La journée des visites

Ecrit par Farida IB



Nahia…


Depuis que Khalil a pris ma vie en main, je me sens comme un poisson dans une eau douce. Je n’ai jamais su quel bonheur c’était que de pouvoir se reposer sur quelqu’un. J’ai toujours été celle sur qui tout le monde compte et paradoxalement je ne peux que compter sur moi-même pour satisfaire mes moindres caprices. En tout cas, ça détend. Je suis tellement détendue que je vis sur un petit nuage en ce moment. Je me sens soulagée, comme si l’on m'avait ôté une mauvaise épine non pas du dos, encore moins du pied, mais de tout mon être. Je me sens bien, tant physiquement que moralement, aucune souffrance dans le cœur ni dans l’âme. Bref, je me sens très bien dans ma peau, je me sens revivre, je suis de nouveau moi. En tout cas la vie est belle !! Nahia est belle !!! (rire)  


Je dois dire qu’au début ça n’a pas été facile de m’y faire. 1) Laisser ma boîte entre les mains de Mister tête en l’air me mettait en grand émoi . Quoiqu’il m’ait rassuré sur certains points, je ressentais toujours de l’insécurité par rapport à ce fait. 2) Glander et bah ça n’a jamais été mon truc, même là, j’ai dû me créer une petite routine pour attendrir le supplice. 3) C’était relaxant lorsqu’il assurait lui-même la garde, puis il  s’est fait remplacer par l’agent matrimonial en la personne de mamie. C’est vrai qu’elle m’a dorloté plus qu’il le faut, mais ses cours sur la vie de couple pardon magninouwouu (je n’en veux pas.). Heureusement qu’elle est rentrée épuisée de leur week-end à la montagne et depuis hier elle a déserté son poste pour ma plus grande joie. J'en profite pour avancer dans mon travail par rapport à mon magazine. Ça, Khalil ne le sait pas et il n’a pas besoin de le savoir. On se connaît ici, oui vous, je vous connais maintenant !!


Je me redresse et jette un coup d’œil à la montre, il est... 10 h zutt !! Je me lève brusquement, j’ai dormi comme un loir alors que je devais préparer le petit-déjeuner pour les gars et amener Nabil à l’école. Je sors en vitesse de la chambre et vais tout droit dans la seconde chambre que Nabil occupe en ce moment, je vois que tout est rangé et le lit bien dressé. Je fronce les sourcils en arrivant dans la cuisine où je trouve la table dressée avec un mot laissé par Khalil à côté. Je le lis et file dans ma chambre pour chercher mon téléphone afin de l’appeler. Je lance le numéro, il décroche presqu’aussitôt.


Khalil direct : tout va bien ?


Moi : lol oui tout va bien, bonjour.


Khalil : bonjour, c’est maintenant que tu te réveilles ?


Moi : oui, oui, vous êtes partis à quelle heure ? 


Khalil : à l’heure habituelle, tu dormais tellement profondément que je ne voulais pas te réveiller. J'ai emmené Nabil à l’école et j'irai également le récupérer. Ne te dérange pas pour le faire.


Je passe un instant de sidération.


Khalil : allô ? Nahia ? 


Moi : je suis là. Tu… Tu n’es pas obligée de faire tout ça, tu sais ?


Khalil : à ce que je sache, tu ne m’obliges à rien. Je veux simplement que tu reprennes le boulot en pleine forme parce qu’après nous allons rouler tempête. Il faut bien qu’on finisse avec ce travail un jour.


Moi souriant : en effet, t’inquiète je vais bien. Absolument, bien. Je peux même reprendre demain si tu es d’accord.


Khalil : non, tu…


Moi le coupant : j’ai compris, lundi. 


Khalil : c’est bien quand tu comprends vite, euh au fait !


Moi : oui ?


Khalil : ne mange pas l’omelette que nous avons laissé sur la table s’il te plaît, c'est plein de sel. Nabil tenait à te montrer qu’il sait faire des omelettes. 


