autre emploi en tant que comptable dans une société de transport sans toutefois interrompre les démarches de demande de prêt auprès de la banque en vue de reprendre ses propres activités. Deux ans s’étaient écoulés et il n’avait toujours pas reçu ce prêt de la banque. Son misérable salaire ne lui permettait pas de faire des économies puisqu’il devait s’occuper de sa famille et par fierté il refusait l’aide que lui proposait Max. Sa vie était devenue un véritable enfer entre son travail qui l’épuisait énormément et sa demande de prêt qui était tout le temps rejetée. Puis un jour, alors qu’il se préparait comme tous les mardi matin pour aller au bureau, il reçut un appel de son banquier lui demandant de se rendre immédiatement à la banque parce que  sa demande de prêt avait été approuvée. Ce fut le plus beau jour de sa vie depuis sept ans et il n’en revenait pas. Il se rendit donc à la banque accompagné de sa femme .

 Ce jour-là sa femme et lui furent abattus de sang-froid par des braqueurs qui étaient venus dévaliser la banque. Francis s’était promis de ne jamais pardonner à Max la mort de ses parents car il estimait qu’il en était responsable. Ayant juré de se venger il accepta que sa sœur et lui partent vivre chez Max après la mort de leurs parents afin de mieux préparer sa vengeance.

 

-         Et ce moment est arrivé… Ricana-t-il.

 

Dans la chambre, Djelay avait éteint toutes les lumières sauf celle de la lampe posée sur la table de nuit. Dans la pénombre, elle était couchée sur le lit en chien de fusil et pleurait. Elle s’était réfugiée dans sa chambre après s’être enfuie de la cuisine comme si quelqu’un était à ses trousses. Elle voulait juste pleurer en paix et sa chambre était l’endroit idéal. Les images de Max défilaient dans sa tête et elle l’entendait dire qu’il voulait juste l’aider et rien d’autre. Elle avait été naïve de penser qu’il pourrait avoir des sentiments pour elle. Max et elle appartenaient à deux mondes différents et jamais il ne s’intéresserait à une femme de sa classe sociale. Elle aurait dû y penser plus tôt. Cela lui aurait évité un tel chagrin. Elle venait de réaliser qu’elle était au Canada depuis plusieurs heures et elle n’avait pas encore contacté sa famille. Sa mère et sa sœur devaient être très inquiètes.

-         Je dois les appeler murmura-t-elle. Mais que vais-je leur dire ? Que j’ai été recueillie par un inconnu après que tonton Alex m’ait abandonnée à l’aéroport ? Ou que je suis chez tonton Alex pour ne pas les inquiéter ? Non elles le sauront de toute façon. Ça ne servirait à rien de leur mentir.

Djelay se préoccupait de la réaction de sa famille, en particulier de celle de sa mère. Cette dernière penserait qu’elle était seule, sans abri et affamée. Mais elle devait tout de même lui dire la vérité et c’est exactement ce qu’elle ferait.

Elle se rendit compte qu’elle aurait besoin d’emprunter le téléphone de Max puisqu’elle avait perdu le sien. Elle qui ne voulait pas le voir de sitôt c’était raté. Elle n’avait pas d’autre choix si elle voulait contacter sa famille. 

-         Mais qu’est ce qui lui prend à cette fille ? Quoi que je dise, quoi que je fasse, elle se met à pleurer marmonnait-t-il entre ses dents.

Max était étendu sur son lit, les yeux rivés au plafond. Il aurait dû aller au travail. Cela lui aurait évité d’assister aux crises étranges de Mlle. Tout ce qu’il voulait, c’était lui tenir compagnie. Etait-ce une mauvaise chose ? Il la savait fragile et sensible, mais il n’avait rien fait qui puisse la mettre dans cet état. Il se repassait en boucle les images des minutes précédentes et il ne trouvait rien qui aurait pu la blesser.

-         Tabernacle ! gronda-t-il. Il se leva et s’assit sur le bord du lit le visage entre les mains.

Pourquoi cette fille lui faisait tant d’effets ? Il s’était pourtant promis de ne plus s’attacher à aucune femme depuis Sandra. Il n’avait fait que penser à Djelay toute la nuit et cela l’inquiéta sérieusement parce qu’il ne voulait plus souffrir à cause d’une femme. Il fallait absolument qu’il se la sorte de la tête et une douche froide serait un bon début.

