Zhoura

Ecrit par Les Chroniques de Naty

Chapitre 33

 

J’essayais tant bien que mal de me calmer. Je ne veux surtout pas me mettre en colère devant cette femme ; ça serait trop lui faire plaisir de me disputer avec mon mari. Mais vraiment je n’y arrive pas. Comment peut-il me mettre devant le fait accomplit ; mon avis ne compte pas alors ! Je suis sa femme et jusqu'à preuve du contraire cette maison est également la mienne cela dit les décisions concernant ceux qui doivent et qui peuvent y habiter devraient être décidé à deux. Non monsieur veut tellement montrer son autorité qu’il décide de manière unilatérale de venir faire vivre sa soi-disant amie, ou partenaire d’affaire avec nous. Sans au préalable m’en demander la permission.

Reste calme Ayana ! Ne t’énerve surtout pas ! M’intimais-je intérieurement.

Je prends une voix aussi neutre que possible.

—Aly peut-on parler en privé s’il te plait ?

Il sourcilla et souri.

—Parle devant elle ma puce, je n’ai rien à lui cacher.

‘’Ma puce’’ mais se fout-il de moi ? Il n’a rien à lui caché ça veut dire quoi ça ?

—S’il te plait c’est une simple conversation que je veux avoir avec toi en privé, rien que nous deux. Insistais-je pour qu’il puisse saisir au mieux ce que je veux lui faire comprendre.

—Et bien je ne bougerai pas de table ; je suis en train de manger alors fais l’effort de respecter ce moment. Si tu veux tu t’assois prendre le repas avec nous et après on en parle. Dans le cas contraire tu attends que je finisse et si rien de tout ceci ne te sied, tu dis ce que tu as à dire devant Zhoura.

Oh là c’est la cerise sur le gâteau. Comment ose-t-il me rabrouer de la sorte devant cette femme ? Je ne peux pas accepter cela, mon ego de femme ne peut concevoir d’être frustrer par mon mari en la présence d’une autre femme.

—C’est à cause d’elle que tu me parle comme ça ? Dis-je en montant un doigt accusateur vers elle.

Cette dernière était gênée je le voyais bien. Elle devient cramoisie, je suppose qu’elle se sent responsable de cette situation. Et c’est peu de le dire.

—Moi ? Mais qu’ais je avoir dans vos histoires ? Ayana, je ne suis en aucun cas responsable de ce qui se passe actuellement dans ton foyer. Se défendit-elle.

—Et je peux savoir ce qui se passe actuellement dans mon foyer selon toi ? Parce que moi je n’en sais absolument rien et c’est toi qui vient de m’en informée. Ou alors tu as entendu des choses se raconter sur MON MARIAGE ?

Elle a le toupet de critiquer mon mariage ; non mais pour qui se prend-t-elle ?

—Personne ne m’a dit quoique ce soit. Mais ça se sent à des kilomètres que ton mariage est au bord du gouffre, alors tu ferras mieux de t’en préoccuper au lieu de m’accuser. Bref, dit-elle en se tournant vers Aly. Moi je retourne à l’hôtel ! Je ne peux pas vivre dans une maison avec autant de tension. Ta femme ne me supporte pas et ça tu le sais depuis assez longtemps. Peut-être qu’elle pense que je veux lui arracher son bonheur.

—Non tu ne bougeras pas d’ici. C’est moi l’homme de la maison, par conséquent c’est à moi de décider de ce qui est faisable ou pas dans MA maison. Tes affaires sont déjà dans la chambre d’ami et tu n’iras nulle part.

D’après ce que je viens d’entendre, elle a donc emménagée ici. Le comble c’est que mon mari la défend-elle au lieu de m’écouter. Je ne me suis jamais senti aussi humiliée de toute ma vie. Je fais un effort surhumain pour ne pas pleurer devant eux, mais c’est plus fort que moi. Mes larmes se mirent à couler sans même que je ne m’en rende compte.