Moi riant : il a quand même du mérite d'avoir essayé.


Khalil : oui, j'avoue qu'il se débrouille bien mieux que moi en cuisine.


Moi : ne fais pas ton modeste, ta soupe de la dernière fois était uhhmmm delicious.


Il rit. Au même moment, je reçois un double appel de Tina.


Moi : dis je peux te rappeler plus tard s'il te plaît ? J'ai un autre appel de ma copine.


Khalil : hasana (ok), je dois également me remettre au travail. 


Moi : shoukran


Khalil : je t’en prie princesse.


Je raccroche et regarde le téléphone sonner un moment. Ça me fait toujours bizarre lorsqu’il m’appelle ainsi, sauf qu’apparemment, ça fait parti de ses habitudes donc je suppose que je vais devoir m’y habituer. L’appel de Tina a longtemps cessé de signaler du coup je la rappelle moi-même. 


Moi gaiement : LaTina’s !


Tina : tu m’as envoyé ton assistante.


Moi : euhh ?


Tina : euh quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? 


Moi : Annie est passée chez toi ce matin ?


Tina : oui, pour me remettre un extrait de mon spot que je trouve fantabuleux soi dit en passant.


Moi agréablement surprise : ah ouais ? Ça doit être Khalil qui l’a envoyé.


Tina : c’est qui comme ça ?


Moi : mon collabo.


Tina : ah, c’est ça son prénom ? Khalil, j’aime bien.


Moi : lol.


Tina : wait wait wait, depuis quand tu l'appelles par son prénom ? Ce n’est plus Mister tête en l’air ? Quelle partie du film ai-je raté ? Et puis pourquoi, c’est lui qui s’occupe de ma pub ? Et puis toi-même tu es où en ce moment pour qu’il m’envoie ton assistante ?


Moi : posey girl, en fait, je suis au repos depuis que (articulant) Mister tête en l’air a pris le contrôle de mon agence. 


Tina sarcastique : depuis quand tu prends des repos toi ? Tu oublies que tu es une machine à tout faire. Attention, tu es en train de perdre tes habitudes ma fille.


Moi mdr : congé maladie, j’ai fait un malaise la semaine surpassée.


Tina : et c’est maintenant que tu m’en parles !


Moi : c’est rien de grave, ce sont mes crises de perpète là. C’est lui qui en fait tout un drame. 


Tina : et puis il a même le mot d’ordre sur ta vie ? Pardon, je viens voir cette histoire de près, de très près même. Je prends mon après-midi rien que pour toi ma puce.


Moi : à cause du Kongossa ou à cause de moi ? Je vais voir si les gos des ways sont disponibles pour qu'on se fasse une soirée entre filles.


Tina : ça serait cool, manucure et pédicure gratis. Au cas où elles acceptent, dit à Zaïdia d’apporter son matériel.


Moi : ook ! 


Tina ton pressant : tu as de quoi faire la fête j’espère, je veux dire une vraie fête.


Moi comprenant : Martine tu es enceinte.


Tina : un verre ou deux ça peut aller hein, j’ai pris des litres de Sodabi (boisson locale) pendant que les garçons squattaient encore mon ventre, ils n’ont rien eu. Ils n’ont jamais rien eu d’ailleurs depuis leur naissance.


Moi : voilà pourquoi ils sont si calmes.


Tina : laisse ça comme ça, c’est le typique des enfants androïde.


Moi : ça, c’est vrai.


Tina : bon, je vais gérer quelques achats et te trouver là-bas. Je ne dirai pas non à des crêpes.


Moi : tu viendras les faire toi-même, je suis malade, tu as oublié ?


Tina : tant que ta bouche n’est pas malade…


Moi : Tina, c’est avec mes mains que je fais les crêpes.


Tina : encore heureuse ! Je veux que ça soit bien moelleux.