Djelay descendit dans la cuisine espérant trouver Max mais il n’y était pas. Il devait sûrement être dans sa chambre. Se dit-elle. Elle l’attendrait dans le salon car il était hors de question qu’elle entre de nouveau dans sa chambre. A cette pensée, les images de Max et elle dans la chambre lui revinrent à l’esprit et elle sentit son corps se consumer. Elle revoyait Max et cette serviette entourant ses reins. Il était beau comme un dieu. Mais elle n’était pas son genre de fille, enfin le genre de fille avec qui il voudrait une relation sérieuse. Il ne lui restait plus qu’à l’oublier. Elle s’assit dans un fauteuil, attendant de voir apparaître Max. Elle détailla chaque recoin de la pièce. Le salon était gigantesque et tout blanc. Elle l’avait remarqué à son arrivée mais cela l’impressionnait toujours autant. Il y’ avaient deux magnifiques divans beige en cuir qui se faisaient face et quatre fauteuils disposés par deux aux extrémités des divans. Une petite table en verre sur laquelle était posé un adorable vase de fleur blanc, siégeait au milieu de l’allée qui séparait les divans. De son fauteuil, Djelay pouvait voir un lustre en forme de papier à pampilles fait entièrement de cristal, suspendu au plafond. Il brillait tellement qu’elle en avait mal aux yeux à force de trop le regarder. Djelay était fascinée par tant de luxe et dire qu’elle avait été assez bête pour penser que le propriétaire de cette splendide demeure s’intéressait à elle. En parcourant les autres endroits de  la pièce, elle vit la longue table à manger juste derrière l’un des divans. Elle ne comprenait pas qu’il y ait quatorze chaises autour de la table alors qu’ils n’étaient que trois à vivre dans cette maison. C’était ce qu’on appelait l’extravagance des riches et elle aurait peut-être pu s’y adapter.

-         C’est ridicule, comme si je pouvais être la maîtresse de cette maison. ricana-t-elle.

Djelay était si absorbée par ses pensées qu’elle ne vit pas Max qui se tenait juste près d’elle.

-         Que fais-tu seule ici ?  demanda-t-il soudainement.

Djelay sursauta au son de sa voix. Elle se retourna pour lui faire face et dû faire un grand effort pour ne pas dire « waouh ». Il s’était douché et elle pouvait sentir l’odeur de son eau de toilette. Elle ne savait pas ce que c’était mais ça sentait divinement bon. Il avait vêtu un pantalon blanc serré et un tee-shirt noir. Elle ne pensait pas pouvoir dire ça un jour mais elle le trouvait trop sexy. Il fallait qu’elle se fasse une raison : elle ne pourrait jamais l’oublier.

Max regarda Djelay le dévorer des yeux et cela l’amusa. Il ne put retenir un sourire car il était conscient de l’effet  qu’il faisait aux femmes et Djelay, bien qu’elle fut innocente, n’était pas insensible à son charme. Max était bel homme et il s’était toujours enorgueillit du fait que toutes les femmes succombaient à son charme. Mais ce qui comptait plus que tout présentement, c’était le regard emplit de  désir que Djelay posait sur lui. On aurait dit qu’elle souhaitait le manger tout cru et dieu savait combien il serait heureux d’être dévoré par elle.

-         Aimes- tu ce que tu vois ? dit-il après s’être raclé la gorge.

Djelay détourna aussitôt son regard. Il l’avait surprise en train de le scruter et elle se sentit honteuse. Mais ce qui la rendait furieuse c’était qu’il se moquait d’elle. Comment osait-il ?

-         Pas du tout ! Elle prit un air offusqué. J’appréciais juste le tissu de votre pantalon… c’est du lin ?

Max éclata de rire. Elle était si innocente et en plus elle ne savait pas mentir. Mais voyant son air embarrassé, il cessa  aussitôt de rire puis alla s’asseoir en face d’elle. Djelay se sentit ridicule. Quelle idée de dire une telle sottise ? Mais il faut admettre qu’elle ne trouvait rien à dire et elle avait dû sortir la première chose qui lui était passé par  la  tête. Le temps de s’en rendre compte c’était trop tard et lui, ne se était même pas gêné pour se moquer d’elle. Quel monstre !

-         Ça y est, vous avez fini ? dit-elle en colère, le fixant droit dans les yeux.

-         Tu recommences à me vouvoyer ? Je pensais qu’on avait franchi cette étape.

-         Je préfère m’en tenir à « vous ». Répondit-elle.

-         Et pourquoi ce changement ? Il y’a à peine trente minutes tu me tutoyais. Insista –t-il.

