Happy end

Ecrit par Fleur de l'ogouée

Mélanie Mbourou

 

Nous sortons enfin de ce tribunal après 6heures de procès, le juge a enfin acquitté Bradley, il est libre vraiment libre, on va enfin pouvoir tourner la page. Lydia a assuré avec son cortège d’expert, ils ont réussi à prouver que c’était bien un suicide, je ne l’avais jamais vu plaidé, c’était majestueux, elle fait la fierté des Mbourou et dire qu’elle ne voulait pas le représenter, mais elle l’a fait car entre sœur on fait tout pour s’aider. Les amis de Brad ainsi que Lionel et Sandra étaient tous là pour le procès, donc on a décidé d’aller ensemble fêter cette victoire dans un petit restaurant. On a profité à faire plus ample connaissance dans la bonne humeur, je peux enfin respirer, tout roule vraiment en ce moment, j’ai du mal à croire qu’il y a deux semaines Brad était derrière les barreaux et que j’étais alitée après avoir perdu mon bébé, la vie s’est vraiment un enchaînement de bon et de mauvais moments, il faut juste être patient. Tellement l’ambiance est bonne on décide tous de se retrouver plus tard dans la soirée pour boire un verre et débuter le week-end avec une touche de folie. C’est monsieur Davis qui va me déposer chez moi, depuis deux semaines ne nous ne sommes parler que par message, entre son état de santé et la préparation du procès ce n’était pas évident de se voir. Et de mon côté j’avais beaucoup à faire avec Mélissa, trouver un répétiteur pour la mettre à niveau, l’inscrire sur la liste pour les examens de fins d’année et essayer de mettre à jour son statut, d’ailleurs il faut que j’aille voir Alphonsine, ça fait trois semaines que je ne suis pas allée lui rendre visite.

Ce n’est que lorsque je sors de mes pensées que je me rends compte que nous ne prenons pas la direction de la maison.

-Où allons-nous ?

-Tu auras la réponse dans quelques minutes, sois patiente

Tout est si différent d’un coup, cet homme que je pensais détester, celui à qui j’attribuais tous mes malheurs, aujourd’hui je ne m’imagine plus passer ma vie sans lui, il aura fallu tant d’évènements dans nos vies pour qu’enfin on se rende compte que nous sommes faits pour être ensemble. C’est dommage de s’être fait autant de mal pour rien, mais tout cela est derrière nous, on a un avenir à construire.

Après une bonne vingtaine de minutes nous arrivons devant un terrain, il descend et m’invite à faire de même.

  

Bradley Davis

 

Pendant je préparais le procès avec Lydia j’ai réussi à lui tirer quelques vers du nez, pour savoir où en est Mel dans sa vie et elle m’a avouée qu’en ce moment ce que sa sœur veut c’est prendre un nouveau départ, vivre en périphérie du centre-ville, dans une maison avec un grand terrain. Pour moi c’est parfait, je suis à un tournent de ma vie où j’ai besoin de me poser, j’ai mis ma maison principale en vente et je me suis installée dans un des appartements meublés que je propose à la location saisonnière, je pense que c’est un signe.

Je l’entraîne dans la concession, le terrain fais plus de 1000 mètres carrés il est vraiment grand, il y aura assez de place pour construire une maison bien confortable et ensuite y aménagé de beaux espaces. Je lui dis que ce terrain je l’ai acheté pour nous, pour que nous puissions y vivre.

-C’est notre futur chez nous

-Je ne sais pas quoi dire, je crois que c’est trop tôt

-On prendra notre temps, de toute façon ce n’est qu’un terrain nu il faudra compter un an voir deux pour que le projet se matérialise, en attendant on apprendra à mieux se connaître et si tout se passe bien, nous allons emménager ici ensemble.