Elle n’attend pas ma réponse avant de me raccrocher presque au nez. Je décolle le téléphone de mon oreille et secoue simplement la tête pendant que je rédige un message que j'envoie à Zaïdia et à Murielle. Elles me répondent favorablement à l’invitation dans la minute qui a suivi.


Je consacre les vingt minutes suivantes à mes exercices de renforcement musculaire conseillée par la petite sœur de Khalil. Quand je finis, je passe dans la salle de bain d'où je ressors rafraîchie.  Je m'habille et à la cuisine je me fais à manger. Je réfléchis deux secondes entre me faire du thé ou un bol de céréales. C'est pendant que je me déplace vers l'étagère pour prendre un bol que mon téléphone sonne, c'est Manaar qui appelle. Je soupire avant de décrocher.


Moi : allô ?


Manaar : allô oui bonjour.


Moi (prenant un bol sur l’étagère) : bonjour.


Manaar : j’ai appris que tu ne te sentais pas bien.


Merci Murielle ! 


Je cale le téléphone entre l’épaule et l’oreille et ouvre le frigo pour sortir le lait. 


Moi : oui j’étais indisposée, mais ça va.


Manaar : tu ne m’as rien dit.


Moi : je n’ai pas trouvé important de te le dire.


Manaar : Nahia, ne fais ça pas s’il te plaît.


 Moi (reposant le carton de cheerios à sa place) : qu’ai-je fait ?


Manaar : ce que tu fais là, je n’aime pas ça. (je souris.) Je t’ai promis de faire bouger les choses et j’ai tenu à ma promesse en mettant fin à ma relation avec Prisca et tu le sais. Pourquoi alors ce changement d’attitude envers moi ? Pourquoi t’échines-tu à mettre de la distance entre nous ?


Moi : je ne t’ai jamais forcé à rompre avec ta copine Manaar.


Manaar : mais je l’ai fait pour toi, pour qu’on puisse reprendre notre histoire là où nous l’avions laissé.


Moi : encore une fois.


Manaar : oui encore une fois et la toute dernière fois si tu veux bien me laisser te prouver que c’est toi que je veux.


J’avale un bout avant de parler.


Moi : ce serait ta dernière chance, la toute dernière. 


Manaar : je vais la mettre à profit.


Moi : hmmm.


Manaar : fais-moi confiance s’il te plaît.


Moi évasive : on verra.


Il soupire.


Moi commençant : j’ai le droit de douter Manaar, tu m’as tellement montré des vertes et des pas murs…


Manaar m’interrompant : bébé, je viens d’éliminer la mauvaise pièce entre nous, tout roulera désormais à merveille comme avant.


Moi sans conviction : ok.


Manaar : à la bonne heure, bébé, dis moi, tu souffres de quoi ? Ça va mieux ?


Moi : fatigue chronique, en fait, j’ai…


Je me mets à lui raconter mon malaise à bâtons rompus. J'ai pris mes distances depuis la dernière fois qu’il a quitté chez moi, mais c’est sans compter sur son insistance. Ça a vraiment été un coup dur pour moi, tout comme la première fois la dépression a été de taille. Liam a essayé d’intervenir, je sais que c’est Amou qui l’a envoyé en connivence avec Khalil et depuis lors, ils se disent que je vais bien grâce à cette seule séance. Lol ! Bien sûr que non, pour guérir de Manaar il en faut bien plus. En réalité j'ai compris qu’il n’y a que lui-même qui puisse me guérir de sa personne. C’est pour cela que lorsqu’il m’a parlé de sa rupture et de la possibilité qu’on reprenne, je ne m’y suis pas opposé. Je le sais, je le sens, je suis convaincue que cette énième réconciliation est déterminante pour moi. J’ai besoin de ça pour pouvoir me convaincre que je suis vraiment passée à autre chose.

 Je lui raconte tout avec tous les détails possibles et la réaction a laquelle je m'attendais ne tard plus.