—Ecoute Ayana, commença-t-elle. Je ne suis pas ton ennemie. C’est Aly qui a insisté pour que je vienne rester avec vous, sinon moi je me sentais bien à l’hôtel. Mais je vois bien que ma présence t’indispose et je ne veux vraiment pas m’imposer. Je vais retourner à l’hôtel et tout le monde s’en portera mieux.

Elle m’a l’air sincère, et je suis amené à analyser la situation sous un autre angle. Elle insiste pour ne pas rester et mon mari veut qu’elle reste. Peut-être que c’est lui qui sachant que je ne veux pas d’elle à la maison l’a convaincu de venir s’installer avec nous rien que pour me faire mal.

Mais pourquoi fait-il cela ? Il ne trouve pas que je souffre assez ? Pourquoi veut-elle en rajouter à ma peine, alors que dans mon état je dois éviter le top plein de stress. Je ne sais vraiment plus quoi penser de toute cette histoire. J’ai envie de laisser tomber. Il est clair que je suis fautive et que je dois réparer mes tords, mais on ne me laisse aucune chance de me racheter. Au contraire Aly passe son temps à me mettre des bâtons dans les roues, comme s’il veut me tester. Tester ma patience et voir si vraiment je mérite d’être pardonner. Tout le monde a droit à une seconde chance ; personne ne doit être jugée sur une seule erreur commise, aussi grave soit-elle. Il peut quand même me laisser le bénéfice du doute au lieu de vouloir tout le temps me pousser à bout.

—Non tu peux rester, finis je par répondre. Si tel est le souhait de mon mari, je ne peux aller à l’encontre de sa volonté. Et sans plus un regard pour eux, je pars me coucher.

J’ai bien vue qu’il était surpris de mon revirement, il arrive très mal à cacher sa surprise. Je ne contesterai plus tes décisions, je me ferrai douce et tendre comme tu le veux. Tu veux me tester ? Ok je suis partante. Tu veux mettre mon amour à l’épreuve ? J’accepte. Tu veux me mettre au défi de supporter toutes tes réactions abusives ? Je me ferrai fort de tout endurer avec un silence de soumise.

Je te laisse ta place d’homme, je te concède ce droit car il est tien. Je me contente de mon statut d’épouse qui consiste à te soutenir dans tes prises de décisions. A ne pas te tenir tête en public ; à savoir me tenir à carreau quand il le faut.

Je serai ta femme, ton amie, ton amante, ta confidente. En somme, je serai l’Ayana que tu as toujours voulu que je sois. Je veux reconstruire mon foyer avec mon mari et mes enfants. Et pour cela je suis prête à subir toutes les épreuves possibles. Parce que je me rends compte que le jeu en vaut la chandelle. Jusqu’à présent les efforts ne venaient que de toi, à partir de maintenant j’y mettrai du mien.

 

*

**

***

Déjà deux mois que Zhoura vit avec nous. La cohabitation se passe plus bien que je ne le craignais. C’est une femme assez mature, et comme elle me l’avait déjà dit avant elle n’est pas intéressée par mon mari. Encore heureuse. Je sais qu’Aly n’est pas le genre d’homme à faire venir sa maitresse pour qu’elle vive sous le même toit que sa femme. Mais avec les hommes on ne sait jamais, surtout après tout ce qui s’est passé entre nous, je me dis qu’il est capable de tout me faire pour se venger. Mais ça va bien. Il est toujours aussi grincheux, mais je m’accroche. Il me crie dessus devant nos employés, continue à se mettre en colère contre moi pour un oui ou pour un non. Dans tous les cas j’ai juré de tout supporter et je le fais. Je sens que souvent il me regarde comme avant, il veut se laisser amadouer. Et comme un flash-back toutes mes erreurs refont surface dans son esprit et il redevient encore plus cynique.

