Hola Madrid !

Ecrit par Plénitudes by Zoé

Chapitre 12 : Hola Madrid !


**** Marla ****

Je suis à Lomé depuis seulement une semaine et deux jours et j’ai l’impression que ça fait une éternité. Il s’en est passé des choses, des choses que j’aurais préféré ne jamais vivre, que je n’aurais même pas pu imaginer. 

Il y a deux jours, les sœurs de ma mère ont emmené cette dernière de force dans un camp de prière à plusieurs km de la ville. Cela aurait pu nous accorder un peu de répit si elle n’avait pas trompé la vigilance des gardiens et fui en payant son ticket de bus en vendant ses pagnes à des commerçantes d’épices près de la gare. Parfois je me demande comment on peut avoir de si bonnes idées et les utiliser à mauvais escient. Bref, ses sœurs sont venues gueuler à la maison après ça mais la bonne dame s’en foutait royalement, normal elle planait sérieusement.

En ce moment, tout ce que j’attends c’est que demain arrive rapidement pour me casser d’ici. J’ai une pensée pour mes frères que je laisse dans cette situation mais je n’y peux pas grand-chose pour l’instant. Je suis alors interrompue dans mes réflexions par la notification de mon téléphone : j’ai reçu un message whatsapp.

Laurel : Cc

Moi : Cc

Laurel : Tu vas bien ?

Moi : Oui et toi ?

Laurel : ça va. Quoi de neuf ?

Moi : Les mêmes histoires avec ma mère, mais je ne veux pas en parler. Tu fais quoi ?

Laurel : Devant mon PC, je travaille et toi ?

Moi : Devant mon PC, je regarde une série.

Laurel : Lol. Je t’appelle.

S’ensuit l’une de nos longues conversations téléphoniques (ou plutôt par appel whatsapp) où nous parlons de tout et de rien, nous apprenons à nous découvrir et je dois dire que nos échanges m’enchantent. Ce garçon a de la conversation, bon je dis garçon mais il a bientôt 30 ans et puis j’aime beaucoup son prénom. Nous nous sommes rencontrés par le biais d’un groupe de lecture sur whatsapp et avons rapidement compris que nous avions les mêmes goûts littéraires et musicaux. De là il m’a inboxé et nous voilà en phase de découverte l’un de l’autre. Nous ne pourrons malheureusement pas nous voir avant mon départ à cause des cours qu’il donne en informatique dans un lycée privé de Lomé. Mais nous avons prévu qu’il passe par Angers le mois prochain avant de se rendre à Montpellier pour affaire. J’ai tellement hâte de le voir en vrai.


**** Nathaniel ****


L’Espagne ! L’endroit parfait pour ma demande romantique. Je prépare ce voyage depuis un moment déjà et je veux mettre toutes les chances de mon côté pour qu’elle me dise oui. Je sais quand même qu’elle ne pourra pas me résister, qui le peut d’ailleurs ? Rire. Mais plus sérieusement j’appréhende un peu.

Nous sommes arrivés à Madrid hier nuit, épuisés, lessivés, surtout que nous sortions directement de la session de prière du vendredi. Arrivés, nous nous sommes juste précipités dans le premier taxi trouvé devant l’aéroport en direction de notre hôtel. Ensuite, valider nos réservations et chacun s’est dirigé vers sa chambre. Lorsque nous voyageons, nous ne dormons jamais ensemble. Il s’agit d’un accord tacite entre nous depuis longtemps, on ne peut pas résister à la tentation sans prendre certaines dispositions et sans faire les sacrifices nécessaires. Je me dis qu’avec une autre femme que Sabine, jamais nous n’aurions pu autant être sur la même longueur d’onde et encore moins partager la même vision de la vie, de la foi Chrétienne et de l’avenir.

Aujourd’hui le programme est de profiter du voyage, découvrir la ville et nous imprégner de sa culture si riche : visiter le palais royal et le musée du Prado et continuer sur Séville où nous passerons la nuit. Nous avons pris des tas de photos et beaucoup ri, dégusté des tapas, du cocido et du gaspacho, des spécialités typiques de la région. Je suis toujours aussi impressionné par l’appétit de cette fille.

Moi : Mais où est-ce que tu mets tout ce que tu manges ?

Sabine (la bouche plaine) : Dans mon cerveau

Moi : Rire

Sabine (me tirant la langue) : Jaloux! Tu sais que si tu te permets de manger autant que moi tu vas juste enfler, c’est pour cela que tu parles.

Moi : Rire, pas faux ! Fais-toi plaisir chère future épouse

Sabine : Rire, je vais me gêner

Ce qui est sûr c’est que je ne dois jamais tomber à court d’argent parce que sinon elle mourrait de faim ! Rire

Nous tombons sur un spectacle de danse de flamenco en pleine rue, c’est là toute la différence avec la France, les Espagnols ont ce feu, cette spontanéité dans leurs gestes, leur façon de vivre qui force le respect. L’un des danseurs s’approche de Sabine pour la faire tournoyer au milieu de la place, elle se laisse entrainer et rit aux éclats au milieu de cette foule. Je laisse faire, je sais comme elle a besoin de rire ainsi avant de retourner à sa vie de tous les jours et au fardeau des autres qu’elle doit porter.

Lorsque je juge que ce danseur s’est assez longtemps accaparé ma femme, je m’interpose et lui fais les yeux ronds, Nullement impressionnée, elle me décoche un de ses fameux sourires qui font ressortir ses quenottes. Ce qu’elle est belle ma femme, je ne peux pas attendre plus longtemps avant de lui faire ma proposition.

Moi (la regardant droit dans les yeux) : Épouse-moi (sortant l’écrin contenant la bague que je gardais dans ma poche)

Sabine (retrouvant son sérieux) : Qu’est-ce que tu as dit ?

Moi (plus si sûr de moi) : Épouse-moi, tu sais que nous sommes faits l’un pour l’autre et nous nous aimons. Je t’ai aimé dès le premier jour mais je ne m’en étais juste pas rendu compte à cet instant-là (mettant un genou à terre), lorsque j’ai vu que tu te rapprochais de moi j’ai su que je te plaisais aussi mais ce qui m’a convaincu que tu étais la femme de ma vie, bien avant d’en avoir la confirmation du Seigneur c’est que malgré toutes mes frasques, tu as su rester patiente, aimante envers moi et jamais tu ne m’as accusé ou culpabilisé. Tu as vu en moi celui que je pouvais être et m’a donné la force nécessaire pour devenir cet homme que tu voyais en moi, m’efforcer d’être digne de toi. Aujourd’hui, je veux faire de toi ma femme, la seule que j’aurais jamais et devenir le seul homme qui partagera ta vie.

Sabine (s’accroupissant devant moi et soutenant mon regard) : Tu sais que je t’aime et que je n’ai aucun doute sur le fait que nous soyions faits l’un pour l’autre.

Moi (me mettant à trembler) : Mais…?

Sabine (soupirant) : Avant de t’épouser j’ai besoin que tu sois honnête avec moi.

Moi : Je suis toujours honnête avec toi

Sabine (regard triste) : Qui est Sara?

Moi : …

C’est simple mon cerveau vient de beuger. Comment peut-elle connaître ce nom ?

Le Fardeau des Autre...