Manaar : et donc il t’a imposé un congé et tu as juste accepté.


Moi : j’ai accepté parce que c’est ce qui était bien pour moi à l’instant T.


Manaar : qu’est-ce qui lui donne le droit de venir régenter ta vie ? Il est là pour travailler ou jouer au pompier de service ?


Moi bloquant le rire : dis-moi, tu fais quoi si ta collègue est en train de mourir à côté de toi ? Tu la laisses mourir parce que c’est la copine d’autrui ?


Manaar : je vais appeler les secours, l’assister et ça s’arrête là, pas m’ériger en infirmier.


Moi : et bien ça, c’est toi, tout le monde n’est pas toi.


Manaar : qu’est-ce que tu sous-entends par là ?


Moi faisant genre : moi ? Oh rien ! (mentant) Ça te dérange si je raccroche maintenant ? Je dois surveiller quelque chose au feu.


Manaar : ok, on s’écrit plus tard.


Moi : ok bye.


Click !


Je pose le téléphone et me laisse choir contre le dossier de la chaise. Que quelqu’un m’explique mon histoire avec ce mec parce que je suis vraiment perdue. Je ne saurais décrire ce sentiment partagé entre l'amour et l'exaspération, parce que oui dernièrement il m'exaspère. Pourtant mon cœur bat toujours pour lui.


Je me lève de table et vais laver mon bol que je range ensuite. Je fouille minutieusement la cuisine pour voir si j’ai tous les ingrédients nécessaire afin de préparer quelque chose vite fait aux filles. En plus des crêpes de Tina, je pense que la pâte à base de la farine de maïs avec une sauce adémè (cortège potagères) qui tire jusqu’à Dapaong (Traduction : bien gluant) avec tout ce qui va avec ferait bien l'affaire. Inspection faite, je décide de faire un tour au marché local pour terminer ensuite au supermarché.


Une heure et demi plus tard, je suis de retour à la maison. Je gare le véhicule sur ma première place de parking, c'est pendant que je sors les courses du coffre que le gardien m’approche.


Fo Djifa en Ewé : grande sœur il y a un monsieur qui demande d'après vous, il dit qu’il est de la famille. Il vous attend en ce moment là haut.


Moi perplexe : il n’a pas donné son prénom ?


Fo Djifa : non


Moi : il est déjà venu ici une fois ?


Fo Djifa : non plus, mais il a des airs du petit (Nabil).


Je fronce les sourcils, la seule personne qui me vient en tête en ce moment, c’est Bilal. Bilal chez moi ? Nan, qu’il connaît même où j’habite ? 


Je monte aidée par Fo Djifa jusqu’à l’étage abritant mon appartement. La silhouette de Bilal s’impose à moi au fur et à mesure que nous avançons. Il est adossé au balcon les mains posées sur la rambarde. Plus je me rend compte de l'évidence, plus les pulsations de mon cœur s'accélèrent. Quand il m'aperçoit, il vient m'aider avec les courses libérant ainsi mes mains moites. 


Bilal : bonjour,


Moi : bonjour,


On arrive à la porte et je libère également le gardien.  Je pose les courses par terre avant de sortir les clés pour ouvrir la porte. Dès que c’est fait, Bilal se précipite à l’intérieur comme s’il craignait la mort. Je le suis à l'intérieur après quelques exercices de respiration.

Je le retrouve dans le couloir menant vers les chambres, fouillant partout du regard d'un air hagard. 


Moi : c'est par ici.


Il sursaute.


Moi : pardon, je ne voulais pas te faire peur.


Bilal : c'est rien (posant le regard sur les sachets) je les dépose où ?


Moi (fixant le sol) : laisse ça là, je vais m’en charger plus tard. Viens que je t’installe.


Bilal : ok.


Il me suit au salon où je lui propose un fauteuil dans lequel il prend place avec beaucoup de précautions. 