Je n’ai toujours pas la permission de partir voir ses parents, mais je me cache pour y aller. Je ne peux non plus arriver chez mon père, alors c’est maman qui vient me voir. Je ne me plains pas de tout ce qui m’arrive, je le mérite. Seulement qu’il ya des jours où l’émotion prends le dessus et j’ai juste envie de tout envoyer bouler. Mais je pense à mes bébés. Ils grandissent bien, mon ventre devient de plus en plus gros. Ma prise de poids est vertigineuse. Déjà à 7 mois de grossesse j’ai pris plus de vingt-cinq kilogrammes. Ils méritent de vivre dans une famille normale avec un père et une mère qui prendront soin d’eux. Ils ne sont en aucun cas responsable de mes erreurs par conséquent ils n’en ont pas à payer le prix fort. Je ne veux pas qu’ils grandissent loin de leur père. Et je ne compte pas d’ailleurs laisser quelqu’un me les prendre à leur naissance.

Aujourd’hui comme les autres jours, je reviens de chez mes beaux-parents. Je sais l’heure à laquelle rentre Aly, alors je fais bien de ne pas trop tarder. Mais lorsque je rentre dans la chambre, j’entends des bruits dans la salle d’eau.

Je le vois sortir de la douche une serviette autour des reins. La vue de son torse nu me fait oublier qu’il y aura de l’orage tout à l’heure. Pour l’instant j’admire son magnifique corps qui me manque tellement. J’avale ma salive avec difficulté.

Oh mon Dieu !!! Est-ce possible que cet homme soit à moi ? Il est tellement beau quand il est nu. Une peau parfaite, une anatomie à faire fondre.

Lorsqu’il posa les yeux sur moi, je ne savais plus où regarder. Mon cœur battait la chamade. J’espérais au fond de moi qu’il me prenne dans ses bras. Mais il ne fit rien. Il alla plutôt prendre ses vêtements poser sur le lit, laissa tomber sa serviette et apparue dans toute la splendeur de sa nudité. Je commençais à avoir chaud.

Vraiment !!!

Il ne m’adressa pas la parole, et s’habilla tranquillement comme s’il était seul dans la chambre. Il se mit même à chantonner.

Quelle indifférence Seigneur !!! Je ne suis pas aussi invisible que ça. Pourquoi m’ignore-t-il autant ?

—Bonsoir chéri. Il ya longtemps que tu es là ?

Il ne me répondit pas. Continua à s’habiller en sifflotant. Je m’assois sur le lit le temps qu’il finisse et daigne me répondre.

Je n’arrive pas à croire qu’on en soit arrivé là. Je préfère encore ses crises de colères à ce silence glacial et cette indifférence qui frise l’inexistence... comme si je n’existais même pas. Je sens que je suis à bout, cette ultime attitude aura peut-être raison de moi et de mon endurance. Je veux bien tout faire pour mériter son pardon, mais il faut aussi qu’il m’y aide. Dans mon état, je me sens tellement vulnérable que tout m’offusque et me mets sur les nerfs. Mais avec lui j’essaie de faire profil bas, de piétiner mon orgueil pour faire avancer positivement les choses. Mais j’ai l’impression qu’il veut me faire craquer. Il veut m’emmener à lâcher prise, à sortir de mes gongs.

Oh mon Dieu vient moi en aide ! Donne-moi la patience nécessaire pour surmonter tout ça.

—Qu’étais tu aller chercher chez mes parents ?

Sa question me prie au dépourvue et je ne savais pas quoi répondre. Mais comment l’a-t-il su ?

—En fait… euh c'est-à-dire que…

—Tu as perdu ta langue maintenant ? Qu’étais tu aller foutre chez mes parents ? cria-t-il de toutes ses forces.

Si je dis que je préfère sa colère à son indifférence et bien me voilà servir.

—C’est maman qui a demandé à me voir. Répondis-je craintive.

Il éclata d’un mauvais rire.

—Chasser le naturel et il revient au galop. Ricana-t-il. Tu mens comme tu respires. Tu ne changeras donc jamais ? J’ai demandé à Rachelle et ce n’est pas la première fois que tu file voir ma mère à mon insu. Que t’avais-je demandé ?