-         Je l’ai décidé, c’est tout.

-         Tu es étrange Djelay. Tu changes d’humeur toutes les cinq minutes comme si tu étais programmée.

-         Il ne manquait plus que vous me traitiez de machine. Je vous en remercie c‘est très flatteur. Railla-t-elle.

-         Excuses moi… mais c’est que je n’arrive pas à te comprendre alors que je…

-         Je vous attendais parce que je voudrais que me prêtiez votre téléphone pour passer un coup de fil à l’étranger. Coupa-t-elle.

Il resta un moment silencieux puis finit par sortir son téléphone de sa poche pour le lui donner. Il sortit ensuite par  l’arrière de la maison sans rien ajouter.

Djelay le regardait partir se sentant mal de s’être comportée de la sorte avec lui. Elle n’aurait pas dû lui parler aussi durement. Il avait l’air déçu… non plutôt triste. Oui c’était de la tristesse qu’elle avait vu dans son regard et elle se sentait coupable, il ne le méritait pas. Elle l’aimait, et incroyable que cela puisse être cet amour était profond. Savoir que ce n’était pas réciproque l’attristait énormément. Elle le suivit du regard jusqu’à ce qu’il franchisse une porte qui ouvrait sûrement sur le jardin. Elle reprit ses esprits et se décida à composer le numéro de sa maison en Côte d’ivoire. 

-         Allô ! C’est toi Djelay, s’écria Dana ! Maman… Maman c’est Djelay.

Djelay resta silencieuse. Elle était si émue d’entendre le son de la voix de Dana qu’elle fut incapable de prononcer un seul mot.

-         Allô… Tu es toujours  là ? C’est toi grande sœur ? Insista Dana.

-         Oui Dana c’est Moi, ta sœur adorée… Réussit-elle à dire.

-         Oh mon Dieu, Djelay, tu as dit que tu appellerais dès que tu serais arrivée et là ça doit faire 24h que tu es au Canada… nous étions tellement inquiètes maman et moi. Dana parlait vite tant elle était émue d’avoir sa sœur au téléphone.

-         Hey, calme toi ma chérie. Je vais bien et c’est le plus important n’est- ce pas ?

-         Evidemment. Je suis tellement heureuse de t’entendre grande sœur. Dis-moi comment c’est le canada ? Vous être à Toronto n’est-ce pas ? Est-ce pareil que sur les photos qu’on voit sur internet ? Et notre oncle se porte-t-il bien ? As-tu rencontré notre cousin ? Comment est-il ? Et es-tu…

-         Dana, Dana, respire s’il te plait. La taquina-t-elle ! Le canada est un très joli pays et tout le monde se porte bien. Je t’en dirai plus une autre fois, à présent passes moi maman s’il te plait.

Elle ne voulait pas informer sa sœur de la situation de peur de l’attrister et de briser tous les rêves qu’elle s’était forgés.

-         Tout de suite mais tu me diras tout dans les moindres détails… Ok ?

-         Promis. Répondit Djelay.

La mère de Djelay, Hélène Agnissan, attendait impatiemment de parler à sa fille. Elle se tenait près de Dana lorsque celle-ci parlait avec sa sœur et elle était si fière d’avoir pu inculquer à ses filles la valeur de l’amour fraternel. Ses filles étaient appréciées par tous en raison de leurs conduites irréprochables. Elles avaient de grandes valeurs morales ce qui leur valaient les bénédictions des aînés. Et en Afrique, recevoir des bénédictions de la part des aînés portait chance et garantissait une réussite absolue.

-         Allô ma fille comment vas-tu ? dit-elle aussitôt qu’elle prit le téléphone.

-         Maman… oh maman geignît Djelay.

-         Qu’est-ce qu’il y’a ma puce ? Que se passe-t-il ? Te traitent-ils mal ? S’inquiéta Hélène. Raconte tout à ta mère. L’encouragea-t-elle.

-         Oh maman si tu savais… commença Djelay. Je ne voudrais pas que Dana le sache donc  éloignes toi s’il te plait.

-         Ok attend un instant… Dana chérie vas terminer de laver la vaisselle s’il te plait. Elle attendit que Dana s’éloigne.

-         C’est bon, vas-y chérie. Reprit-elle

-         Maman, tonton Alex n’est jamais venu me chercher…

Hélène crut avoir une syncope, Le sang semblait ne plus circuler dans son cœur. Elle imaginait les conditions pénibles dans lesquelles sa fille adorée se débattait. Hélène écoutait Djelay lui raconter tout ce qu’elle avait vécu dans les moindres détails et lorsque celle-ci eut terminé son récit Hélène demeura silencieuse. Djelay su qu’elle pleurait.