Bilal : tu as un bel appartement.


Moi : merci, je t’apporte quelque chose à boire ?


Bilal : de l’eau plate m’irait bien.


Moi : ok.


Je débarque dans la cuisine en toute vitesse et au lieu de sortir l’eau du frigo, je sors mon téléphone et envoie un message à Tina.


Moi : « Bilal est ici. »


Elle répond sur le champ.


Tina : « Ici où ? Chez toi ? »


Moi : « Oui, dans mon salon »


Tina : « hein ? Il est venu faire quoi ?»


Moi : « Je ne sais pas, je suis venue lui chercher de l’eau ».


Tina : « Bah, vas-y,  tu viens activer mon kongossa pour queudale tchuipp. Façon, j’étais prête à lire un scoop tssrrrr » 


Moi : « Lol, je te reviens ».


Tina : « Pas besoin, je quitte sur le champ. Je ne vais quand même pas rater ça ».


Moi : « tu m’étonnes que tu allais rater ça ».


Je pose le téléphone sur le plan de travail et me sers d’abord deux verres d’eau bien fraîche avant de retourner au salon un peu pépère. Il vide son verre à son tour pendant que je prends place sur le canapé en face.


Bilal : comment tu vas ?


Moi m’éclaircissant la voix : je vais bien et toi ?


Bilal : bien aussi merci. En fait, j’étais passé voir Nabil chez tes parents et la nounou m’a dit qu’il est avec toi depuis peu.


Moi : oui oui.


Bilal : je vois, je suis passé à son école également, il n’y était pas. Tu as une idée d'où il peut être ? Son téléphone ne passe pas.


Je jette un coup d’œil à la montre murale avant de répondre.


Moi : il doit être à la bibliothèque en ce moment.


Bilal : ah ok, j’aimerais le prendre ce week-end si ça ne te dérange pas.


Moi : ça ne me dérange pas du tout.


Bilal : ok du coup, il vit ici maintenant ?


Moi : non, enfin pas définitivement.


Bilal : ah euh ok. Je viendrai le prendre vendredi soir et dimanche, je te le ramène.


Moi : ok, mais tu le ramènes aux parents. 


Bilal se levant : marché conclu, je dois y aller. 


Moi faisant pareille : ok. (pendant qu'on passe la porte) J'ai appris pour ta femme, tu lui présenteras mes condoléances.


Bilal surpris : merci, c'est gentil de ta part.


Moi : je t'en prie.


Je le raccompagne jusqu’au niveau des escaliers et fais volte-face directement vers la cuisine pour me servir un autre verre d’eau. 


Bon, c’était pas mal, supportable, je dirai.


 

………


Murielle : à mon tour


Je lui passe le pot de cire qu’elle applique sur ses pieds pendant que nous frottons nos bandes sur les nôtres. Nous attendons qu’elle finisse pour les retirer à l’unisson en grinchant de douleur.


Zaïdia : bon ça aussi c’est fait, on fait quoi maintenant ?


Tina : on mange.


Murielle l’air intriguée : tu viens de finir les crêpes toutes seules. 


Tina : je mange pour deux mes chères.


Elles la fixent les yeux grands ouverts.


Zaïdia sortant de sa torpeur : ah weh, on doit vous décerner une médaille ton chéri et toi.


Murielle renchérissant : de vrais lapins.


Tina : ahhh laissez-nous faire la vie !


Murielle de tout son sérieux : faites la vie mes enfants !


Nous : mdr.


Ça fait trois heures que les filles sont arrivées, elles ont initié une séance de manucures qui vient de se solder par une autre séance d’épilation. Les discussions qui allaient de boute-en-train ont longtemps tourné sur la visite de Bilal ensuite nous avons chiller sur Khalil ensuite sur la vie de leurs mecs. Par rapport à Khalil, j’ai eu droit aux remontrances pour certaines contre une alliée, Murielle ! Bref, une soirée entre filles avec toute l’ambiance que cela requiert. 