Je prends une note dans ma tête pour me rappeler de cette partie ; Je me ferrai le plaisir de vider cette pipellette racontar de ma maison.

Je le regardais bouche bée déverser sa colère sur moi. Je fais de mon mieux pour ne pas pleurer, je suis fatiguée de pleurer. Mais je ne peux retenir ces larmes-là, mon cœur se brise à chaque levé de soleil, et il est encore plus brisé à chaque fois qu’il se couche.

—Réponds-moi quand je te parle ?

—Tu m’as ordonné de ne plus y mettre les pieds. Dis-je en larmes.

Aly qui n’aimait pas me voir pleurer, prends maintenant un malin plaisir à faire couler mes larmes. Il me crie dessus à tout bout de champ.

—Alors pourquoi m’as-tu désobéi ?  Bon au risque de me répéter, je ne veux plus que tu remettes les pieds là-bas encore. Je ne veux même pas que tu t’approches de ma famille.

—Je ne peux pas arrêter d’aller voir tes parents Aly. Demande-moi tout sauf ça. Depuis le jour de notre mariage, ils sont aussi ma famille et j’ai pleinement le droit de partir là-bas quand je veux et comme je veux. Explosais-je à mon tour. Je n’en pouvais plus de me taire. Tu ne peux me priver de ce droit.

—Ah bon ? Tu les reconnais maintenant en tant que ta famille ? As-tu oublié les paroles blessantes que tu as dit à ma mère ici ? Tu as osé la chasser de la maison de son propre fils alors ne viens pas te jouer à la bru exemplaire. Sans compter la fois où tu as insulté mes sœurs ; tu es allé jusqu'à traiter Oumy de femme stérile. Décidément tu as la mémoire très courte à ce que je vois.

—Je ne me joue pas à la belle fille parfaite, je suis loin de la perfection. Je ne suis qu’un pauvre être humain et cela dit je suis faible, oui Aly j’accepte ma faiblesse. J’accepte le fait que je puisse commettre des erreurs. Mais aucune erreur n’est irréparable, aucune faute n’est impardonnable. Et merci de me le rappeler chaque jour, car c’est sûr que tu ne me pardonneras jamais. Mais contrairement à toi, ta mère est une femme qui sait ce que signifie le mot tolérance. Elle sait que je regrette toutes mes mauvaises actions et m’a donner une seconde chance ; elle m’a accordé à nouveau sa confiance. Et je t’assure qu’elle ne le regrette pas ; Pareil pour tes sœurs ; je me suis excuser et elles m’ont accordé leur pardon. Mais qu’en est-il de toi ? Au fond tu n’es pas aussi bien que tu le laisse croire. Tu penses que tu es parfait ? Laisse-moi rire, tout comme moi tu en es loin. Si tu ne veux pas me pardonner cela n’engage que toi, mais je ne peux pas stopper mes visites chez tes parents. Trouve un autre interdit, mais laisse tomber celui-là ; parce que je ne le respecterai jamais.

Après avoir tant parlée, j’étais à bout de souffle. Mais au moins j’ai pu vider un peu mon sac. Il ne me laisse pas le choix. Comment cet homme peut être aussi intolérant et insensible à tous les efforts que je fais ? Je comprends bien pourquoi il m’a dit un jour que si jamais il change, je n’aimerai pas l’Aly que j’aurai sous les yeux. Et là je suis entièrement d’accord avec lui. Il est une toute autre personne. Je ne le reconnais plus ; Je ne sais plus qui il est. Je veux tout faire pour qu’il redevienne cet homme doux et aimant que j’ai épousé il ya un an de cela, mais peine perdue. Je vais jusqu'à visualiser la cassette de notre mariage pour qu’il puisse se souvenir de tout ça mais rien. Je me rappelle que le mois dernier il a balancé notre album photo de mariage à la poubelle ; et j’ai été obligé de le récupérer derrière lui ; heureusement qu’il n’était pas endommagé.