-         Non maman, ne pleure pas s’il te plait… Je vais bien ! Max est très bon avec moi. Il m’a aidé sans me connaître. Certes j’ai pris un grand risque en le suivant mais avais-je un autre choix maman ? Elle se mit à pleurer à son tour.

-         A présent il voudrait m’aider à trouver un travail maman, mais moi je l’aime tellement que je sens ne pas pouvoir supporter de vivre sous le même toit que lui sans être avec lui… Tu comprends n’est-ce pas ? continua Djelay.

-         Je suis rassurée que tu ailles bien, mais je le serai encore plus si je t’avais à mes côtés chérie. Finit-elle par dire.

-         Je voudrais que tu reviennes à la maison ma fille, on saura se débrouiller ensemble, ici, chez nous. Tu es seule là-bas et tu n’as personne pour te protéger reprit Hélène.

-         Maman je…

-         Je t’enverrai de l’argent pour que tu puisses acheter le billet d’avion et…

-         Non maman ! s’écria Djelay. Cet argent, nous en avons besoin pour payer les études de Dana et pour subvenir à nos  besoins. Que ferions-nous si par malheur l’une d’entre nous tombait malade ? nous n’avons pas assez d’argent alors il faut pouvoir faire bon usage du peu que nous possédons. Ajouta-t-elle.

-         Je pourrais demander un p…

-         Il n’est pas question que tu demandes un prêt maman… S’il te plait… Je t’en supplie  maman. larmoyait-elle.

Hélène se remit à pleurer, s’efforçant à ne faire aucun bruit de peur que Dana ne l’entende. Elle ne voulait pas non plus que Djelay la sache en  pleurs. Cependant Djelay connaissait parfaitement sa mère. Sans la voir, ni même l’entendre, elle parvenait à ressentir les émotions de sa mère.

-         Ne pleures pas maman s’il te plait. La supplia-t-elle.

-         Je ne pleure pas chérie. Mentit Hélène.

-         Oh que si tu pleures, tu ne peux pas me mentir tu devrais le savoir maintenant. Plaisanta –elle.

Djelay entendit sa mère sourire et cela la réconforta. Elle ne voulait pas que sa mère s’inquiète et tombe malade.

-         Que suggères tu donc ? demanda Hélène.

-         Je vais rester ici maman et accepter l’offre que m’a faite Max.

-         Mais tu as dit que tu l’aimais et que…

-         Je vais m’y faire maman. Ne t’inquiète surtout pas pour moi. Djelay voulait que sa mère se tranquillise.

-         Je te téléphonerai deux fois dans la semaine pour te donner des nouvelles, sois tranquille. La rassura-t-elle.

-         Très bien chérie. Mais si tu as le moindre problème et que tu souhaites revenir fais le moi savoir et je t’enverrai l’argent pour…

-         Maman je…

-         Ne sois pas entêtée Djelay. Je t’enverrai l’argent si nécessaire. Que tu le veuilles ou pas, qu’on en ait suffisamment ou pas je le ferai et qu’il advienne ce que pourra. Tu es ma fille Djelay par conséquent ma priorité. finit-elle en larmes.

-         Je t’aime maman.

-         Je t’aime aussi chérie. Prends bien soin de toi d’accord ? Je t’enverrai un peu d’argent que tu pourras utiliser en attendant de trouver un emploi et ce n’est pas à discuter. Gronda-t-elle.

-         Ok maman, on fera comme tu veux. Je vous aime toutes les deux très fort. Bye maman.

-         Au revoir chérie.

Djelay raccrocha. Elle fut soulagée d’avoir pu tout raconter à sa mère. Cette dernière l’avait plutôt bien pris. A présent elle devait se battre pour obtenir ce qu’elle désirait le plus : un vrai job. Pourquoi se mentir ?  Ce qu’elle désirait le plus c’était Max. Mais lui ne voulait pas d’elle et cela lui brisait le cœur. Elle allait devoir s’y résigner et se concentrer sur son principal objectif celui de rendre sa mère fière d’elle. Et pour y parvenir elle devrait oublier Max et travailler dur. Première étape : lui rendre son téléphone.

-         Où est-il passé ? Marmonna-t-elle en quittant le salon.

 

Fin du deuxième chapitre.

  (les critiques et remarques sont les bienvenues)
Amour de couleurs