Tina se levant : passons aux choses sérieuses (me fixant) tu as pris ce que je t’ai demandé ?


Moi : oui du vin sans alcool !


Zaïdia : comment on peut boire du vin sans alcool ?


Moi : affirme la musulmane !


Murielle : vraiment.


Zaïdia la voix aigüe : euh, je veux dire…


Moi : pardon baby girl moins tu te justifieras moins tu t’enfonceras.


Tina/Muri : lol.


Murielle : et nous donc ?


Moi : il n’y a que toi seule qui es autorisée à prendre l’alcool ici et je pense que tu peux t’en passer cet après-midi au moins par solidarité right ?


Tina le ton boudeur : la fille de l’imam laisse-nous autres nous enjailler.


Moi : vous pouvez retourner toute la maison si vous voulez, vous n’allez pas trouver une seule goutte d’alcool.


Tina tirant son sac vers elle : c’est pour ça que j’ai apporté ça !


Elle sort une bouteille de tequila et l’expose fièrement tel un trophée.


Murielle frottant ses mains : enfin les bonnes choses.


Moi tchipant : deux soiffardes comme ça !


Tina : ummhh toi aussi comme ça.


Je ris.


Zaïdia : je vais mettre un peu d'ambiance.


Nous nous activons toutes et quelques minutes plus tard, le salon était transformé en discothèque avec Murielle qui s’improvise barmaid. Puis ça part en vrille, ça se déhanche, ça se trémousse, ça swingue et ça jazz sur les beats du moment. Le last, c'est lorsque le groove à changé sur "Party in the USA" de Miley Cyrus.


 Zaïdia se levant : I hopped off the plane at LAX with my dream and my cardigan

      « J'ai sauté de l'avion a LAX avec mon rêve et mon cardigan »

Tina à son tour : Welcome to the land of fame excess, am i gonna fit in ?

     « Bienvenue dans le pays de l'excès de gloire, vais-je y jouer ? »

Moi : Jumped in the cab, here I am for the first time

     « J'ai sauté dans un cabriolet, je suis ici pour la première fois »

Murielle : Look to my right and I see the Hollywood sign

     « Je regarde sur ma droite et je vois la pancarte d'Hollywood »

Nous en chœur : This is all so crazy, everybody seems so famous

    « Tout est vraiment fou, tout le monde parait si connus »

My tummys turnin and I'm feeling kinda homesick

   « Mon estomac tourne et je me sens nostalgique »

 Too much pressure and I'm nervous 

   « Trop de pression et je me sens nerveux  »

That's when the taxi man turned on the radio

   « Jusqu'a ce que le chauffeur mette la radio   »

And the Jay-Z song was on  

   «  Et que la chanson de Jay-z y était jouée »

Hurlant à l’unisson : So I put my hands up, they're playin my song                    « Donc je leve mes bras en l'air, ils passent ma chanson  »

 The butterflies fly away, I'm nodding my head like Yeah 

   « Les papillons s'envolent, je hoche la tête comme Yeah ! »

  Movin my hips like Yeah !

        « Bougeant mes hanches comme Yeah ! »


Donc j’étais en train de bouger mes hanches comme Yeah jusqu’à ce que je ne sois la seule à fredonner.


Moi avec enthousiasme : yeah ! It's a party in the USA !


    « Ouais ! C'est la fête aux Etats Unis. »


Je répète la parole ainsi avant de me rendre compte que j'étais la seule à le faire. Je me ravise et me tourne vers les filles pour voir ce qui cloche, elles avaient le regard tourné vers l’entrée l'air hypnotisées.


Murielle : Nahia, il y a un beau ténébreux qui tient ton fils par la main.


Zaïdia : vous l’avez vu aussi ? J’ai pensé une seconde que c'était un mirage, woouuuhhh je n’aurai pas dû mettre ces gouttes de tequila dans mon vin. J’ai l’impression d’avoir le tournis.