—Tu vois comme tu me parle ? Avec ça comment veux-tu que je te crois quand tu me dis que tu changeras ? Tu resteras toujours cette petite fille puérile et égoïste que j’ai connue. Tu ne m’as jamais respecté, tu n’as jamais eu de considération pour moi non plus.

Il parla, et continua à parler. A vrai dire je ne l’écoutais plus, ou du moins je ne l’entendais plus. Je commençais à ressentir des petits picotements dans le ventre. J’enlevais mes chaussures et m’allongeais. Je veux juste me reposer, et arrêter de me prendre la tête avec tout ce que me dis Aly.

Le claquement de la porte me signifia qu’il est sorti de la chambre. Quelques minutes après j’entendis frapper.

—Oui entrer.

Je fus surprise de voir Zhoura. Je la croyais sortir, elle a surement du entendre tout ce qui a été dit vue que nous ne parlions pas doucement. J’en eu honte ; je ne voulais pas qu’elle sache que plus rien ne va entrer Aly et moi. Mais je pense qu’elle sait ce qui se passe, car ce n’est pas un enfant et elle peut bien comprendre la tension qui règne entre nous.

—Ayana tu vas bien ? J’ai entendu Aly claquer la porte et démarrer en trombe alors je suis venue aux nouvelles. Vous vous êtes encore disputée ?

J’hochais la tête ! Je ne voulais pas me remettre à pleurer. Alors je gardais le silence. Elle s’assit sur le lit et commença à me masser les pieds. Les petites pressions qu’elle exerce sur mes tendons me font un bien fou ; je me laissais aller et je fini par me détendre. C’est vrai qu’elle s’y connait en massage. Je la regardais de plus près et je remarquais que c’est une belle femme à la beauté discrète. Elle n’est pas tape à l'œil ; elle doit avoir dans la trentaine je crois. Elle a de très long cheveux et une belle peau laiteuse. Ses ongles sont tout le temps bien manucurés ; elle porte toujours de joli tailleur, elle a vraiment bon gout. C’est le prototype même de la working girl, la femme d’affaire à qui tout réussi.

—Je vais te faire une confidence.

—Je t’écoute.

—Tu sais j’étais amoureuse d’Aly.

J’écarquillais les yeux de surprise. Je suis plus étonnée qu’elle me le dise que par le fait même qu’elle en soit amoureuse, ou du moins qu’elle en fût amoureuse. De toutes les façons je l’avais remarqué, Vue la manière dont elle le dévore des yeux. Et même si elle n’en est plus amoureuse, elle ressent toujours quelque chose pour lui.

—Il est l’homme dont toute femme rêve. Doux, attentionné et il a un humour un peu bizarre. Elle se mit à rire. Quand je l’ai rencontré, je venais de divorcer.

Waouh ça en fait des confidences du coup.

—Je m’étais jurer de ne plus jamais tomber amoureuse d’un homme, j’en avais fait des monstres à éviter coute que coute. Je m’étais ériger cette image d’eux pour me protéger ; Jusqu'à ce que je rencontre ce petit ivoirien avec son accent particulier. J’ai aimé tout de lui, parce qu’il est différent de mon ex-mari. Ce dernier était un sadique qui passait son temps à me battre. C’était un mariage arrangé et il me rappelait tout le temps qu’il ne m’a pas choisi et donc il ne m’aimera jamais ; mais dommage pour moi car je l’aimais. Alors j’étais devenu son souffre-douleur. Je ne sortais pas. Ces périodes ont été les plus difficiles de ma vie. Mais j’ai supporté, je n’en parlais pas à mes parents parce que je ne voulais pas les décevoir. Jusqu’au jour il me frappa au point de me faire hospitaliser, à la suite je perdis mon bébé ! Tu t’imagines, j’étais enceinte et je ne le savais même pas. Mais par la faute de ce monstre sans cœur, j’ai fait une fausse couche.

