- Ouvre-le, vas-y ! Toujours un peu confuse, elle scrutait le portefeuille d’un regard pointilleux cherchant à dénicher la moindre petite arnaque. C’était un portefeuille tout ce qu’il y’avait de plus simple, ni trop gros, ni trop large, avec une couleur marron faîte sûrement pour donner une allure de faux cuir. Résolu, elle se décida enfin. Elle enleva la boucle qui maintenait le portefeuille fermé. Ses deux amies s’étaient penchées également sur elle pour voir ce que cela contenait. D’un coup elle l’ouvrit. Elles furent étonnées de la vision qu’elles avaient. Le portefeuille était complètement vide, même pas une carte ni même une de ces petites pièces qui traine depuis on ne sait dans une des poches.

- Qu’est-ce que ça veut dire ? Demanda finalement Mara en regardant de nouveau ce garçon si étrange.

- Je me balade toujours avec mon portefeuille vide, il attire l’attention des pickpockets qui laisse mes autres poches où je mets mon argent tranquille. Quand il me l’a pris, je me suis dit que j’avais pas de chance car je devais le suivre, jusqu’à ce qu’il le jette dans un coin ou dans une poubelle pour que je le récupère. Après ces dernières paroles, Mara était devenu si rouge de colère qu’elle semblait prête à lui sauter dessus. Elle essayait d’avancer vers lui mais  elle fut retenue par ses deux amies.

- Tu es vraiment insupportable toi, tu devrais apprendre à parler correctement aux gens au lieu de…

- Merci ! s’écria-t-il. Je voulais quand même te remercier pour ton aide, c’était sympa de ta part. Il acheva ces derniers mots d’un air plutôt timide, en baissant le regard. Anna qui depuis un moment n’avait plus parler, s’avança vers lui. Mara qui avait finalement repris son calme murmura : «  Il n’est finalement pas si désespérant lui ». Anna s’arrêta devant lui et dit en souriant :  «  Je t’en prie, n’importe qui aurait fait pareil ». Sur ces derniers mots, il lui tourna dos et commença à s’éloigner

- C’est ce que j’avais à te dire alors bye, je suis fatigué, je rentre chez moi dit-il en leur faisant signe de la main.  Mara était devenue encore plus rouge que la première fois. Elle lui criait des insultes pendant que ses deux amies essayaient de la retenir.

- Attends, comment tu t’appelles ?  Lui demanda Anna

- Demain. Je suis fatigué à force de vous avoir attendu.

- Demain ? On n’a pas de séances de violon demain…

  

      Il était déjà loin.

                   

       « Et c’est ainsi que vers le 13^ème siècle, l’empire Song qui s’était réfugié dans le sud de la Chine, à développer des technologies militaires révolutionnaires notamment l’utilisation de la poudre à canon, elle-même créée quelques siècle plutôt, avant la période des cinq dynasties et des dix royaumes, par les Tang. Bien,  nous continuerons la suite vendredi. »   La sonnerie qui annonçait la fin des cours venait de résonner. Le prof avait à peine rangé son livre que la classe avait déjà perdu le tiers de son effectif et le souk reprenait son rythme naturel, comme si il n’avait jamais été perturbé.

- Allez dépêche Anna, y’a Steph qui nous attends… Comme dab tu finis toujours la dernière gronda Mara qui venait s’arrêter au beau milieu de la classe.

- T’exagère euuuh ! Viens on y va au lieu de dire des bêtises répondit-elle en la devançant. Elles passèrent le pas de la porte en riant de ces petits rires de taquineries entre amies qui se connaissent depuis longtemps. Elles portaient leurs uniformes habituels, de couleur bleue, composés d’un veston porté sur une chemise blanche et d’une jupe patineuse qui n’atteignait pas les genoux pour les filles. Chacune rajoutait sa petite touche qui rendait chaque uniforme différent des autres. Anna portait comme à son habitude un nœud papillon de couleur rouge ; Mara, elle, portait une broche en or en forme de fleur qui se mariait bien avec son bandeau préféré de la même couleur qu’elle porte presque tout le temps.