On la regarde toutes dépassées


Tina : les filles concentrons nous sur le beau tableau devant nous, non, c’est vraiment un mirage. Il est trop beau pour être vrai.


Nabil riait alors que Khalil se contentait de sourire lentement. J'ai envie de rentrer sous terre tellement, j’ai honte.


Tina dans sa lancée : pourtant, il nous sourit (se tournant vers nous l’air déboussolée) ça sourit un mirage les filles ?


Murielle : assurément non, regardez ça bouge, ça se rapproche de nous.


Khalil arrive à son niveau et lui tient la main qu’il remonte. 


Murielle : ça me tient la main.


Il lui fait un baisemain.


Murielle : ohhh je fonds ! Seigneur !!! Il est réel, je veux dire, il est vivant. Ohh Seigneur, a-t-on idée d’être aussi beau ? 


Zaïdia palpant ses biceps : tout ça pour lui seul !


Moi horrifiée : les filles !!?


Khalil : bonsoir mesdames.


Elles en chœur : ohhh la voix !!!


Je roule des yeux.


Moi : rhoo arrêtez de m’embarrasser.


Elles : chuuiitttteeeee


Je lance un regard noir à Nabil qui se tord maintenant de rire.


Nabil : pardon ohh moi je vais jouer à la console.


Moi : ce serait mieux pour toi.


Moi me tournant vers les filles : Khalil Ben Zayid, mon collègue et voisin. Khalil je…


Murielle (me coupant net) : Murielle pour vous servir.


Zaïdia : Zaïdi… Aaaa


Hmmm.


Tina : mademoiselle, pardon madame Elli.


Khalil sourire en coin : je suis très enchanté de faire votre connaissance mesdames.


Tina parlant vite : non, c’est nous.


 Khalil : je suppose que vous êtes les copines de Nahia.


 Elles : oui oui.


Murielle : ses sisters de cœur.


Moi précisant en indexant Tina : c’est madame LaTina’sGlam.


Il ouvre les yeux et la regarde surpris.


Khalil : ma foi vous êtes définitivement des wonderwomans.


Zaï/Muri : nous aussi.


Khalil : naturellement. Bon mesdames encore heureux de faire votre connaissance. Veillez me permettre de me retirer.


Elles, ton doucereux : au revoir !!!


Il s’en va, elles restent statistique en fixant la porte. C’est Zaïdia la première à retrouver ses esprits.


Zaïdia : tu sais s’il est marié ?


Moi : il entend tout s’il te plaît.


Khalil depuis chez lui : je ne suis pas marié, je suis libre de tout engagement.


Murielle (en Ewé) : meuf, tu laisses, je prends.


Zaïdia : avant ça, je le prendrai, j’ai une longueur d’avance sur toi. Tu n’es pas musulmane.


Moi : et bien prenez le donc ! Comme c’est une part de gâteau.


Tina me lançant un regard de travers : tu es même sérieuse ? (aux autres) Chasse gardée pour ma cop, bat les pattes.


Moi : lol.


Khalil : les filles ce n’est pas fair-play, en français s’il vous plaît.


Elles gloussent.


Tina en français : tu n’as pas réglé cette histoire ?


Moi : je n’en ai pas encore eu le temps.


Tina : bof en attendant il faut que moi j’y aille, mari et enfants m’attendent.


Murielle : ok à la prochaine chérie.


Tina (les fixant tour à tour) : vous deux, vous venez avec moi.


Zaïdia fronçant la mine : pourquoi ?


Tina ton péremptoire : vous venez et puis c’est tout !


Murielle : lol on a compris, de toute façon, il se fait tard.


Elles s’apprêtent et je les escorte jusqu’à leurs autos, elles finissent par prendre chacune sa destination après quelques commentaires.


  



Le tournant décisif