-Merci Brad, c’est exactement ce cadre de vie que je veux pour mes enfants, un grand terrain où ils vont pouvoir grandir et s’émanciper en toute tranquillité

-C’est chez nous Mel, les enfants auront assez de place pour s’épanouir et toi et moi on aura notre petit nid. Tu as tout le temps pour réfléchir à cette proposition

Nous avons fait le tour du terrain, je lui ai un peu expliqué le plan que j’ai en tête. Ensuite nous sommes remontés en voiture, à son regard j’ai compris que l’heure de LA fameuse discussion est arrivée, je me suis tourné vers elle pour l’écouter

-Ecoute Brad je préfère qu’on y aille doucement, j’ai trois enfants à ma charge, j’ai une entreprise à gérer, j’ai beaucoup de pression dans mon quotidien, je ne sais pas comment toi et moi allons nous organiser pour que cette relation fonctionne

-Aller doucement c’est bien, mais il faut savoir où l’en va. Moi je te veux dans ma vie pour toujours mais ce n’est pas à moi de m’incruster c’est à toi de me laisser m’insérer dans ta vie. Tu as des enfants, tu travailles oui mais tout ceci n’est en aucun cas compatible à une vie de couple. Arrêtons de trouver des prétextes pour ne pas être ensemble, soit on est prêt soit on ne l’est pas.

Elle semble réfléchir, c’est normal de se poser des questions mais nous deux ce n’est pas une histoire de maintenant, n’eut été toutes épreuves que nous avons traversés ces derniers mois nous aurions pût être ensemble. Je ne dis rien, j’ai l’impression d’avoir tout dit, la balle est dans sont camp maintenant.

Elle a pris ma main et l’a mise dans la sienne comme pour sceller cette union, il ne m’en fallait pas plus, je suis un homme comblé. Je pensais l’a déposé chez elle, mais à ma grande surprise elle m’invite à entrer pour me présenter les enfants, j’en ai le cœur qui bat à tout rompre. Ils sont tous les trois si beaux, si elle ne m’avait pas raconté l’histoire de la petite Mélissa j’aurais juré qu’ils ont tous les mêmes parents biologiques, la ressemblance est étonnante. Nous nous installons dans la cuisine et je les observe faire des crêpes avec leur maman, le premier contact est une réussite totale, la petite Maëlle joue le rôle de serveuse et me propose des crêpes après les avoir garnis, Yvan me parle de son équipe de basket et Mélissa n’arrête pas de parler de sa nouvelle école, c’est fou comme un sentiment étrange m’habite.

Après avoir passés l’après-midi à parler de dessins animés, de desserts et de dictées, je rentre à l’appart pour me changer pour la sortie de ce soir, avec un Sam et un Lionel dans la bande c’est sûr qu’on rentre au petit matin.

La soirée s’est déroulé à merveille, nous avons rencontré le mari de Lydia, tout le monde s’est très vite intégré à l’ambiance, on a bu jusqu’au petit matin. Nous sommes rentrés à la maison et avons dormis comme des chèvres tellement nous étions fatigués, je lui ai laissé la chambre parentale et j’ai pris l’autre. Réveillé par une bonne odeur de poisson et de piment, je prends et douche et je me rends de suite à la cuisine

-Bonjour monsieur

-Bonjour belle dame, quelle odeur alléchante

-Oh ce n’est rien j’ai pris les légumes et le poisson qui trainaient dans le frigo et j’ai fait un bouillon

-C’est tout ce qu’il me fallait après le vin d’hier

On a passé le temps à parler de la soirée d’hier, à commenter les pas de danse des uns et des autres, et on a reconnu que tout le monde s’est bien amusé personne ne s'est senti mal alaise, c’était fantastique.

  

Mélanie Mbourou

 

C’est en début de soirée que je rentre enfin à la maison, maman garde tous ses petits enfants ce week-end, donc je me change seulement et je retourne chez Brad, ces petits moments d’intimité sont plus précieux qu’une partie de jambe en l’air, on prend le temps de se connaître, de s’analyser de savoir ce que l’autre aime. A mon retour on décide d’aller faire les cents pas histoire de décuver un peu plus l’alcool de la veille.

Nous ne passons pas loin du CHU je demande à Brad de m’attendre le temps que j’aille faire un coucou à Alphonsine et lui dire que je vais passer la voir en semaine avec pleins de bonnes choses. En entrant dans le service, je remarque que celui-ci est beaucoup plus vide que la dernière fois que je suis venue, c’est encore plus sinistre qu’avant. Je me dépêche de marcher car il reste à peine quinze minutes avant la fin de l’heure de visite, je ne la vois pas à son lit donc je me renseigne auprès d’une infirmière et elle semble gênée et me répond qu’Alphonsine est décédée il y a deux semaines, mes larmes ne tardent pas à débarquer. Je suis perdue, elle semblait pourtant aller mieux la dernière fois, je pensais même qu’on aurait pût l’a transféré ailleurs, je suis choquée. Le monsieur qui m’avait vendu la paire de gant la première fois que je suis venue m’interpelle et nous allons dans son bureau, c’est le major du service