- Alors tu nous fais quoi à manger ce soir ? Je viens chez toi t’as pas oublié j’espère ? demanda Mara. T’es la meilleure cuisinière que la terre n’ait jamais connu ! Je suis sûr que je vais me… Elle n’acheva pas sa phrase, elle s’arrêta comme figée, l’air livide. Son visage commença peu à peu à prendre une teinte rougeâtre. Anna se pencha sur elle l’air anxieuse : «  Hey ! Mara ! Ça va ? T’es bizarre… » . Ne comprenant pas, Anna se tourna pour voir ce qui la mettant dans cet état. Elle eut un haut-le-corps et resta figée également. L’air de revenir à elle, Mara articula toujours aussi rouge : « Toi !… ». A quelques pas devant elles, Steph les attendaient. Comme à son habitude, elle avait retiré sa veste, retroussé les manches de sa chemise et tenait son sac par-dessus son épaule, chose qui lui donnait l’air d’un garçon manqué, en plus de son manque de poitrine qui n’arrangeait pas les choses. A côté de Steph, dos contre le mur, les mains dans les poches, il y avait un garçon portant  un uniforme de couleur noire. C’était l’uniforme des garçons, un veston noir  à col droit, de couleur grise sur un pantalon noir. On pouvait voir quelques reflets argenté dans ses cheveux. C’était le garçon de la dernière fois.

- Encore toi ! reprit de nouveau Mara. Tu fais quoi ici ? Tu nous suis ou quoi ?

-   Ah vous voilà enfin dit Steph en les voyant arriver. Vous en avez mis du temps. Mais bon je pense que je suis habituée depuis le temps.

- Je t’ai posé une question, réponds ! Continua Mara en haussant de plus en plus le ton et en s’avançant vers le garçon. Il n’avait toujours pas bougé et, la tête levée, continuait à fixer le plafond les yeux à demi clos.

- Tu m’as posé deux questions, pas une pour être plus exacte. A laquelle veux-tu que je réponde ? Et t’as pas besoin de parler aussi fort, t’es assez près pour que je t’entende bien même à mi-voix répondit-il calmement sans regarder dans leur direction.

- Mais toi je vais te…

- Calme toi Mara dit Steph en essayant de la retenir tandis qu’elle s’élançait sur ce garçon quelque peu étrange. Il est venu voir Anna.

- Moi ? reprit Anna légèrement surprise.

-Lâche moi,  ça lui donne pas de répondre comme ça aux gens ! Et d’ailleurs comment savait-il qu’il la trouverait ici ? C’est louche tout ça à mon avis

- Haha je comprends ce que tu veux dire dit Steph en souriant. S’il est venu ici c’est parce que…

- C’est parce que j’ai vu son uniforme dit-il en coupant Steph. Le jour où on s’est rencontré, tu sortais du pressing. En déposant son sac au sol, j’ai vu son uniforme qui dépassait. Il n’y a pas beaucoup d’école qui utilise ce modèle d’uniformes. Généralement quand on choisit une activité en marge de notre travail elle a tendance à se situer sur notre tronçon de route habituelle. Partant de ce principe, en suivant le chemin de la rue marchande avec ses étalages, du magasin de cordes de piano, passant par l’avenue du café Makyato, et en prolongeant  dans cette direction, il n’y a que deux écoles qui utilise cet uniforme. Le lycée Aütem* et ce lycée, le lycée Teïtan. La journée de mardi où vous aviez votre cours de violon, pour les lycéens, chez nous c’est férié à cause du temps réservé aux activités parascolaires des collégiens mais au lycée Aütem, c’est les jeudis conclut-il. Anna et Mara le fixèrent encore déconcerté par tout ce qu’il venait de dire si aisément sans bouger.

- Et je ne cherchais pas à te vexer dit-il en se décollant du mur pour leurs faire face. Je suis ici parce que je t'ai pas répondu la dernière fois, j'étais plutôt pressé...Je m'appelle Thomas et non je vous suis pas, car la classe que tu vois là, en faisant un signe de la tête vers la classe qui était deux salles plus loin au bout du couloir, c’est ma classe.

- Quoi !!?...