Elle ferma les yeux, comme si elle revivait la scène. Je pouvais bien comprendre sa douleur et sa peine. Je suis enceinte et le fait de penser que je puisse perdre mes enfants me terrorise. Sans les avoir vu je les aime déjà et je n’imagine pas ma vie sans eux.

—Je suis vraiment désolée pour toi. Murmurais-je la gorge nouée par l’émotion.

—Merci. Mais c’est passé tu sais ; même si les séquelles sont encore présente. Le médecin m’a dit que j’ai très peu de chance d’être mère. Je n’ai que 30% de chance de connaitre les joies de la maternité. Sa voix se brisa.

Elle me fait tellement de peine que je ne plus me retenir. Mes larmes coulaient à flot sous l’effet de l’émotion ; la pauvre elle a dû tant souffrir.

—Après ça je ne voulais plus cacher les atrocités qu’il m’a fait vivre. J’en ai parlé à mes parents et nous avons divorcés. J’en ai eu le cœur doublement brisé. Tout ça c’était-il ya bien longtemps, j’étais encore jeune et je ne mesurais pas les propos du médecin à l’époque quand il me disait que mes chances d’enfanter sont minimes. Mais aujourd’hui avec le temps et la maturité je me rends compte que cet homme a gâché ma vie.

Et chaque fois que je vois des enfants ou encore des femmes enceintes, mon mal être réapparait. Je t’envie beaucoup tu sais confessa-t-elle tu as une chance inouïe, un mari qui t’aime et une famille qui te soutient.

Je remuais la tête en signe de dénégation.

—Non Aly ne m’aime plus.

Elle éclata de rire à travers ses larmes.

—Quoi ? S’il y a un homme qui t’aime sur cette terre et bien c’est ton mari. Je le connais, il a juste mal. Mais quand sa douleur passera, il te reviendra. Sois juste patiente.

—Je suis patiente, ou du moins j’essaie. Mais j’avoue que ce n’est vraiment pas facile, il fait tout pour me pousser à bout.

—Je sais. C’est sa manière à lui de te faire partager sa douleur et te faire comprendre également tout ce par quoi il est passé. Aly n’a jamais su que je suis amoureuse de lui, alors il existe une relation très particulière entre nous. Je suis sa confidente et vice versa. Je me souviens qu’il a passé plus d’une heure au téléphone à me parler de toi ; et je crois bien que c’était suite à votre première rencontre. J’étais jalouse de toi parce que tu as obtenu son amour. Mais j’étais heureuse pour lui, jusqu'à ce qu’il me confesse les misères que tu lui faisais vivre.

Je fus assaillir par la honte. Je ne suis pas très fière de cette étape de ma vie ; j’ai été très égoïste et méchante. Et je le regrette amèrement.

—Oui c’est vrai que j’ai été très garce avec lui au début de notre mariage.

—Si en effet il m’en a parlé et j’essayais tant bien que mal de le rassurer. Bref ! Sois reconnaissante d’avoir eu un mari comme lui ; car ils se font rares de nos jours les hommes de la trempe d’Aly.

Nous continuons à parler de tout et de rien ; je me rends compte que je l’ai peut être mal jugée et qu’elle n’est pas celle que je croyais. Même si je retiens qu’elle avait des vues sur mon mari. N’empêche que c’est une femme courageuse qui a su se relever quand la vie lui a donné des coups. Elle mérite d’être heureuse et de trouver un homme qui l’aimera et saura l’apprécier.

Je commençais à avoir faim ; mon mal de ventre s’est légèrement calmé. Alors je me levais pour aller me chercher de quoi manger quand je vis le regard de Zhoura se figer.

—Qu’est qu’il ya ; lui demandais je apeurée par son regard. C’est Comme si elle avait vu un fantôme.

—Ayana tu… regarde... tu… tu saigne !!!

Je sentis un liquide chaud couler tout le long de ma jambe ; je passe une main sur ma robe et elle est toute ensanglantée, et il ya également une grande tache de sang sur le lit. Je blêmis.

Oh mon Dieu pas ça !!!  Non pas maintenant…

Esclave de mon cœur