-Vous êtes la seule visite qu’elle recevait, vous avez égayé les derniers jours d’Alphonsine, elle ne parlait plus que de vous dans ce service, le fait que vous vous occupiez de sa fille l’a permis de partir en paix, elle luttait depuis tant d’année. Elle m’a confiée ses dernières volontés, je n’avais pas votre numéro pour vous appeler donc ça tombe bien que vous soyez là pour récupérer ceci

Il me sort une lettre signée de Alphonsine, au bas de la page il y a le cachet d’un avocat, le major m’explique qu’un des ses anciens patients avocat a accepté de venir authentifier cette lettre pour qu’elle me serve de faire valoir lorsque je vais induire la demande d’adoption. Il y a trop d’information pour moi, je n’ai pas arrêté de pleurer pendant qu’il parlait, il m’a tendu des mouchoirs et m’a souhaitée d’être forte. Une association s’est déjà chargée de l’enterrement vu qu’aucun des membres de sa famille contacté n’a accepté de venir, quelle triste fin, voilà que Mélissa se retrouve orpheline. C’est lorsqu’un patient demande à voir le major que je me lève pour partir, je suis sous le choc. Quand j’arrive à la sortie, je me jette dans les bras de Brad et je pleure, ce n’était pas ma copine ni un membre de ma famille, d’autre aurait même pût la décrire comme étant ma rivale, mais moi cette femme j’ai appris à la connaître ça me fait mal qu’elle soit partie comme ça, elle ne reverra pas sa fille une dernière fois.

Nous sommes rentrés en silence, je ne sais pas comment gérer, j’avoue que la dernière fois quand je l’ai vu, j’ai eu bonne espoir de la voir sortir un jour et de reprendre sa fille, c’est une petite fille douce pour l’instant mais demain est qu’elle ne m’en voudra pas, je me pose beaucoup de questions.

Brad a été très doux avec moi, il a eu les mots qu’il faut pour me calmer, il a fait le dîné et nous avons mangé en silence, puis je me suis rappelé de quelque chose, comment il connaît Jérôme Minko ?

-Nous avons bossé ensemble, quand ma structure a eu un marché conjoint avec la société de sa femme. Nous ne sommes pas amis pour autant

-Je suis désolé de t’avoir crié dessus à maintes reprises tu sais, je me sentais trahie j’ai eu l’impression que vous m’aviez tendu un piège, je ne savais pas qu’il était marié et…
Il m’a interrompu avant que je ne puisse finir et à poser un chaste baiser sur mes lèvres « tout ceci est derrière nous Mel, avançons ». C’est le premier baiser que nous partageons, c’est tellement prude et réconfortant.

 

En allant chercher les enfants chez maman ce matin j’ai tenu à avoir quelques conseils de sa part, je vais devenir la tutrice légale de Mélissa, c’est une grosse responsabilité.

-Mel il y a des évènements dans la vie qu’on n’explique pas, arrête un peu de trop réfléchir. Mélissa c’est désormais ta fille, elle n’a plus personne sur qui compter à par toi. Tu es une mère, tu sauras comment gérer, va au tribunal faire les papiers de l’enfant

C’est sûr de moi que j’ai quitté la maison familiale avec mes trois enfants, cette année ma vie à basculer à 360°, j’ai vécu des aventures bonnes et mauvaises, j’ai fait des rencontres étonnantes.

 Devenir veuve à 29ans avec des jumeaux de 5ans, braver toutes les péripéties de la vie, je n’aurai pas pu tout cela sans mes sœurs et ma mère, j’ai aussi eu la grâce d’avoir des beaux parents magnifiques, quand leur fils est mort, ils ne m’ont pas rejeté au contraire ils ont toujours été là pour moi. Un nouveau chapitre de ma vie s’ouvre, entouré de personnes merveilleuses je suis rassurée quant à mon avenir. Thomas tu resteras à jamais mon première amour, celui par qui j’ai appris à aimer, toi qui as rejoins les étoiles, un jour peut-être nous nous retrouverons.

  

FIN

La veuve